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Art et Culture Publié le mardi 13 juillet 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Boukary, humoriste - ‘’Il faut laisser Gadji Céli travailler’’

Avec ses Dreadlocks, il affiche un air de ‘’Rasta’’… Kakou Kouamé Jules Romuald, à l’état civil, mais plus connu sous le pseudonyme de ‘’Boukary’’, est un jeune Ivoirien. Originaire de la région du Fromager, précisément de la ville d’Oumé (Gagou). Pur produit du Festival national de théâtre scolaire, après avoir été façonné dans le moule du doyen Adjé Daniel et mis sous les feux des projecteurs par l’émission ‘’Dimanche Passion’’, Boukary reste l’une des figures de proue du paysage humoristique ivoirien. Dans cet entretien, aux allures de confidences, l’humoriste célibataire et père de trois (3) enfants se lâche.
Comment êtes-vous arrivé à l’humour ?
Je suis un enfant de la rue. Cela ne m’a pas encouragé à devenir un raté ou un drogué. L’humour est inné. Je suis passé par le Festival national de théâtre scolaire. J’ai participé à l’époque à l’émission ‘’Dimanche Passion’’. C’est delà que j’ai été projeté au devant de la scène.

Qu’est-ce qui peut expliquer l’anonymat dans lequel baigne l’humoriste Boukary ?
Je n’aime pas trop me faire voir. Je mène ma carrière assez tranquillement. Grâce à dieu, je ne m’en plains pas. En tout cas, pas jusqu’à ce que vous veniez me dénicher.

Pourquoi avez-vous choisi le style burkinabé…
C’est ce qui me sied bien. Il y a de nombreux Burkinabés qui travaillent dans les champs de café-cacao dans mon village. C’est en les côtoyant que, j’ai appris à parler comme eux.

Quelle casquette porte aujourd’hui Boukary ?
Je suis à l’origine comédien avant de devenir par la suite humoriste. Je suis un bon comédien. A cet effet, j’incarne tous les rôles. Par exemple, je joue le rôle d’un burkinabé alors que je ne le suis pas. Tout humoriste est passé par le théâtre. J’ai fait mes armes dans la troupe théâtrale des comédiens qui ont été à l’école du doyen Adjé Daniel.

Quelles sont les difficultés que rencontre l’humoriste Boukary ?
A mon avis, je ne rencontre pas de problèmes particuliers. Lorsque le cachet n’est pas consistant, je ne m’engage pas. Parce que je suis obligé de créer les histoires sur le champ. Ce n’est pas facile de tirer le sourire à quelqu’un. Je reconnais que certaines de mes blagues sont déjà préparées. La blague que je dois raconter devant des spectateurs de la commune d’Adjamé, n’est pas semblable à celle que je vais raconter à ceux de Cocody, de Angré et de la Riviera. C’est en fonction du public que je crée mes histoires.

Votre milieu est lié au mysticisme au point où certains pratiquaient la sorcellerie pour … Boukary passerait-il par ces moyens pour être plus connu du public?
Je ne crois pas en tout cela. Je suis un chrétien évangélique. Je suis un fidèle de la congrégation MIPEG (Ndlr : Mission international pour la révélation de Dieu).

Votre carrière n’a pas encore pris un véritable envol, Pouquoi?
Je ne fais de bruit autour de ma carrière. Les gens font souvent l’amalgame. Quand ta carrière est beaucoup médiatisée, on dit que les choses bougent pour toi. Dans ma position, je ne me plains pas. J’effectue des voyages à l’extérieur du pays. Mon dernier voyage en date est celui de Bangui, en Centrafrique. Après quoi j’ai décidé de ne plus effectuer de voyage en dehors de nos frontières.

Effectivement, beaucoup de choses ont été dites sur ce fameux voyage. Quelle est votre part de vérité là-dessus ?
Ce fût un cauchemar. Je crie au scandale quand j’y pense. Je ne veux même pas en parler. (Rires). En Centrafrique, il faut dire que nous sommes allés ‘’en gombo’’ (Ndlr : aller se faire de l’argent). (Rires). Ce qui nous a été dit en partant d’Abidjan, c’est que nous partions apporter notre soutien pour des sinistrés. Certains artistes, dont j’en faisais parties, devaient participer à un concert humanitaire. D’abord, nous avons marqué une escale de quatre (4) jours à l’aéroport de Tripoli (Libye). Nous avons été forcés de nous atterrer dans cet aéroport, parce que nous n’avions pas de visas pour entrer en la capitale Tripoli. Nous ne nous sommes pas lavés tout ce temps-là. Même les femmes qui étaient avec nous ont subi le même sort. A notre arrivée à Bangui (en Centrafrique), aux environs de minuit, les autorités aéroportuaires nous font savoir que nos bagages sont restés en Libye. Là commence encore un autre calvaire. Nous étions partis pour faire une semaine. Il était convenu qu’après avoir donné trois (3) spectacles, nous retournions en Côte d’Ivoire. Ce ne fut pas le cas. Nous avons constaté à notre arrivée qu’il n’y avait pas eu de campagne médiatique pour annoncer l’événement. Pis, il n’y avait pas de sinistrés. Je précise que tout avait été planifié en accord avec le fils du Président de la République Centrafricaine, un sieur Socrate. D’ailleurs, tout le monde l’appelait son excellence Socrate. Apparemment, personne ne savait que des artistes ivoiriens devaient venir jouer pour une cause humanitaire. Seuls des gens qui connaissaient personnellement Gohou Michel, Nastou et Bohiri Michel, venaient à notre hôtel pour se renseigner. C’est comme ça de fil à aiguille que l’information est partie. Deux (2) jours après notre arrivée à Bangui, le sieur Socrate vient à l’hôtel nous dire de nous apprêter, parce qu’on devait jouer le même jour. Nous arrivons dans une salle complètement vide. Il y avait à peine cinquante (50) personnes. Ce dernier nous a dit qu’il a investi une somme de quarante (40) millions de francs CFA. Moi, je sais avoir reçu ce que j’appelais mon petit transport. Parce que ce n’était pas véritablement un cachet, puisque nous allions jouer pour une cause humanitaire. Grande fut notre surprise d’entendre le sieur Socrate nous dire que nous avons dépensé ses quarante (40) millions. Et donc, nous ne pouvions pas sortir du pays sans avoir remboursé cette somme d’argent. Puisque nous n’étions pas dans notre pays, nous entamions des négociations. Le sieur Socrate a dit niet. Tout allait de mal en pas pire. Chaque jour qui passait, entraînait avec lui une cohorte de difficultés. Socrate nous a demandé de nous produire en six (6) spectacles afin qu’il puisse amortir les dépenses. Six (6) spectacles se préparent. Ce n’est pas une mince affaire. Nous nous entêtons pour nous rendre dans une agence de voyage. Il faut savoir que le billet d’avion Abidjan-Bangui coûte 499.000 FCFA. Nous étions au nombre de vingt-six (26) personnes. Nous étions près à payer nos billets d’avion. Parce que chacun avait un peu d’argent sur lui. Un fait, lorsque nous quittions à Abidjan, ce sont des chèques en bois qui ont été remis à l’Agence de voyage Kia. Entre temps, une semaine après nos bagages sont arrivés. Et, on a nous fait savoir que nos billets d’avion n’avaient pas été payés. Pour cette raison, les responsables de l’Agence Kia ont confisqué nos bagages. Saisi de cette affaire, le ministre centrafricain des Affaires étrangères est entré en négociation avec l’Agence Kia. Il n’a pu obtenir que la remise de nos bagages. Aussitôt nous nous déportons dans une Agence de voyage. Là, on nous sort nos noms et nos numéros de passeports. On nous fera remarquer que les artistes ivoiriens que nous sommes, étions interdits de sortir du territoire centrafricain. C’est delà que nous avons réalisé la gravité de notre situation. Tous autant que nous étions, avons appelé un gourou à Abidjan. On a touché le président du Conseil d’administration du Burida, Gadji Céli. Ce jour-là, nous avons appelé le Président de la République qui recevait le Président Burkinabé Blaise Compaoré à Yamoussoukro. C’est ainsi qu’un avion a été affrété pour aller nous chercher à Bangui en Centrafrique. Lorsque l’avion est arrivé, on devait quitter notre hôtel pour regagner l’aéronef. C’est à ce moment que le propriétaire de l’hôtel nous brandit une facture de douze (12) millions de FCFA. Le séjour et l’hébergement y compris. Nous lui avons tout simplement demandé de s’adresser à notre hôte Socrate. Au moment où nous avons embarqué dans les taxis pour l’aéroport, nous rencontrons des chars avec à leurs bords des militaires. Ceux-ci ont commencé à casser les véhicules et nous intimer l’ordre de descendre des voitures. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées. Inutile de remuer le couteau dans la plaie. Je pense cela ne va plus se répéter. Puisque le ministère de la Culture et de la Francophonie a pris toutes les mesures idoines. (Rires).

Vous êtes nominé au concours ‘’Le Top 10 du Rire’’ initié par la structure J C Yo Production. Quelles sont vos impressions ?
Cela me fait plaisir que des gens pensent à célébrer les artistes comédiens et humoristes ivoiriens. Qui ont œuvré pour donner la joie de vivre à la Côte d’Ivoire. A un moment donné, la nation allait à la dérive. Je remercie au passage le grand-frère Dahico qui m’a permis de mieux me faire connaître du public à travers son spectacle ‘’Le Maquis du Dromican’’. Aujourd’hui, je tire mon chapeau à Jean Charles Yoro, Dg de J C Yo Production pour son initiative. J’espère que je serai le lauréat de la 1ère édition de concours de ‘’Le Top 10 du Rire’’. (Rires).

Pensez-vous que vous avez des chances quand on sait qu’il a de grosses pointures comme Gaston Jupon, Doh Kanon, Djimi Danger…
Je suis serein. Je ne m’inquiète pas du tout. On dit souvent que chaque chasseur a sa propre technique de chasse. Je suis confiant parce que je sais que les Ivoiriens aiment bien ce que je fais. En revanche, ce que je crains, c’est que ceux-ci n’oublient pas de voter pour moi. (Rires).

Que répondez-vous aux téléspectateurs qui se plaignent de ce que les humoristes racontent les mêmes histoires ?
Quand vous écoutez mes blagues, vous sentez qu’il y a de la recherche. Un travail de recherche est fait pour me permettre d’être assez singulier. Je reconnais qu’il arrive que nous traitions des mêmes sujets. Mais, ce sont des sujets que les populations vivent au quotidien. Je suis humoriste. C’est ce qui me permet de soutenir ma famille.

De plus en plus, certains jeunes s’intéressent à l’humour. Quels conseils pouvez-vous prodiguer à ceux-là ?
Il faut d’abord aimer le métier. Il faut être persévérant. Je leur demanderais de cultiver le don de soi et la volonté d’aller à toujours de l’avant pour devenir le meilleur. Par exemple, il y a les tailleurs, les couturiers et les stylistes. Ils utilisent le même matériel mais, celui qui donne de la valeur à son travail, est le plus respecté. Seul le travail paye !

Quels sont vos rapports avec les autres humoristes ?
J’ai de bons rapports avec les humoristes.

Des voix de plus en plus discordantes élèvent du Burida. Certains artistes toisent déjà le tout nouveau Dg du Burida, Michel Barouan ?
Je sais que je perçois mes droits au Burida. On ne m’a jamais posé de problèmes. Ce sont les artistes qui ont élu le président Gadji Céli à la tête du conseil d’administration du Burida. C’est parce que des artistes ont reconnu des compétences. Laissons Gadji Céli et ses collaborateurs travailler pour le bonheur les artistes que nous sommes. Gadji Céli n’est pas un arriviste. Ce dernier a été footballeur et aujourd’hui artiste. Pourquoi Tiéhi Joël ou Gouaméné Alain n’est-il pas venu s’agglutiner au Burida ? Je crois franchement qu’il faut laisser Gadji Céli travailler et on va le juger plus tard. Que chaque ivoirien fasse son travail avec sérieux. Parce que tout individu est un modèle de performance et de dynamisme pour les autres. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !
Réalisé par Krou Patrick
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