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Économie Publié le mardi 13 juillet 2010 | Le Patriote

Bataille entre vendeurs pour le contrôle du marché - De graves menaces planent sur la filière attiéké !

La guerre de l’attiéké aura lieu ! Mercredi 7 juillet. Il est un peu plus de 10heures. Tribunal de Yopougon, salle d’audience. Devant une foule de spectateurs, dont une bonne partie de femmes, Mme Akossua Yao Yvonne… comparaît. Cette vendeuse d’attiéké, est accusée par M. Ousmane Hamadou, de nationalité nigérienne, qui commercialise également l’attiéké, de lui avoir volé, en compagnie d’autres femmes, au total 91 sacs d’attiéké. Un aliment à base de semoule de manioc très apprécié par les Ivoiriens…
Derrière ce procès, se cache une bataille féroce pour le contrôle de la filière attiéké. La mise en cause est membre de la COVAPCI (Coopérative des vendeuses d’attiéké et de poisson de Côte d’Ivoire). Dirigée par Mme Djedjro Lasme You Cécile, qui en est le PCA, cette coopérative regroupe plus de 600 adhérents repartis en six sections (Abobo, Adjamé, Yopougon, Songon, Koumassi et Treichville). C’est elle qui ravitaillait essentiellement depuis quelques années le marché abidjanais en attiéké, principalement les grossistes dont Ousmane Hamadou. Ces derniers, à leur tour, alimentent les « détaillants ». « Nous allons chercher l’attiéké dans le village de Lolobo, dans la région de Yamoussoukro que nous acheminons sur Abidjan. C’est grâce à nous que l’attiéké n’a jamais manqué sur le marché même au plus fort de la crise », confie Mme Djedjro Lasme. Les membres de la COVAPCI achètent le sac ou panier d’attiéké à 3000 FCFA qu’elles revendent à 5000 FCFA à Abidjan. « Mais, quand le marché n’est pas bon, nous le cédons à 3000 FCFA, sans marge bénéficiaire alors que nous payons le transport pour acheminer la marchandise à Abidjan », précise t-elle. Toutefois, les choses se gâtent quand Ousmane Hamadou, l’un de leurs principaux clients, guidé par le souci de faire plus de profit, décide de se muer en « exportateur» d’attiéké sur Abidjan. Il se rend à Lolobo et propose aux productrices d’attiéké d’acheter le panier à 4000 FCFA le sac, soit plus de 1000 que les membres de la COVAPCI. Une telle offre, vous l’aurez sans doute deviné, ça ne se refuse pas. Surtout en milieu rural. Naturellement, les femmes qui produisent l’attiéké décident de vendre au plus offrant leurs marchandises. Ce que n’apprécient pas les vendeuses de la COVAPCI, qui voient ainsi leur marché leur échapper. Ce qui serait dramatique pour ces femmes, qui nourrissent leur famille et scolarisent leurs enfants grâce au commerce d’attiéké.

Vers une pénurie de l’attiéké sur le marché ?
Elles décident de rencontrer leur ancien client, devenu leur farouche concurrent. « Nous lui avons dit que nous voulions discuter avec lui pour uniformiser le prix d’achat aux productrices, pour ne pas qu’on soit lésées », explique la PCA de la COVAPCI. Mais, Ousmane Hamadou réfute l’idée d’une rencontre, encore moins d’un dialogue. Il n’en voit pas l’opportunité, d’autant que le marché est libéral. A la COVAPCI, on pense qu’il faut plutôt protéger le secteur, ne pas le livrer à une concurrence sauvage. « L’attiéké est le 2ème produit le plus consommé en Côte d’Ivoire après le riz. Pour preuve, nous écoulons 20 000 tonnes d’attiéké par mois. Nous pensons qu’il faut préserver ce secteur afin que le prix de l’attiéké soit stable sur le marché », estime Mme Djédjro. La COVAPCI ne voit donc pas d’un bon œil le fait qu’un opérateur dicte les prix sur le marché. C’est pourquoi, en mars dernier, ses membres se sont rués autour d’Ousmane Hamadou, alors qu’il venait de réceptionner sa commande d’attiéké. « Elles voulaient juste discuter avec lui pour que le marché soit équitable », témoigne Mme Djédjro. Mais, face à la horde de femmes, sans doute, furieuses, Ousmane Hamadou prend ses jambes à son cou abandonnant sa marchandise. « Elles voulaient m’attaquer », soutient-il à la barre. La suite, on la connaît… C’est un procès qui l’oppose aujourd’hui à ces vendeuses, singulièrement Mme Akossua Yao Yvonne, qui, bien entendu, ne reconnaît pas les faits de vol qu’on lui reproche. De toute évidence, le cordon semble littéralement rompu entre Ousmane Hamadou et la COVAPCI. Et la filière attiéké, tiraillée entre les deux parties. Pis, elle n’est pas l’abri de soubresauts, car la COVAPCI n’écarte pas l’idée d’une paralysie du marché. Le verdict de cette bataille judiciaire, attendu le 21 juillet, pourrait s’avérer déterminant pour l’avenir de la filière
Y. Sangaré

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