Les fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire continuent de patienter pour ce qui est du paiement des factures des différentes prestations réalisées. Mais pendant combien de temps encore ? Entre temps, des agents du Trésor Public et leurs démarcheurs s’activent pour leur 20 à 30%. Dans cet entretien, la Trésorière générale adjointe du Syndicat national des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (Synafeci), Mme Fatoumata Simbé, sans détour, fait de graves révélations en donnant les raisons du blocage, interpelle Mme le Directeur général du Trésor et appelle au Chef de l’Etat. Interview.
Mme la trésorière générale adjointe, pouvez-nous faire l’état de santé du syndicat ?
Depuis sa création jusqu’à ce jour, le syndicat se porte très bien. Seulement, nous attendons toujours le paiement de nos factures. Sinon, le syndicat lui, est implanté partout en Côte d’Ivoire.
Qu’est ce qui explique, selon vous, ce grand retard accusé par l’Etat de Côte d’Ivoire pour le paiement de vos factures ?
Le problème se pose au niveau du Trésor Public. Ce sont ceux qui ont en charge la gestion des deniers publics, de payer les fonctionnaires, les factures des fournisseurs de l’Etat qui posent problème.
A quel niveau se trouve réellement le problème ?
Cela est au niveau de tous les postes comptables du territoire national. Heureusement, ce ne sont pas eux tous. Mais ceux qui sont attirés par le gain facile. La corruption a gagné toute la Côte d’Ivoire. Certains agents de l’Etat qui pensent avoir obtenu leurs postes par la corruption, veulent l’appliquer partout. Cela se rencontre dans toutes les régies financières, surtout au Trésor Public. Aujourd’hui, un agent de cette régie qui gagne à peine 200 à 300.000 F Cfa, se donne le luxe de s’offrir des grosses voitures, construisent de grandes villas, voire des immeubles. Ce sont eux qui font que nous ne sommes pas encore entrés en possession de nos chèques.
Comment vivez-vous en tant que femmes, ces moments difficiles ?
Ce n’est pas une affaire uniquement de femmes. Les hommes avec qui nous formons la corporation des opérateurs économiques, éprouvent également d’énormes peines. A l’image de toutes les entreprises ivoiriennes, nous avons tous des problèmes. Nous avons des difficultés puisque bien que nous ne soyons pas payés, nous devons faire face aux charges fiscales et à celles de nos employés, sans parler des charges familiales avec les maladies et les funérailles à n’en point finir. Certains parmi nous, ont leurs enfants qui ne vont plus à l’école faute de moyens.
Que comptez-vous faire pour amener le Trésor Public à vous payer ?
La nomination de Mme Djédjé Mama Simone à la tête du Trésor Public, a été perçue comme un honneur. C’était une fierté pour nous, qu’une femme dirige une régie financière aussi importante que le Trésor Public. Nous ne demandons pas qu’elle nous paie, nous les femmes. Nous voulons qu’elle s’occupe de tous les opérateurs économiques. Cependant, étant une mère de famille qui, en principe, devrait être sensible à la souffrance des personnes, nous continuons de nous demander pourquoi elle agit de la sorte. C’est pourquoi nous continuons de lui demander de se mettre dans la peau d’une mère de famille dont les frères et sœurs ont leurs enfants qui ne vont plus à l’école, n’arrivent plus à manger, parce que leurs parents n’ont pas les moyens de faire face à ces charges primaires. Et qui ont simplement besoin de leur argent.
Etes-vous aussi victimes des rackets de 10 à 30% exercés par des agents du Trésor Public pour entrer en possession de vos chèques ?
Ce phénomène concerne tous les fournisseurs. Ces agents ne font pas de distinction de sexe. Comme les hommes, nous sommes également victimes de ces pratiques qui n’honorent pas notre administration. Pour pouvoir entrer en possession de nos chèques, on nous exige de 10, 20 voire 30% pour se faire payer. Ces agents du Trésor vont maintenant plus loin. Selon les informations dont nous disposons, il y a même des structures de l’Etat, comme les hôpitaux, les mairies, les conseils généraux, qui, pour avoir leurs subventions, sont obligés de verser 10% à certains agents du Trésor pour être approvisionnés. Nous savons de quoi nous parlons. Nous travaillons avec toute l’Administration ivoirienne. Même avec le secteur privé. Alors, nous savons de quoi nous parlons. Quand un responsable des structures de l’Etat doit débourser 10% de son budget pour se faire approvisionner, cela est grave. Supposons que ces derniers ne parviennent pas à combler ce déficit de ces 10 %. Ils pourront être accusés d’avoir détournés des fonds.
Qu’en est-il pour les 45 milliards de F Cfa promis par le ministre de l’Economie et des Finances ?
Lors de la rencontre que le syndicat a eue avec le ministre Charles Koffi Diby le 5 mai 2010, il a promis payer nos factures avec le montant de 45 milliards de F Cfa de la Banque Mondiale pour apurer la dette intérieure. Récemment, nous avons adressé une correspondance au ministre Diby pour en savoir plus sur ce dossier. Nous espérons qu’il pourra nous rencontrer dans les jours qui viennent. Parce que, quand deux parties s’entendent sur une affaire et qu’il y a blocage, elles se rencontrent pour faire le point et adopter une position commune pour la suite. C’est dans ce sens que le Synafeci a adressé ce courrier au ministre. Parce que deux mois après cette promesse, aucun signal. Cela commence à nous inquiéter. Nous voulons donc savoir à quel niveau se situe le dossier. Est-ce la Banque Mondiale qui ne veut plus nous donner cet argent ? Est-ce la Bceao qui pose problème ? Nous attendons que le ministre nous reçoive, afin que et lui les membres du syndicat suivent de près tout le processus du décaissement de cette somme des bailleurs de fonds.
Avez-vous un appel à lancer ?
Nous demandons au président de la République d’étendre la moralisation de la vie publique à tous les secteurs, d’activité surtout dans les régies financières. Depuis 2008, nous ne faisons que crier pour dénoncer les mauvaises pratiques qui ont cours au niveau du Trésor Public. Nous crions pour dire qu’il y a la corruption qui se passe à haut niveau dans cette régie. Nous avons toujours dénoncé les démarcheurs, les réseaux, la mafia qui s’y tissent. Quand Mme Djédjé Mama dit devant des représentants de la Banque Mondiale, ce, en présence du chef de cabinet du ministre Diby, que ce n’est pas seulement sa régie qui est pourrie mais que c’est toute l’Administration ivoirienne, il faut aller y comprendre quelque choses. Que l’action entreprise par le chef de l’Etat ne s’arrête pas seulement au niveau de l’école de Police. Qu’il reforme toute l’Administration. Il doit sanctionner tous ceux qui sont coupables des coups bas. Aussi, je voudrais demander à tous les opérateurs économiques de ne pas se laisser abuser par ces agents qui depuis un moment, les appellent pour leur dire qu’ils sont à Abidjan pour négocier le paiement de leurs factures. Ils doivent savoir que c’est le Ministre Diby Charles qui leur a donné instruction de le faire. Qu’ils ne rentrent pas dans le jeu de ces agents véreux qui ne pensent qu’à leur 20 ou 30%.
Réalisée par Jules César
cesaryao32@yahoo.fr
Ph:Mélèdje T.
Mme la trésorière générale adjointe, pouvez-nous faire l’état de santé du syndicat ?
Depuis sa création jusqu’à ce jour, le syndicat se porte très bien. Seulement, nous attendons toujours le paiement de nos factures. Sinon, le syndicat lui, est implanté partout en Côte d’Ivoire.
Qu’est ce qui explique, selon vous, ce grand retard accusé par l’Etat de Côte d’Ivoire pour le paiement de vos factures ?
Le problème se pose au niveau du Trésor Public. Ce sont ceux qui ont en charge la gestion des deniers publics, de payer les fonctionnaires, les factures des fournisseurs de l’Etat qui posent problème.
A quel niveau se trouve réellement le problème ?
Cela est au niveau de tous les postes comptables du territoire national. Heureusement, ce ne sont pas eux tous. Mais ceux qui sont attirés par le gain facile. La corruption a gagné toute la Côte d’Ivoire. Certains agents de l’Etat qui pensent avoir obtenu leurs postes par la corruption, veulent l’appliquer partout. Cela se rencontre dans toutes les régies financières, surtout au Trésor Public. Aujourd’hui, un agent de cette régie qui gagne à peine 200 à 300.000 F Cfa, se donne le luxe de s’offrir des grosses voitures, construisent de grandes villas, voire des immeubles. Ce sont eux qui font que nous ne sommes pas encore entrés en possession de nos chèques.
Comment vivez-vous en tant que femmes, ces moments difficiles ?
Ce n’est pas une affaire uniquement de femmes. Les hommes avec qui nous formons la corporation des opérateurs économiques, éprouvent également d’énormes peines. A l’image de toutes les entreprises ivoiriennes, nous avons tous des problèmes. Nous avons des difficultés puisque bien que nous ne soyons pas payés, nous devons faire face aux charges fiscales et à celles de nos employés, sans parler des charges familiales avec les maladies et les funérailles à n’en point finir. Certains parmi nous, ont leurs enfants qui ne vont plus à l’école faute de moyens.
Que comptez-vous faire pour amener le Trésor Public à vous payer ?
La nomination de Mme Djédjé Mama Simone à la tête du Trésor Public, a été perçue comme un honneur. C’était une fierté pour nous, qu’une femme dirige une régie financière aussi importante que le Trésor Public. Nous ne demandons pas qu’elle nous paie, nous les femmes. Nous voulons qu’elle s’occupe de tous les opérateurs économiques. Cependant, étant une mère de famille qui, en principe, devrait être sensible à la souffrance des personnes, nous continuons de nous demander pourquoi elle agit de la sorte. C’est pourquoi nous continuons de lui demander de se mettre dans la peau d’une mère de famille dont les frères et sœurs ont leurs enfants qui ne vont plus à l’école, n’arrivent plus à manger, parce que leurs parents n’ont pas les moyens de faire face à ces charges primaires. Et qui ont simplement besoin de leur argent.
Etes-vous aussi victimes des rackets de 10 à 30% exercés par des agents du Trésor Public pour entrer en possession de vos chèques ?
Ce phénomène concerne tous les fournisseurs. Ces agents ne font pas de distinction de sexe. Comme les hommes, nous sommes également victimes de ces pratiques qui n’honorent pas notre administration. Pour pouvoir entrer en possession de nos chèques, on nous exige de 10, 20 voire 30% pour se faire payer. Ces agents du Trésor vont maintenant plus loin. Selon les informations dont nous disposons, il y a même des structures de l’Etat, comme les hôpitaux, les mairies, les conseils généraux, qui, pour avoir leurs subventions, sont obligés de verser 10% à certains agents du Trésor pour être approvisionnés. Nous savons de quoi nous parlons. Nous travaillons avec toute l’Administration ivoirienne. Même avec le secteur privé. Alors, nous savons de quoi nous parlons. Quand un responsable des structures de l’Etat doit débourser 10% de son budget pour se faire approvisionner, cela est grave. Supposons que ces derniers ne parviennent pas à combler ce déficit de ces 10 %. Ils pourront être accusés d’avoir détournés des fonds.
Qu’en est-il pour les 45 milliards de F Cfa promis par le ministre de l’Economie et des Finances ?
Lors de la rencontre que le syndicat a eue avec le ministre Charles Koffi Diby le 5 mai 2010, il a promis payer nos factures avec le montant de 45 milliards de F Cfa de la Banque Mondiale pour apurer la dette intérieure. Récemment, nous avons adressé une correspondance au ministre Diby pour en savoir plus sur ce dossier. Nous espérons qu’il pourra nous rencontrer dans les jours qui viennent. Parce que, quand deux parties s’entendent sur une affaire et qu’il y a blocage, elles se rencontrent pour faire le point et adopter une position commune pour la suite. C’est dans ce sens que le Synafeci a adressé ce courrier au ministre. Parce que deux mois après cette promesse, aucun signal. Cela commence à nous inquiéter. Nous voulons donc savoir à quel niveau se situe le dossier. Est-ce la Banque Mondiale qui ne veut plus nous donner cet argent ? Est-ce la Bceao qui pose problème ? Nous attendons que le ministre nous reçoive, afin que et lui les membres du syndicat suivent de près tout le processus du décaissement de cette somme des bailleurs de fonds.
Avez-vous un appel à lancer ?
Nous demandons au président de la République d’étendre la moralisation de la vie publique à tous les secteurs, d’activité surtout dans les régies financières. Depuis 2008, nous ne faisons que crier pour dénoncer les mauvaises pratiques qui ont cours au niveau du Trésor Public. Nous crions pour dire qu’il y a la corruption qui se passe à haut niveau dans cette régie. Nous avons toujours dénoncé les démarcheurs, les réseaux, la mafia qui s’y tissent. Quand Mme Djédjé Mama dit devant des représentants de la Banque Mondiale, ce, en présence du chef de cabinet du ministre Diby, que ce n’est pas seulement sa régie qui est pourrie mais que c’est toute l’Administration ivoirienne, il faut aller y comprendre quelque choses. Que l’action entreprise par le chef de l’Etat ne s’arrête pas seulement au niveau de l’école de Police. Qu’il reforme toute l’Administration. Il doit sanctionner tous ceux qui sont coupables des coups bas. Aussi, je voudrais demander à tous les opérateurs économiques de ne pas se laisser abuser par ces agents qui depuis un moment, les appellent pour leur dire qu’ils sont à Abidjan pour négocier le paiement de leurs factures. Ils doivent savoir que c’est le Ministre Diby Charles qui leur a donné instruction de le faire. Qu’ils ne rentrent pas dans le jeu de ces agents véreux qui ne pensent qu’à leur 20 ou 30%.
Réalisée par Jules César
cesaryao32@yahoo.fr
Ph:Mélèdje T.