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Politique Publié le mercredi 14 juillet 2010 | Le Temps Hebdo

Dr Serge-Nicolas N`Zi (militant du Pdci ) : “Bédié doit jeter l`éponge”

Si les ivoiriens dans une application des règles comptables, doivent passer par perte et profit le coup d'Etat de décembre 1999. C'est comme si on obligeait tout un peuple à être amnésique. Nous pensons sérieusement que c'est irresponsable de dire que c'est du passé n'en parlons plus, occupons nous du présent. C'est irresponsable de conduire un peuple entier à se couper de sa mémoire récente. La France a connu l'occupation allemande, mais il y a des gens qui tremblent encore aujourd'hui en France, à la simple idée de la croix gammée sur tous les bâtiments publics de Paris ainsi que les troupes de la Waffen SS et ceux de la Wehrmacht, défilant aux pas d'oies sur les champs Elysée. Il faut refuser l'amnésie facile et réducteur que les ennemis de la Côte d'Ivoire veulent imposer aux ivoiriens. Il faut engager une psychanalyse collective entre ivoiriens. Car nous savons tous que tout ce qui est enfoui dans le corps social de la nation ivoirienne, ressortira d'une manière ou d'une autre. Il faut donc sortir des silences ridicules qui deviennent des tabous. Il vaut mieux affronter nos problèmes frontalement, ici et maintenant, sans se coucher à plat ventre ni se cacher pour parler. N'importe quel étudiant en première année de médecine, vous dira mieux que nous que l'amnésie, est la perte partielle ou totale de la mémoire. Elle peut être la conséquence de troubles émotionnels, psychologiques, (pouvant être temporaire). Ou bien d'une maladie psychiatrique ou à caractère neurologique. Tous les ivoiriens sont unanimes pour reconnaître que les malheurs de leur pays ont commencé après de coup d'Etat militaro- fasciste du général puschiste, Robert Gueï et de sa soldatesque, le vendredi 24 décembre 1999. De nombreux ivoiriens se posent aujourd'hui encore des questions qui sont restées sans réponses. À savoir quels sont les responsabilités du président Bédié et de son Parti le Pdci-Rda dans le succès opérationnel du putsch de Noël 1999 ? Mais enfin, ne pas s'interroger sur les causes et les effets du putsch, c'est accepter de mentir à soi même en se voilant la face.
C'est se boucher aussi les oreilles, le nez ainsi que la bouche, comme on le voit si bien dans cette collection de statuettes africaines qui présente si bien des singes qui se bouchent les oreilles, la bouche et les yeux, pour ne plus émettre un son, ne plus entendre, et ne rien voir. Nous disons à nos frères et sœurs du Pdci-Rda, que les temps ont changé. Le Pdci-Rda et son chef, n'ont-t-ils pas par négligence, par manque d'observation et d'humilité politique favorisé le Coup d'état ? Le parti et son président ont-ils réellement tiré les leçons de cet épisode tragique de notre histoire commune au cours de laquelle les ivoiriens ont goûté eux aussi à ce fruit amer qu'est l'avènement d'un gouvernement de facto ? Un gouvernement de facto, est un gouvernement qui n'a aucune légitimité, il n'a été élu par personne, même pas par les chiens du pays. C'est un gouvernement qui règne par la force du fusil et par l'argument de la force. En Amérique Latine, le général Augusto José Ramon Pinochet, et la junte chilienne furent un exemple de dictature sanglante d'un gouvernement de facto. Gouvernement qui par la force la brutalité et le meurtre avait fait de la terreur un principe de gouvernement, après le putsch sanglant qui renversa le président socialiste chilien, le Dr Salvador Allendé Gossens, le 11 septembre 1973. En Côte d'Ivoire, le général Robert Gueï, sa junte militaro fasciste et sa soldatesque, étaient dans cette logique et nous regrettons sincèrement pour tous ceux qui les ont suivis et qui croyaient en des lendemains meilleurs sous les bottes d'une armée sans projet de société pour les ivoiriens. Le résultat est sous nos yeux. Les ivoiriens courent aujourd'hui après toutes hontes bues à Ouagadougou pour régler leurs petits problèmes de cohabitation, impossibles à régler chez eux. Nous disons ici clairement que cette tragédie n'est pas une affaire privée, elle concerne tous les ivoiriens, et ils ont tous absolument le droit de s'exprimer sur ce passé récent, pour qu'il ne nous rattrape pas de nouveau. Tel est le but de notre réflexion du jour.
Il est évident que, comme d'habitude, les planqués et les militants de la vingt cinquième heure s'en prendront vertement à celui qui pose le problème en lieu et place d'une remise en cause profonde du mode de fonctionnement du parti et de la nature des hommes et des femmes qui animent sa direction.

Au commencement était la discorde

L'histoire de la vie politique chez nous, comme sous d'autres cieux, nous enseigne que les querelles de personnes et de leaderships sont les pires ennemis d'une formation politique. C'est pourquoi diriger un parti, c'est aussi savoir arbitrer la diversité des tendances à l'intérieur du parti, la recherche permanente d'un minimum de consensus sur les grands problèmes de société sans humilier ou ostraciser les minoritaires d'un jour. C'est aussi pour nous en Côte d'Ivoire, apprendre à se défaire des opinions définitives et des oppositions tranchées ; à faire l'apprentissage de la diversité et de la tolérance, de la nuance et du compromis sur quelques valeurs essentielles entre ivoiriens ; à vivre en respectant les différences, en acceptant les divergences, en recherchant le consensus sur les équilibres du vivre ensemble et en s'accommodant pour le reste de vérités contraires, d'incertitudes partagées, de majorités et de minorités provisoires, de victoires partielles et de défaites surmontables. Nous vous donnons ici un exemple concret : après le retour du Général de Gaulle au pouvoir en 1958, il proposa deux ministères au Rassemblement démocratique africain dans le gouvernement français, Houphouët-Boigny le président du Rda, devait occuper un ministère, le second devait revenir soit au Guinéen Sékou Touré ou au malien Modibo Keïta. Houphouët-Boigny, tranchât en son temps pour un seul ministère afin d'éviter l'éclatement du Rda, car le seul ministère restant était convoité par deux tendances qui, s'ils n'avaient pas satisfaction, pouvaient durablement affaiblir ce grand parti émancipateur. C'est cela le réalisme politique et la gestion des hommes pour le triomphe de la cause commune. La désillusion de tous ceux qui observent la vie politique ivoirienne, fut immense lorsqu'à la mort du président Houphouët-Boigny, officiellement le 7 décembre 1993, le bureau politique du Pdci-Rda, l'instance de direction du parti dans lequel siégeaient des hommes et des femmes de valeur, ne fut pas capable de trouver un consensus minimal autour des dispositions constitutionnelles pour une transition en douceur au sommet de l'Etat. La rupture de l'unité du Pdci fut le constat de tous les ivoiriens, le jour du décès du premier président de la Côte d'Ivoire indépendante. Des institutions qui n'ont pas su être au rendez-vous de l'histoire. Les ambitions des uns et des autres, les querelles de préséance, les amertumes, les frustrations des uns et des autres, la tribalisation et l'ethnisation du débat politique, une armée divisée, tout cela dans un environnement sous régional comprenant des pays voisins qui rêvaient depuis des années d'être les spectateurs de notre propre noyade. Voilà ce que Bédié avait choisi comme chemin au sommet de l'Etat ivoirien devenu ivoiritaire, dont les (clubs Cnb, Cercle national Bédié) qui se sont volatilisés dans la nature dès l'annonce du coup d'Etat, en étaient la meilleure illustration de la débandade et de l'opportunisme politique dans l'Afrique contemporaine. C'est dans cette ambiance délétère et nauséabonde que le successeur de Félix Houphouët-Boigny, est allé s'autoproclamer sur les antennes de la télévision comme nouveau chef d'Etat de la Côte d'Ivoire. Sincèrement, n'y avait-il pas d'autres moyens que cette entrée dans l'histoire par la petite porte d'un studio de télévision ? Cette situation n'est-elle pas ridicule et minable pour un parti qui a conduit le pays à l'indépendance et diriger l'Etat pendant 32 ans ? Incroyable ironie dont seule la grande hache de l'histoire a le secret, c'est par la télévision qu'Henri Konan Bédié, fut déchu de la fonction présidentielle. Habitué à la vie facile, aux côtelettes d'agneaux, aux vins rouges du bordelais, aux gros cigares et au champagne rosé. La seule réaction naturelle qu'il a eue, était d'aller se cacher la queue entre les jambes comme un chien apeuré, chez l'Ambassadeur de France pour demander aux ivoiriens de résister face aux putschistes “Zozos” armés jusqu'aux dents. Incroyable ironie de l'histoire, même les clubs de soutien du bédiéisme triomphant, avaient disparu de la circulation. Soyons sérieux un instant pour dire ici que, la conduite des affaires d'un pays ne peut se réduire à la revendication d'un héritage. Il faut se le dire une bonne fois pour toutes, que la Côte d'Ivoire n'est pas une république Akan. Il n'est même pas évident que dans une république akan, Konan Bedié, soit un leader, les akan héritent certes de l'oncle au neveu mais si celui-ci est un ivrogne ou un homme très porté sur les femmes, la combine, l'argent facile et s'il est mauvais gestionnaire, il est automatiquement écarté de la succession. C'est pourquoi Il doit s'affirmer au plan moral, social et surtout de la sagesse philosophique du vivant de son oncle pour ne pas être un parvenu sur le trône. Dans la confédération ashanti de Kumasi, dans le Ghana actuel, le Roi Nanan Ano Prempeh, fut démis de ses fonctions pour cause d'adultère. La Reine Abla Pokou, n'avait-elle pas sacrifié son fils unique pour le bien de son peuple ? Aujourd'hui, il n'y que buverie et l'ivresse comme exemples. Où est le sacrifice et le don de soi aujourd'hui chez nos politiciens tribalistes qui se réclament de l'Ivoirité ou de Akanité ? Il faut le dire et le redire encore une fois que c'est l'Etat nation hérité de l'occupation coloniale qui a permis à des gens comme Moussa Traoré, Bongo, Ahidjo, Bokassa, Eyadéma et autres Mobutu, qui en temps normal ne méritent même pas d'être des chefs de quartier ou de village de devenir des chefs d'Etat. Tous ceux qui suivent le président Bédié sur cette base clanique ou ethnique, doivent se réveiller et se dire que l'ethnie comme refuge a fait les preuves de son inefficacité, de sa partialité criminelle, de son échec et de sa pauvreté à conduire le bonheur commun. Nous avons vu ce que cela a donné au Rwanda avec le Hutu Habyarimana, au Zaïre avec le Ngandi Joseph Désiré Mobutu, au Liberia avec le Khran Samuel Kanyon Doe et au Togo avec l'entreprise familiale des Kabyès, de Gnassingbé Eyadema et fils. Ne pas comprendre cela, c'est aller dans la bonne direction pour célébrer un mariage avec le plus lamentable des fiascos. Comment un parti qui a conduit la lutte d'indépendance et dirigé le pays pendant 32 ans, a-t-il été aussi incohérent et inconséquent à un moment aussi important de la vie nationale ? Telle est la première énigme que le Pdci-Rda doit résoudre, pour comprendre qu'il avait lui même de facto créé de toutes pièces les germes du coup d'Etat de Noël 1999.

Le président Bédié et la cabale de l'ivoirité

Les conditions de son arrivée au pouvoir, les divisions à l'intérieur de son propre parti, l'ethnisation de la vie politique et son manque de rigueur dans la gestion des affaires d'Etat, ont été pour beaucoup dans la chute du président Bédié. Ils sont nombreux, ceux de ses compatriotes qui ne lui pardonneront jamais d'avoir inoculé le virus de l'Ivoirité dans notre vie politique nationale. De nombreuses voix se sont élevées à l'intérieur du Pdci-Rda, pour persuader le président Bédié, que ce concept est une dérive contraire à l'unité du pays. Mais comme Moïse devant le Pharaon, les avertissements de bon sens n'ont servi à rien, car l'homme était durablement enfermé dans ses certitudes. On a l'impression, avec le recul du temps, qu'il était écrit à l'avance dans le livre de son destin, qu'il assistera de ses yeux à sa propre chute. Selon nous le Président Henri Konan Bedié, aurait du prendre ses distances avec l'ivoirité, en le cautionnant, il a perdu la plus belle occasion de rassembler tous les Ivoiriens autour de lui et de son projet politique. Dans un pays organisé qui se respecte, c'est après la naissance d'un foyer de tension que l'Etat intervient avec tous ses moyens, pour ramener le calme et favoriser la coexistence à l'intérieur de la communauté nationale. Chez nous, au contraire, on utilise les moyens de l'Etat pour nuire son propre compatriote. Pour ne pas dire que ce sont les agissements de l'Etat et de ses dirigeants politiques, qui entretiennent et alimentent les antagonismes entre ivoiriens. Curieux destin pour cette Côte d'Ivoire, qui se voulait la patrie de la vraie fraternité ! L'ivoirité, est un concept de redéfinition de la nationalité ivoirienne, sur des bases de relent nationaliste et d'exclusion de ceux qui ne sont pas des ivoiriens de souche. Comme la préférence nationale dans l'extrême droite française. C'est un concept débile qui a fait beaucoup de mal au corps social de la Côte d'Ivoire, il a été inventé et introduit en politique par les houphouëtistes du Pdci-Rda, avec l'ancien président Henri Konan Bédié en tête. C'est le germe nuisible de l'ivoirité qui a détruit le vivre ensemble et pousser les ivoiriens les uns contre les autres. Un pays ne peut pas renier une partie de sa propre population sans se renier lui-même. Toutes les tentatives pour aller dans le sens de l'ivoirité fragilisent et exposent le pays à des profonds bouleversements qui seront dommageables pour tous les ivoiriens.

La gestion économique du président Bédié

Ceux qui mangent à la table du président Bédié, sont louangeurs sur son bilan et sa gestion politico-économique du pays sous son régime. Il faut reconnaître le service de la dette de 22 milliards de dollars et une dette intérieure presque équivalente. La dévaluation du franc Cfa, la baisse des cours mondiaux du café et du cacao, associé à une dégradation des finances publiques et un reflux des investissements privés. Le taux de croissance, un peu plus de 5% en 1998, ne rend qu'imparfaitement compte de la crise de confiance qui s'est installée dans le pays, amplifiée par la détérioration des relations avec les institutions financières internationales. Il faut ajouter à tout cela les scandales financiers du trésor et surtout le détournement des 18 milliards de francs Cfa d'aide budgétaire de l'union européenne, octroyé au secteur sanitaire du pays. Ce détournement fut remboursé par le trésor ivoirien, alors que les coupables se promènent encore librement aujourd'hui. La Côte d'Ivoire sur ce plan ressemble à un pays bizarre où il n'y a pas de sanctions quand on détourne le bien public. La surfacturation des complexes sucriers en amont n'avait jamais fait l'objet de poursuites judiciaires. La dernière observation économique, concerne le monopole de l'importation du riz aux membres de la famille du président Bédié et à leur présence dans plusieurs conseils d'Administration d'entreprises. Tous ces éléments avaient fini par convaincre les ivoiriens que Konan Bédié, s'occupait plus de ses intérêts personnels au lieu de leurs difficultés quotidiennes. N'évoquons même pas ici les travaux pharaoniques, qu'il avait entrepris dans son village de Daoukro et du château de son épouse à Koukourandoumi, dans la région d'Aboisso, où les ivoiriens sidérés ont découvert sur leurs écrans de télévision, que le carrelage de la salle de bain, était fait avec des pièces de 250 f cfa ! Que ceux qui entourent le Président Bédié aujourd'hui, nous donnent une explication cohérente sur les clameurs de joie et l'allégresse générale qui s'étaient emparées des ivoiriens à l'annonce du coup d'Etat ? Les ivoiriens savaient tous qu'une junte militaire n'a jamais fait le bonheur d'un peuple en Afrique. Pourquoi le coup d'Etat a- il été vécu comme une sorte de délivrance ? Pourquoi certains l'ont-il qualifié de salutaire ? Pourquoi la gendarmerie ivoirienne, dont la haute hiérarchie était proche du président Bédié, n'est-elle pas intervenue dès le début de la mutinerie, pour rétablir l'ordre avec ses commandos d'élites? Pourquoi le président est-il allé boire et manger à Daoukro, alors que la quiétude des ivoiriens était troublée en cette veille de Noël, par cette mutinerie qui se transformât en coup d'Etat ? Pourquoi le Pdci-Rda, a-t-il pris aussi rapidement acte du coup d'Etat ? Et pourquoi beaucoup de ses cadres se sont-ils empressés de rejoindre le général Robert Gueï et sa transition militaire chaotique ? Nous pensons que le président Bédié et son parti, ne peuvent pas prétendre revenir au pouvoir en faisant l'économie d'un tel débat devant tous les ivoiriens.

Le fameux conseil national de sécurité

Beaucoup d'officiers supérieurs de l'armée ivoirienne continuent de dire, avec amertume, que l'idée d'un national de sécurité pour coordonner les actions du gouvernement en matière de sécurité intérieure et extérieure, était une bonne chose souhaitée par tous. Sauf que le président Bédié en avait fait un outil politique, avec des moyens à disposition pour coiffer l'Etat major général des forces armées ivoiriennes. La création du Cns, rattaché directement à la présidence, avait suscité la méfiance entre les officiers compétents, ayant une parfaite maîtrise des dossiers sécuritaires et leurs collègues, les courtisans du régime. Cela avait balkanisé les services et les hommes, qui ont finalement travaillé en s'ignorant mutuellement. C'est ainsi que les renseignements économiques, les renseignements militaires et les renseignements généraux, sont restés sourds et aveugles, sans voir venir le coup d'Etat de Noël 1999, dont toute la sous région ouest africaine savait qu'il était en préparation. Rentré précipitamment de sa java et de sa buverie de Daoukro, où il était allé boire, manger, fumer son cigare et fêter son accession à la présidence de la république, comme un trophée ou une médaille olympique, le président Bédié s'était retrouvé dans une situation lamentable, où ni son ministre de la défense et ses officiers supérieurs n'étaient capables de lui dire qui étaient les mutins et de quoi il s'agissait. Certains officiers proches de lui étaient carrément aux abonnés absents. Certains parlaient de mutinerie, de primes impayées aux soldats, bref à un moment aussi important de la vie de la nation, le président était livré à lui-même et a fait le choix de sauver sa vie en allant se cacher comme un enfant chez le voisin, qui n'est autre que l'ambassadeur de France à Abidjan.

Deux mots sur le Pdci-Rda

S'il y a un parti qui risque gros dans les prochaines consultations électorales ivoiriennes, C'est bien le Pdci-Rda. Car en cas de défaite, nous sommes presque certains qu'il sera en lambeau et qu'une bonne partie de son personnel politique le désertera pour rejoindre Gbagbo ou Ouattara. Le risque d'implosion post électorale est donc plus réel au Pdci, qu'ailleurs. Beaucoup de ses militants sont dans cette attente, qui consiste à être toujours près de la mangeoire, ils ne veulent pas être du coté des perdants. Nous voulons rappeler au Pdci-Rda et à ses militants que, le Rdr, est sorti des entrailles de leur parti ainsi que l'Udpci et le Rpp, pourquoi sont-ils partis et pourquoi dès le début rien n'a été fait pour trouver un terrain d'entente avec Eux? Ne pas répondre à cette question, c'est cautionner par cécité et par méconnaissance de la nature des hommes, l'éclatement futur du parti, car dans l'histoire, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Toutes ces divisions ont été pour beaucoup dans l'affaiblissement général du Pdci et de son président. Nous l'avons dit au début de notre intervention que ce parti avait perdu son unité dès les premières minutes du décès du Président Félix Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993. Le regret de tous les ivoiriens est que le parti, qui a conduit notre pays à l'indépendance, a été incapable de nous éviter ce fruit très amer qu'est le coup d'Etat. Pourquoi le bureau politique n'a-t-il pas fait bloc autour de du successeur constitutionnel dès le décès du Premier président ivoirien ? Pourquoi le Pdci-Rda, a-t-il cautionné la cabale de l'ivoirité ? Pourquoi les négociations entre les mutins et le président ont-elles si tardé et échoué aussi facilement ? Si l'affaire Ouattara, était un contentieux sur la nationalité, pourquoi n'avoir pas laissé la justice trancher ? Car cela relève de la justice et non du politique. Est-ce vraiment sérieux aujourd'hui pour le Pdci et son chef, d'aller encore solliciter les suffrages des ivoiriens sans un début d'explication sur toutes ces questions importantes de société ? Tous les observateurs reconnaissent que le coup d'Etat du 24 décembre a été vite consommé par les ivoiriens et les membres du Pdci en tête, nous trouvons cela dommage pour le pays. Le Général Gueï, n'avait pas dissous le Pdci après le Putsch de Noël et c'est tant mieux pour tout le monde. Mais l'évanescence de la section ivoirienne du rassemblement démocratique africain, dans les trois jours cruciaux, les 24,25 et 26 décembre 1999, fut pour nous toute la chose la plus difficile à avaler. Le lâchage même du président Bédié, par tous ceux qui hier encore mangeaient à sa table, fut une tragédie pitoyable dans la grande tragédie que vivait la nation. Cela nous montre le caractère folklorique, hautement éphémère des allégeances en politique et surtout le dérisoire des manifestations de militants et autres suiveurs, qui n'ont que leur indéfectible attachement à votre personne comme trompette et chanson à vous offrir. En commun, tous ces partis politiques ont perdu le pouvoir pour n'avoir pas su voir loin. Dans nos pays fragiles d'Afrique, voir loin en politique, c'est commencer par voir ce qui est sur le bout de votre nez, c'est à dire, le bien être des peuples que ces partis ont conduit à l'émancipation. Ne plus s'enfermer dans la négation des évidences, tel doit être, selon nous la première règle de la politique comme un service au bénéfice des peuples de nos malheureux pays africains.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
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