Dans cet entretien, M. Jean Louis Billon, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, parle de ses rapports avec la France, le Président Gbagbo et de l'environ des affaires en Côte d'Ivoire.
“Ma position n’a pas changé”
Où en sommes-nous avec le litige sur les oléagineux entre la Côte d'Ivoire et le Sénégal ?
Le Sénégal pense pouvoir protégé son industrie à base d'huile d'arachide au détriment de celle de l'huile de palme, au mépris des textes communautaires. Ces textes qui concernent tous les Etats regroupés au sein de la CEDEAO. Le Sénégal se met donc en infraction de ces textes lorsqu'il ne les applique pas. C'est bien dommage ! La décision qui vient d'être rendue en notre faveur par les instances de l'UEMOA, et spécifiquement par la Commission de la Concurrence, permettra, je pense, au Sénégal d'admettre qu'interdire sur son marché l'huile de palme, qui est la plus compétitive et la plus consommée au monde aujourd'hui, était plutôt néfaste à l'économie sous-régionale. On rencontre le même problème au niveau du sucre ivoirien qui est combattu ou taxé lourdement à l'entrée de certains pays de la sous-région. Instaurer des barrières tarifaires, ne pas respecter les textes, interdire des produits industriels ivoiriens sur leur territoire, c'est entraver véritablement les activités économiques intra-communautaires mais également démontrer la tendance de certains Etats à ne pas accorder de la valeur aux accords qu'ils ont eux-mêmes signés. Il n'est pas admissible que les opérateurs économiques fassent les frais de l'inconséquence de certaines décisions, et surtout que l'on ne soit pas apte à respecter notre parole perturbant ainsi le monde des affaires, pourtant source de richesses dans tous les pays de l'UEMOA. Pour revenir à notre activité sur le Sénégal, je reste persuadé qu'il ne s'est agi que d'incompréhensions. Elles sont maintenant levées et nous restons confiants quant à nos relations d'affaires avec nos frères sénégalais.
L'interdiction d'importer du sucre a-t-elle profité aux industries de la filière sucrière ivoirienne ?
La mesure qui a été prise, l'a été pour lutter contre la fraude et on doit reconnaître qu'elle a été particulièrement bénéfique. Puisqu'elle a permis de limiter la fraude de façon drastique. Cette fraude sur les importations de sucre était devenue réellement importante. En légiférant, on a donc permis la survie d'une industrie nationale. C'est une filière qui fait vivre plus de 5 000 personnes. Alors imaginez ce que la situation serait aujourd'hui sans cette mesure ! Nous aurions sans doute perdu beaucoup plus que 5 000 emplois ! Je veux non seulement parler des familles qui vivent du revenu de ces employés, mais des commerces et autres activités qui y sont liées c'est-à-dire l'entretien et l'utilisation des infrastructures d'hygiène, de santé et d'éducation, etc… Globalement, ce qu'il faut retenir, c'est que le temps que l'on ne perd plus pour lutter contre la fraude permet de nous consacrer à la mise à niveau de la filière et à améliorer ces revenus et la compétitivité.
Parlez-nous un peu du coût du délestage dans les charges des opérateurs économiques qui ont été contraints de s'équiper en groupes électrogènes pour mieux fonctionner et sur lesquels, l'Etat a procédé à une détaxe. Et pouvez-vous nous chiffrer ce que les industriels ont perdu ?
Cette défiscalisation aide mais ne résout pas le problème. L'énergie distribuée par la CIE à partir des centrales thermiques et des barrages reste moins chère que l'électricité générée par les groupes électrogènes. Il faudrait véritablement que l'on retrouve une distribution plus appropriée et compétitive en Côte d'Ivoire car le délestage est une entrave à la compétitivité. Une usine ne peut pas redémarrer instantanément quand le courant revient. Son redémarrage est progressif et fonction des différents blocs opérationnels de l'usine. Redémarrer peut prendre plusieurs heures.
Toutes les entreprises n'ont pas complètement chiffré leurs pertes. Mais elles nous disent cependant qu'elles ont été fortement touchées. L'étude que nous avons réalisée à ce sujet est significative. Sur 75 entreprises, de toutes les régions, de tous les secteurs d'activités et de toute taille, on constate au niveau d'Abidjan une baisse de chiffre d'affaires de 30 % avec des temps d'arrêt de 4 à 8 heures par jour ! A l'intérieur du pays, c'est dramatique : on est allé jusqu'à des temps d'arrêt de 12 heures, voire de plusieurs jours. Et là, les entreprises ont enregistré une baisse d'activités de 60 %. Il est évident, dans ces conditions, que ces entreprises sont en droit d'espérer de la part de l'Etat des exonérations ou des compensations fiscales aptes à amortir le choc de ces pertes subies durant les délestages. Se contenter de l'exonération de la TVA sur l'achat de groupes est minime. Pour ce qui nous concerne, à SIFCA par exemple, nous avons augmenté notre coût de production dans le secteur du caoutchouc. Les pertes sont importantes. Au niveau de PALMCI ou de SUCRIVOIRE, nous faisons de la co-génération en produisant nous-mêmes notre électricité. Nous entendons intensifier ce principe. En attendant que nous maîtrisions ce système, nous ne compensons cependant pas le manque d'électricité. Pour le futur, il faut penser à toute forme d'énergie alternative. Dans ce contexte de délestage, les plus pénalisés ont été les petits métiers, qui eux, n'ont pas les moyens de s'offrir des groupes électrogènes.
Cette situation de délestage était prévisible. La Côte d'Ivoire a non seulement arrêté son développement depuis plus de 10 ans, mais elle n'entretient pas son patrimoine. Pour sécuriser l'essentiel de l'activité économique, il faut évidemment faire quelque chose. En réalité, ce que nous demandons c'est la production d'électricité dans des conditions techniques normales d'un pays qui assure le bien-être de ses populations. La mobilisation de fonds permettrait de faire les investissements nécessaires à la garantie de la production de l'électricité.
Etes-vous l'homme de la France en Côte d'Ivoire ?
Je suis d'autant plus surpris par cette remarque que mes investissements sont d'abord réalisés en Côte d'Ivoire, ensuite en Afrique, en Asie et en France. On me cite régulièrement comme un homme de la France mais on omet toujours de rappeler combien je me suis plaint de la situation injuste de monopole, il y a quelques années, notamment concernant le cas du Port Autonome d'Abidjan quand on a cédé le terminal à conteneurs aux Français. Personne n'a jamais réagi ni soutenu ma position. Je peux vous citer d'autres cas. Vous savez, ma fonction de président d'une Institution doit garantir les ressortissants d'un minimum de responsabilité, de neutralité et d'indépendance. Il serait inconcevable de défendre certaines valeurs au sein du secteur privé et de les fouler au pied en tant que manager. Je ne suis pas de ceux qui n'assument pas leurs propos ou leurs actes. Parce que je suis le fruit d'une éducation, qui me permet de me situer en famille, par rapport à mes amis, à mes collègues, et que je suis en responsabilité managériale, je revendique ma capacité à compétir et à réaliser des produits avec n'importe lequel des partenaires qui respectent certaines valeurs, qu'il soit Français, Asiatique, Africain ou Américain, en toute impartialité et en toute neutralité.
Il y a une dizaine d'années, on vous a vu à l'investiture d'un candidat de l'opposition, le Président Gbagbo qui était le candidat du FPI. Il se dit qu'il y a des brouilles entre vous. Est-ce vrai ?
Je n'ai de brouilles avec personne. A l'époque, lors de la convention du FPI, j'ai présenté au Président Gbagbo les soucis et les préoccupations du secteur privé. Il s'agissait de préoccupations auxquelles le secteur privé espérait que le FPI réponde. Je suis exactement dans la même position aujourd'hui, peut-être même plus encore qu'hier. Etant le Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI-CI), mon rôle est de demander sans cesse l'amélioration de l'environnement des affaires. Même si la Côte d'Ivoire était dans une situation où les choses allaient très bien, je continuerais d'interpeller les pouvoirs publics sur les secteurs ou sujets identifiés comme préoccupants pour faire en sorte que les choses marchent mieux. Les défis sont permanents et on peut toujours faire mieux.
Est-ce l'intégration qui vous fait courir tant ? On vous voit au Ghana, au Bénin, au Nigéria…
Ce sont les opportunités. Vous savez l'industrie, tout comme le commerce, est dynamique. Dans les différents pays que vous avez cités et singulièrement au Libéria, il s'agit d'opportunités à saisir rapidement. Le monde des affaires n'attend pas et peut-être demain, me verrez-vous en Afrique centrale ou même au Vénézuéla !
On vous prête des ambitions présidentielles. Qu'en est-il ?
On peut servir son pays à plusieurs niveaux. Aujourd'hui, je sers ma communauté en exerçant la fonction de Maire de Dabakala, ma région d'origine. C'est une activité locale, régionale, où la responsabilité citoyenne s'exerce naturellement. Je sers également le secteur privé comme l'Etat de Côte d'Ivoire en ma qualité de président d'une Institution interface. C'est d'ailleurs dans cette fonction que l'on m'a régulièrement entendu m'exprimer et interpeller les pouvoirs publics ou certains opérateurs, sur des positions qui n'étaient pas en conformité avec les règles de bonne gouvernance et qui entravaient les activités des acteurs économiques.
Votre opinion sur la corruption et racket a-t-il changé ?
Ma position n'a pas changé ! Il m'est tout à fait impossible d'accepter que des représentants de l'Etat, des pouvoirs publics, donnent le mauvais exemple en bafouant le droit du Citoyen, en ne respectant pas les règles et lois de Côte d'Ivoire, pour s'enrichir illicitement. Si nous voulons nous développer, si nous voulons un secteur privé compétitif, si nous voulons des citoyens qui jouissent sereinement du produit de leur travail, il faut un Etat fort avec des règles et des devoirs respectés par tous. Les premiers à donner l'exemple sont les représentants de l'Etat. Tant que ces représentants ne seront pas dans cette dynamique et perturberont les activités du secteur privé, ma position ne changera pas.
Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr
“Ma position n’a pas changé”
Où en sommes-nous avec le litige sur les oléagineux entre la Côte d'Ivoire et le Sénégal ?
Le Sénégal pense pouvoir protégé son industrie à base d'huile d'arachide au détriment de celle de l'huile de palme, au mépris des textes communautaires. Ces textes qui concernent tous les Etats regroupés au sein de la CEDEAO. Le Sénégal se met donc en infraction de ces textes lorsqu'il ne les applique pas. C'est bien dommage ! La décision qui vient d'être rendue en notre faveur par les instances de l'UEMOA, et spécifiquement par la Commission de la Concurrence, permettra, je pense, au Sénégal d'admettre qu'interdire sur son marché l'huile de palme, qui est la plus compétitive et la plus consommée au monde aujourd'hui, était plutôt néfaste à l'économie sous-régionale. On rencontre le même problème au niveau du sucre ivoirien qui est combattu ou taxé lourdement à l'entrée de certains pays de la sous-région. Instaurer des barrières tarifaires, ne pas respecter les textes, interdire des produits industriels ivoiriens sur leur territoire, c'est entraver véritablement les activités économiques intra-communautaires mais également démontrer la tendance de certains Etats à ne pas accorder de la valeur aux accords qu'ils ont eux-mêmes signés. Il n'est pas admissible que les opérateurs économiques fassent les frais de l'inconséquence de certaines décisions, et surtout que l'on ne soit pas apte à respecter notre parole perturbant ainsi le monde des affaires, pourtant source de richesses dans tous les pays de l'UEMOA. Pour revenir à notre activité sur le Sénégal, je reste persuadé qu'il ne s'est agi que d'incompréhensions. Elles sont maintenant levées et nous restons confiants quant à nos relations d'affaires avec nos frères sénégalais.
L'interdiction d'importer du sucre a-t-elle profité aux industries de la filière sucrière ivoirienne ?
La mesure qui a été prise, l'a été pour lutter contre la fraude et on doit reconnaître qu'elle a été particulièrement bénéfique. Puisqu'elle a permis de limiter la fraude de façon drastique. Cette fraude sur les importations de sucre était devenue réellement importante. En légiférant, on a donc permis la survie d'une industrie nationale. C'est une filière qui fait vivre plus de 5 000 personnes. Alors imaginez ce que la situation serait aujourd'hui sans cette mesure ! Nous aurions sans doute perdu beaucoup plus que 5 000 emplois ! Je veux non seulement parler des familles qui vivent du revenu de ces employés, mais des commerces et autres activités qui y sont liées c'est-à-dire l'entretien et l'utilisation des infrastructures d'hygiène, de santé et d'éducation, etc… Globalement, ce qu'il faut retenir, c'est que le temps que l'on ne perd plus pour lutter contre la fraude permet de nous consacrer à la mise à niveau de la filière et à améliorer ces revenus et la compétitivité.
Parlez-nous un peu du coût du délestage dans les charges des opérateurs économiques qui ont été contraints de s'équiper en groupes électrogènes pour mieux fonctionner et sur lesquels, l'Etat a procédé à une détaxe. Et pouvez-vous nous chiffrer ce que les industriels ont perdu ?
Cette défiscalisation aide mais ne résout pas le problème. L'énergie distribuée par la CIE à partir des centrales thermiques et des barrages reste moins chère que l'électricité générée par les groupes électrogènes. Il faudrait véritablement que l'on retrouve une distribution plus appropriée et compétitive en Côte d'Ivoire car le délestage est une entrave à la compétitivité. Une usine ne peut pas redémarrer instantanément quand le courant revient. Son redémarrage est progressif et fonction des différents blocs opérationnels de l'usine. Redémarrer peut prendre plusieurs heures.
Toutes les entreprises n'ont pas complètement chiffré leurs pertes. Mais elles nous disent cependant qu'elles ont été fortement touchées. L'étude que nous avons réalisée à ce sujet est significative. Sur 75 entreprises, de toutes les régions, de tous les secteurs d'activités et de toute taille, on constate au niveau d'Abidjan une baisse de chiffre d'affaires de 30 % avec des temps d'arrêt de 4 à 8 heures par jour ! A l'intérieur du pays, c'est dramatique : on est allé jusqu'à des temps d'arrêt de 12 heures, voire de plusieurs jours. Et là, les entreprises ont enregistré une baisse d'activités de 60 %. Il est évident, dans ces conditions, que ces entreprises sont en droit d'espérer de la part de l'Etat des exonérations ou des compensations fiscales aptes à amortir le choc de ces pertes subies durant les délestages. Se contenter de l'exonération de la TVA sur l'achat de groupes est minime. Pour ce qui nous concerne, à SIFCA par exemple, nous avons augmenté notre coût de production dans le secteur du caoutchouc. Les pertes sont importantes. Au niveau de PALMCI ou de SUCRIVOIRE, nous faisons de la co-génération en produisant nous-mêmes notre électricité. Nous entendons intensifier ce principe. En attendant que nous maîtrisions ce système, nous ne compensons cependant pas le manque d'électricité. Pour le futur, il faut penser à toute forme d'énergie alternative. Dans ce contexte de délestage, les plus pénalisés ont été les petits métiers, qui eux, n'ont pas les moyens de s'offrir des groupes électrogènes.
Cette situation de délestage était prévisible. La Côte d'Ivoire a non seulement arrêté son développement depuis plus de 10 ans, mais elle n'entretient pas son patrimoine. Pour sécuriser l'essentiel de l'activité économique, il faut évidemment faire quelque chose. En réalité, ce que nous demandons c'est la production d'électricité dans des conditions techniques normales d'un pays qui assure le bien-être de ses populations. La mobilisation de fonds permettrait de faire les investissements nécessaires à la garantie de la production de l'électricité.
Etes-vous l'homme de la France en Côte d'Ivoire ?
Je suis d'autant plus surpris par cette remarque que mes investissements sont d'abord réalisés en Côte d'Ivoire, ensuite en Afrique, en Asie et en France. On me cite régulièrement comme un homme de la France mais on omet toujours de rappeler combien je me suis plaint de la situation injuste de monopole, il y a quelques années, notamment concernant le cas du Port Autonome d'Abidjan quand on a cédé le terminal à conteneurs aux Français. Personne n'a jamais réagi ni soutenu ma position. Je peux vous citer d'autres cas. Vous savez, ma fonction de président d'une Institution doit garantir les ressortissants d'un minimum de responsabilité, de neutralité et d'indépendance. Il serait inconcevable de défendre certaines valeurs au sein du secteur privé et de les fouler au pied en tant que manager. Je ne suis pas de ceux qui n'assument pas leurs propos ou leurs actes. Parce que je suis le fruit d'une éducation, qui me permet de me situer en famille, par rapport à mes amis, à mes collègues, et que je suis en responsabilité managériale, je revendique ma capacité à compétir et à réaliser des produits avec n'importe lequel des partenaires qui respectent certaines valeurs, qu'il soit Français, Asiatique, Africain ou Américain, en toute impartialité et en toute neutralité.
Il y a une dizaine d'années, on vous a vu à l'investiture d'un candidat de l'opposition, le Président Gbagbo qui était le candidat du FPI. Il se dit qu'il y a des brouilles entre vous. Est-ce vrai ?
Je n'ai de brouilles avec personne. A l'époque, lors de la convention du FPI, j'ai présenté au Président Gbagbo les soucis et les préoccupations du secteur privé. Il s'agissait de préoccupations auxquelles le secteur privé espérait que le FPI réponde. Je suis exactement dans la même position aujourd'hui, peut-être même plus encore qu'hier. Etant le Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI-CI), mon rôle est de demander sans cesse l'amélioration de l'environnement des affaires. Même si la Côte d'Ivoire était dans une situation où les choses allaient très bien, je continuerais d'interpeller les pouvoirs publics sur les secteurs ou sujets identifiés comme préoccupants pour faire en sorte que les choses marchent mieux. Les défis sont permanents et on peut toujours faire mieux.
Est-ce l'intégration qui vous fait courir tant ? On vous voit au Ghana, au Bénin, au Nigéria…
Ce sont les opportunités. Vous savez l'industrie, tout comme le commerce, est dynamique. Dans les différents pays que vous avez cités et singulièrement au Libéria, il s'agit d'opportunités à saisir rapidement. Le monde des affaires n'attend pas et peut-être demain, me verrez-vous en Afrique centrale ou même au Vénézuéla !
On vous prête des ambitions présidentielles. Qu'en est-il ?
On peut servir son pays à plusieurs niveaux. Aujourd'hui, je sers ma communauté en exerçant la fonction de Maire de Dabakala, ma région d'origine. C'est une activité locale, régionale, où la responsabilité citoyenne s'exerce naturellement. Je sers également le secteur privé comme l'Etat de Côte d'Ivoire en ma qualité de président d'une Institution interface. C'est d'ailleurs dans cette fonction que l'on m'a régulièrement entendu m'exprimer et interpeller les pouvoirs publics ou certains opérateurs, sur des positions qui n'étaient pas en conformité avec les règles de bonne gouvernance et qui entravaient les activités des acteurs économiques.
Votre opinion sur la corruption et racket a-t-il changé ?
Ma position n'a pas changé ! Il m'est tout à fait impossible d'accepter que des représentants de l'Etat, des pouvoirs publics, donnent le mauvais exemple en bafouant le droit du Citoyen, en ne respectant pas les règles et lois de Côte d'Ivoire, pour s'enrichir illicitement. Si nous voulons nous développer, si nous voulons un secteur privé compétitif, si nous voulons des citoyens qui jouissent sereinement du produit de leur travail, il faut un Etat fort avec des règles et des devoirs respectés par tous. Les premiers à donner l'exemple sont les représentants de l'Etat. Tant que ces représentants ne seront pas dans cette dynamique et perturberont les activités du secteur privé, ma position ne changera pas.
Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr