Pour le conseiller régional du ministère de la lutte contre le Sida à Man, Dr Wognin Aka Augustin, les causes de la faiblesse des mobilisations autour des journées nationales sont ailleurs. Si, explique-t-il, en 2007, la mobilisation avait été forte, c’est tout simplement parce que toute la Côte d’Ivoire s’était retrouvée à Man lors des journées mondiales de lutte contre le Sida. Par contre, en 2008, 2009 et 2010, les festivités se sont limitées au niveau régional. D’où le peu de monde enregistré. «La Ctail a un rôle d’en??ca?drement, de coordination, de suivi et d’évaluation. Ce sont des structures de mise en œuvre que sont les ONG communautaires qui s’occupent de l’organisation pratique des manifestations. Notre mission est d’impulser cette dynamique», a-t-il indiqué. Avant de tonner : «Nous n’avons pas d’argent à leur distribuer. Ces Ong pensent de facto que tout est fait avec de l’argent», déplore le collaborateur du ministre Christine Nebout Adjobi. Pour lui, chaque structure dans le cadre de ses activités doit pouvoir compter sur elle-même ou sur ses partenaires pour les financements. «En début d’année, nous concevons un plan d’action annuel et dans ce plan, seules les manifestations officielles sont prises en compte par nos partenaires. C’est le cas par exemple avec le Pumls qui a apporté son soutien dans le cadre de la journée mondiale en 2009 et la semaine nationale en 2010. En effet, le 19 juin dernier, lors de la cérémonie de clôture de la semaine nationale, le Pumls a pris en compte la location des bâches, le carburant, le cocktail, la location des chaises, la sono, ainsi que d’autres moyens logistiques. Cela entre dans le cadre de mon plan de travail annuel (Pta). Je ne suis pas le seul à répondre de la gestion financière de cette activité. Donc, je ne saurais prendre tout seul le risque de confier une quelconque somme à une Ong», explique notre interlocuteur. Dr Wognin précise qu’il est de plus en plus question de créer des ressources financières additionnelles au plan local. Et c’est à ce niveau que doivent intervenir les collectivités décentralisées, les partenaires du secteur public et privé. Un schéma que l’on tenterait de contourner, dira-t-il, à Man. «Dans le cadre de la mobilisation des ressources additionnelles, la mairie, le conseil général et les structures publiques membres du comité régional de lute contre le Sida dont nous assurons le secrétariat général doivent intervenir financièrement. Ce qui n’est pas le cas. Tout le monde pense que la lutte contre le Sida est une affaire d’argent», se désole-t-il. Revenant sur ses rapports avec les Ong, le conseiller régional reconnaît qu’une crise de confiance existe. «Il y a très souvent des suspicions en leur sein. Et nous essayons de colmater les brèches pour leur faire comprendre qu’elles doivent travailler en partenariat et non comme des concurrents», souligne Dr Wognin. Il déplore surtout le fait que certaines organisations aient été créées juste pour chercher de l’argent. «Quand on crée une Ong, c’est qu’on a quelque chose à offrir. On ne crée pas une structure pour tendre la main. Celles qui ne peuvent pas tenir le coup doivent disparaître, plutôt que de se complaire dans les médisances. Ces structures doivent se sentir heureuses parce que nous sommes là pour les accompagner», a-t-il martelé. Avant de rappeler : «C’est nous qui avons initié la semaine nationale de lutte contre le Sida à Man». Le Fnls, ajoute le spécialiste, qui a été créé pour mobiliser les fonds, finance l’acquisition des Arv à hauteur de 65% de sa recette et les 35% servent à la formation, au volet suivi et évaluation, les équipements logistiques, et toutes les autres activités en matière de lutte contre le Sida. Selon lui, la Côte d’Ivoire est tributaire de l’aide extérieure en matière de lutte contre le Sida à hauteur de 86%. Une situation qui l’amène à se demander ce qui adviendra si, un jour, cette aide venait à s’interrompre. Le représentant du ministère de la lutte contre le SIDA invite «les élus et cadres à se ressaisir». Le vrai combat, pense-t-il, serait de contribuer à faire baisser le taux de séroprévalence qui est encore de 3,5% dans la région.
Kindo Ousseny à Man
Kindo Ousseny à Man