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Société Publié le jeudi 15 juillet 2010 | Nord-Sud

Lutte contre le Sida dans les 18 montagnes : L’argent divise ministère, Ong et journalistes

Dans la région des 18 montagnes, le combat contre le fléau du siècle enregistre des défections du côté des organisations communautaires qui étaient jusque-là en première ligne. Approchés, les concernés s’expliquent.

A Man, en 2009, comme cette année, 2010, les manifestations de lutte contre le Vih/Sida ont mobilisé très peu de monde. Une situation d’autant plus embêtante qu’en 2005, 2006 et 2007, ces mêmes manifestations initiées par les organisations communautaires regroupées au sein de la Colsim (Coordination des organisations de lutte contre le Sida dans la région des montagnes) avaient connu de francs succès. Le coordonnateur régional du conseil des organisations de lutte contre le Sida en Côte d’Ivoire, Lion Frédérique, se remémore ces années fastes avec un brin de regret.

Mobilisation de plus en plus faible

En 2007, rappelle-t-il, la ville de Man avait été désignée par le gouvernement pour abriter les festivités nationales de la journée mondiale de lutte contre la pandémie du siècle. Une «très grande mobilisation» avait couronné la manifestation. Des responsables d’organisations communautaires se souviennent également que l’Etat et les partenaires que sont Care international, le Fnls, l’Unicef … avaient mis les moyens à leur disposition pour la réussite de l’évènement. En 2008, bien que la célébration ait été limitée au niveau régional, le même exploit a été réédité. La Cellule technique d’appui aux initiatives locales (Ctail) qui est la représentation du ministère de la Lutte contre le Sida dans la région venait d’être installée. Elle a, selon des responsables des organisations communautaires, appuyé la tenue des manifestations en tant qu’observateur. En 2009, un changement notable intervient. La Ctail décide de prendre le contrôle de la lutte. Plusieurs activités sont menées. Notamment les sensibilisations de masse. Mais, lorsqu’arrive le moment d’organiser la journée mondiale de lutte contre le Sida de cette année-là, tout se gâte.

Avec quelques heures d’intervalle, une manifestation de remise de dons, initiée par le conseil général devait se tenir au même endroit que la cérémonie de la journée mondiale contre le Sida. Malheureusement, après cette fête du conseil général, le public a déserté les lieux. Un fiasco pour les manifestations anti-Sida que des membres du comité d’organisation imputent au Conseiller régional de la lutte contre le Sida, Dr Wognin Aka Augustin. «Il a refusé de mettre les moyens à notre disposition. Nous avons constitué des commissions qui, en réalité, n’ont existé que de nom. Le responsable régional de la Ctail a tout ramené à sa personne. Il a voulu tout gérer tout seul. Ce comportement ne nous a pas plu. Voici pourquoi, la majorité des Ong n’est pas présente», charge un responsable d’Ong. Dame T.S. un autre membre du comité d’organisation renchérit : «Il nous a confié la commission restauration et à notre grande surprise, sans nous informer, il est allé passer lui-même des commandes dans des restaurants. S’il ne nous fait pas confiance qu’il nous le dise».

Une affaire de sou

Cette année, 2010, la semaine nationale de lutte contre le Sida a enregistré la plus faible mobilisation jamais atteinte. Les Ong de lutte contre le Sida ont boudé les manifestations officielles. Selon une source proche du Cosi, sur 34 organisations communautaires existant dans la ville de Man, seulement 5 étaient présentes au défilé. «Le représentant du ministère de la Lutte contre le Sida à Man a tendance à travailler en solo. Or, la lutte contre le Sida est une affaire de communauté (…) Il n’accepte pas nos propositions», chargent d’autres patrons d’Ong. Pour Séraphin Gomé, secrétaire permanent du Cosi, l’on a l’impression que le ministère à travers sa représentation locale veut utiliser les organisations communautaires «comme des subordonnées». Or, dira-t-il, «c’est un partenariat qui nous lie». La Ctail est aussi accusée d’être trop sévère dans la distribution des gadgets. «Dr Wognin garde les tee-shirts par devers lui et refuse de les partager aux manifestants. Et lors de la journée mondiale, il a tenu des propos vexants et injurieux à mon encontre. Son attitude a découragé pas mal de personnes venues de Danané, Logoualé… qui ont dû rebrousser chemin. Avec cela, les choses bougeront difficilement», prévient un autre responsable d’Ong. S.B, superviseur d’une Ong communautaire spécialisée dans la prise en charge des enfants et orphelins vulnérables (Oev) craint le pire. C’est-à-dire une démission collective des Ong. A Man, la presse locale a aussi des griefs contre le conseiller régional. Doumbia Bala Moïse, président local du Repmasci (Réseau des professionnels des médias, des arts et des sports engagés dans la lutte contre le Sida), explique qu’un «manque d’engouement» est constaté chez ses membres. «Lors des réunions préparatoires, j’ai demandé à Dr Wognin de donner les moyens financiers pour la confection et la diffusion des messages radios, ainsi que la couverture médiatique. Il a tout rejeté. Pour lui, la prise en charge médiatique se limite à la location d’une camera pour la télévision. Il m’a même demandé de négocier la diffusion gratuite des messages auprès des radios. Je lui ai fait comprendre que le Repmasci ne dispose pas de radios et ne saurait négocier les mains vides», a relaté Bala Moïse.

Colère contre le ministère

Avant de s’interroger : «Mais à quoi sert le fonds national de lutte contre le Sida (Fnls) ?». Ce fonds faut-il le rappeler, a été créé en septembre 2004 par l’Etat pour faire face à l’insuffisance des ressources financières. Cet Epn (Etablissement public national) a pour missions de mobiliser des ressources additionnelles pour le financement des activités de lutte contre le sida, d’organiser et développer toute activité nécessaire à la réduction de l’impact du Vih/sida en Côte d’Ivoire. Il a élaboré, depuis plus d’un an, un projet de mobilisation de ressources dénommé «Campagne petite monnaie (Cpm)». Ce projet lancé officiellement le 25 juin 2008 par le chef de l’Etat est dans sa phase de déploiement national par le biais des comités régionaux de lutte contre le Sida.

Kindo Ousseny à Man
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