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Politique Publié le vendredi 16 juillet 2010 | Nord-Sud

Doumbia Moussa dit Jagger, ex-Rjr de Toumodi : “Nous ne voulons plus servir de sacrifice à la lutte”

© Nord-Sud Par Prisca
Blocage du processus de paix: Les jeunes Houphouëtistes rencontrent le général Philippe Mangou, chef d`état-major des FDS
Les Jeunes du RHDP ont eu une rencontre d`échange le mercredi 07 avril 2010 avec les Forces de Défense et de Sécurité à l` Etat Major au Plateau. Photo: Karamoko Yayoro, président du RJR, donnant ses impressions à la presse
Deux mois après sa démission de la présidence du Rassemblement des jeunes républicains (Rjr) de Toumodi, Doumbia Moussa dit Jagger qui a décidé de s'engager dans le combat du développement, ne décolère cependant pas contre son ancienne formation politique.

Que devenez-vous depuis votre démission de la tête du Rjr à Toumodi?
Il y a deux mois que j'ai démissionné de la présidence du Rjr. Une semaine après ma démission, mes camarades et moi, nous nous sommes retrouvés au foyer des jeunes de Toumodi pour mettre en place le Mecjt, c'est-à-dire le Mouvement pour l'éveil des consciences des jeunes de Toumodi. Nous sommes en pleine préparation pour l'investiture de ce mouvement dont le parrain est Tiacoh Thomas. Donc, je m'attelle donc à éveiller les consciences des jeunes parce que pour nous, la politique doit se faire autrement. Désormais, la politique doit pouvoir contribuer au développement. Les hommes politiques doivent pouvoir aider la population à se prendre charge. Nous avons de ce fait décidé de nous investir dans ce créneau pour unir tous les fils du pays, travailler dans ce sens.

Personne au niveau de votre ancien parti n'est venu vous convaincre de rester ?
Je n'ai jamais été approché. Ce qui est dommage. Cette attitude vient surtout confirmer les griefs que nous avions contre les cadres de ce parti. La direction du Rdr continue de penser, à tort, que tout le Nord lui appartient et qu'à tout moment, elle peut disposer de cette population dans sa totalité. Les gens auraient dû chercher à savoir ce qui motivait véritablement mon départ. Au lieu de cela, les gens ont commencé à me vilipender. Je ne réponds pas à ces injures dans la mesure où je ne me suis jamais reconnu dans cette politique du régionalisme et du tribalisme.

Les injures dont vous avez été victime ne sont-elles pas liées à la personne de Tiacoh Thomas dont vous vous êtes rapproché ?
Effectivement. Parce que pour les responsables du Rdr, les militants de base ne doivent pas avoir d'autres relations en dehors du parti. C'est ce que nous nous attelons à dénoncer dans le Mecjt. On peut ne pas être du même parti et se mettre ensemble dès lors qu'il s'agit du développement de la Côte d'Ivoire. A Toumodi, tout le monde sait qui est Tiacoh Thomas. En même temps qu'il est très actif, il est très effacé. C'est l'un des rares cadres de la ville qui accorde un intérêt particulier au développement et au bien-être de la population. Pour preuve, il y a peu, il est allé voir le chef de l'Etat qui a accepté de doter l'hôpital général de Toumodi d'un groupe électrogène. C'est un grand ouf de soulagement parce que cet établissement hospitalier en avait besoin.

Le Mecjt ne risque-t-il pas de devenir un mouvement à Tiacoh ?
Ce n'est pas lui que nous soutenons. Ce sont plutôt ses actions de développement. Nous avons créé le Mecjt parce que nous sommes déçus de l'ancienne manière de faire la politique, surtout des gens du Rhdp. Ils nous ont promis le ciel et la terre. Nous nous sommes engagés résolument dans la lutte, nous avons réalisé des missions à la limite de l'impossible. Malheureusement, ils nous ont abandonnés sur le bord du chemin. Ils savent bien qu'en procédant de manière pacifique avec le pouvoir en place, tout peut s'arranger mais ils préfèrent d'abord nous jeter en pâture aux forces de l'ordre avant de négocier. Nous ne voulons plus servir de sacrifice pour la lutte. Nous voulons participer à l'évolution tout en tirant profit des retombées du pays.

N'est-ce pas parce que vous aviez commencé à avoir des accointances avec Tiacoh Thomas que vous avez été vilipendé comme vous le dites ?
C'est cela même. Au Rdr, les militants n'acceptent pas qu'un individu puisse avoir des relations personnelles avec un membre d'un autre parti.

C'est ce qui explique la création d'un mouvement pour le soutenir ?
C'est plutôt parce que nous sommes déçus des responsables du Rhdp de Toumodi qui nous avaient promis ciel et terre. On s'est engagé. Nous avons travaillé dur. Fait des missions impossibles. Et, ils nous ont laissé en cours de route. Notre déception indexe également les responsables du Rhdp au plan national. Nous estimons qu'ils peuvent régler les problèmes en s'entendant avec le pouvoir en place. Mais ils ne le font pas. Ils nous laissent aller au front. Et, c'est lorsque nos camarades meurent qu'ils viennent s'entendre. Donc, tous ceux qui pensent que nous avons démissionné pour soutenir Tiacoh se trompent.

Vous faites donc la politique du ventre ?
Ce n'est pas la politique du ventre mais du développement. L'essence même de la politique, c'est le développement. Sans cela, la politique n'a plus de sens.

Qu'est-ce qui vous fait croire que vous ne serez pas aussi déçu de Tiacoh Thomas ?
Tiacoh Thomas a été maire de Toumodi en 1990. Toute la ville est unanime sur sa discrétion et son efficacité. Je ne le suis pas parce qu'il me donne de l'argent. Mais je dis que désormais nous voulons des gens qui pensent au développement. C'est un agriculteur. Il a des champs de riz dans lesquels il emploie des jeunes de Toumodi. Pour nous, la politique, c'est aider les autres à avancer. Ce n'est pas instrumentaliser les gens, les entraîner dans des opérations kamikazes pour détruire les biens de l'Etat, comme ce fut le cas en 2006. Et, il a fallu le même Tiacoh Thomas pour faire libérer ces jeunes.

D'où tirez-vous les fonds pour le financement de votre mouvement ?
Le mot éveil de conscience signifie beaucoup de choses. On n'attendra pas toujours de nos aînés. C'est parce que nous avons cette attitude que nous n'arrivons pas à avancer. Maintenant, il faut militer pour les actes de développement. On n'a pas besoin d'être au pouvoir avant de faire du bien à la population. Ce que les hommes politiques nous disent, c'est d'attendre qu'ils accèdent au pouvoir avant d'entreprendre des actions en faveur du peuple. Le temps nous a montré que cela est une fausse stratégie. Dans la nouvelle mentalité, il y a des choses qu'on peut faire pour le peuple, qui seront déterminantes dans la mesure où le peuple pourrait se montrer reconnaissant. Il y a des gens, originaires de Toumodi qui ont été ministre mais qui n'ont pas fait grand' chose pour la population. Au moment où le délestage battait son plein, il y a eu beaucoup de personnes qui sont mortes dans les hôpitaux. Le don du groupe électrogène est donc salutaire.

Quel commentaire fais-tu de l'incident survenu, mercredi au siège du Pdci ?
Dans un parti politique qui aspire à gouverner un pays, la démocratie doit prévaloir en son sein. Il est donc important de laisser l'opinion s'exprimer. Si des gens ont l'ambition de diriger le parti, il faut laisser la base trancher. Malheureusement, dans la plupart des partis, on étouffe le débat. Or, lorsque c'est ainsi, les frustrés trouvent d'autres moyens et d'autres cadres pour s'exprimer. Et, les partis dans lesquels les présidents sont quasiment des demi-dieux, c'est ce qui va leur arriver.

Tu accepterais donc qu'au Fpi, d'autres cadres affrontent Laurent Gbagbo ?
Je ne suis pas contre cela. Je suis même favorable à la réouverture des candidatures à la présidentielle.


Interview réalisée par Marc Dossa Coll. Bamba K. Inza
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