Le multipartisme existait en Côte d’Ivoire avant l’indépendance. Les principaux partis étaient : le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire) d’Houphouët Boigny, le PPCI (Parti Progressiste de Côte d’Ivoire) de Kacou Aoulou, le BDE (Bloc Démocratique Eburnéen) d’Etienne Djaument, le MSA (Section du Mouvement Socialiste Africain affilié à la SFIO-Section Française de l’Internationale Ouvrière) de Dignan Bailly.
Pour diverses raisons, à la veille et dans les premières années de l’indépendance, le PDCI deviendra l’unique parti politique officiel en Côte d’Ivoire et le restera pendant près de trente ans.
C’est donc fort logiquement qu’en 1990, le rétablissement du multipartisme dans notre pays par le Président Houphouët-Boigny fut accueilli avec une grande ferveur.
Cela apparaissait à l’époque pour certains, comme l’aboutissement de toute une vie de lutte. L’euphorie provoquée par cet évènement était telle, qu’une dame, militante des mouvements estudiantins des années 60 et grande syndicaliste des années 70, est allée jusqu’à déclarer : "Maintenant, je peux mourir".
Il faut dire qu’à l’époque, pour de multiples raisons, le parti unique paraissait avoir atteint ses limites. Il était devenu pesant pour plusieurs générations d’intellectuels ivoiriens, qui avaient étudié en Europe et particulièrement en France ou aux USA, pays de vieille tradition démocratique, où les débats contradictoires ont lieu à tous les niveaux de la vie sociale.
Le Président Houphouët-Boigny, dans sa grande sagesse, concevait le parti unique comme "un facteur d’unité nationale", visant à réduire les antagonismes ethniques et régionaux, afin de concentrer l’énergie et l’intelligence de tous sur le développement économique. C’était là une vision assez noble. Mais le monde avait changé. Hors de la Côte d’Ivoire, à l’Est comme à l’Ouest, les appels au changement politique devenaient de plus en plus pressants.
Le 30 Avril 1990 donc, le PDCI donna son accord pour le rétablissement du multipartisme en Côte d’Ivoire. Et le 2 Mai 1990, le gouvernement entérina cette décision. Le multipartisme venait de renaître en Côte d’Ivoire.
Il connaîtra diverses fortunes. De 1990 à 2000, tout ne fut pas rose. Loin s’en faut. On se rendra vite compte que le multipartisme, en tant que système politique favorisant la création d’une multitude de partis, ne correspondait pas toujours au pluralisme politique admettant "l’existence et le libre jeu des idées politiques". En d’autres termes, que la démocratie n’était pas, dans tous les cas, consubstantielle au multipartisme.
C’est pourquoi d’aucuns crurent en Gbagbo dans sa profession de foi, en l’an 2000. D’abord sur la démocratie pluraliste, il déclara : "Profondément attaché à la démocratie pluraliste, je compte promouvoir les conditions de la pleine participation des partis politiques à l’animation de la vie politique".
Ensuite, sur les libertés individuelles et collectives, il professa : "Je suis profondément attaché à la reconnaissance totale des droits de l’homme et des libertés publiques. Ce principe est l’un des fondements de mon action politique. Mon objectif dans ce domaine est d’assurer la défense, le respect et la promotion des droits reconnus, en vue d’instaurer l’Etat de droit." Voilà donc ce que déclarait Gbagbo Laurent en l’an 2000.
Aujourd’hui, on peut dire qu’entre "la paille des mots et le grain des choses", c’est le jour et la nuit.
Des charniers d’Octobre et de Décembre 2000, au refus biaisé d’aller aux élections, en passant par les massacres des manifestants aux mains nues en Mars 2004, les assassinats perpétrés par les escadrons de la mort sur de paisibles citoyens, sur leurs lieux de travail ou à domicile, les assassinats et emprisonnements des journalistes, les dénis de nationalité, la liste des actes anti-démocratiques et des violations des droits de l’Homme sous Gbagbo Laurent est longue, très longue.
Pourtant, l’homme est connu pour sa détermination à défendre ses propres droits. On ne peut manquer de s’étonner que les articles 35, 38, 41 et 48 de la Constitution protégeant son pouvoir soient proclamés urbi et orbi, alors que les articles 2, 4 et 11 de la même Constitution relatifs aux libertés et droits des citoyens ne connaissent pas le même traitement. Et avec ça, dix ans après l’arnaque de 2000, et après tout ce que nous avons vu et continuons de souffrir, il vient encore déclarer : "Je m’engage à défendre les principes de la démocratie (…) Je m’engage à promouvoir le respect des valeurs démocratiques (…) Je vais approfondir la démocratie en Côte d’ Ivoire…", etc.
Mais quel culot ! Quel mépris !
Les Ivoiriens ne sont pas dupes, Mesdames et Messieurs les refondateurs. Ils savent désormais qu’avec vous, la démocratie est un vain mot. Ils savent désormais qu’avec vous le multipartisme, "c’est façon parti unique". Et ils ont raison de penser ainsi. Car le parti unique, ce n’est pas encore "le passé pour la Côte d’Ivoire", comme vous l’affirmez. Le parti unique revient au galop. Et tous vos efforts tendent plutôt à le promouvoir : tentatives de déstabilisation des leaders, débauchage des cadres, noyautage des partis de l’opposition, etc. Vous donnez raison ainsi à Jean-Marie Cotteret, professeur émérite de Sciences politiques à la Sorbonne, qui disait : "Un parti qui s’installe définitivement au pouvoir sans tolérer l’éventualité de son remplacement devient un parti unique". Et votre slogan, "on gagne ou on gagne", illustre parfaitement cette assertion. Vous avez par ailleurs la prétention de "fonder votre légitimité sur la démocratie et les élections".
Mais de quelle légitimité parlez-vous, si vous n’accordez aucune valeur à l’opinion publique, la voix du peuple ? De quelle démocratie et de quelles élections parlez-vous si vous freinez constamment des quatre fers le processus électoral, si vous mettez sous contrôle tous les médias d’Etat (télévisions, radios, Fraternité Matin), si vous suspendez les chaînes étrangères pour peu qu’elles fassent leur travail avec professionnalisme et objectivité et si les passages des leaders et cadres de l’opposition à la télévision (agora des temps nouveaux) ne durent que quelques secondes, et dans le meilleur des cas quelques petites minutes, alors que vous saisissez n’importe quel prétexte, vous et vos zélateurs, pour occuper le petit écran sans désemparer ? Que seriez-vous sans la télé ? De quelle démocratie parlez-vous, quand les journalistes de l’opposition sont constamment victimes d’acharnements et de censures multiples, quand vous tentez inlassablement de les museler et d’imposer la pensée unique, votre pensée ? De quelle démocratie parlez-vous, quand vous êtes tous les jours en flagrant délit de fraude électorale à la télévision ? Car en effet, parader à la télé comme vous le faites, au détriment des autres candidats, c’est anti-démocratique et c’est une fraude électorale. Nous prenons les observateurs nationaux et internationaux à témoin d’ores et déjà sur cette fraude électorale en amont.
A ce sujet, je vous propose l’éclairage de Roger-Gérard Schwartzenberg, grand homme politique français (successivement parlementaire européen, député et ministre) et professeur de droit, qui dit que "Pour fonctionner efficacement, la démocratie suppose des citoyens bien informés de la vie politique et des grandes questions du moment, des divers projets et programmes. De manière à pouvoir se faire une opinion, exercer un choix éclairé et voter en pleine connaissance de cause".
Vous savez maintenant qui est Roger-Gérard Schwartzenberg. Mais ce que vous savez moins, c’est que, parlant de lui, François Mitterrand disait qu’il le plaçait "au premier rang des écrivains politiques français". Ce qui signifie que son jugement est un argument de poids. Et vous ne pouvez pas, en toute honnêteté soupçonner François Mitterrand de complaisance à l’égard de cet éminent politologue.
Sur le manque de démocratie en Côte d’Ivoire, c’est le Président Alassane Dramane OUATTARA qui sera encore plus précis et plus tranchant. Dans une interview accordée récemment à RFI, il indique : "Je pense qu’il est clair que la Côte d’Ivoire n’est pas une démocratie, au sens plein du terme. Les principes fondamentaux de la démocratie, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, l’égalité des citoyens… ne sont pas respectés. Il est aussi clair que nous ne pouvons pas regarder la télévision ivoirienne. Combien de fois voyez-vous Alassane OUATTARA ou Henri Konan BEDIE sur les antennes de la télévision nationale en train d’animer un meeting ? Ce que je veux dire, c’est que sur la télévision nationale que je regarde ici, je n’ai pas de temps d’antenne, alors que 90% du temps d’antenne sont consacrés au chef de l’Etat, à son parti et aux ONG qui le soutiennent. C’est un cas de manque d’équité".
C’est clair et c’est net. La Côte d’Ivoire n’est pas une démocratie.
Un autre cas de manque d’équité et de probité, c’est la quantité phénoménale d’argent que vous distribuez aux Ivoiriens pour acheter leurs votes.
La palme d’or de cette distribution d’argent tous azimuts, revient à vos suiveurs de la Région des Montagnes. Et si ce cadre du FPI, originaire précisément du Grand-ouest, ancien ministre depuis le 12 février 2010 et candidat malheureux aux élections législatives de 1995, pouvait savoir qu’en 2010 vous distribueriez beaucoup plus d’argent que les candidats du PDCI en 1995, il n’aurait jamais déclaré : " Vraiment, l’argent va tuer la démocratie dans ce pays. "
Oui Mesdames et Messieurs les refondateurs. Vraiment, vous tuez la démocratie dans notre pays. Vraiment, sous votre empire, la Côte d’Ivoire n’est pas une démocratie.
Chacun en convient : la refondation que vous présentiez naguère comme la solution magique à tous les problèmes des Ivoiriens a échoué lamentablement dans tous les domaines. A telle enseigne que le concept lui-même a presqu’entièrement disparu de votre langage et de vos discours politiques. Aujourd’hui, vous tentez désespérément de minimiser cet échec.
Votre KOULIBALY Mamadou, que la plupart des Ivoiriens connaissent parce qu’il n’est pas n’importe qui dans ce pays (rappelons qu’il est officiellement et du point de vue protocolaire le deuxième personnage de l’Etat et vice-président du FPI), déclare à qui veut l’entendre :
"Je ne suis pas propre du tout, je suis pourri comme tout le monde, je triche, je vole et je mens… j’ai envie de sortir de la saleté pour aller dans la propreté". Et il ajoute qu’il se situe dans "une dynamique qui est créée par le Président lui-même pour la moralisation de la vie publique". Moralisation de quoi ? Vous plaisantez ? Voilà dix ans que vous vous êtes emparé du pouvoir. Il s’agit donc d’un mal profond, d’un comportement définitivement ancré en vous, et vos petites manœuvres politiciennes et électoralistes n’y changeront rien.
Pour parler comme les biologistes, votre système n’a laissé place à aucune "potentialité de cellule souche". Il est donc incapable de régénérescence. En d’autres termes, aucune régénération de la refondation n’est possible. Ayez le courage de le reconnaître publiquement et sincèrement.
Vous faites encore des promesses. Les mêmes que vous aviez faites il y a dix ans. Le "disque est rayé" diront les jeunes. Sachez que plus personne ne vous croit. Vous osez encore parler de démocratie. Etes-vous vraiment des démocrates ? Pas si sûr. Je vous invite encore une fois à souffrir le martyre en lisant et méditant cette citation du même Roger-Gérard Schwartzenberg sur la démocratie :
"Il n’y a pas de démocratie sans démocrates. Sans dirigeants respectueux du peuple et de sa souveraineté. Sans franchise face aux citoyens. Sans droiture envers eux. Car la démocratie est d’abord un état d’esprit. Une attitude. Une manière d’être et d’agir. On a fini par l’oublier, mais la politique peut être morale. La vie publique peut être faite d’authenticité et de vérité, de constance et de probité. Elle peut s’identifier à la rectitude du comportement".
Paroles pleines, paroles denses, paroles profondes, qui malheureusement, glisseront sur la carapace des refondateurs, comme l’eau de pluie sur les plumes d’un hibou.
Cela m’amène à dire mon admiration pour les journalistes de l’opposition. On a la nette impression que chaque jour, ils parlent à des sourds et écrivent pour des aveugles. En ce sens que plus ils interpellent les refondateurs, plus ceux-ci persévèrent dans leur turpitude.
Honneur et gloire à vous. Votre métier n’est pas simple
Chaque jour, vous vous dressez contre l’infamie. Et cela, au péril de votre liberté, et parfois, de votre vie.
Grâce à votre combat et à celui de tous les démocrates ivoiriens, un jour, nous aurons en Côte d’Ivoire un président bien élu, jouissant d’une pleine légitimité. Alors, le peuple ivoirien reconnaissant vous couvrira de lauriers.
Vivement les élections ! Vivement une télé au service de tous !
BLE MAMADOU
Conseiller du Président ALASSANE DRAMANE OUATTARA
Directeur Départemental de Campagne à Man
Pour diverses raisons, à la veille et dans les premières années de l’indépendance, le PDCI deviendra l’unique parti politique officiel en Côte d’Ivoire et le restera pendant près de trente ans.
C’est donc fort logiquement qu’en 1990, le rétablissement du multipartisme dans notre pays par le Président Houphouët-Boigny fut accueilli avec une grande ferveur.
Cela apparaissait à l’époque pour certains, comme l’aboutissement de toute une vie de lutte. L’euphorie provoquée par cet évènement était telle, qu’une dame, militante des mouvements estudiantins des années 60 et grande syndicaliste des années 70, est allée jusqu’à déclarer : "Maintenant, je peux mourir".
Il faut dire qu’à l’époque, pour de multiples raisons, le parti unique paraissait avoir atteint ses limites. Il était devenu pesant pour plusieurs générations d’intellectuels ivoiriens, qui avaient étudié en Europe et particulièrement en France ou aux USA, pays de vieille tradition démocratique, où les débats contradictoires ont lieu à tous les niveaux de la vie sociale.
Le Président Houphouët-Boigny, dans sa grande sagesse, concevait le parti unique comme "un facteur d’unité nationale", visant à réduire les antagonismes ethniques et régionaux, afin de concentrer l’énergie et l’intelligence de tous sur le développement économique. C’était là une vision assez noble. Mais le monde avait changé. Hors de la Côte d’Ivoire, à l’Est comme à l’Ouest, les appels au changement politique devenaient de plus en plus pressants.
Le 30 Avril 1990 donc, le PDCI donna son accord pour le rétablissement du multipartisme en Côte d’Ivoire. Et le 2 Mai 1990, le gouvernement entérina cette décision. Le multipartisme venait de renaître en Côte d’Ivoire.
Il connaîtra diverses fortunes. De 1990 à 2000, tout ne fut pas rose. Loin s’en faut. On se rendra vite compte que le multipartisme, en tant que système politique favorisant la création d’une multitude de partis, ne correspondait pas toujours au pluralisme politique admettant "l’existence et le libre jeu des idées politiques". En d’autres termes, que la démocratie n’était pas, dans tous les cas, consubstantielle au multipartisme.
C’est pourquoi d’aucuns crurent en Gbagbo dans sa profession de foi, en l’an 2000. D’abord sur la démocratie pluraliste, il déclara : "Profondément attaché à la démocratie pluraliste, je compte promouvoir les conditions de la pleine participation des partis politiques à l’animation de la vie politique".
Ensuite, sur les libertés individuelles et collectives, il professa : "Je suis profondément attaché à la reconnaissance totale des droits de l’homme et des libertés publiques. Ce principe est l’un des fondements de mon action politique. Mon objectif dans ce domaine est d’assurer la défense, le respect et la promotion des droits reconnus, en vue d’instaurer l’Etat de droit." Voilà donc ce que déclarait Gbagbo Laurent en l’an 2000.
Aujourd’hui, on peut dire qu’entre "la paille des mots et le grain des choses", c’est le jour et la nuit.
Des charniers d’Octobre et de Décembre 2000, au refus biaisé d’aller aux élections, en passant par les massacres des manifestants aux mains nues en Mars 2004, les assassinats perpétrés par les escadrons de la mort sur de paisibles citoyens, sur leurs lieux de travail ou à domicile, les assassinats et emprisonnements des journalistes, les dénis de nationalité, la liste des actes anti-démocratiques et des violations des droits de l’Homme sous Gbagbo Laurent est longue, très longue.
Pourtant, l’homme est connu pour sa détermination à défendre ses propres droits. On ne peut manquer de s’étonner que les articles 35, 38, 41 et 48 de la Constitution protégeant son pouvoir soient proclamés urbi et orbi, alors que les articles 2, 4 et 11 de la même Constitution relatifs aux libertés et droits des citoyens ne connaissent pas le même traitement. Et avec ça, dix ans après l’arnaque de 2000, et après tout ce que nous avons vu et continuons de souffrir, il vient encore déclarer : "Je m’engage à défendre les principes de la démocratie (…) Je m’engage à promouvoir le respect des valeurs démocratiques (…) Je vais approfondir la démocratie en Côte d’ Ivoire…", etc.
Mais quel culot ! Quel mépris !
Les Ivoiriens ne sont pas dupes, Mesdames et Messieurs les refondateurs. Ils savent désormais qu’avec vous, la démocratie est un vain mot. Ils savent désormais qu’avec vous le multipartisme, "c’est façon parti unique". Et ils ont raison de penser ainsi. Car le parti unique, ce n’est pas encore "le passé pour la Côte d’Ivoire", comme vous l’affirmez. Le parti unique revient au galop. Et tous vos efforts tendent plutôt à le promouvoir : tentatives de déstabilisation des leaders, débauchage des cadres, noyautage des partis de l’opposition, etc. Vous donnez raison ainsi à Jean-Marie Cotteret, professeur émérite de Sciences politiques à la Sorbonne, qui disait : "Un parti qui s’installe définitivement au pouvoir sans tolérer l’éventualité de son remplacement devient un parti unique". Et votre slogan, "on gagne ou on gagne", illustre parfaitement cette assertion. Vous avez par ailleurs la prétention de "fonder votre légitimité sur la démocratie et les élections".
Mais de quelle légitimité parlez-vous, si vous n’accordez aucune valeur à l’opinion publique, la voix du peuple ? De quelle démocratie et de quelles élections parlez-vous si vous freinez constamment des quatre fers le processus électoral, si vous mettez sous contrôle tous les médias d’Etat (télévisions, radios, Fraternité Matin), si vous suspendez les chaînes étrangères pour peu qu’elles fassent leur travail avec professionnalisme et objectivité et si les passages des leaders et cadres de l’opposition à la télévision (agora des temps nouveaux) ne durent que quelques secondes, et dans le meilleur des cas quelques petites minutes, alors que vous saisissez n’importe quel prétexte, vous et vos zélateurs, pour occuper le petit écran sans désemparer ? Que seriez-vous sans la télé ? De quelle démocratie parlez-vous, quand les journalistes de l’opposition sont constamment victimes d’acharnements et de censures multiples, quand vous tentez inlassablement de les museler et d’imposer la pensée unique, votre pensée ? De quelle démocratie parlez-vous, quand vous êtes tous les jours en flagrant délit de fraude électorale à la télévision ? Car en effet, parader à la télé comme vous le faites, au détriment des autres candidats, c’est anti-démocratique et c’est une fraude électorale. Nous prenons les observateurs nationaux et internationaux à témoin d’ores et déjà sur cette fraude électorale en amont.
A ce sujet, je vous propose l’éclairage de Roger-Gérard Schwartzenberg, grand homme politique français (successivement parlementaire européen, député et ministre) et professeur de droit, qui dit que "Pour fonctionner efficacement, la démocratie suppose des citoyens bien informés de la vie politique et des grandes questions du moment, des divers projets et programmes. De manière à pouvoir se faire une opinion, exercer un choix éclairé et voter en pleine connaissance de cause".
Vous savez maintenant qui est Roger-Gérard Schwartzenberg. Mais ce que vous savez moins, c’est que, parlant de lui, François Mitterrand disait qu’il le plaçait "au premier rang des écrivains politiques français". Ce qui signifie que son jugement est un argument de poids. Et vous ne pouvez pas, en toute honnêteté soupçonner François Mitterrand de complaisance à l’égard de cet éminent politologue.
Sur le manque de démocratie en Côte d’Ivoire, c’est le Président Alassane Dramane OUATTARA qui sera encore plus précis et plus tranchant. Dans une interview accordée récemment à RFI, il indique : "Je pense qu’il est clair que la Côte d’Ivoire n’est pas une démocratie, au sens plein du terme. Les principes fondamentaux de la démocratie, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, l’égalité des citoyens… ne sont pas respectés. Il est aussi clair que nous ne pouvons pas regarder la télévision ivoirienne. Combien de fois voyez-vous Alassane OUATTARA ou Henri Konan BEDIE sur les antennes de la télévision nationale en train d’animer un meeting ? Ce que je veux dire, c’est que sur la télévision nationale que je regarde ici, je n’ai pas de temps d’antenne, alors que 90% du temps d’antenne sont consacrés au chef de l’Etat, à son parti et aux ONG qui le soutiennent. C’est un cas de manque d’équité".
C’est clair et c’est net. La Côte d’Ivoire n’est pas une démocratie.
Un autre cas de manque d’équité et de probité, c’est la quantité phénoménale d’argent que vous distribuez aux Ivoiriens pour acheter leurs votes.
La palme d’or de cette distribution d’argent tous azimuts, revient à vos suiveurs de la Région des Montagnes. Et si ce cadre du FPI, originaire précisément du Grand-ouest, ancien ministre depuis le 12 février 2010 et candidat malheureux aux élections législatives de 1995, pouvait savoir qu’en 2010 vous distribueriez beaucoup plus d’argent que les candidats du PDCI en 1995, il n’aurait jamais déclaré : " Vraiment, l’argent va tuer la démocratie dans ce pays. "
Oui Mesdames et Messieurs les refondateurs. Vraiment, vous tuez la démocratie dans notre pays. Vraiment, sous votre empire, la Côte d’Ivoire n’est pas une démocratie.
Chacun en convient : la refondation que vous présentiez naguère comme la solution magique à tous les problèmes des Ivoiriens a échoué lamentablement dans tous les domaines. A telle enseigne que le concept lui-même a presqu’entièrement disparu de votre langage et de vos discours politiques. Aujourd’hui, vous tentez désespérément de minimiser cet échec.
Votre KOULIBALY Mamadou, que la plupart des Ivoiriens connaissent parce qu’il n’est pas n’importe qui dans ce pays (rappelons qu’il est officiellement et du point de vue protocolaire le deuxième personnage de l’Etat et vice-président du FPI), déclare à qui veut l’entendre :
"Je ne suis pas propre du tout, je suis pourri comme tout le monde, je triche, je vole et je mens… j’ai envie de sortir de la saleté pour aller dans la propreté". Et il ajoute qu’il se situe dans "une dynamique qui est créée par le Président lui-même pour la moralisation de la vie publique". Moralisation de quoi ? Vous plaisantez ? Voilà dix ans que vous vous êtes emparé du pouvoir. Il s’agit donc d’un mal profond, d’un comportement définitivement ancré en vous, et vos petites manœuvres politiciennes et électoralistes n’y changeront rien.
Pour parler comme les biologistes, votre système n’a laissé place à aucune "potentialité de cellule souche". Il est donc incapable de régénérescence. En d’autres termes, aucune régénération de la refondation n’est possible. Ayez le courage de le reconnaître publiquement et sincèrement.
Vous faites encore des promesses. Les mêmes que vous aviez faites il y a dix ans. Le "disque est rayé" diront les jeunes. Sachez que plus personne ne vous croit. Vous osez encore parler de démocratie. Etes-vous vraiment des démocrates ? Pas si sûr. Je vous invite encore une fois à souffrir le martyre en lisant et méditant cette citation du même Roger-Gérard Schwartzenberg sur la démocratie :
"Il n’y a pas de démocratie sans démocrates. Sans dirigeants respectueux du peuple et de sa souveraineté. Sans franchise face aux citoyens. Sans droiture envers eux. Car la démocratie est d’abord un état d’esprit. Une attitude. Une manière d’être et d’agir. On a fini par l’oublier, mais la politique peut être morale. La vie publique peut être faite d’authenticité et de vérité, de constance et de probité. Elle peut s’identifier à la rectitude du comportement".
Paroles pleines, paroles denses, paroles profondes, qui malheureusement, glisseront sur la carapace des refondateurs, comme l’eau de pluie sur les plumes d’un hibou.
Cela m’amène à dire mon admiration pour les journalistes de l’opposition. On a la nette impression que chaque jour, ils parlent à des sourds et écrivent pour des aveugles. En ce sens que plus ils interpellent les refondateurs, plus ceux-ci persévèrent dans leur turpitude.
Honneur et gloire à vous. Votre métier n’est pas simple
Chaque jour, vous vous dressez contre l’infamie. Et cela, au péril de votre liberté, et parfois, de votre vie.
Grâce à votre combat et à celui de tous les démocrates ivoiriens, un jour, nous aurons en Côte d’Ivoire un président bien élu, jouissant d’une pleine légitimité. Alors, le peuple ivoirien reconnaissant vous couvrira de lauriers.
Vivement les élections ! Vivement une télé au service de tous !
BLE MAMADOU
Conseiller du Président ALASSANE DRAMANE OUATTARA
Directeur Départemental de Campagne à Man