La guerre fratricide que se livrent Henri Konan Bédié et son jeune frère Charles Konan Banny au sein de la maison de leur père feu Houphouet Boigny, va, à coup sûr, affaiblir le président-candidat du Pdci, par la faute des “has been” politiques, qui risquent de le pousser à la faute, si ce n’est déjà fait. Dans son livre entretien paru pendant qu’il était au pouvoir, l’ex-président de la République Henri Konan Bédié écrivait ceci : “Je n’ai pas d’amis. Je n’ai que des suiveurs”. Les faits lui ont donné raison pendant et après sa chute du pouvoir en 1999. En effet, pendant qu’il était en difficulté face à Robert Guéi et ses mutins, l’infortuné président a lancé un appel au soulèvement populaire contre “le zozo” qui venait de prendre sa place au palais présidentiel. L’appel au secours n’a pas eu d’écho favorable. Bédié s’en alla sur la pointe des pieds avec les siens. Quelques mois plus tard, au moment où il trouve refuge en France, des caciques de son parti qui ont crié auparavant “Vive le Président !” font allégeance au tombeur de N’Zuéba. Ils ont même été traités de “Judas”. Bédié, depuis son exil, s’est rendu compte qu’il n’avait pas tort d’écrire qu’il n’a que des suiveurs. Ce n’est pas tout. Sa candidature à la présidentielle est rejetée en 2000 par la Cour suprême en même temps que celles de certaines personnalités de son parti ayant décidé de faire cavalier seules. Là encore, le Pdci n’a pas protesté contre le rejet de la candidature de son champion. Impuissant, l’ex-exilé, rentré au pays grâce à la générosité et à l’esprit d’ouverture du président Laurent Gbagbo, a assisté, depuis Paris (France), aux élections. Une fois de retour, il rejette, certainement sous la pression de quelques faucons, la demande de l’ex- secrétaire général du parti, Laurent Dona Fologo, visant une rencontre de vérité. De fait, Ldf voulait que le Pdci s’asseye pour s’interroger sur ce qui s’est passé en décembre 1999. “J’ai demandé qu’on s’asseye pour discuter, pour s’interroger si le chauffeur était ivre, si la route était mauvaise, avant de décider de reconduire le même chauffeur. On ne m’a pas écouté” .a expliqué Dona Fologo au cours d’une sortie politique à Aboisso. Il n’a pas été suivi. Bien au contraire, il a été ridiculisé et marginalisé. Conséquence : Ldf est parti avec un beau monde pour créer le Rassemblement pour la Paix et le Progrès (Rpp), complétant à deux les Rassemblements et non des moindres sortis des entrailles du Pdci. Mais, à 76 ans révolus, Bédié ne tire pas leçon du passé, tiraillé qu’il est entre des modérés et des extrémistes. Voilà qu’un Konan, originaire de Yamoussoukro, ville natale du père-fondateur du Pdci, pour lequel ils s’entredéchirent, se met sur la route. Charles Konan Banny est convaincu que Bédié est un vieux cheval pour la course sur lequel il ne faut pas parier. Des gens trouvent qu’il a raison, mais qu’il est “opportuniste”. Cependant, ceux-ci ne proposent pas d’alternative. Comme Djéni Kobenan et Fologo à l’époque, Konan Banny est considéré comme étant le diable. On pousse le ridicule plus loin pour dire que le président Gbagbo a sa main derrière l’ex-Premier ministre et ex-gouverneur de la Bceao. Quelle insulte à Konan Banny ! Les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on. Cette troisième fois risque fort de porter l’estocade à Bédié, s’il s’y prend mal. Des leaders minoritaires et extrémistes comme Anaky Kobenan et Mabri Toikeusse en ont gros sur le cœur contre lui après la marche avortée du 15 mai dernier. En plus, des militants du Pdci, des anti-Bédié et même Alassane Ouattara peuvent-ils laisser Banny sombrer ? Malheureusement, Bédié ne sait jamais lire entre les lignes. Quelque chose va se passer au Pdci. A Bédié de montrer son habileté politique dans cette guerre fratricide. Il n’est pas à l’abri d’une haute trahison.
Sam K.D
Sam K.D