Ange Bernard Kessi ne veut pas lâcher sa proie. Le procureur militaire tient à entendre le président du directoire du Rhdp dans le cadre de son enquête sur la mort de cinq personnes le 19 février à Gagnoa. Au cours de sa conférence de presse hier dans ses bureaux, le commissaire du gouvernement a réitéré son « invitation » à l’endroit d’Alphonse Djédjé Mady. « Si j’étais à sa place, j’allais venir dire : « Petit frère, tu m’as convoqué, de quoi s’agit-il ? ». Maintenant si je lui mets les menottes, il a tout le loisir réagir. Il ne sait même pas pourquoi on le convoque mais il refuse de venir », s’est-il offusqué. L’officier supérieur dit vouloir entendre le secrétaire général du Pdci qui a accusé les policiers d’avoir ouvert le feu sur des manifestants dans cité du Fromager. « Personne d’autre n’a dit que ce sont les policiers qui ont tiré. Peut-être qu’il peut nous aider à les retrouver. Je veux tout juste l’entendre et non le poursuivre », a indiqué Ange Kessi. Il accuse ses avocats de l’avoir induit en erreur en refusant qu’il réponde à sa convocation d’audition. Le magistrat militaire reproche à son « grand frère » qui pour « si peu », a préféré organiser une conférence de presse au lieu de se rendre au tribunal militaire. Pour lui, Mady devrait suivre l’exemple du président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly qui s’est présenté devant le procureur Tchimou quand celui-ci l’a convoqué. « Je ne veux pas être celui qui va créer un précédent dans ce pays. Le Pr Djedjé Mady sera entendu dans cette affaire parce qu’il faut éviter que certains respectent la loi et d’autres la violent. Cela ne va pas passer par moi », a-t-il prévenu. Le chef du parquet militaire veut entendre l’ancien ministre à cause de ses accusations contre les forces de l’ordre et non pour avoir appelé les militants à battre le pavé, a-t-il insisté. « Dans toute procédure judiciaire, on doit entendre le témoin oculaire », a-t-il persisté. Il n’y a pas de quoi à fouetter un chat pour, le mis en cause ameute la République pour une si «petite » affaire, s’est plaint que Ange Kessi. « C’est inacceptable et inadmissible. Je ne peux pas cautionner l’inégalité des citoyens devant la justice », a-t-il martelé. Dans les deux semaines, le SG du parti doyen sera relancé et en cas de refus, « nous allons aviser », a prévenu le défenseur de l’ordre militaire. « Je voudrais que le grand-frère Djédjé Mady se ressaisisse et qu’il vienne répondre à nos questions. On ne va ni le tuer, ni le manger encore moins l’emprisonner. S’il ne vient pas, je vais saisir le juge d’instruction qui lui a les dispositions de l’article 106 et 107 pour l’obliger à venir. Mais j’espère qu’on n’ira pas jusque ce stade », a-t-il persisté. Puis il a fait la leçon au numéro deux du parti crée par Houphouët Boigny. « Si vous donnez un coup de pied à votre chien, les autres vont le faire. Si vous ne respectez pas votre justice, ne demandez pas aux autres de le faire. Qu’on soit du Pdci, Rdr, Fpi, respectons la justice », a rappelé le procureur militaire.
Nomel Essis
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