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Politique Publié le vendredi 23 juillet 2010 | Nord-Sud

Alain Lobognon, 1er vice-président de la Cnsi :“Bientôt, les Ivoiriens auront leurs cartes d`identité”

Tout en regrettant que sa structure n'ait pas pleinement joué sa partition dans le processus d'identification, le premier vice-président de la Commission nationale de supervision de l'identification (Cnsi) garde l'espoir que les élections sont à portée de main. Dans cet entretien qu'il nous a accordé, Alain Lobognon rassure les Ivoiriens qu'ils iront bientôt aux urnes avec leur carte nationale d'identité et leur carte d'électeur.


Quel rôle joue la Cnsi dans le processus électoral ?

La Cnsi est une structure qui a vu le jour pour rassurer les acteurs politiques, pour donner du crédit au processus d'identification et par delà elle, au processus électoral. Parce qu'en signant l'Accord politique de Ouagadougou, les acteurs ont privilégié l'identification sur la base de la liste électorale. Ce qui permettait de mettre les élections au-devant de tout. Mais, on ne pouvait pas écarter la Cnsi qui a été créée à la demande des acteurs politiques présents à Linas Marcoussis en janvier 2003. La Cnsi avait donc pour rôle de rassurer les uns et les autres et de veiller à la bonne conduite de l'identification en Côte d'Ivoire. La Cnsi est donc un acteur majeur dans l'identification et de recensement électoral. Malheureusement, il faut avouer que la structure n'a toujours pas voulu occuper sa place. La Cnsi a failli, pas parce que l'ensemble de ses membres a failli mais parce qu'il y a une question de gouvernance.


Est-ce cette question de gouvernance qui est à la base du mutisme de la Cnsi lors du scandale des 429.000 pétitionnaires ?

Lorsqu'il y a une crise majeure de ce genre, il est important que le président donne de la voix. Malheureusement la structure souffre d'une question de gouvernance depuis la fin du mandat de Yua Koffi. Tout le monde en souffre. Sur le terrain, on constate des grèves à répétition qui menacent le processus électoral.


Si le mandat de Yua Koffi est arrivé à expiration depuis un an, pourquoi continue-t-il de présider aux destinées de la Cnsi ?

C'est une décision politique. Si le gouvernement décide de la remplacer, il le sera. Mais, il y a que, depuis un an, le gouvernement avait estimé qu'il était judicieux de le maintenir à son poste parce que tout le monde pensait que les élections allaient avoir lieu le 29 novembre 2009.


C'est donc faux de penser que vous voulez succéder à Yua Koffi comme on le fait croire depuis un an ?

Yua Koffi est magistrat. Si on a fait l'option de choisir un magistrat, c'est pour qu'il puisse appliquer la loi. Malheureusement, c'est cette même loi qui le frappe aujourd'hui, en lui indiquant que son mandat est arrivé à expiration. Il aurait dû partir. C'est donc un mauvais procès qui nous est fait. La Cnsi compte en son sein, deux vice-présidents. Si ce n'est pas Pierre, ça peut être Paul.


En tant que vice-président de la Cnsi, pourriez-vous dire aux Ivoiriens quand ils auront leur carte nationale d'identité ?

Le jour où les principaux acteurs de la sortie de crise s'accorderont sur la liste électorale définitive, ce sera le top-départ pour l'édition et la distribution des cartes nationales d'identité.


N'êtes-vous pas en train de dire de manière implicite que les cartes d'électeurs et la date des élections dépendent aussi de la liste définitive ?

Exactement ! Une fois que la liste électorale définitive sera consolidée et validée, elle donnera droit à des cartes d'identité et d'électeurs à ceux qui y figureront. S'agissant de la date des élections, le schéma est le même. Mais seule la Cei (Commission électorale indépendante Ndlr) pourra dire avec exactitude quand les élections pourraient avoir lieu.


En attendant ces échéances, le processus est au stade du contentieux et de la vérification de la liste électorale. Quelle est la part que prend la Cnsi dans ces opérations ?

L'opération de vérification de la liste électorale est justement présidée par la Cnsi. Ce sont donc les responsables de la Cnsi qui doivent organiser les équipes chargées de la vérification dans les centres d'état-civil. La Cnsi a donc une place primordiale dans les équipes de vérification. Si cette structure est bloquée, il va s'en dire que les opérations seront également bloquées. Mais à ce niveau, nous sommes en train de prendre des dispositions pour que les responsables de la Cnsi soient sur le terrain pour rassurer l'ensemble des agents afin que le travail de vérification se fasse comme il se doit.


Les nouvelles menaces de grève ne risquent-elles pas de nuire à vos efforts?

Je voudrais rassurer les agents de la Cnsi, pour leur dire que le gouvernement a dégagé les moyens. Leur argent leur sera donc payé. Les dispositions sont en train d'être prises pour qu'ils soient payés à Abidjan.


Quelle a été la contribution de la Cnsi dans la levée des blocages liés à la vérification de la liste électorale ?

La Cnsi travaille avec l'Oni (Office national d'identification, Ndlr). Nous sommes chargés de contrôler le travail fait par l'Oni. C'est donc avec lui que la Cnsi a proposé que soit appliquée la méthodologie de vérification qui a permis d'obtenir les 846.000 personnes devant faire l'objet de vérification manuelle. Notre rôle dans la levée des blocages a été de rassurer les techniciens des partis politiques qui voulaient avoir l'assurance qu'aucun Ivoirien ne devait être mis de côté.


La vérification manuelle était censée reprendre, mercredi dernier. Qu'en est-il ?

Dans certains centres d'état-civil, elle a débuté. Mais pas partout. Depuis ce 21 juillet, l'ensemble des agents est sur le terrain et le travail devait être achevé au bout des sept jours, comme convenu.


Il y a le contentieux et il y a la vérification de la liste. Quel sort réservez-vous à ceux qui ne seront pas ''repêchés'' au terme de la vérification ?

Le contentieux est une opération judiciaire qui concerne l'ensemble de la liste provisoire. Il n'a rien à voir avec la vérification qui se déroule dans les centres d'état-civil où on ne parle pas d'affichage. Il y a simplement des contrôles. On passe en revue les registres d'état-civil, pour vérifier la véracité des informations données par certains pétitionnaires lors de la phase d'enrôlement, puis on valide ou pas les dossiers. Au terme de cette vérification, il sera question de remettre cette population résiduelle au Premier ministre pour que les décisions politiques puissent être prises parce que c'est l'ensemble de la Côte d'Ivoire qui est concerné par la question de l'état-civil. En juillet 2005, la Cnsi avait effectué une mission d'évaluation des centres d'état-civil dans les zones Centre, Nord et Ouest, parce qu'il se disait que des centres avaient été détruits pendant la crise. Nous avons fait un rapport dans lequel nous avons relevé un ensemble d'anomalies concernant toutes les régions du pays. Malheureusement, les recommandations n'ont pas été prises en compte.


Quel sera le sort des ''re-nés'' dans cette phase de vérification ?

Pour l'opération d'enrôlement des populations, il a été demandé à chaque citoyen de se présenter avec un acte de naissance. Donc, c'est un seul acte de naissance qui sera validé. Il est donc faux d'engager un quelconque débat sur ce sujet. Si l'état-civil ivoirien était fiable, on n'allait jamais parler de re-nés. C'est parce que les gardiens de l'état-civil n'ont pas toujours fait leur travail que nous nous retrouvons dans cette situation. C'est ce qui fait qu'il y a beaucoup de suspicions autour de cette question.


Quel est le pas qui reste à franchir pour aboutir à cet état-civil fiable ?

A l'allure où vont les choses, lorsque la liste électorale définitive sera validée, il serait bon d'attribuer à chaque citoyen bénéficiaire d'une carte nationale d'identité émanant de cette liste, un acte de naissance sécurisé. Et, à partir de là, procéder à la mise en place d'une banque de données de l'état-civil. Malheureusement, le législateur ivoirien n'a pas encore pris en compte la question de la modernisation de l'état-civil.


Avec le non-lieu dans l'affaire Tagro, le conclave des Forces nouvelles qui a été remis à plus tard mérite-t-il d'être convoqué ?

Le conclave fait partie des instances de décision des Forces nouvelles. Et, contrairement à ce qui a été rapporté dans la presse, nous nous sommes réunis récemment, dans ce cadre, pour plancher sur des questions urgentes de l'actualité. Mais, comme tous les cadres des Forces nouvelles n'étaient pas présents dans le pays à cette date, nous avons estimé qu'il ne fallait pas prendre de décisions. Nous sommes donc convenus de reporter les décisions à un autre conclave. Je pense que, dans les prochains jours, un autre conclave sera convoqué à Bouaké. Pour revenir à l'affaire Tagro, il est clair que le procureur a blanchi le ministre Tagro mais nous disons que le Premier ministre qui est le secrétaire général des Forces nouvelles a été cité. Après la saisine du procureur, le parlement a demandé d'élargir les enquêtes aux zones Centre, Nord et Ouest, faisant allusion à certaines questions liées à l'économie. Tous ces sujets ont constitué le menu de notre dernier conclave. Nous avions voulu, si le conclave était arrivé à son terme, demander à ceux qui réclament la mise en place des commissions d'enquête qui visait, sans le dire, les Forces nouvelles, d'accepter que ces commissions le soient après le renouvellement du parlement. On ne peut pas exiger la tenue d'élections et oublier dans le même temps que le mandat de ceux qui réclament les commissions d'enquête est arrivé à terme depuis cinq ans. Le ministre Tagro a été blanchi mais il faut lever les équivoques, il faut sortir des suspicions. Il faut se mobiliser pour aller aux élections.


Dans une semaine environ, la flamme de la paix va souffler sa troisième bougie. Quel sens revêt pour vous cet anniversaire ?

La flamme de la paix doit être une institution. Au lieu de se battre, les parlementaires auraient pu demander, en 2007, l'institutionnalisation de cette manifestation qui marque la réunification du pays. On aurait dû faire du 30 juillet un moment d'intenses prières à l'image du Martin Luther King's day. Mais j'ose espérer qu'après les élections, nous pourrons nous asseoir pour faire de cette date, une institution.

Interview réalisée par Marc Dossa
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