Il était une figure de proue de l’intelligentsia ivoirienne dont les prises de position, aux soleils des indépendances, tranchaient avec l’unanimisme du parti unique. Oui, Samba Diarra, professeur de médecine, chirurgien, octogénaire émergent, né le 31 avril 1931 à Adjamé, est décédé, hier, des suites d’une longue maladie, à la Pisam. Avec lui, c’est la fin d’une époque dont il était l’un des derniers survivants, celle de la contradiction dans l’élégance, par les idées et les mots, pour stigmatiser les maux. Même si, parfois, la verve et le ton prenaient une ascendance, lui valant des séjours carcéraux. Il en est de celui qu’il passa à la prison d’Assabou (Yamoussoukro), en 1963/64, à l’occasion de l’affaire désormais célèbre et dont Samba Diarra publia un livre qui fit date: «Les faux complots d’Houphouët-Boigny». On peut citer, parmi ses compagnons de prison : Ahmadou Koné, Lamine Diabaté, Koné Kodiara, Seydou Elimane Diarra…En outre, il était le président de l’Association des anciens déténus de cette prison. dès la création de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad), il y a été coopté aux côtés de ses congénères avec qui il fit ses humanités universitaires en France, dont feu Pr Harris Mémel Fotê (président), et Pr Barthélemy Kotchy (actuel président) avec qui il partagea des idéaux de gauche à une certaine époque, avant qu’ils ne soient opposés. Samba Diarra ne faisait pas dans la langue de bois. A chaque rencontre publique, il menait toujours l’offensive verbale qui exaspérait certains et enjouait d’autres. Tout compte fait, il n’aura pas vécu incognito, cet Immortel.
Rémi Coulibaly
Rémi Coulibaly