Après avoir (vainement) tenté de ramener l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny dans les rangs, Henri Konan Bédié a, semble-t-il, décidé de reprendre totalement en main le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda).
La patience a des limites, même en politique. Et, Charles Konan Banny, vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, risque de l’apprendre à ses dépens. Le président statutaire du parti, Henri Konan Bédié qui soupçonne M. Banny de vouloir l’évincer, a, à maintes reprises, offert à celui-ci des occasions d’afficher sans ambigüité sa position.
Des rendez-vous manqués
Malheureusement, l’ancien Premier ministre n’a ni clairement saisi la main tendue d’Henri Konan Bédié, ni décidé de se démarquer du sphinx de Daoukro. Un premier appel clair a été lancé par Le Nouveau Réveil, le 25 juin dernier. La veille de jour-là, Louis Abonouan Kouakou, considéré comme le ‘’fils’’ de Charles Konan Banny, avait fait une sortie dans laquelle il confiait que « Banny n’est pas candidat et il n’a rien à voir avec toute cette campagne de presse. Je suis un proche de M. Banny, je suis son fils politique et hier, (Ndlr : mercredi 23 juin) j’ai été le rencontrer avant de venir tenir cette conférence de presse. Il m’a clairement dit qu’il a déjà pris position dans son propre village, sur la tombe d’Houphouet-Boigny pour dire qu’il soutient M. Bédié ». Le journal du Pdci-Rda qui avait trouvé la démarche cavalière et peu convaincante sur les réelles intentions de l’ancien gouverneur de la Bceao (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’était alors interrogé : Que dit Banny lui-même ? Il faudra attendre plus de deux semaines pour avoir un début de réponse du concerné. « Personne ne peut me faire quitter la maison de mon père », avait-il, presque laconiquement lancé, lors de la cérémonie de lancement de l’Association des cadres Pdci-Rda du Grand Centre à Yamoussoukro. Ce rassemblement dont il était le parrain, a été organisé par Me Ahoussou Kouadio Jeannot, un fidèle parmi les fidèles d’Henri Konan. Il visait à amener l’enfant de Môrôfê sortir de son silence et, mieux, à jeter le masque. En dépit des embrassades, les nombreux cadres du parti, notamment le secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady plutôt favorable à Henri Konan Bédié, resteront sur leur faim. L’union sacrée ne se fera pas sur les terres de Félix Houphouet-Boigny. Rendez-vous est pris à Abidjan où est prévu le 14 juillet, un bureau politique. Une sorte de réunion de vérité à laquelle s’est soustrait Charles Konan Banny. De source proche de la réunion qui s’est tenue à huis clos, M. Banny n’aurait pas trop apprécié les tournures que prenait la rencontre dans la mesure où les intervenants tendaient à faire l’éloge du président du parti. Avant terme, le prédécesseur de Guillaume Soro à la primature a décidé de prendre congé de ses ‘’camarades’’. Même s’il a pris la peine de s’excuser avant de sortir de la salle de réunion, Charles Konan Banny gâchera encore-là l’occasion de dissiper les malentendus avec son aîné.
Le rouleau compresseur en marche
Aujourd’hui, c’est Henriette Bédié qui vient rappeler à l’ancien Premier ministre, ses engagements. «M. Banny est un homme d’honneur et de parole. Je ne crois pas qu’il puisse se dédire », avait-elle réagi mardi dernier, depuis Paris, la veille de son retour au pays. Une pression subtilement dosée, avec des termes diplomatiquement corrects qui sonnent pourtant comme le dernier avertissement avant la passe d’armes. Car, c’est rarement qu’Henriette Bédié s’aventure sur le terrain politique.
Las d’attendre qu’enfin Charles Konan Banny se décide soit à lui réaffirmer clairement son soutien pour les échéances électorales à venir, soit à lancer tout aussi clairement son OPA (offre public d’achat) sur le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda), Henri Konan Bédié s’est résolu à changer de fusil d’épaule. Visiblement, l’ancien chef de l’Etat a choisi de lancer, à présent, la machine de la contre-offensive contre son ‘’frère Konan’’ qui lorgnerait son fauteuil. La rencontre historique qu’il a, ce matin avec toutes les instances de jeunesse du parti, entre dans le cadre de la reprise en main qu’il a décidé d’opérer. Sans entrer dans une prévision aux relents divinatoires, on peut présager qu’Henri Konan Bédié mettra sa jeunesse (fer de lance de tous les grands combats depuis sa chute du pouvoir) en ordre de bataille, derrière Kouadio Konan Bertin dit Kkb qui est un de ses farouches partisans. Pour preuve, il n’a pas ménagé l’ancien ministre Gnamien Yao qui avait, à ses yeux, fait preuve d’outrage à l’égard du leader de Pdci-Rda.
Ce que le challenger de N’Zuéba a sans doute perdu de vue, c’est le capitaine Bédié aime plutôt être seul au gouvernail de son navire. Tous ceux qui ont lorgné, avec impatience ‘’l’héritage’’ à lui légué par Félix-Houphouet Boigny l’ont appris à leurs dépens. Au sortir donc de cette guerre à fleuret moucheté entre les ‘’frères Konan’’, il n’est pas sûr que les rapports entre les deux hommes soient aussi cordiaux, même si l’autre héritier finit par lâcher prise. Car, avec le déploiement de toutes ces batteries, M. Banny aura donné l’impression d’avoir été vaincu. Et, comme c’est le cas dans ce genre de situation, le vaincu subit toujours la loi du vainqueur.
Marc Dossa
La patience a des limites, même en politique. Et, Charles Konan Banny, vice-président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, risque de l’apprendre à ses dépens. Le président statutaire du parti, Henri Konan Bédié qui soupçonne M. Banny de vouloir l’évincer, a, à maintes reprises, offert à celui-ci des occasions d’afficher sans ambigüité sa position.
Des rendez-vous manqués
Malheureusement, l’ancien Premier ministre n’a ni clairement saisi la main tendue d’Henri Konan Bédié, ni décidé de se démarquer du sphinx de Daoukro. Un premier appel clair a été lancé par Le Nouveau Réveil, le 25 juin dernier. La veille de jour-là, Louis Abonouan Kouakou, considéré comme le ‘’fils’’ de Charles Konan Banny, avait fait une sortie dans laquelle il confiait que « Banny n’est pas candidat et il n’a rien à voir avec toute cette campagne de presse. Je suis un proche de M. Banny, je suis son fils politique et hier, (Ndlr : mercredi 23 juin) j’ai été le rencontrer avant de venir tenir cette conférence de presse. Il m’a clairement dit qu’il a déjà pris position dans son propre village, sur la tombe d’Houphouet-Boigny pour dire qu’il soutient M. Bédié ». Le journal du Pdci-Rda qui avait trouvé la démarche cavalière et peu convaincante sur les réelles intentions de l’ancien gouverneur de la Bceao (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’était alors interrogé : Que dit Banny lui-même ? Il faudra attendre plus de deux semaines pour avoir un début de réponse du concerné. « Personne ne peut me faire quitter la maison de mon père », avait-il, presque laconiquement lancé, lors de la cérémonie de lancement de l’Association des cadres Pdci-Rda du Grand Centre à Yamoussoukro. Ce rassemblement dont il était le parrain, a été organisé par Me Ahoussou Kouadio Jeannot, un fidèle parmi les fidèles d’Henri Konan. Il visait à amener l’enfant de Môrôfê sortir de son silence et, mieux, à jeter le masque. En dépit des embrassades, les nombreux cadres du parti, notamment le secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady plutôt favorable à Henri Konan Bédié, resteront sur leur faim. L’union sacrée ne se fera pas sur les terres de Félix Houphouet-Boigny. Rendez-vous est pris à Abidjan où est prévu le 14 juillet, un bureau politique. Une sorte de réunion de vérité à laquelle s’est soustrait Charles Konan Banny. De source proche de la réunion qui s’est tenue à huis clos, M. Banny n’aurait pas trop apprécié les tournures que prenait la rencontre dans la mesure où les intervenants tendaient à faire l’éloge du président du parti. Avant terme, le prédécesseur de Guillaume Soro à la primature a décidé de prendre congé de ses ‘’camarades’’. Même s’il a pris la peine de s’excuser avant de sortir de la salle de réunion, Charles Konan Banny gâchera encore-là l’occasion de dissiper les malentendus avec son aîné.
Le rouleau compresseur en marche
Aujourd’hui, c’est Henriette Bédié qui vient rappeler à l’ancien Premier ministre, ses engagements. «M. Banny est un homme d’honneur et de parole. Je ne crois pas qu’il puisse se dédire », avait-elle réagi mardi dernier, depuis Paris, la veille de son retour au pays. Une pression subtilement dosée, avec des termes diplomatiquement corrects qui sonnent pourtant comme le dernier avertissement avant la passe d’armes. Car, c’est rarement qu’Henriette Bédié s’aventure sur le terrain politique.
Las d’attendre qu’enfin Charles Konan Banny se décide soit à lui réaffirmer clairement son soutien pour les échéances électorales à venir, soit à lancer tout aussi clairement son OPA (offre public d’achat) sur le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda), Henri Konan Bédié s’est résolu à changer de fusil d’épaule. Visiblement, l’ancien chef de l’Etat a choisi de lancer, à présent, la machine de la contre-offensive contre son ‘’frère Konan’’ qui lorgnerait son fauteuil. La rencontre historique qu’il a, ce matin avec toutes les instances de jeunesse du parti, entre dans le cadre de la reprise en main qu’il a décidé d’opérer. Sans entrer dans une prévision aux relents divinatoires, on peut présager qu’Henri Konan Bédié mettra sa jeunesse (fer de lance de tous les grands combats depuis sa chute du pouvoir) en ordre de bataille, derrière Kouadio Konan Bertin dit Kkb qui est un de ses farouches partisans. Pour preuve, il n’a pas ménagé l’ancien ministre Gnamien Yao qui avait, à ses yeux, fait preuve d’outrage à l’égard du leader de Pdci-Rda.
Ce que le challenger de N’Zuéba a sans doute perdu de vue, c’est le capitaine Bédié aime plutôt être seul au gouvernail de son navire. Tous ceux qui ont lorgné, avec impatience ‘’l’héritage’’ à lui légué par Félix-Houphouet Boigny l’ont appris à leurs dépens. Au sortir donc de cette guerre à fleuret moucheté entre les ‘’frères Konan’’, il n’est pas sûr que les rapports entre les deux hommes soient aussi cordiaux, même si l’autre héritier finit par lâcher prise. Car, avec le déploiement de toutes ces batteries, M. Banny aura donné l’impression d’avoir été vaincu. Et, comme c’est le cas dans ce genre de situation, le vaincu subit toujours la loi du vainqueur.
Marc Dossa