Liste électorale, présidentielle, Rhdp, alliance ou duel Ado-Bédié, opposition « complice » de Laurent Gbgabo ou non, affaire Tagro… Amadou Gon Coulibaly, Directeur national de campagne du président du Rdr, candidat à la prochaine présidentielle prochaine ouvre son cœur à L’Expression. Interview-vérités.
Vous êtes le Directeur national de compagne du président du Rdr, candidat à la prochaine présidentielle. Enfin, la Cei vient de publier la liste électorale provisoire. Pour vous, allons-nous irrémédiablement vers les élections ?
Je voudrais me réjouir de la publication de la liste provisoire confectionnée selon le mode opératoire consensuel adopté par l’ensemble des acteurs politiques. Enfin nous avons une liste électorale provisoire et le contentieux qui s’est ouvert la semaine dernière est de nature à nous permettre d’aller à la liste définitive, à la production des cartes nationales d’identité et des cartes d’électeurs. Je considère donc que c’est une étape importante dans le processus. Notre souhait est que rien ne vienne parasiter ce processus lancé par la Cei. Nous pensons que début août, nous pouvons obtenir la liste électorale définitive.
Monsieur le DNC, il y a que concomitamment au contentieux, la vérification de la liste a cours tel que réclamé par le camp du chef de l’Etat. Et là-dessus, il y a toujours une guerre de chiffres. Pour vous cette vérification porte sur combien d’Ivoiriens ?
Je voudrais faire quelques précisions. Le clan présidentiel et le chef de l’Etat ont indiqué qu’il y aurait eu des fraudes qu’ils ont même qualifiées de massives sur la liste provisoire des 5.300.000 électeurs. Des documents portant sur 1533 personnes ont même été remis aux chancelleries et aux partis politiques, notamment au Pdci et au Rdr. Nous avons procédé aux vérifications de ces documents. Ces vérifications ont montré clairement que ces allégations étaient fausses. Le chef du gouvernement, le Premier Ministre Soro Guillaume, a également procédé à des vérifications exhaustives et en a rendu compte lors de la dernière réunion des leaders. Ses travaux ont abouti au fait que seulement six personnes sur les 1533 qui étaient accusées de fraude, n’avaient pas été retrouvées. Tout cela pour dire que fondamentalement, nous pensons que s’il y avait la volonté politique, ces petits problèmes seraient derrière nous. Mais il se trouve qu’après, le camp présidentiel a indiqué que la liste électorale de 2000 ayant été publiée sur internet, des personnes auraient pu se donner des ascendants ivoiriens, à partir de cette liste, pour se faire établir de faux actes de naissance. Des travaux effectués par une commission technique présidée par la primature et comprenant toutes les structures techniques dont l’INS et la SAGEM ont permis d’identifier 166.000 personnes qui ont été croisées exclusivement avec des ascendants issus de la liste de 2000. Donc pour nous, c’est seulement sur ces 166.000 personnes que la vérification manuelle devrait porter. Après coup, il y a eu des débats qui ont conduit à une vérification sur une population d’environ 840.000 personnes. C’est une procédure administrative menée par le chef du Gouvernement qui partagera ses conclusions avec les leaders politiques. Mais pour nous, nous considérons que le processus engagé par la CEI permettra d’obtenir la liste électorale définitive.
Vous êtes optimiste. Mais quand on observe le processus, il y a eu des avancées et des retours brutaux en arrière, est- ce que cette affaire de 800.000 personnes à vérifier de façon manuelle ne laisse pas encore la porte ouverte à des frustrations ?
Si parmi ces 800.000 personnes sur lesquelles porte la vérification, la moitié n’est pas retrouvée après cette opération, ce sont 400.000 environ qui se retrouveront dans une situation de déni de nationalité. Si l’on veut prendre en compte les statistiques sur la liste électorale, 30% de ces personnes seraient sur Abidjan, ce qui fait environ 130.000 personnes. Exclure autant d’Ivoiriens ne sera pas gérable par le pouvoir FPI. Ce que nous souhaitons, c’est que la raison habite le camp présidentiel. En raison des souffrances de nos compatriotes et des difficultés auxquelles la Côte d’Ivoire est confrontée, il faut que des institutions légitimes travaillent pour le redressement économique de la Côte d’Ivoire, pour régler les problèmes sociaux auxquels tout le monde est confronté. Nous espérons donc qu’aucun nouveau blocage artificiel ne sera créé, à partir de cette opération de vérification.
Finalement à quand la date des élections, après les multiples reports que nous avons enregistrés ?
Sur la date des élections, c’est la Cei qui doit faire une proposition. Nous notons qu’un certain nombre de communiqués ont été produits, pour nous permettent de suivre l’évolution du processus. Nous pensons qu’à la prochaine réunion des leaders politiques, avec le contentieux sur la liste provisoire qui est lancée, la Cei devrait pouvoir faire une proposition de date. Il apparait assez clairement que les élections peuvent se tenir dans la période de septembre à octobre 2010.
Mais, lors de la dernière réunion du Cpc, les leaders politiques se sont donné rendez-vous dans quelques semaines. Que signifient quelques semaines, pour vous ?
La vérification ayant pris fin le 26 juillet, il est possible pour les leaders politiques de se réunir pour fixer la date du 1er tour de l’élection présidentielle.
Certains pensent que arriver au delà d’octobre serait problématique pour la Côte d’Ivoire, pensez vous comme eux ?
Non, ce n’est pas une affaire de « certains pensent », c’est que ce n’est pas possible car cela marque la fin du mandat non constitutionnel, du Chef de l’Etat. Je ne peux pas imaginer que le chef de l’Etat soit dans une logique d’entamer une onzième année de pouvoir alors qu’il avait initialement un mandat de 5 ans. Cela engendrera de graves problèmes au niveau de sa légitimité à diriger la Côte d’ Ivoire.
En octobre 2005, beaucoup avaient tenu le même raisonnement, aujourd’hui nous sommes là, à quelques semaines d’octobre 2010. Qu’est-ce qui peut objectivement empêcher le chef de l’Etat à ce niveau, de continuer sur cette pente ?
C’est vrai qu’on parle d’octobre 2005 et d’octobre 2010, mais je ne pense pas qu’on puisse dire que les situations soient les mêmes, que les contextes soient exactement les mêmes. Je pense qu’il y a eu beaucoup d’évolution entre temps. L’état de préparation en ce qui concerne les élections, n’est pas le même entre octobre 2005 et octobre 2010. Je pense que le camp présidentiel a conscience que ce n’est pas possible.
Il y a certains qui accusent ouvertement et directement la classe politique Ivoirienne, de se complaire dans cette situation de non élection. En voulant partager entre tous, chacun gagne son compte. Que répondez-vous à cela ?
Il y a eu des blocages répétés, depuis le début du processus, par le camp présidentiel. Je peux comprendre l’impatience des Ivoiriens car nous le sommes tous par rapport à l’organisation des élections. Le Premier Ministre Alassane Dramane Ouattara, Président du Rdr, dans le cadre de sa campagne, a sillonné 17 régions dont récemment, celle du Worodougou ainsi que le département de Vavoua. Ceci pour expliquer son programme, être en contact avec les populations et leur proposer des solutions à travers un programme de gouvernement concret, chiffré, qui se décline par région, par département et par secteur. Lors de ses tournées il a toujours réclamé les élections et interpelé ceux qui en ont la responsabilité. Le Rdr n’a pas été créé pour des postes mais pour appliquer une politique de développement, un programme de Gouvernement, celui du Président Ouattara. Ce n’est donc pas juste de dire qu’il y a une complicité de la part de l’opposition.
Est-ce que vous serez ouvert à un nouveau schéma institutionnel avec Laurent Gbagbo ?
Il faut mettre fin à la situation actuelle. Il faut qu’il y ait des élections qui permettent de faire face aux vrais et graves problèmes auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée. Ce n’est pas la peine d’ouvrir des hypothèses dans lesquelles certains voudront s’engouffrer pour continuer à perpétuer une situation qui est devenue totalement inacceptable.
M. le DNC, les précédentes fois qu’il y a eu le contentieux, il y a eu des dérives, quelques violences et même mort d’homme. Redoutez-vous un tel schéma pour ce présent contentieux ?
Moi, je crains que le camp présidentiel n’ait pas tiré toutes les leçons de ce qui s’est passé, lors des précédents contentieux. Je pense que le contentieux devrait, se dérouler de façon conforme au mode opératoire consensuel, car s’il devait avoir des blocages, ce serait la voie ouverte à de nouvelles difficultés avec des risques de violences.
Nous sommes malheureusement dans des situations où parfois la réalité de la violence s’est imposée. Ce que nous avons évoqué s’est déroulé à Divo, dans certaines villes du pays. Est-ce que dans votre camp aujourd’hui, vous avez des craintes?
En fait, nous avons toujours combattu l’exclusion. Concernant les évènements dont vous parlez, vous savez que ce sont des citoyens qui se sont levés d’eux-mêmes et qui ont indiqué qu’il n’était pas possible qu’ils puissent accepter l’arbitraire, qu’on puisse leur denier leur citoyenneté ivoirienne. S’il y avait de nouvelles velléités d’exclusion, les victimes n’auront pas besoin de mot d’ordre pour se défendre et pour faire face à des gens qui voudront leur denier leur nationalité ivoirienne. Je pense que le pouvoir Fpi réfléchira par deux fois avant de poser un certain nombre d’actes.
Monsieur le DNC, le Rhdp a-t-il encore sa capacité de réaction face à ces situations de violences, surtout qu’on a vu que la pilule du report de la marche de mai a été difficile à avaler?
La capacité de mobilisation du Rhdp et la capacité du Rhdp à gagner les élections sont réelles. On le vérifie tous les jours en allant au contact des militants. J’étais à Yamoussoukro et j’ai pu mesurer la détermination des militants et sympathisants du Rdr. De ce point de vue, nous n’avons pas de soucis à nous faire. Vous avez été témoins de la tournée du Président Alassane Dramane Ouattara dans le Worodougou et à Vavoua. En ce qui concerne le processus, ne nous inscrivons pas d’emblée dans une logique de confrontation. Soutenons le processus qui est en cours, avec la Cei pour aller à la liste électorale définitive, donc aux élections. Faisons avancer les choses pour qu’enfin on ait des élections et que les Ivoiriens puissent renouer avec la prospérité. Voilà notre état d’esprit.
La plateforme de l’opposition est elle d’actualité jusqu'à présent ? Pour les élections à venir, malgré les positions officielles, il y a deux clans. Celui de la candidature unique pour assurer la victoire et ceux qui sont pour des candidatures éclatées. Est-ce jusqu’aujourd’hui ce débat là est encore en cours au sein du Rhdp,
C’est un débat qui surprend. La plateforme a été signée par les candidats. Sur cette base les quatre Présidents ont déposé leurs candidatures qui ont été validées par le conseil constitutionnel. Si un débat doit s’ouvrir, il se fera au niveau des candidats eux-mêmes et non par d’autres personnes.
Sur le terrain le RHDP avait prévu un programme commun de gouvernement, est ce que ce programme est encore de saison, est ce qu’il est effectif ?
Oui, je peux vous annoncer que la commission chargée de ce programme a déposé ses travaux, qui ont été examinés et adoptés par le directoire du RHDP. Il reste à le soumettre aux Présidents des différents partis constitutifs du RHDP.
Est-ce que sur le terrain, la réalité, la complicité des militants des différents partis est effective ? Est-ce qu’on sent la symbiose des militants des différents partis ?
Dans certaines localités, il y a eu des contradictions entre des personnes, ce qui a pu retarder le processus. Mais partout le processus est engagé et le RHDP se porte bien. Des coordinations ont été installées sur l’étendue du territoire national. Et tout cela facilite l’esprit RHDP. Cela se voit à lors des visites du Président Ouattara et en général des leaders du RHDP. Les coordinations RHDP ont toujours manifesté leur présence et leur soutien en ces occasions. Il faut faire en sorte que ce travail de synergie soit quasiment achevé, avant les élections.
Quelle est la réalité du duo Bédié-Alassane Ouattara ?
Je peux vous dire que c’est un élément essentiel et c’est la locomotive RHDP. C’est la qualité de ce duo qui, à la date d’aujourd’hui, fait de l’alliance du RHDP, une alliance qui résiste à tous les chants des sirènes de nos adversaires politiques qui avaient parié que ce n’était pas possible. Mais vous avez vu avec le temps comment cette relation s’est renforcée. Je puis vous dire aujourd’hui que la confiance entre le président Ouattara et le président Bédié est forte. Et nous en sommes totalement fiers et heureux.
Il y en a qui disent que ce duo en apparence est un duel qui peut à tout moment se réveiller ?
Je pense que tout cela c’est de la propagande de la part du camp présidentiel. Cela ne correspond à aucune réalité politique. Dire cela, s’est ignorer le sens des responsabilités et de respect de la parole donnée de ces deux leaders.
Ils vont plus loin en disant qu’à un éventuel second tour entre Alassane Ouattara et Gbagbo, le report de voix du Pdci sur le candidat du Rdr ne se ferait pas.
C’est de l’intoxication, de la propagande et c’est leur souhait. Mais ils n’auront que leurs yeux pour pleurer car le Président Gbagbo sera battu par Alassane Dramane Ouattara
On a vu lors de la marche reportée des jeunes, qu’il y a eu des frictions au sein de la haute direction du RHDP ; notamment les présidents Mabri et Anaki qui n’ont pas apprécié la manière dont la décision a été prise. Est-ce qu’aujourd’hui la cohésion est de retour entre les présidents ?
C’est vraiment du passé et vous avez constaté que le RHDP a pu faire un bon qualitatif. Puisque la réunion qui les a regroupés après, a pris la décision d’une part d’élaborer un programme commun de gouvernement ; d’autre part de travailler sur les textes d’un futur parti unifié. Ce qui importe, c’est que les 4 leaders ont décidé d’aller ensemble à ces élections et de gouverner ensemble la Côte d’Ivoire.
Monsieur le DNC, quand on vous dit que le parti unifié des Houphouétistes est une simple tactique à but électoral ; qu’en dites- vous ?
Encore une fois, je dis que ceux qui le disent, sont nos adversaires politiques, ceux que cela n’arrange pas. L’essentiel pour nous, c’est de développer notre stratégie selon notre propre calendrier.
Monsieur le DNC il y a une affaire qui secoue l’actualité politique en ce moment, il s’agit de l’affaire Tagro. Le Procureur vient de rendre publiques ses conclusions. Le ministre Tagro qui a été accusé par le président de l’assemblée nationale d’un certain nombre de pratique a été totalement blanchi, que pensez-vous de ces conclusions là ?
Je ne commenterai pas les conclusions du parquet. Mais je note avec beaucoup de tristesse que l’immixtion du Chef de l’Etat dans notre système judiciaire est intolérable. En fait pour lui, visiblement, l’appareil judiciaire est un instrument de l’exécutif. Il utilise cet appareil à des fins essentiellement politiques. Il ne croit pas fondamentalement à une possibilité d’indépendance de la justice. C’est ce que je trouve inacceptable. Il y a une subordination excessive du procureur vis-à-vis du Chef de l’Etat, ignorant le Ministre de la Justice et le Procureur Général. Je pense que nous sommes dans un système où le Chef de l’Etat raisonne comme il y a peut être 100 ans. Car il a coutume de dire que le procureur de la république est, je le cite, « le procureur du roi ». Cela traduit très bien sa vision par rapport à l’appareil judiciaire. Je crois que c’est cela qui est déplorable et c’est cela que nous devons condamner.
Pour revenir sur ces affaires, est-ce qu’on peut dénier au président Gbagbo le fait d’avoir instruit pour le café et le cacao des enquêtes ; le fait d’avoir instruit des enquêtes sur cette affaire Tagro ? N’est ce pas une volonté de moraliser la vie publique ivoirienne ?
Il existe une procédure pour tout. Il faut déjà que la procédure soit respectée. À partir du moment où une procédure n’est pas respectée, tout ce qui en découle, peut apparaître suspect aux yeux des citoyens. Je note que, quand le chef de l’Etat le veut, il peut faire instruire et juger, dans les conditions que je viens de dire, une affaire en 15 jours, en une semaine etc... . Quand il le veut, il peut faire détenir des citoyens, sans jugement, pendant deux ans, alors que les procès auraient pu se tenir depuis longtemps. Ceci est humainement intolérable. Comme le disent certains dans les conversations, le Chef de l’Etat aurait dit que « si je mets quelqu’un en prison, c’est parce que c’est utile ». Il ne s’agit plus dans ce cas là, de justice, car un citoyen ne doit aller en prison que lorsqu’il a commis une infraction. Ce n’est pas l’utilité aux yeux d’un Chef d’Etat qui peut faire mettre un citoyen en prison. On ne doit pas faire jouer à la justice le rôle que l’on veut en fonction de ses intérêts et de son agenda politique. C’est inacceptable.
Vous pensez que cette moralisation pourrait avoir un lien avec le processus électoral ?
Il peut avoir beaucoup d’arrière-pensées, mais la finalité certainement pourrait d’être d’entacher le processus électoral ou de le mettre en mal. Mais nous souhaitons encore une fois que la raison habite le camp présidentiel et le Chef de l’Etat. Et que cette manière d’instrumentaliser l’appareil judiciaire du pays s’arrête. Sur la moralisation de la vie publique, il est évident en termes de principe que nous ne pouvons qu’y souscrire. Nous disons que le Chef de l’Etat n’a pas la crédibilité nécessaire pour mener une telle opération.
Le Chef de l’Etat a dit que concernant cette histoire de moralisation, il a commencé dans son camp, et qu’il ne s’arrêtera pas là. Est-ce que cette affirmation ne fait pas trembler l’opposition et singulièrement le RDR ?
Une telle affirmation, s’il l’a faite, suppose qu’il a lui-même laissé faire un certain nombre de choses qu’il veut rattraper aujourd’hui, certainement pour des raisons purement électorales. Ceci étant, il n’y a aucune raison pour que l’opposition tremble et singulièrement le RDR. Je vous dis simplement que je dénonce un certain nombre de procédures, une immixtion dans le système judiciaire. Je dénonce la célérité relative de traitement des dossiers selon les intérêts du Chef de l’Etat. Je dénonce tout cela. Je ne vois pas ce que l’opposition a à craindre.
Est-ce à dire, Monsieur le DNC, que vous serez d’accord qu’une enquête soit ouverte sur les grands dossiers de gestion du pays ?
A voir le traitement réservé aux dossiers qui ont été ouverts, il y a un problème de crédibilité et d’impartialité qui se pose.
Dans l’affaire café-cacao, des ministres en fonction et d’autres qui ont quitté le gouvernement ont été entendus. Vous avez vous-même été ministre de l’agriculture et vous avez refusé de vous faire entendre ?
Cela n’est pas vrai car j’ai été entendu conformément à la loi. Un décret du Chef de l’Etat a été pris pour cela. Ce décret a autorisé que nous soyons entendus à une date donnée, et nous avons répondu à l’appel du juge en tant que témoin. Nous avons été entendus et notre audition a duré quatre ou cinq heures. Nous avons répondu aux questions qui nous ont été posées. Nous avons dit ce que nous savions. Après il y a eu des problèmes de procédures en ce qui concerne la convocation qui a suivi. C’est donc totalement inexact de vouloir faire croire que nous avons refusé de nous faire entendre.
Revenons à votre responsabilité de Directeur National de Campagne du président du RDR. Pendant un moment, il y a eu une sorte d’euphorie et brusquement tout c’est arrêté. Pourquoi ? Qu’est ce qui explique ce long silence dans la campagne du président du RDR ?
A chaque moment, correspondent des questions essentielles dont il faut s’occuper. Lorsque le Chef de l’Etat a décidé de bloquer le processus pendant des mois, la priorité était de débloquer ce processus. Cela a pris le temps que l’on sait, avec malheureusement, un coût élevé pour la collectivité ivoirienne. Aujourd’hui que nous sommes dans une situation où, sans dire qu’il n’y aura pas de nouvelles tentatives blocage, la CEI offre de nouvelles perspectives, vous voyez que les tournées du président Alassane Ouattara sur le terrain ont repris, avec la tournée mémorable dans le Worodougou et dans la localité de Vavoua. Dans l’intervalle, beaucoup d’activités ont été effectuées par les cadres du parti. Mais comme la télévision ivoirienne ne montre pas nos activités, c’est sûr qu’on peut avoir le sentiment que l’opposition et notamment le RDR, n’est pas visible sur le terrain.
En tant que Directeur National de Campagne, êtes vous satisfait de la conduite des opérations sur le terrain, parce que chez les militants il y a comme un sentiment d’abandon ?
Ce sentiment n’est pas propre aux militants du RDR. Il y a une déprime générale chez les ivoiriens. C’est une des raisons pour lesquelles j’insiste encore en disant que nous devons aller aux élections pour permettre que les institutions légitimes qui en ressortiront puissent s’occuper des problèmes des ivoiriens, que ce soit le coût de la vie, l’augmentation du prix des denrées alimentaires, l’augmentation du prix du carburant, les problèmes de santé et d’éducation comme en témoignent les dernier résultats du bac. Il y a aussi les conditions de vie avec les coupures de d’électricité et les pénuries d’eau. Malgré les alertes données par les sociétés concessionnaires, l’Etat n’a pas pris les mesures qu’il fallait pour éviter cela aux populations. C’est un ensemble de situation qui conduit globalement à une déprime au niveau de la nation. Les ivoiriens cherchent donc à en finir avec cette situation. Ceci étant, aucune œuvre n’étant parfaite, nous travaillons à apporter pour cette dernière ligne droite, les corrections nécessaires à l’organisation de la campagne pour nous permettre d’aller vers la victoire du Président Alassane Dramane Ouattara. Globalement nous devons reconnaitre que nos équipes ont fait du bon travail, que ce soit sur le terrain avec notamment les directions de zone, les directions régionales ou départementales, ou au niveau des directions centrales de campagne. La situation que vous décrivez n’est donc pas propre au militant RDR qui croit à la capacité de son candidat à faire changer les choses.
Parlons un peu du cas de Daloa où le RDR a perdu les élections. On a comme l’impression que le parti a du mal à faire face aux offensives du Directeur de campagne de Laurent Gbagbo. Quel est votre avis ?
Non, cela n’a rien à voir avec le directeur de campagne de Laurent Gbagbo, sauf si vous voulez dire que le maire de Daloa, Mr Kossougro est devenu FPI. Il y a eu un problème de mésentente interne, au niveau des conseillers municipaux représentant le RDR. Compte tenu de l’écrasante majorité de conseillers municipaux RDR, c’est une situation qui n’aurait jamais due arriver. Nous le regrettons. C’est derrière nous et ce qui est important c’est d’organiser la campagne pour permettre au président Ouattara de gagner les élections.
Gagner comment et avec quelles armes ?
Il faut donc continuer à être au contact des populations. Il faut continuer de leur expliquer, que les dix années que nous avons vécues sont des années qui ont traumatisé les uns et les autres, mais que l’espoir n’est pas perdu. Il faut leur expliquer que les problèmes auxquels les uns et les autres sont exposés individuellement, sont des problèmes qui trouveront des solutions. Que la Côte d’Ivoire est une. Et que face aux défis économiques et sociaux, il y a une nécessité de cohésion, de paix. Les tournées entreprises par le Président Ouattara entrent dans ce cadre. Les populations sont heureuses de savoir qu’il y a une alternative crédible, heureuses de savoir que l’espoir est permis. Le bilan du Président Alassane Dramane Ouattara en tant que Premier Ministre de 90 à 93, son expérience, sa crédibilité et son leadership montrent que l’espoir est permis et plaident pour son accession à la magistrature suprême.
On assiste à une véritable offensive de la campagne du candidat sortant sur les bastions ou les zones considérées comme acquises à la cause du RDR. Il y a eu des défections de cadres, notamment à Bassam ou dans d’autres localités. Est-ce que aujourd’hui le Rdr ne se sent pas menacé ?
Non, j’ai le sentiment profond à vous écouter que vous grossissez ou dramatisez des situations qui ne sont pas du tout la réalité sur le terrain. De mon point de vue, tout ce que vous qualifiez d’offensive n’a porté aucun fruit car toutes les équipes au niveau du RDR sont en place dans toutes les localités et travaillent sur le terrain. Je note que les populations dans ces zones restent fortement attachées au Président ADO comme en témoignent les tournées à Odienné, Touba et récemment dans le Worodougou. Je prendrais à titre d’exemple, les engagements forts pris par les populations de Férentella et de Bouandougou à l’endroit du candidat Ouattara, malgré les promesses du camp présidentiel. Moi je peux vous dire en tant que DNC, car je suis en contact avec nos responsables politiques, qu’il y a beaucoup de bruits qui ne correspondent à aucune réalité. C’est vraiment des choses qui sont bien pour la propagande. Je vous assure, il n’en est rien. Je vous invite aux résultats des élections. Vous verrez les scores et vous allez vous rendre compte que tous ces tapages montrés à la télévision n’auront produit aucun effet.
Coulibaly Issa Malick est l’un de vos proches et nous sommes curieux de savoir comment cela se passe sur le terrain politique, et au niveau affectif, car on a vu que dans la région de Korhogo, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Comment vivez-vous cette adversité politique au cœur de votre fratrie?
Je n’ai pas à vivre cela d’une manière particulière. Il s’agit d’une élection présidentielle qui est très importante pour la Côte d’Ivoire. Mon objectif est de battre Laurent Gbagbo à cette élection. J’assume mes responsabilités de DNC d’Alassane Dramane Ouattara dans cette perspective.
A vous entendre, les chances de votre candidat sont réelles, selon vous, le président Ouattara peut il être au deuxième tour, des élections présidentielles ?
Si vous m’aviez demandé est ce que le Président Ouattara gagnera au premier tour, cela aurait pu faire l’objet d’un débat. Je voudrais vous dire qu’il n’y a aucun sondage sérieux, aucune observation sérieuse de la vie politique ivoirienne qui peut permettre d’aboutir à la conclusion que le Président Alassane Dramane Ouattara ne sera pas au deuxième tour. Le débat qu’on peut avoir est celui de savoir si on peut gagner au premier tour. Nous y travaillons sans entamer la volonté du Président Ouattara de Gouverner le pays avec tous les talents dans le cadre de notre alliance et au delà.
Il y a un institut sérieux comme SOFRES qui publie des sondages régulièrement. Des sondages qui donnent Gbagbo et Bédié en tête ?
Je peux vous dire que si ces sondages étaient sérieux et si le Chef de l’Etat y croyait, il aurait organisé les élections depuis longtemps.
Certains au sein de l’opposition redoutent un scénario Ado et Bédié au deuxième tour. Quel est le point de vue du DNC que vous êtes ?
Je ne vois pas pourquoi on redouterait ce scénario, somme toute vraisemblable. Au cas où cela se présente à nous, les deux candidats s’entretiendront pour trouver la solution qu’ils considéreront comme la plus efficace pour la Côte d’Ivoire.
Mais je pense que pour un tel scénario c’est le FPI qui devient le faiseur de roi?
La Côte d’Ivoire est au dessus de tout. Et dans un tel scénario comme je l’ai dit, les Président Ouattara et Bédié se retrouveront et donneront les mots d’ordre qui seront les plus appropriés dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire.
Certains disent aujourd’hui que le jeu politique est mené par le Chef de l’Etat à son rythme et selon ses intérêts et que l’opposition est désarmée ?
Cela peut être une impression, car moi je comprends l’impatience de tout le monde. Ce qui m’étonne d’ailleurs c’est que le Chef de l’Etat ne mesure pas cette impatience. Je suis surpris qu’il soit insensible aux signaux de détresse que donnent les ivoiriens. Je sais que pour beaucoup de personnes, la marche du 15 mai, était l’occasion de tourner la page. Nous n’avons pas pris cette option. Nous voulons des élections apaisées. Il faut donc éviter de créer dans le processus, des tensions qui vont diviser à nouveau les ivoiriens et qui ne feront que compliquer la tâche indispensable de réconciliation des ivoiriens après les élections. Il faut partir à la conquête du pouvoir, mais il faut déjà penser à la nécessité de la réconciliation, compte tenu de la crise qu’a connue le pays. Il faut que ces élections soient propres, transparentes. Et qu’à l’issue de ces élections, il n’y ait aucune contestation afin que l’on arrive à réconcilier la nation, pour relever les défis auxquels le pays est confronté.
Que peut-on imaginer aujourd’hui, pour que les trois grands leaders, puissent individuellement être rassurés et entrevoir une élection où chacun envisagerait sa défaite?
La première étape, c’est d’éviter des tensions inutiles dans le cadre de la préparation des élections et dans le cadre de leur tenu. Cela me parait très important. Le camp présidentiel, depuis les audiences foraines jusqu’à maintenant crée des tensions inutiles; car au lieu de nous permettre de préparer les élections tout en essayant de consolider la cohésion entre les ivoiriens, ou de travailler à la réconciliation, ils ont créé une série d’obstacles qui a consisté à braquer les ivoiriens les uns contre les autres. Le moment est venu pour qu’aucun autre obstacle ne vienne perturber ce processus électoral. Il faut que les élections se déroulent de façon paisible pour que les Ivoiriens puissent se mettre ensemble pour construire la nation. Cela est important à mes yeux. Pour cela j’en appelle au sens de responsabilité du Chef de l’Etat et du camp présidentiel. Allons aux élections ! C’est un message que je veux personnellement leur adresser.
Interview réalisée par : Assoumane Bamba
Vous êtes le Directeur national de compagne du président du Rdr, candidat à la prochaine présidentielle. Enfin, la Cei vient de publier la liste électorale provisoire. Pour vous, allons-nous irrémédiablement vers les élections ?
Je voudrais me réjouir de la publication de la liste provisoire confectionnée selon le mode opératoire consensuel adopté par l’ensemble des acteurs politiques. Enfin nous avons une liste électorale provisoire et le contentieux qui s’est ouvert la semaine dernière est de nature à nous permettre d’aller à la liste définitive, à la production des cartes nationales d’identité et des cartes d’électeurs. Je considère donc que c’est une étape importante dans le processus. Notre souhait est que rien ne vienne parasiter ce processus lancé par la Cei. Nous pensons que début août, nous pouvons obtenir la liste électorale définitive.
Monsieur le DNC, il y a que concomitamment au contentieux, la vérification de la liste a cours tel que réclamé par le camp du chef de l’Etat. Et là-dessus, il y a toujours une guerre de chiffres. Pour vous cette vérification porte sur combien d’Ivoiriens ?
Je voudrais faire quelques précisions. Le clan présidentiel et le chef de l’Etat ont indiqué qu’il y aurait eu des fraudes qu’ils ont même qualifiées de massives sur la liste provisoire des 5.300.000 électeurs. Des documents portant sur 1533 personnes ont même été remis aux chancelleries et aux partis politiques, notamment au Pdci et au Rdr. Nous avons procédé aux vérifications de ces documents. Ces vérifications ont montré clairement que ces allégations étaient fausses. Le chef du gouvernement, le Premier Ministre Soro Guillaume, a également procédé à des vérifications exhaustives et en a rendu compte lors de la dernière réunion des leaders. Ses travaux ont abouti au fait que seulement six personnes sur les 1533 qui étaient accusées de fraude, n’avaient pas été retrouvées. Tout cela pour dire que fondamentalement, nous pensons que s’il y avait la volonté politique, ces petits problèmes seraient derrière nous. Mais il se trouve qu’après, le camp présidentiel a indiqué que la liste électorale de 2000 ayant été publiée sur internet, des personnes auraient pu se donner des ascendants ivoiriens, à partir de cette liste, pour se faire établir de faux actes de naissance. Des travaux effectués par une commission technique présidée par la primature et comprenant toutes les structures techniques dont l’INS et la SAGEM ont permis d’identifier 166.000 personnes qui ont été croisées exclusivement avec des ascendants issus de la liste de 2000. Donc pour nous, c’est seulement sur ces 166.000 personnes que la vérification manuelle devrait porter. Après coup, il y a eu des débats qui ont conduit à une vérification sur une population d’environ 840.000 personnes. C’est une procédure administrative menée par le chef du Gouvernement qui partagera ses conclusions avec les leaders politiques. Mais pour nous, nous considérons que le processus engagé par la CEI permettra d’obtenir la liste électorale définitive.
Vous êtes optimiste. Mais quand on observe le processus, il y a eu des avancées et des retours brutaux en arrière, est- ce que cette affaire de 800.000 personnes à vérifier de façon manuelle ne laisse pas encore la porte ouverte à des frustrations ?
Si parmi ces 800.000 personnes sur lesquelles porte la vérification, la moitié n’est pas retrouvée après cette opération, ce sont 400.000 environ qui se retrouveront dans une situation de déni de nationalité. Si l’on veut prendre en compte les statistiques sur la liste électorale, 30% de ces personnes seraient sur Abidjan, ce qui fait environ 130.000 personnes. Exclure autant d’Ivoiriens ne sera pas gérable par le pouvoir FPI. Ce que nous souhaitons, c’est que la raison habite le camp présidentiel. En raison des souffrances de nos compatriotes et des difficultés auxquelles la Côte d’Ivoire est confrontée, il faut que des institutions légitimes travaillent pour le redressement économique de la Côte d’Ivoire, pour régler les problèmes sociaux auxquels tout le monde est confronté. Nous espérons donc qu’aucun nouveau blocage artificiel ne sera créé, à partir de cette opération de vérification.
Finalement à quand la date des élections, après les multiples reports que nous avons enregistrés ?
Sur la date des élections, c’est la Cei qui doit faire une proposition. Nous notons qu’un certain nombre de communiqués ont été produits, pour nous permettent de suivre l’évolution du processus. Nous pensons qu’à la prochaine réunion des leaders politiques, avec le contentieux sur la liste provisoire qui est lancée, la Cei devrait pouvoir faire une proposition de date. Il apparait assez clairement que les élections peuvent se tenir dans la période de septembre à octobre 2010.
Mais, lors de la dernière réunion du Cpc, les leaders politiques se sont donné rendez-vous dans quelques semaines. Que signifient quelques semaines, pour vous ?
La vérification ayant pris fin le 26 juillet, il est possible pour les leaders politiques de se réunir pour fixer la date du 1er tour de l’élection présidentielle.
Certains pensent que arriver au delà d’octobre serait problématique pour la Côte d’Ivoire, pensez vous comme eux ?
Non, ce n’est pas une affaire de « certains pensent », c’est que ce n’est pas possible car cela marque la fin du mandat non constitutionnel, du Chef de l’Etat. Je ne peux pas imaginer que le chef de l’Etat soit dans une logique d’entamer une onzième année de pouvoir alors qu’il avait initialement un mandat de 5 ans. Cela engendrera de graves problèmes au niveau de sa légitimité à diriger la Côte d’ Ivoire.
En octobre 2005, beaucoup avaient tenu le même raisonnement, aujourd’hui nous sommes là, à quelques semaines d’octobre 2010. Qu’est-ce qui peut objectivement empêcher le chef de l’Etat à ce niveau, de continuer sur cette pente ?
C’est vrai qu’on parle d’octobre 2005 et d’octobre 2010, mais je ne pense pas qu’on puisse dire que les situations soient les mêmes, que les contextes soient exactement les mêmes. Je pense qu’il y a eu beaucoup d’évolution entre temps. L’état de préparation en ce qui concerne les élections, n’est pas le même entre octobre 2005 et octobre 2010. Je pense que le camp présidentiel a conscience que ce n’est pas possible.
Il y a certains qui accusent ouvertement et directement la classe politique Ivoirienne, de se complaire dans cette situation de non élection. En voulant partager entre tous, chacun gagne son compte. Que répondez-vous à cela ?
Il y a eu des blocages répétés, depuis le début du processus, par le camp présidentiel. Je peux comprendre l’impatience des Ivoiriens car nous le sommes tous par rapport à l’organisation des élections. Le Premier Ministre Alassane Dramane Ouattara, Président du Rdr, dans le cadre de sa campagne, a sillonné 17 régions dont récemment, celle du Worodougou ainsi que le département de Vavoua. Ceci pour expliquer son programme, être en contact avec les populations et leur proposer des solutions à travers un programme de gouvernement concret, chiffré, qui se décline par région, par département et par secteur. Lors de ses tournées il a toujours réclamé les élections et interpelé ceux qui en ont la responsabilité. Le Rdr n’a pas été créé pour des postes mais pour appliquer une politique de développement, un programme de Gouvernement, celui du Président Ouattara. Ce n’est donc pas juste de dire qu’il y a une complicité de la part de l’opposition.
Est-ce que vous serez ouvert à un nouveau schéma institutionnel avec Laurent Gbagbo ?
Il faut mettre fin à la situation actuelle. Il faut qu’il y ait des élections qui permettent de faire face aux vrais et graves problèmes auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée. Ce n’est pas la peine d’ouvrir des hypothèses dans lesquelles certains voudront s’engouffrer pour continuer à perpétuer une situation qui est devenue totalement inacceptable.
M. le DNC, les précédentes fois qu’il y a eu le contentieux, il y a eu des dérives, quelques violences et même mort d’homme. Redoutez-vous un tel schéma pour ce présent contentieux ?
Moi, je crains que le camp présidentiel n’ait pas tiré toutes les leçons de ce qui s’est passé, lors des précédents contentieux. Je pense que le contentieux devrait, se dérouler de façon conforme au mode opératoire consensuel, car s’il devait avoir des blocages, ce serait la voie ouverte à de nouvelles difficultés avec des risques de violences.
Nous sommes malheureusement dans des situations où parfois la réalité de la violence s’est imposée. Ce que nous avons évoqué s’est déroulé à Divo, dans certaines villes du pays. Est-ce que dans votre camp aujourd’hui, vous avez des craintes?
En fait, nous avons toujours combattu l’exclusion. Concernant les évènements dont vous parlez, vous savez que ce sont des citoyens qui se sont levés d’eux-mêmes et qui ont indiqué qu’il n’était pas possible qu’ils puissent accepter l’arbitraire, qu’on puisse leur denier leur citoyenneté ivoirienne. S’il y avait de nouvelles velléités d’exclusion, les victimes n’auront pas besoin de mot d’ordre pour se défendre et pour faire face à des gens qui voudront leur denier leur nationalité ivoirienne. Je pense que le pouvoir Fpi réfléchira par deux fois avant de poser un certain nombre d’actes.
Monsieur le DNC, le Rhdp a-t-il encore sa capacité de réaction face à ces situations de violences, surtout qu’on a vu que la pilule du report de la marche de mai a été difficile à avaler?
La capacité de mobilisation du Rhdp et la capacité du Rhdp à gagner les élections sont réelles. On le vérifie tous les jours en allant au contact des militants. J’étais à Yamoussoukro et j’ai pu mesurer la détermination des militants et sympathisants du Rdr. De ce point de vue, nous n’avons pas de soucis à nous faire. Vous avez été témoins de la tournée du Président Alassane Dramane Ouattara dans le Worodougou et à Vavoua. En ce qui concerne le processus, ne nous inscrivons pas d’emblée dans une logique de confrontation. Soutenons le processus qui est en cours, avec la Cei pour aller à la liste électorale définitive, donc aux élections. Faisons avancer les choses pour qu’enfin on ait des élections et que les Ivoiriens puissent renouer avec la prospérité. Voilà notre état d’esprit.
La plateforme de l’opposition est elle d’actualité jusqu'à présent ? Pour les élections à venir, malgré les positions officielles, il y a deux clans. Celui de la candidature unique pour assurer la victoire et ceux qui sont pour des candidatures éclatées. Est-ce jusqu’aujourd’hui ce débat là est encore en cours au sein du Rhdp,
C’est un débat qui surprend. La plateforme a été signée par les candidats. Sur cette base les quatre Présidents ont déposé leurs candidatures qui ont été validées par le conseil constitutionnel. Si un débat doit s’ouvrir, il se fera au niveau des candidats eux-mêmes et non par d’autres personnes.
Sur le terrain le RHDP avait prévu un programme commun de gouvernement, est ce que ce programme est encore de saison, est ce qu’il est effectif ?
Oui, je peux vous annoncer que la commission chargée de ce programme a déposé ses travaux, qui ont été examinés et adoptés par le directoire du RHDP. Il reste à le soumettre aux Présidents des différents partis constitutifs du RHDP.
Est-ce que sur le terrain, la réalité, la complicité des militants des différents partis est effective ? Est-ce qu’on sent la symbiose des militants des différents partis ?
Dans certaines localités, il y a eu des contradictions entre des personnes, ce qui a pu retarder le processus. Mais partout le processus est engagé et le RHDP se porte bien. Des coordinations ont été installées sur l’étendue du territoire national. Et tout cela facilite l’esprit RHDP. Cela se voit à lors des visites du Président Ouattara et en général des leaders du RHDP. Les coordinations RHDP ont toujours manifesté leur présence et leur soutien en ces occasions. Il faut faire en sorte que ce travail de synergie soit quasiment achevé, avant les élections.
Quelle est la réalité du duo Bédié-Alassane Ouattara ?
Je peux vous dire que c’est un élément essentiel et c’est la locomotive RHDP. C’est la qualité de ce duo qui, à la date d’aujourd’hui, fait de l’alliance du RHDP, une alliance qui résiste à tous les chants des sirènes de nos adversaires politiques qui avaient parié que ce n’était pas possible. Mais vous avez vu avec le temps comment cette relation s’est renforcée. Je puis vous dire aujourd’hui que la confiance entre le président Ouattara et le président Bédié est forte. Et nous en sommes totalement fiers et heureux.
Il y en a qui disent que ce duo en apparence est un duel qui peut à tout moment se réveiller ?
Je pense que tout cela c’est de la propagande de la part du camp présidentiel. Cela ne correspond à aucune réalité politique. Dire cela, s’est ignorer le sens des responsabilités et de respect de la parole donnée de ces deux leaders.
Ils vont plus loin en disant qu’à un éventuel second tour entre Alassane Ouattara et Gbagbo, le report de voix du Pdci sur le candidat du Rdr ne se ferait pas.
C’est de l’intoxication, de la propagande et c’est leur souhait. Mais ils n’auront que leurs yeux pour pleurer car le Président Gbagbo sera battu par Alassane Dramane Ouattara
On a vu lors de la marche reportée des jeunes, qu’il y a eu des frictions au sein de la haute direction du RHDP ; notamment les présidents Mabri et Anaki qui n’ont pas apprécié la manière dont la décision a été prise. Est-ce qu’aujourd’hui la cohésion est de retour entre les présidents ?
C’est vraiment du passé et vous avez constaté que le RHDP a pu faire un bon qualitatif. Puisque la réunion qui les a regroupés après, a pris la décision d’une part d’élaborer un programme commun de gouvernement ; d’autre part de travailler sur les textes d’un futur parti unifié. Ce qui importe, c’est que les 4 leaders ont décidé d’aller ensemble à ces élections et de gouverner ensemble la Côte d’Ivoire.
Monsieur le DNC, quand on vous dit que le parti unifié des Houphouétistes est une simple tactique à but électoral ; qu’en dites- vous ?
Encore une fois, je dis que ceux qui le disent, sont nos adversaires politiques, ceux que cela n’arrange pas. L’essentiel pour nous, c’est de développer notre stratégie selon notre propre calendrier.
Monsieur le DNC il y a une affaire qui secoue l’actualité politique en ce moment, il s’agit de l’affaire Tagro. Le Procureur vient de rendre publiques ses conclusions. Le ministre Tagro qui a été accusé par le président de l’assemblée nationale d’un certain nombre de pratique a été totalement blanchi, que pensez-vous de ces conclusions là ?
Je ne commenterai pas les conclusions du parquet. Mais je note avec beaucoup de tristesse que l’immixtion du Chef de l’Etat dans notre système judiciaire est intolérable. En fait pour lui, visiblement, l’appareil judiciaire est un instrument de l’exécutif. Il utilise cet appareil à des fins essentiellement politiques. Il ne croit pas fondamentalement à une possibilité d’indépendance de la justice. C’est ce que je trouve inacceptable. Il y a une subordination excessive du procureur vis-à-vis du Chef de l’Etat, ignorant le Ministre de la Justice et le Procureur Général. Je pense que nous sommes dans un système où le Chef de l’Etat raisonne comme il y a peut être 100 ans. Car il a coutume de dire que le procureur de la république est, je le cite, « le procureur du roi ». Cela traduit très bien sa vision par rapport à l’appareil judiciaire. Je crois que c’est cela qui est déplorable et c’est cela que nous devons condamner.
Pour revenir sur ces affaires, est-ce qu’on peut dénier au président Gbagbo le fait d’avoir instruit pour le café et le cacao des enquêtes ; le fait d’avoir instruit des enquêtes sur cette affaire Tagro ? N’est ce pas une volonté de moraliser la vie publique ivoirienne ?
Il existe une procédure pour tout. Il faut déjà que la procédure soit respectée. À partir du moment où une procédure n’est pas respectée, tout ce qui en découle, peut apparaître suspect aux yeux des citoyens. Je note que, quand le chef de l’Etat le veut, il peut faire instruire et juger, dans les conditions que je viens de dire, une affaire en 15 jours, en une semaine etc... . Quand il le veut, il peut faire détenir des citoyens, sans jugement, pendant deux ans, alors que les procès auraient pu se tenir depuis longtemps. Ceci est humainement intolérable. Comme le disent certains dans les conversations, le Chef de l’Etat aurait dit que « si je mets quelqu’un en prison, c’est parce que c’est utile ». Il ne s’agit plus dans ce cas là, de justice, car un citoyen ne doit aller en prison que lorsqu’il a commis une infraction. Ce n’est pas l’utilité aux yeux d’un Chef d’Etat qui peut faire mettre un citoyen en prison. On ne doit pas faire jouer à la justice le rôle que l’on veut en fonction de ses intérêts et de son agenda politique. C’est inacceptable.
Vous pensez que cette moralisation pourrait avoir un lien avec le processus électoral ?
Il peut avoir beaucoup d’arrière-pensées, mais la finalité certainement pourrait d’être d’entacher le processus électoral ou de le mettre en mal. Mais nous souhaitons encore une fois que la raison habite le camp présidentiel et le Chef de l’Etat. Et que cette manière d’instrumentaliser l’appareil judiciaire du pays s’arrête. Sur la moralisation de la vie publique, il est évident en termes de principe que nous ne pouvons qu’y souscrire. Nous disons que le Chef de l’Etat n’a pas la crédibilité nécessaire pour mener une telle opération.
Le Chef de l’Etat a dit que concernant cette histoire de moralisation, il a commencé dans son camp, et qu’il ne s’arrêtera pas là. Est-ce que cette affirmation ne fait pas trembler l’opposition et singulièrement le RDR ?
Une telle affirmation, s’il l’a faite, suppose qu’il a lui-même laissé faire un certain nombre de choses qu’il veut rattraper aujourd’hui, certainement pour des raisons purement électorales. Ceci étant, il n’y a aucune raison pour que l’opposition tremble et singulièrement le RDR. Je vous dis simplement que je dénonce un certain nombre de procédures, une immixtion dans le système judiciaire. Je dénonce la célérité relative de traitement des dossiers selon les intérêts du Chef de l’Etat. Je dénonce tout cela. Je ne vois pas ce que l’opposition a à craindre.
Est-ce à dire, Monsieur le DNC, que vous serez d’accord qu’une enquête soit ouverte sur les grands dossiers de gestion du pays ?
A voir le traitement réservé aux dossiers qui ont été ouverts, il y a un problème de crédibilité et d’impartialité qui se pose.
Dans l’affaire café-cacao, des ministres en fonction et d’autres qui ont quitté le gouvernement ont été entendus. Vous avez vous-même été ministre de l’agriculture et vous avez refusé de vous faire entendre ?
Cela n’est pas vrai car j’ai été entendu conformément à la loi. Un décret du Chef de l’Etat a été pris pour cela. Ce décret a autorisé que nous soyons entendus à une date donnée, et nous avons répondu à l’appel du juge en tant que témoin. Nous avons été entendus et notre audition a duré quatre ou cinq heures. Nous avons répondu aux questions qui nous ont été posées. Nous avons dit ce que nous savions. Après il y a eu des problèmes de procédures en ce qui concerne la convocation qui a suivi. C’est donc totalement inexact de vouloir faire croire que nous avons refusé de nous faire entendre.
Revenons à votre responsabilité de Directeur National de Campagne du président du RDR. Pendant un moment, il y a eu une sorte d’euphorie et brusquement tout c’est arrêté. Pourquoi ? Qu’est ce qui explique ce long silence dans la campagne du président du RDR ?
A chaque moment, correspondent des questions essentielles dont il faut s’occuper. Lorsque le Chef de l’Etat a décidé de bloquer le processus pendant des mois, la priorité était de débloquer ce processus. Cela a pris le temps que l’on sait, avec malheureusement, un coût élevé pour la collectivité ivoirienne. Aujourd’hui que nous sommes dans une situation où, sans dire qu’il n’y aura pas de nouvelles tentatives blocage, la CEI offre de nouvelles perspectives, vous voyez que les tournées du président Alassane Ouattara sur le terrain ont repris, avec la tournée mémorable dans le Worodougou et dans la localité de Vavoua. Dans l’intervalle, beaucoup d’activités ont été effectuées par les cadres du parti. Mais comme la télévision ivoirienne ne montre pas nos activités, c’est sûr qu’on peut avoir le sentiment que l’opposition et notamment le RDR, n’est pas visible sur le terrain.
En tant que Directeur National de Campagne, êtes vous satisfait de la conduite des opérations sur le terrain, parce que chez les militants il y a comme un sentiment d’abandon ?
Ce sentiment n’est pas propre aux militants du RDR. Il y a une déprime générale chez les ivoiriens. C’est une des raisons pour lesquelles j’insiste encore en disant que nous devons aller aux élections pour permettre que les institutions légitimes qui en ressortiront puissent s’occuper des problèmes des ivoiriens, que ce soit le coût de la vie, l’augmentation du prix des denrées alimentaires, l’augmentation du prix du carburant, les problèmes de santé et d’éducation comme en témoignent les dernier résultats du bac. Il y a aussi les conditions de vie avec les coupures de d’électricité et les pénuries d’eau. Malgré les alertes données par les sociétés concessionnaires, l’Etat n’a pas pris les mesures qu’il fallait pour éviter cela aux populations. C’est un ensemble de situation qui conduit globalement à une déprime au niveau de la nation. Les ivoiriens cherchent donc à en finir avec cette situation. Ceci étant, aucune œuvre n’étant parfaite, nous travaillons à apporter pour cette dernière ligne droite, les corrections nécessaires à l’organisation de la campagne pour nous permettre d’aller vers la victoire du Président Alassane Dramane Ouattara. Globalement nous devons reconnaitre que nos équipes ont fait du bon travail, que ce soit sur le terrain avec notamment les directions de zone, les directions régionales ou départementales, ou au niveau des directions centrales de campagne. La situation que vous décrivez n’est donc pas propre au militant RDR qui croit à la capacité de son candidat à faire changer les choses.
Parlons un peu du cas de Daloa où le RDR a perdu les élections. On a comme l’impression que le parti a du mal à faire face aux offensives du Directeur de campagne de Laurent Gbagbo. Quel est votre avis ?
Non, cela n’a rien à voir avec le directeur de campagne de Laurent Gbagbo, sauf si vous voulez dire que le maire de Daloa, Mr Kossougro est devenu FPI. Il y a eu un problème de mésentente interne, au niveau des conseillers municipaux représentant le RDR. Compte tenu de l’écrasante majorité de conseillers municipaux RDR, c’est une situation qui n’aurait jamais due arriver. Nous le regrettons. C’est derrière nous et ce qui est important c’est d’organiser la campagne pour permettre au président Ouattara de gagner les élections.
Gagner comment et avec quelles armes ?
Il faut donc continuer à être au contact des populations. Il faut continuer de leur expliquer, que les dix années que nous avons vécues sont des années qui ont traumatisé les uns et les autres, mais que l’espoir n’est pas perdu. Il faut leur expliquer que les problèmes auxquels les uns et les autres sont exposés individuellement, sont des problèmes qui trouveront des solutions. Que la Côte d’Ivoire est une. Et que face aux défis économiques et sociaux, il y a une nécessité de cohésion, de paix. Les tournées entreprises par le Président Ouattara entrent dans ce cadre. Les populations sont heureuses de savoir qu’il y a une alternative crédible, heureuses de savoir que l’espoir est permis. Le bilan du Président Alassane Dramane Ouattara en tant que Premier Ministre de 90 à 93, son expérience, sa crédibilité et son leadership montrent que l’espoir est permis et plaident pour son accession à la magistrature suprême.
On assiste à une véritable offensive de la campagne du candidat sortant sur les bastions ou les zones considérées comme acquises à la cause du RDR. Il y a eu des défections de cadres, notamment à Bassam ou dans d’autres localités. Est-ce que aujourd’hui le Rdr ne se sent pas menacé ?
Non, j’ai le sentiment profond à vous écouter que vous grossissez ou dramatisez des situations qui ne sont pas du tout la réalité sur le terrain. De mon point de vue, tout ce que vous qualifiez d’offensive n’a porté aucun fruit car toutes les équipes au niveau du RDR sont en place dans toutes les localités et travaillent sur le terrain. Je note que les populations dans ces zones restent fortement attachées au Président ADO comme en témoignent les tournées à Odienné, Touba et récemment dans le Worodougou. Je prendrais à titre d’exemple, les engagements forts pris par les populations de Férentella et de Bouandougou à l’endroit du candidat Ouattara, malgré les promesses du camp présidentiel. Moi je peux vous dire en tant que DNC, car je suis en contact avec nos responsables politiques, qu’il y a beaucoup de bruits qui ne correspondent à aucune réalité. C’est vraiment des choses qui sont bien pour la propagande. Je vous assure, il n’en est rien. Je vous invite aux résultats des élections. Vous verrez les scores et vous allez vous rendre compte que tous ces tapages montrés à la télévision n’auront produit aucun effet.
Coulibaly Issa Malick est l’un de vos proches et nous sommes curieux de savoir comment cela se passe sur le terrain politique, et au niveau affectif, car on a vu que dans la région de Korhogo, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Comment vivez-vous cette adversité politique au cœur de votre fratrie?
Je n’ai pas à vivre cela d’une manière particulière. Il s’agit d’une élection présidentielle qui est très importante pour la Côte d’Ivoire. Mon objectif est de battre Laurent Gbagbo à cette élection. J’assume mes responsabilités de DNC d’Alassane Dramane Ouattara dans cette perspective.
A vous entendre, les chances de votre candidat sont réelles, selon vous, le président Ouattara peut il être au deuxième tour, des élections présidentielles ?
Si vous m’aviez demandé est ce que le Président Ouattara gagnera au premier tour, cela aurait pu faire l’objet d’un débat. Je voudrais vous dire qu’il n’y a aucun sondage sérieux, aucune observation sérieuse de la vie politique ivoirienne qui peut permettre d’aboutir à la conclusion que le Président Alassane Dramane Ouattara ne sera pas au deuxième tour. Le débat qu’on peut avoir est celui de savoir si on peut gagner au premier tour. Nous y travaillons sans entamer la volonté du Président Ouattara de Gouverner le pays avec tous les talents dans le cadre de notre alliance et au delà.
Il y a un institut sérieux comme SOFRES qui publie des sondages régulièrement. Des sondages qui donnent Gbagbo et Bédié en tête ?
Je peux vous dire que si ces sondages étaient sérieux et si le Chef de l’Etat y croyait, il aurait organisé les élections depuis longtemps.
Certains au sein de l’opposition redoutent un scénario Ado et Bédié au deuxième tour. Quel est le point de vue du DNC que vous êtes ?
Je ne vois pas pourquoi on redouterait ce scénario, somme toute vraisemblable. Au cas où cela se présente à nous, les deux candidats s’entretiendront pour trouver la solution qu’ils considéreront comme la plus efficace pour la Côte d’Ivoire.
Mais je pense que pour un tel scénario c’est le FPI qui devient le faiseur de roi?
La Côte d’Ivoire est au dessus de tout. Et dans un tel scénario comme je l’ai dit, les Président Ouattara et Bédié se retrouveront et donneront les mots d’ordre qui seront les plus appropriés dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire.
Certains disent aujourd’hui que le jeu politique est mené par le Chef de l’Etat à son rythme et selon ses intérêts et que l’opposition est désarmée ?
Cela peut être une impression, car moi je comprends l’impatience de tout le monde. Ce qui m’étonne d’ailleurs c’est que le Chef de l’Etat ne mesure pas cette impatience. Je suis surpris qu’il soit insensible aux signaux de détresse que donnent les ivoiriens. Je sais que pour beaucoup de personnes, la marche du 15 mai, était l’occasion de tourner la page. Nous n’avons pas pris cette option. Nous voulons des élections apaisées. Il faut donc éviter de créer dans le processus, des tensions qui vont diviser à nouveau les ivoiriens et qui ne feront que compliquer la tâche indispensable de réconciliation des ivoiriens après les élections. Il faut partir à la conquête du pouvoir, mais il faut déjà penser à la nécessité de la réconciliation, compte tenu de la crise qu’a connue le pays. Il faut que ces élections soient propres, transparentes. Et qu’à l’issue de ces élections, il n’y ait aucune contestation afin que l’on arrive à réconcilier la nation, pour relever les défis auxquels le pays est confronté.
Que peut-on imaginer aujourd’hui, pour que les trois grands leaders, puissent individuellement être rassurés et entrevoir une élection où chacun envisagerait sa défaite?
La première étape, c’est d’éviter des tensions inutiles dans le cadre de la préparation des élections et dans le cadre de leur tenu. Cela me parait très important. Le camp présidentiel, depuis les audiences foraines jusqu’à maintenant crée des tensions inutiles; car au lieu de nous permettre de préparer les élections tout en essayant de consolider la cohésion entre les ivoiriens, ou de travailler à la réconciliation, ils ont créé une série d’obstacles qui a consisté à braquer les ivoiriens les uns contre les autres. Le moment est venu pour qu’aucun autre obstacle ne vienne perturber ce processus électoral. Il faut que les élections se déroulent de façon paisible pour que les Ivoiriens puissent se mettre ensemble pour construire la nation. Cela est important à mes yeux. Pour cela j’en appelle au sens de responsabilité du Chef de l’Etat et du camp présidentiel. Allons aux élections ! C’est un message que je veux personnellement leur adresser.
Interview réalisée par : Assoumane Bamba