Ils sont nombreux les Ivoiriens et habitants de la Côte d’Ivoire, qui ont été confrontés à ce phénomène qui perdure. Dès que vous approchez une administration dans la capitale économique ivoirienne, vous êtes abordé par un ou plusieurs jeunes gens qui vous proposent leurs services. Eux, ce sont ‘’les collaborateurs externes’’ communément appelé dans leur jargon, ‘’Les margouillats’’, ‘’Lézards’’ et ‘’Varans’’.
Pour se procurer une attestation d’identité à l’ONI (Office National d’Identification), il vous faudra attendre au minimum cinq jours. Au tribunal de Première Instance du Plateau, vous en avez pour deux à trois semaines, pour le certificat de nationalité. Mais avec ‘’les collaborateurs externes’’, les choses vont plus vite. Il est 15 heures, lorsque notre équipe arrive devant les locaux de l’ONI au Plateau. Nous abordons un jeune de la trempe des ‘’colabo’’auprès de qui nous nous renseignons. Il se prénomme Camara Bakary dit Backus. Après nous avoir instruits sur les pièces administratives à fournir pour s’établir une attestation d’identité, il nous renseigna sur le prix à payer. « L’attestation se fait à 1150F Cfa. Mais dans ce cas, vous attendrez cinq à six jours. Or avec moi, vous pouvez entrer en possession de votre pièce demain» fait-il savoir. Et pour cela, combien devrions-nous payer ? Lui avions-nous demandé. « 3150F Cfa. Les 1150 sont pour la caisse, et les deux milles je les ‘’gère’’ avec ma ‘’vieille mère’’ » a-t-il dit. Nous feignions d’être énormément dans le besoin. Donc, nous lui proposons de nous rendre l’acte dans un bref délai. Il marqua une pause avant de reprendre de plus belle. « Il est quelle heure ? » nous demanda t-il. Il était environ 15 heures 30 mn. « Bon, je vais appeler ‘’ma vieille mère’’, si elle me dit que c’est possible, alors il n’y a pas de problème », a-t-il renchéri. En ce moment, nous l’interrompions pour lui faire comprendre que la concernée elle-même était à la maison et que notre présence s’explique par le fait que nous voudrions des informations pour elle, vu l’urgence que cela revêt. « Elle est élève ? », a t-il interrogé. « Non », avons-nous répondu. « Aujourd’hui, la priorité est accordée aux élèves à cause de leur examen» avertit-il. C’était le mardi 6 juillet 2010, à la veille des épreuves du CEPE et du BEPC. On simule alors un coup de fil, le temps pour nous de nous dissimuler parmi les nombreux visiteurs. Mais avant, il a le temps de nous prévenir de ce qu’il se trouve en leur sein, des ‘’margouillats’’, ‘’lézards’’ ainsi que des ‘’varans’’. Alors, vigilance. Cette dernière information, aiguisa notre curiosité. Nous voudrions en savoir davantage sur ces différentes appellations. Non loin de là, un autre « collabo » se pointe devant nous. Il se prénomme Maguy. C’est avec ce dernier que nous obtiendrons satisfaction à nos préoccupations. Avec lui, nous procédons de la même manière qu’avec son prédécesseur. Nous l’interpellons sur les appellations auxquelles nous étions entrain de nous familiariser. Maguy nous apprend avec beaucoup de sang froid qu’il est lui-même un ‘’margouillat’’. C’est alors qu’il nous fait comprendre ceci « c’est de la magouille que nous faisons en fait. Voilà pourquoi nous nous faisons appeler de la sorte». Pour ce qui est des lézards et varans, voici sa définition : « comme leur nom le dit, ils lézardent les murs. Ils arrachent nos clients et ils sont très mobiles. Ils entrent là ou il ne faut pas. A côté d’eux, il ya les varans. C’est l’espèce la plus dangereuse parmi nous. Ils interceptent tout le monde et arrachent les clients des autres. Ce sont des ‘’croqueurs’’ de clients », explique-t-il. Selon Maguy, l’espèce à laquelle il appartient est de loin la plus honnête. Il reconnaît qu’il existe parmi eux des brebis galeuses, en témoignent les varans. « Souvent quand ils prennent votre argent, ils vous font croire que vos aurez vous papiers dans un bref délai, alors qu’ils l’ont tout simplement fait passer par le circuit normal. Du coup, vous qui étiez pressé, seriez obligés d’attendre cinq, voir six jours, avant d’entrer en possession de votre acte administratif. Ce sont en fait des bricoleurs. Avec eux, ça peut marcher comme ça peut pas l’être » conclura-t-il. A quelques centimètres de là, nous apercevons un autre ‘’collabo’’ que nous abordons. L’homme s’appellerait Eto Fabrice. Un autre ‘’margouillat’’. Il en est même fier. Seulement, il dit ne pas être comme certains autres ‘’lézards’’ et ‘’varans’’, qui eux, donnent des numéros non actifs à leurs clients. « Ceux-là, ce sont de vrais arnaqueurs. Une fois qu’ils s’approprient votre dossier et qu’ils entrent en possession de l’argent, ils disparaissent sans laisser de trace d’eux », nous a-t-il dit. Pour ce dernier, sa rémunération s’élève à 3500F y compris les frais de dossiers. Il fait même des révélations sur la répartition de l’argent. 1500F Cfa pour l’administration au lieu de 1150F et les deux milles francs lui reviennent. Nous jouons également le jeu avec cet ultime ‘’collabo’’. Si nous n’avions pu rencontrer de lézards ni de varans, il n’en demeure pas moins qu’à entendre leurs compagnons, ils seraient des persona non grata. A quelques encablures de là, notre curiosité est mise en branle par le scénario, objet de notre enquête. Nous mettons donc, le cap sur le Tribunal de Première Instance. Là, nous rencontrons un jeune gérant de cabine cellulaire. Marc, travaillerait pour une dame qui se trouverait au greffe. Il se charge selon ses dires, de lui trouver de potentiels clients. Après nous avoir instruits sur les pièces à fournir pour l’établissement d’un certificat de nationalité, il nous a aussi rassurés sur la célérité et la crédibilité du réseau auquel il appartient. « Avec 4000F Cfa, vous avez le certificat de nationalité en 3 jours. Avec 5000F Cfa, vous l’avez le même jour », nous a-t-il dit confiant.
D’autres sites
les abritent
Les « collabos » ne sont pas qu’en ces deux lieux seulement. Vous les trouverez devant la fonction publique au Plateau, à la Deco (Direction des Examens et Concours) ainsi qu’au palais de justice de Yopougon. Certaines mairies du district d’Abidjan sont aussi les cibles de ces rapaces. Où qu’ils soient, ils opèrent tous et toujours de la même manière. A Yopougon, au Palais de Justice, le décor est toujours le même. Devant les locaux du Palais, nous avons l’occasion de constater une forte influence d’hommes presque statiques. A peine approchiez-vous du Palais de justice, que des individus vous abordent. C’est notre cas. Le nommé Koffi N’Guessan, nous propose ses services. Nous engageons la conversation à laquelle il s’abonne avec enthousiasme, au point d’oublier le motif de notre visite. Il se lance dans un interrogatoire qui ne dit pas son nom et dont il est l’animateur principal. «Je bossais dans une boîte de la place. Comme je ne m’en sortais pas vraiment, ma sœur m’a fait venir ici dans le but de ‘’me chercher’’ » soutient-il. L’homme semble apprécier son nouveau statut. « Ici, je gagne mieux ma vie » affirme-t-il. Que son travail soit apprécié ou non, il est catégorique : « je fais ce boulot dans un premier temps, pour aider les personnes qui viennent établir leurs dossiers. Dans un second temps, c’est pour avoir quelque chose » s’est-il défendu. Pour Joël, il s’est retrouvé dans cette situation du fait de son bas niveau d’étude. « Je suis arrivé ici par moi-même. Mon niveau d’étude est bas et j’ai préféré gagner ma vie ici», explique-t-il. S’il y est arrivé par lui-même, ce n’est pas le cas pour Koffi N’Guessan dont la sœur est secrétaire au Palais à qui il doit cette fière chandelle. «Je suis arrivé ici par le biais de ma sœur qui est secrétaire dans l’un des services du Palais de justice » a rassuré le ‘’collabo’’. Comme si ce désordre orchestré ne suffisait pas, ils souhaiteraient s’ériger en syndicat, pour défendre leurs causes auprès de l’administration, afin qu’un statut leur soit accordé pour mieux exercer. Car leur milieu est pourri, et il faut le débarrasser de ses déchets, pense Koffi N’Guessan. Pendant que nous poursuivions notre entretien avec Joël, un client s’approche de nous, puis il nous laisse aussitôt pour ce dernier. Côté rémunération, ils sont tous restés dans la même fourchette. Sauf que par moment, ils font des excédents. Ils gagneraient entre 2.000F et 6.000F Cfa par jour.
Leurs entrées dans l’Administration
Devant autant d’assurances qu’affichent les collaborateurs externes, nous avons poussé notre curiosité le plus loin que possible. A l’ONI, l’agent de bureau que nous avons abordé a voulu requérir l’anonymat en se prêtant à nos questions. « Lorsque vous avez une souris dans votre maison et qu’elle vous vole votre caleçon, en quel autre lieu l’emmènera-t-elle, si ce n’est dans votre propre maison » s’est exprimé notre interlocuteur. Selon lui, ces margouillats, lézards et varans ont l’aval de certaines personnes de l’administration. Pendant que nous nous entretenions, un ‘’collabo’’, et une dame nous offrent le spectacle de facto. « C’est avec les dames de la saisie qu’ils sont en complicité. Vous avez eu l’occasion de le constater par vous- mêmes» s’est-il offusqué. « Mais le Directeur de l’Etat Civil et de l’Identification DECI a beau les chasser de là, ils reviennent toujours en dépit souvent, de l’intervention de la police » a-t-il révélé. Ces jeunes, selon ses propres termes, sont des ‘’voyous’’ tout simplement.
Avis partagés des populations
Pour les populations, les avis sont mitigés. Du point de vue de ce jeune répondant au nom de Kouassi Alphonse, ils représentent un mal nécessaire. « Nous autres, on a pas le temps de faire la queue devant un bureau et leurs interventions nous sont utiles. Souvent, c’est pour faire des retraits d’argent. Il y en a qui viennent établir leurs pièces, à la veille d’un voyage » a-t-il dit. Dally Isidore quant à lui, ne semble pas partager ce point de vue. Pour ce sexagénaire, il faut mettre de l’ordre devant les bureaux. « C’est inadmissible. Des vieux comme nous, les petits enfants essaient de jouer avec nous. Il faut que l’Etat les chasse de devant les bureaux » a tranché notre “papa“. Mais le mal est plus que réel et représente la carie des os de notre administration. Ils vendent des timbres, stickers et autres pièces administratives pendant que ces choses manquent dans les bureaux
A.Dedi
Pour se procurer une attestation d’identité à l’ONI (Office National d’Identification), il vous faudra attendre au minimum cinq jours. Au tribunal de Première Instance du Plateau, vous en avez pour deux à trois semaines, pour le certificat de nationalité. Mais avec ‘’les collaborateurs externes’’, les choses vont plus vite. Il est 15 heures, lorsque notre équipe arrive devant les locaux de l’ONI au Plateau. Nous abordons un jeune de la trempe des ‘’colabo’’auprès de qui nous nous renseignons. Il se prénomme Camara Bakary dit Backus. Après nous avoir instruits sur les pièces administratives à fournir pour s’établir une attestation d’identité, il nous renseigna sur le prix à payer. « L’attestation se fait à 1150F Cfa. Mais dans ce cas, vous attendrez cinq à six jours. Or avec moi, vous pouvez entrer en possession de votre pièce demain» fait-il savoir. Et pour cela, combien devrions-nous payer ? Lui avions-nous demandé. « 3150F Cfa. Les 1150 sont pour la caisse, et les deux milles je les ‘’gère’’ avec ma ‘’vieille mère’’ » a-t-il dit. Nous feignions d’être énormément dans le besoin. Donc, nous lui proposons de nous rendre l’acte dans un bref délai. Il marqua une pause avant de reprendre de plus belle. « Il est quelle heure ? » nous demanda t-il. Il était environ 15 heures 30 mn. « Bon, je vais appeler ‘’ma vieille mère’’, si elle me dit que c’est possible, alors il n’y a pas de problème », a-t-il renchéri. En ce moment, nous l’interrompions pour lui faire comprendre que la concernée elle-même était à la maison et que notre présence s’explique par le fait que nous voudrions des informations pour elle, vu l’urgence que cela revêt. « Elle est élève ? », a t-il interrogé. « Non », avons-nous répondu. « Aujourd’hui, la priorité est accordée aux élèves à cause de leur examen» avertit-il. C’était le mardi 6 juillet 2010, à la veille des épreuves du CEPE et du BEPC. On simule alors un coup de fil, le temps pour nous de nous dissimuler parmi les nombreux visiteurs. Mais avant, il a le temps de nous prévenir de ce qu’il se trouve en leur sein, des ‘’margouillats’’, ‘’lézards’’ ainsi que des ‘’varans’’. Alors, vigilance. Cette dernière information, aiguisa notre curiosité. Nous voudrions en savoir davantage sur ces différentes appellations. Non loin de là, un autre « collabo » se pointe devant nous. Il se prénomme Maguy. C’est avec ce dernier que nous obtiendrons satisfaction à nos préoccupations. Avec lui, nous procédons de la même manière qu’avec son prédécesseur. Nous l’interpellons sur les appellations auxquelles nous étions entrain de nous familiariser. Maguy nous apprend avec beaucoup de sang froid qu’il est lui-même un ‘’margouillat’’. C’est alors qu’il nous fait comprendre ceci « c’est de la magouille que nous faisons en fait. Voilà pourquoi nous nous faisons appeler de la sorte». Pour ce qui est des lézards et varans, voici sa définition : « comme leur nom le dit, ils lézardent les murs. Ils arrachent nos clients et ils sont très mobiles. Ils entrent là ou il ne faut pas. A côté d’eux, il ya les varans. C’est l’espèce la plus dangereuse parmi nous. Ils interceptent tout le monde et arrachent les clients des autres. Ce sont des ‘’croqueurs’’ de clients », explique-t-il. Selon Maguy, l’espèce à laquelle il appartient est de loin la plus honnête. Il reconnaît qu’il existe parmi eux des brebis galeuses, en témoignent les varans. « Souvent quand ils prennent votre argent, ils vous font croire que vos aurez vous papiers dans un bref délai, alors qu’ils l’ont tout simplement fait passer par le circuit normal. Du coup, vous qui étiez pressé, seriez obligés d’attendre cinq, voir six jours, avant d’entrer en possession de votre acte administratif. Ce sont en fait des bricoleurs. Avec eux, ça peut marcher comme ça peut pas l’être » conclura-t-il. A quelques centimètres de là, nous apercevons un autre ‘’collabo’’ que nous abordons. L’homme s’appellerait Eto Fabrice. Un autre ‘’margouillat’’. Il en est même fier. Seulement, il dit ne pas être comme certains autres ‘’lézards’’ et ‘’varans’’, qui eux, donnent des numéros non actifs à leurs clients. « Ceux-là, ce sont de vrais arnaqueurs. Une fois qu’ils s’approprient votre dossier et qu’ils entrent en possession de l’argent, ils disparaissent sans laisser de trace d’eux », nous a-t-il dit. Pour ce dernier, sa rémunération s’élève à 3500F y compris les frais de dossiers. Il fait même des révélations sur la répartition de l’argent. 1500F Cfa pour l’administration au lieu de 1150F et les deux milles francs lui reviennent. Nous jouons également le jeu avec cet ultime ‘’collabo’’. Si nous n’avions pu rencontrer de lézards ni de varans, il n’en demeure pas moins qu’à entendre leurs compagnons, ils seraient des persona non grata. A quelques encablures de là, notre curiosité est mise en branle par le scénario, objet de notre enquête. Nous mettons donc, le cap sur le Tribunal de Première Instance. Là, nous rencontrons un jeune gérant de cabine cellulaire. Marc, travaillerait pour une dame qui se trouverait au greffe. Il se charge selon ses dires, de lui trouver de potentiels clients. Après nous avoir instruits sur les pièces à fournir pour l’établissement d’un certificat de nationalité, il nous a aussi rassurés sur la célérité et la crédibilité du réseau auquel il appartient. « Avec 4000F Cfa, vous avez le certificat de nationalité en 3 jours. Avec 5000F Cfa, vous l’avez le même jour », nous a-t-il dit confiant.
D’autres sites
les abritent
Les « collabos » ne sont pas qu’en ces deux lieux seulement. Vous les trouverez devant la fonction publique au Plateau, à la Deco (Direction des Examens et Concours) ainsi qu’au palais de justice de Yopougon. Certaines mairies du district d’Abidjan sont aussi les cibles de ces rapaces. Où qu’ils soient, ils opèrent tous et toujours de la même manière. A Yopougon, au Palais de Justice, le décor est toujours le même. Devant les locaux du Palais, nous avons l’occasion de constater une forte influence d’hommes presque statiques. A peine approchiez-vous du Palais de justice, que des individus vous abordent. C’est notre cas. Le nommé Koffi N’Guessan, nous propose ses services. Nous engageons la conversation à laquelle il s’abonne avec enthousiasme, au point d’oublier le motif de notre visite. Il se lance dans un interrogatoire qui ne dit pas son nom et dont il est l’animateur principal. «Je bossais dans une boîte de la place. Comme je ne m’en sortais pas vraiment, ma sœur m’a fait venir ici dans le but de ‘’me chercher’’ » soutient-il. L’homme semble apprécier son nouveau statut. « Ici, je gagne mieux ma vie » affirme-t-il. Que son travail soit apprécié ou non, il est catégorique : « je fais ce boulot dans un premier temps, pour aider les personnes qui viennent établir leurs dossiers. Dans un second temps, c’est pour avoir quelque chose » s’est-il défendu. Pour Joël, il s’est retrouvé dans cette situation du fait de son bas niveau d’étude. « Je suis arrivé ici par moi-même. Mon niveau d’étude est bas et j’ai préféré gagner ma vie ici», explique-t-il. S’il y est arrivé par lui-même, ce n’est pas le cas pour Koffi N’Guessan dont la sœur est secrétaire au Palais à qui il doit cette fière chandelle. «Je suis arrivé ici par le biais de ma sœur qui est secrétaire dans l’un des services du Palais de justice » a rassuré le ‘’collabo’’. Comme si ce désordre orchestré ne suffisait pas, ils souhaiteraient s’ériger en syndicat, pour défendre leurs causes auprès de l’administration, afin qu’un statut leur soit accordé pour mieux exercer. Car leur milieu est pourri, et il faut le débarrasser de ses déchets, pense Koffi N’Guessan. Pendant que nous poursuivions notre entretien avec Joël, un client s’approche de nous, puis il nous laisse aussitôt pour ce dernier. Côté rémunération, ils sont tous restés dans la même fourchette. Sauf que par moment, ils font des excédents. Ils gagneraient entre 2.000F et 6.000F Cfa par jour.
Leurs entrées dans l’Administration
Devant autant d’assurances qu’affichent les collaborateurs externes, nous avons poussé notre curiosité le plus loin que possible. A l’ONI, l’agent de bureau que nous avons abordé a voulu requérir l’anonymat en se prêtant à nos questions. « Lorsque vous avez une souris dans votre maison et qu’elle vous vole votre caleçon, en quel autre lieu l’emmènera-t-elle, si ce n’est dans votre propre maison » s’est exprimé notre interlocuteur. Selon lui, ces margouillats, lézards et varans ont l’aval de certaines personnes de l’administration. Pendant que nous nous entretenions, un ‘’collabo’’, et une dame nous offrent le spectacle de facto. « C’est avec les dames de la saisie qu’ils sont en complicité. Vous avez eu l’occasion de le constater par vous- mêmes» s’est-il offusqué. « Mais le Directeur de l’Etat Civil et de l’Identification DECI a beau les chasser de là, ils reviennent toujours en dépit souvent, de l’intervention de la police » a-t-il révélé. Ces jeunes, selon ses propres termes, sont des ‘’voyous’’ tout simplement.
Avis partagés des populations
Pour les populations, les avis sont mitigés. Du point de vue de ce jeune répondant au nom de Kouassi Alphonse, ils représentent un mal nécessaire. « Nous autres, on a pas le temps de faire la queue devant un bureau et leurs interventions nous sont utiles. Souvent, c’est pour faire des retraits d’argent. Il y en a qui viennent établir leurs pièces, à la veille d’un voyage » a-t-il dit. Dally Isidore quant à lui, ne semble pas partager ce point de vue. Pour ce sexagénaire, il faut mettre de l’ordre devant les bureaux. « C’est inadmissible. Des vieux comme nous, les petits enfants essaient de jouer avec nous. Il faut que l’Etat les chasse de devant les bureaux » a tranché notre “papa“. Mais le mal est plus que réel et représente la carie des os de notre administration. Ils vendent des timbres, stickers et autres pièces administratives pendant que ces choses manquent dans les bureaux
A.Dedi