Ancien Secrétaire Général de la Section Fesci-Droit, de l’Université de Cocody et titulaire d’une Maitrise en Droit et d’une Licence en Science politique, Touho L. Arsène est auteur du livre ‘’Côte d’Ivoire, il faut sauver le soldat Fesci’’. Dans cet entretien où il dénonce la manipulation de la Fesci par certains hommes politiques, l’auteur donne les raisons qui l’ont poussé à écrire ce livre.
Que comprendre du titre de votre œuvre?
Ce titre m’a été inspiré par un film hautement célèbre qui est intitulé « Il faut sauver le soldat Ryan ». A travers ce titre, je veux démontrer que les responsables actuels de la Fesci sont à l’image d’un soldat qui a été formé pour servir la patrie et une fois au front, se retrouve captif non pas de l’ennemi, mais de ses propres supérieurs hiérarchiques. Ceux-ci le monopolisent pour amasser les butins de guerre et non pour servir la cause qui l’a amené au front. Je dis que ces responsables ont adhéré à la Fesci pour contribuer à la réalisation d’un idéal qui est de servir les intérêts des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Une fois dans le milieu estudiantin, ils se retrouvent entre les griffes des mains occultes qui les utilisent pour leurs propres causes, leurs propres missions au détriment des intérêts des élèves et étudiants. Le fesciste n’est pas forcement le bourreau qu’on l’accuse d’être. C’est surtout une victime qui s’ignore. Il faut donc le sauver.
A vous entendre, la Fesci est manipulée. Avez-vous les preuves d’une telle affirmation ?
Il ne s’agit pas de vous donner les preuves que la Fesci est manipulée. Il est plutôt question de vous faire remarquer que cela fait bien des années qu’on n’a plus vu la Fesci en mouvement pour revendiquer des solutions en ce qui concernent les problèmes de l’école. Pourtant, il ne se passe plus un débat politique en Côte d’Ivoire sans que la Fesci n’en soit un acteur. C’est cela qui fonde ceux qui la soupçonnent de se laisser manipuler par les politiques. Pourtant, il n’existe nulle part au monde un syndicat qui soit coupé de tout rapport avec le politique.
Qu’écrivez-vous dans votre livre ?
L’expérience de mon militantisme à la Fesci m’a laissé des enseignements. Je retiens que ce syndicat a un lointain passé glorieux en cela qu’il a contribué d’une part à la promotion des idées politiques pluralistes en Côte d’Ivoire et d’autre part à l’amélioration des conditions de vie et d’étude des élèves et étudiants ivoiriens. Je retiens aussi que depuis dix ans, la Fesci est devenue l’un des plus grands problèmes de l’école ivoirienne à cause de la violence dont elle fait preuve, son moyen privilégié de communication. J’ai donc décidé d’écrire cet ouvrage pour témoigner de la Fesci dans toutes ses dimensions afin de la ramener à ses engagements initiaux.
Reconnaissez-vous que la Fesci, syndicat auquel vous avez appartenu incarne la violence ?
Il serait irresponsable de ne pas reconnaitre que la Fesci est en train de maltraiter les idéaux qui ont pourvu à sa création. Mais pour tenter de trouver une solution à la violence en milieu scolaire et universitaire, il faut comprendre comment la violence a été introduite dans ce syndicat. Quand on interroge l’histoire, on se rend compte qu’à l’entame des années 90, la politique de répression à outrance des dirigeants d’alors associée aux méthodes radicales et activistes des leaders de la jeune opposition ivoirienne enseignaient sans le savoir aux étudiants que la violence est un moyen efficace pour faire passer ses opinions. A un meeting à la faculté de Droit, Karamoko Yayoro avait lâché une petite phrase à laquelle personne n’avait prêté attention mais qui annonçait ce que la Fesci allait être désormais. « A cette violence destructrice des forces de l’ordre, nous opposerons désormais une violence libératrice », avait-il indiqué. Vous comprenez donc que chacun de nous est responsable de ce que la Fesci est devenue. Il n’est donc pas juste d’accabler le Fpi seul comme on l’a souvent entendu.
Pensez-vous que le combat que vous menez, intéresse vos camarades de la Fesci qui semblent bien se plaire dans cette situation qui leur garantit apparemment bien d’acquis et une sorte de protectionnisme de la part de leurs parrains?
Je peux vous dire qu’aujourd’hui, dans les cités universitaires, sur les facultés en un mot, dans les espaces où il y a une section de la Fesci, lorsque vous rencontrez l’un de ces responsables, ils vous disent clairement mais en aparté qu’ils ont envie de se libérer du joug de ce féodalisme ambiant. Ils ont envie de militer pour l’idéal qui les a amenés à la Fesci. La plus grande question à la Fesci aujourd’hui, c’est qui sera le premier à dire publiquement « ça suffit !» sans porter de gant ni de masque. C’est cette lourde responsabilité que j’ai bien voulu prendre en écrivant ce livre avec mon identité propre. C’est pourquoi je dis que le succès de mon livre ne s’appréciera pas en nombre d’exemplaires vendus, mais en la capacité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire à avoir le courage de leurs opinions, en la capacité des fescistes d’arrêter de murmurer dans les chambres. Car c’est à cela que sert la démocratie et la liberté d’expression.
Que reprochez-vous fondamentalement à la Fesci ?
J’avoue que ces dernières années, j’ai mal de voir que mon syndicat accepte la souffrance des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. La Fesci ne pose plus les problèmes de l’école ivoirienne aux gouvernants, elle n’est même pas capable, en tant que partenaire de l’école, de proposer des solutions pour l’amélioration du système éducatif ivoirien.
N’avez-vous pas peur pour votre sécurité en publiant ce livre ?
L’histoire du monde nous enseigne que des personnes ont payé pour leurs idées et pourtant elles avaient raison. Galilée est mort des représailles des tenants de la pensée scolastique parce qu’il disait que la terre tourne autour du soleil et que le soleil se trouve au centre de l’univers. Et pourtant il avait raison. Tout près de nous : Laurent Gbagbo et son épouse Simone Ehivet ont été bastonnés le 18 novembre 1992 parce qu’ils revendiquaient le respect de la dignité de l’étudiant ivoirien. Ces exemples nous montrent qu’il y a des causes qui méritent que l’on se sacrifie. La dignité de l’étudiant ivoirien et la stabilité de l’école ivoirienne sont de celles-là. Que vaut mon intégrité physique devant la souffrance de tous ces étudiants qui ont mis leur confiance en la Fesci et qui aujourd’hui ne récolte que violences, arnaques et humiliations ? Que vaut ma vie devant celle des enfants des Ivoiriens qui quittent le domicile familial le matin et qui reviennent incomplets parce que l’un d’entre eux a été emporté par la violence fantaisiste de ses camarades? Alors oui, je souffre d’une peur terrible mais semblable à celle du Christ à la montagne des olives devant l’imminence de la crucifixion. J’ai peur parce que depuis que j’ai annoncé la sortie de mon livre, je reçois constamment des menaces de mort. On menace de s’en prendre à ma famille et à mes proches. J’attends donc impatiemment le jour où je serai trainé au campus ou à la cité rouge, car je suis déjà immunisé par la conviction qu’une étudiante ou un élève de passage s’arrêtera pour pleurer ma cause.
A qui faites-vous allusion en parlant de la pensée unique ?
Ce sont tous les anciens de la Fesci qui en sont bien conscients et qui ne disent rien parce que chacun guette la moindre occasion pour récupérer la Fesci et se positionner comme le maître de la pensée unique. Tout le monde tire aujourd’hui sur KB ( Ndlr Kouakou B…) parce que c’est lui qui en est le seigneur, encore qu’il le revendique lui-même. A cause de la dictature ambiante qui prévaut à la Fesci, certaines valeurs de la Côte d’Ivoire sont en train de mourir en silence. Je pense sommairement aux Jean Jaurès Doué, Lago Fabrice, Kézo Vrincia, Bonébo Prisca, Jean Patrick Yéhiri, Bamba Ismael etc… La Fesci est devenue un royaume dans lequel tant que tu es un guerrier vaillant aux services du prince choisi, on t’honore. Dès que tu es ambitieux, on t’élimine.
Avez-vous été vraiment menacé de mort ? N’est-ce pas là une façon de vous attirer la compassion des Ivoiriens pour faire la publicité de votre livre ?
Si vous aviez été co-auteur de ce livre avec moi, vous ne m’auriez jamais posé cette question parce que vous auriez déjà senti le souffle de quelqu’un dans votre dos. Pour votre gouverne, je vous renvoie au Procureur de la République ou au Commissaire du 8e arrondissement à qui j’ai communiqué un dossier sur la question.
Qui vous traque ?
Permettez que je ne cite pas de nom ici au risque de gêner le dispositif des autorités policières et judiciaires.
Vous écrivez un livre critique sur la Fesci, pensez-vous que vous êtes un fesciste irréprochable ou, que vous êtes crédible?
Ce ne serait pas sérieux si je dis que je suis un fesciste irréprochable. Ce serait même abuser de votre journal que de me présenter dans vos colonnes comme l’ange tout de blanc vêtu qui vient juger les autres. Le projet de ce livre m’a permis de me mettre en face de mes regrets et de mes espérances. Cependant, l’intérêt de votre question dépend de vous et de tous les Ivoiriens qui se la poseront quand ils découvriront qu’un fesciste a écrit un livre pour critiquer la Fesci.
A l’image de ce sorcier devenu chrétien, pensez-vous qu’on peut encore faire confiance à la Fesci ?
Ça dépend de ce que l’on attend d’elle. Si l’on pense que l’alternance politique par les armes et la rue seront toujours d’actualité en Côte d’Ivoire et que ces procédés constitueront l’unité de mesure qui permet d’évaluer les forces en présence, alors j’invite les leaders politiques à aller recruter leurs guerriers à la Fesci. Mais si l’on est déterminé à reconstruire ce pays, en assurant une formation qualitative à la jeunesse, il faut alors agir pour que la Fesci change. Les partis politiques pourront alors recruter à la Fesci des leaders de jeunesse et non des chefs de jeunesse. Sur ce point, j’ai été surpris lors du forum de la jeunesse pour le cinquantenaire, de constater que le Bureau National actuel de la Fesci ait agréé la recommandation qui stipule la suppression de la Fesci dans les lycées et collèges.
Pensez-vous que la Fesci doit encore exister dans les lycées et collèges ?
Je n’ai jamais dit cela car ma réflexion n’en est pas encore arrivée là. Pour le moment, je dis qu’il faut sauver le soldat Fesci. Je n’ai pas dit qu’il faut amputer le bras du soldat Fesci pour le sauver. La formation que j’ai toujours proposée peut être une solution.
Pensez-vous que la Fesci vous permettra de faire la promotion de ce livre sur le campus?
Vous savez bien que Jésus Christ n’a pas fait l’unanimité au sein des hommes bien qu’il soit venu les sauver de leurs péchés. Je ne m’attends pas à être applaudi par toute la Côte d’Ivoire. Mais, croyez-moi, ils sont les plus nombreux, les fescistes qui m’appellent et m’envoient des sms d’encouragement et de félicitations anticipées, car ils sont fatigués de vivre sous le joug de la pensée unique. A la simple annonce de la sortie de mon livre, certaines personnes ne tiennent plus dans leur canapé comme si j’étais un policier en mission ou un « komian » qui vient dévoiler des sorciers. Mais, croyez-moi, le jour de ma dédicace, je vais dévoiler ce pour quoi on m’a interdit de publier ce livre.
Avez-vous discuté de votre livre avec les anciens de la Fesci ?
On ne peut pas prétendre témoigner d’une structure vingténaire comme la Fesci et ignorer les personnes qui l’on animée hier. Lorsque j’ai achevé mon manuscrit, j’ai sollicité Martial Ahipeaud pour la préface. En plus d’avoir accepté, il s’est comporté comme un véritable directeur de thèse, en corrigeant mon texte et en y ajustant les incohérences historiques et chronologiques nécessaires. C’est le lieu de remercier aussi Damana Picass. Il sait très bien que la critique de ce livre ne l’a pas épargné parce qu’il l’a déjà lu. Mais, il n’a pas retenu les ressentiments personnels que cela pouvait provoquer. Il y a plutôt tiré la substance positive qui invite la jeunesse ivoirienne à travers la Fesci à retourner à son rôle de moteur de développement. Je lui suis reconnaissant pour son soutien à ce combat. J’ai parlé avec Karamoko Yayoro, Diarrassouba Youssouf et Guéi Paul. Pour les autres ainés, j’espère discuter avec eux quand ils le trouveront nécessaire. Je profite de cette question pour dire merci à M. Charles Konan Banny, au Président Stéphane Kipré et son épouse, au Ministre Dagobert Banzio, au Docteur Martial Ahipeaud auteur de la préface et à la Première Dame qui est la Marraine de ce livre
Réalisée par Koné Yacouba
Que comprendre du titre de votre œuvre?
Ce titre m’a été inspiré par un film hautement célèbre qui est intitulé « Il faut sauver le soldat Ryan ». A travers ce titre, je veux démontrer que les responsables actuels de la Fesci sont à l’image d’un soldat qui a été formé pour servir la patrie et une fois au front, se retrouve captif non pas de l’ennemi, mais de ses propres supérieurs hiérarchiques. Ceux-ci le monopolisent pour amasser les butins de guerre et non pour servir la cause qui l’a amené au front. Je dis que ces responsables ont adhéré à la Fesci pour contribuer à la réalisation d’un idéal qui est de servir les intérêts des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Une fois dans le milieu estudiantin, ils se retrouvent entre les griffes des mains occultes qui les utilisent pour leurs propres causes, leurs propres missions au détriment des intérêts des élèves et étudiants. Le fesciste n’est pas forcement le bourreau qu’on l’accuse d’être. C’est surtout une victime qui s’ignore. Il faut donc le sauver.
A vous entendre, la Fesci est manipulée. Avez-vous les preuves d’une telle affirmation ?
Il ne s’agit pas de vous donner les preuves que la Fesci est manipulée. Il est plutôt question de vous faire remarquer que cela fait bien des années qu’on n’a plus vu la Fesci en mouvement pour revendiquer des solutions en ce qui concernent les problèmes de l’école. Pourtant, il ne se passe plus un débat politique en Côte d’Ivoire sans que la Fesci n’en soit un acteur. C’est cela qui fonde ceux qui la soupçonnent de se laisser manipuler par les politiques. Pourtant, il n’existe nulle part au monde un syndicat qui soit coupé de tout rapport avec le politique.
Qu’écrivez-vous dans votre livre ?
L’expérience de mon militantisme à la Fesci m’a laissé des enseignements. Je retiens que ce syndicat a un lointain passé glorieux en cela qu’il a contribué d’une part à la promotion des idées politiques pluralistes en Côte d’Ivoire et d’autre part à l’amélioration des conditions de vie et d’étude des élèves et étudiants ivoiriens. Je retiens aussi que depuis dix ans, la Fesci est devenue l’un des plus grands problèmes de l’école ivoirienne à cause de la violence dont elle fait preuve, son moyen privilégié de communication. J’ai donc décidé d’écrire cet ouvrage pour témoigner de la Fesci dans toutes ses dimensions afin de la ramener à ses engagements initiaux.
Reconnaissez-vous que la Fesci, syndicat auquel vous avez appartenu incarne la violence ?
Il serait irresponsable de ne pas reconnaitre que la Fesci est en train de maltraiter les idéaux qui ont pourvu à sa création. Mais pour tenter de trouver une solution à la violence en milieu scolaire et universitaire, il faut comprendre comment la violence a été introduite dans ce syndicat. Quand on interroge l’histoire, on se rend compte qu’à l’entame des années 90, la politique de répression à outrance des dirigeants d’alors associée aux méthodes radicales et activistes des leaders de la jeune opposition ivoirienne enseignaient sans le savoir aux étudiants que la violence est un moyen efficace pour faire passer ses opinions. A un meeting à la faculté de Droit, Karamoko Yayoro avait lâché une petite phrase à laquelle personne n’avait prêté attention mais qui annonçait ce que la Fesci allait être désormais. « A cette violence destructrice des forces de l’ordre, nous opposerons désormais une violence libératrice », avait-il indiqué. Vous comprenez donc que chacun de nous est responsable de ce que la Fesci est devenue. Il n’est donc pas juste d’accabler le Fpi seul comme on l’a souvent entendu.
Pensez-vous que le combat que vous menez, intéresse vos camarades de la Fesci qui semblent bien se plaire dans cette situation qui leur garantit apparemment bien d’acquis et une sorte de protectionnisme de la part de leurs parrains?
Je peux vous dire qu’aujourd’hui, dans les cités universitaires, sur les facultés en un mot, dans les espaces où il y a une section de la Fesci, lorsque vous rencontrez l’un de ces responsables, ils vous disent clairement mais en aparté qu’ils ont envie de se libérer du joug de ce féodalisme ambiant. Ils ont envie de militer pour l’idéal qui les a amenés à la Fesci. La plus grande question à la Fesci aujourd’hui, c’est qui sera le premier à dire publiquement « ça suffit !» sans porter de gant ni de masque. C’est cette lourde responsabilité que j’ai bien voulu prendre en écrivant ce livre avec mon identité propre. C’est pourquoi je dis que le succès de mon livre ne s’appréciera pas en nombre d’exemplaires vendus, mais en la capacité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire à avoir le courage de leurs opinions, en la capacité des fescistes d’arrêter de murmurer dans les chambres. Car c’est à cela que sert la démocratie et la liberté d’expression.
Que reprochez-vous fondamentalement à la Fesci ?
J’avoue que ces dernières années, j’ai mal de voir que mon syndicat accepte la souffrance des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. La Fesci ne pose plus les problèmes de l’école ivoirienne aux gouvernants, elle n’est même pas capable, en tant que partenaire de l’école, de proposer des solutions pour l’amélioration du système éducatif ivoirien.
N’avez-vous pas peur pour votre sécurité en publiant ce livre ?
L’histoire du monde nous enseigne que des personnes ont payé pour leurs idées et pourtant elles avaient raison. Galilée est mort des représailles des tenants de la pensée scolastique parce qu’il disait que la terre tourne autour du soleil et que le soleil se trouve au centre de l’univers. Et pourtant il avait raison. Tout près de nous : Laurent Gbagbo et son épouse Simone Ehivet ont été bastonnés le 18 novembre 1992 parce qu’ils revendiquaient le respect de la dignité de l’étudiant ivoirien. Ces exemples nous montrent qu’il y a des causes qui méritent que l’on se sacrifie. La dignité de l’étudiant ivoirien et la stabilité de l’école ivoirienne sont de celles-là. Que vaut mon intégrité physique devant la souffrance de tous ces étudiants qui ont mis leur confiance en la Fesci et qui aujourd’hui ne récolte que violences, arnaques et humiliations ? Que vaut ma vie devant celle des enfants des Ivoiriens qui quittent le domicile familial le matin et qui reviennent incomplets parce que l’un d’entre eux a été emporté par la violence fantaisiste de ses camarades? Alors oui, je souffre d’une peur terrible mais semblable à celle du Christ à la montagne des olives devant l’imminence de la crucifixion. J’ai peur parce que depuis que j’ai annoncé la sortie de mon livre, je reçois constamment des menaces de mort. On menace de s’en prendre à ma famille et à mes proches. J’attends donc impatiemment le jour où je serai trainé au campus ou à la cité rouge, car je suis déjà immunisé par la conviction qu’une étudiante ou un élève de passage s’arrêtera pour pleurer ma cause.
A qui faites-vous allusion en parlant de la pensée unique ?
Ce sont tous les anciens de la Fesci qui en sont bien conscients et qui ne disent rien parce que chacun guette la moindre occasion pour récupérer la Fesci et se positionner comme le maître de la pensée unique. Tout le monde tire aujourd’hui sur KB ( Ndlr Kouakou B…) parce que c’est lui qui en est le seigneur, encore qu’il le revendique lui-même. A cause de la dictature ambiante qui prévaut à la Fesci, certaines valeurs de la Côte d’Ivoire sont en train de mourir en silence. Je pense sommairement aux Jean Jaurès Doué, Lago Fabrice, Kézo Vrincia, Bonébo Prisca, Jean Patrick Yéhiri, Bamba Ismael etc… La Fesci est devenue un royaume dans lequel tant que tu es un guerrier vaillant aux services du prince choisi, on t’honore. Dès que tu es ambitieux, on t’élimine.
Avez-vous été vraiment menacé de mort ? N’est-ce pas là une façon de vous attirer la compassion des Ivoiriens pour faire la publicité de votre livre ?
Si vous aviez été co-auteur de ce livre avec moi, vous ne m’auriez jamais posé cette question parce que vous auriez déjà senti le souffle de quelqu’un dans votre dos. Pour votre gouverne, je vous renvoie au Procureur de la République ou au Commissaire du 8e arrondissement à qui j’ai communiqué un dossier sur la question.
Qui vous traque ?
Permettez que je ne cite pas de nom ici au risque de gêner le dispositif des autorités policières et judiciaires.
Vous écrivez un livre critique sur la Fesci, pensez-vous que vous êtes un fesciste irréprochable ou, que vous êtes crédible?
Ce ne serait pas sérieux si je dis que je suis un fesciste irréprochable. Ce serait même abuser de votre journal que de me présenter dans vos colonnes comme l’ange tout de blanc vêtu qui vient juger les autres. Le projet de ce livre m’a permis de me mettre en face de mes regrets et de mes espérances. Cependant, l’intérêt de votre question dépend de vous et de tous les Ivoiriens qui se la poseront quand ils découvriront qu’un fesciste a écrit un livre pour critiquer la Fesci.
A l’image de ce sorcier devenu chrétien, pensez-vous qu’on peut encore faire confiance à la Fesci ?
Ça dépend de ce que l’on attend d’elle. Si l’on pense que l’alternance politique par les armes et la rue seront toujours d’actualité en Côte d’Ivoire et que ces procédés constitueront l’unité de mesure qui permet d’évaluer les forces en présence, alors j’invite les leaders politiques à aller recruter leurs guerriers à la Fesci. Mais si l’on est déterminé à reconstruire ce pays, en assurant une formation qualitative à la jeunesse, il faut alors agir pour que la Fesci change. Les partis politiques pourront alors recruter à la Fesci des leaders de jeunesse et non des chefs de jeunesse. Sur ce point, j’ai été surpris lors du forum de la jeunesse pour le cinquantenaire, de constater que le Bureau National actuel de la Fesci ait agréé la recommandation qui stipule la suppression de la Fesci dans les lycées et collèges.
Pensez-vous que la Fesci doit encore exister dans les lycées et collèges ?
Je n’ai jamais dit cela car ma réflexion n’en est pas encore arrivée là. Pour le moment, je dis qu’il faut sauver le soldat Fesci. Je n’ai pas dit qu’il faut amputer le bras du soldat Fesci pour le sauver. La formation que j’ai toujours proposée peut être une solution.
Pensez-vous que la Fesci vous permettra de faire la promotion de ce livre sur le campus?
Vous savez bien que Jésus Christ n’a pas fait l’unanimité au sein des hommes bien qu’il soit venu les sauver de leurs péchés. Je ne m’attends pas à être applaudi par toute la Côte d’Ivoire. Mais, croyez-moi, ils sont les plus nombreux, les fescistes qui m’appellent et m’envoient des sms d’encouragement et de félicitations anticipées, car ils sont fatigués de vivre sous le joug de la pensée unique. A la simple annonce de la sortie de mon livre, certaines personnes ne tiennent plus dans leur canapé comme si j’étais un policier en mission ou un « komian » qui vient dévoiler des sorciers. Mais, croyez-moi, le jour de ma dédicace, je vais dévoiler ce pour quoi on m’a interdit de publier ce livre.
Avez-vous discuté de votre livre avec les anciens de la Fesci ?
On ne peut pas prétendre témoigner d’une structure vingténaire comme la Fesci et ignorer les personnes qui l’on animée hier. Lorsque j’ai achevé mon manuscrit, j’ai sollicité Martial Ahipeaud pour la préface. En plus d’avoir accepté, il s’est comporté comme un véritable directeur de thèse, en corrigeant mon texte et en y ajustant les incohérences historiques et chronologiques nécessaires. C’est le lieu de remercier aussi Damana Picass. Il sait très bien que la critique de ce livre ne l’a pas épargné parce qu’il l’a déjà lu. Mais, il n’a pas retenu les ressentiments personnels que cela pouvait provoquer. Il y a plutôt tiré la substance positive qui invite la jeunesse ivoirienne à travers la Fesci à retourner à son rôle de moteur de développement. Je lui suis reconnaissant pour son soutien à ce combat. J’ai parlé avec Karamoko Yayoro, Diarrassouba Youssouf et Guéi Paul. Pour les autres ainés, j’espère discuter avec eux quand ils le trouveront nécessaire. Je profite de cette question pour dire merci à M. Charles Konan Banny, au Président Stéphane Kipré et son épouse, au Ministre Dagobert Banzio, au Docteur Martial Ahipeaud auteur de la préface et à la Première Dame qui est la Marraine de ce livre
Réalisée par Koné Yacouba