L’heure est au champagne. Les cérémonies d’’arrosages des nouveaux galons se poursuivent mais, ne se ressemblent pas. Même les maisons de Dieu ont ouvert grandement leurs portes. Après une messe (pour savourer les nouvelles promotions) dans une paroisse de l’Eglise méthodiste, le chef suprême «himself» - entendez Gbagbo – a arrosé les quatre étoiles du désormais Général de corps d’Armée, Philippe Mangou. Mais au-delà de la jouissance, posons-nous cette question: «Où va l’Armée Ivoirienne?».Une problématique qui triture les esprits des spécialistes des questions militaires, surtout ceux qui s’intéressent aux Armées africaines. Le joli cadeau du cinquantenaire de Laurent Gbagbo, chef suprême des Armées à des Généraux et officiers supérieurs, a relancé le débat sur les avancements et les promotions dans l’Armée ivoirienne. Comment et pourquoi un militaire est-il avancé? Le 7août 2010, les nouvellement promus avaient fière allure. Comment pouvait-il en être autrement ? Leur loyauté et leur dévouement pour la personne de Laurent Gbagbo venaient d’être reconnus. Les généraux de division Philippe Mangou et Edouard Kassaraté Tiapé, respectivement chef d’Etat-major des Armées, et commandant supérieur de la Gendarmerie nationale sont élevés au grade de généraux de corps d’Armée. Quand les Généraux de brigade Vagba Faussignaux (Commandant de la Marine nationale), Aka Kadjo Marc (Commandant des Forces aériennes) et Guiai Bi Poin Georges (Commandant Cecos), deviennent des Généraux de division. Sans surprise, les colonels majors Détoh Letho Firmin (commandant Forces terrestres), Dogbo Blé Bruno (Commandant Garde Républicaine et Commandant Militaire du Palais), Alla Kassi (Etat-major des Armées), Touré Sékou (commandant EFA de Zambakro) et Kouakou Kouadio Nicolas (commandant CCI) montent Généraux de brigade. 10 autres colonels ont été promus colonel major.
«Des bienheureux du coup du 19 septembre 2002. A l’extérieur, les gens rient de nous», a réagi un Général à la retraite, dépité par ce qui ressemble à du copinage, à tout sauf à ce qui devrait être l’épine dorsale d’une Armée républicaine. Laurent Gbagbo lui-même a fait le constat d’échec de son Armée face à une «rébellion de caporaux et de sergents». «Nous n’avons pas gagné la guerre», n’a-t-il cessé de clamer. Pourquoi des officiers qui ont perdu la bataille, croulent-ils sous le poids des promotions?
La République des généraux
Bien malin qui pourra être en mesure de donner une réponse prompte et exacte au nombre de généraux que compte ce pays. La liste que nous dressons en annexe laisse transparaître 24 généraux (Fanci, Gendarmerie et Police nationale) et certainement environ une vingtaine
de colonels majors. Pour une population estimée aujourd’hui à 16 millions d’habitants, cela étonne. Si les généraux contraints à la retraite devraient s’y ajouter, la liste donnerait des migraines. Car les étoiles ont fleuri comme
des champignons. Sur le blog www.fanci.canalblog.com, dédié aux Forces de défense et de sécurité, des chiffres pas loin de la réalité donnent une idée des effectifs en 2004: 17 000 hommes (armée de terre, air et mer) dont 7600 gendarmes. Six ans après, les chiffres ont connu un pic. Les informations recoupées çà et là donnent à peu près ceci: Armée (Terre, Mer et Air): 17 500 hommes; Gendarmerie: 15 000 hommes et la Police nationale 17 000 hommes. C’est dire qu’aujourd’hui les animateurs de l’outil de défense nationale n’excèdent pas 50.000 hommes. Selon le standard international, un Général de corps d’Armée commande 2 à 3 divisions (soit 15000 x 2 ou X 3); un Général de brigade, une division (15000 hommes), un général de brigade, 2 à 3 brigades (soit 6000 x2 ou X3), un colonel, un régiment
c’est-à-dire 2 à 4 bataillons ( 1 bataillon = 500 à 600 hommes), etc.
Les généraux de corps d’Armée, Philippe Mangou et Kassaraté Tiapé Edouard devraient avoir chacun sous sa coupe 30 à 45 000 hommes. Le critère de hauts faits d’arme et des statistiques ne tenant donc pas la route, il ne reste que le critère politique. Bien à propos, des collaborateurs de ces Généraux soutiennent que le grade de Général est éminemment politique. Voici la porte ouverte à tous les abus. Denrée rare sous Félix Houphouët-Boigny, les refondateurs ont réussi la prouesse de tuer au sein des populations civiles le mythe du Général. Les étoiles et autres barrettes distribuées à tour de bras confèrent à la Côte d’Ivoire le statut aux relents péjoratifs de pays doté d’une Armée Mexicaine (au sens second du terme), avec une cohorte de chefs et surtout une poignée d’exécutants.
«A la Police nationale, des Commissaires iront à la retraite sans avoir commandé. Bientôt, ce sont les officiers qui iront sur les routes pour le contrôle de routine», nous confiait un Contrôleur général maintenant loin du cercle de décision.
Le ministre Bertin Kadet, Conseiller spécial du chef de l’Etat en charge de la Défense et des équipements militaires a été tenté de se convaincre à travers une
déclaration remise à la presse sur les décrets pris le 03 août 2010 par Laurent Gbagbo. Ce qui se présentait comme une mise au point est apparue telle une colère mal dissimilée. Son texte transpire le manque de sérénité. N’a-t-on pas coutume de dire: qui s’excuse s’accuse? Alors que personne ne s’était encore prononcé sur la distribution des grades que «monsieur le ministre de la Défense de Gbagbo» rue dans les brancards. Il n’avait pas eu tort car le mal est profond.
Coulibaly Brahima
«Des bienheureux du coup du 19 septembre 2002. A l’extérieur, les gens rient de nous», a réagi un Général à la retraite, dépité par ce qui ressemble à du copinage, à tout sauf à ce qui devrait être l’épine dorsale d’une Armée républicaine. Laurent Gbagbo lui-même a fait le constat d’échec de son Armée face à une «rébellion de caporaux et de sergents». «Nous n’avons pas gagné la guerre», n’a-t-il cessé de clamer. Pourquoi des officiers qui ont perdu la bataille, croulent-ils sous le poids des promotions?
La République des généraux
Bien malin qui pourra être en mesure de donner une réponse prompte et exacte au nombre de généraux que compte ce pays. La liste que nous dressons en annexe laisse transparaître 24 généraux (Fanci, Gendarmerie et Police nationale) et certainement environ une vingtaine
de colonels majors. Pour une population estimée aujourd’hui à 16 millions d’habitants, cela étonne. Si les généraux contraints à la retraite devraient s’y ajouter, la liste donnerait des migraines. Car les étoiles ont fleuri comme
des champignons. Sur le blog www.fanci.canalblog.com, dédié aux Forces de défense et de sécurité, des chiffres pas loin de la réalité donnent une idée des effectifs en 2004: 17 000 hommes (armée de terre, air et mer) dont 7600 gendarmes. Six ans après, les chiffres ont connu un pic. Les informations recoupées çà et là donnent à peu près ceci: Armée (Terre, Mer et Air): 17 500 hommes; Gendarmerie: 15 000 hommes et la Police nationale 17 000 hommes. C’est dire qu’aujourd’hui les animateurs de l’outil de défense nationale n’excèdent pas 50.000 hommes. Selon le standard international, un Général de corps d’Armée commande 2 à 3 divisions (soit 15000 x 2 ou X 3); un Général de brigade, une division (15000 hommes), un général de brigade, 2 à 3 brigades (soit 6000 x2 ou X3), un colonel, un régiment
c’est-à-dire 2 à 4 bataillons ( 1 bataillon = 500 à 600 hommes), etc.
Les généraux de corps d’Armée, Philippe Mangou et Kassaraté Tiapé Edouard devraient avoir chacun sous sa coupe 30 à 45 000 hommes. Le critère de hauts faits d’arme et des statistiques ne tenant donc pas la route, il ne reste que le critère politique. Bien à propos, des collaborateurs de ces Généraux soutiennent que le grade de Général est éminemment politique. Voici la porte ouverte à tous les abus. Denrée rare sous Félix Houphouët-Boigny, les refondateurs ont réussi la prouesse de tuer au sein des populations civiles le mythe du Général. Les étoiles et autres barrettes distribuées à tour de bras confèrent à la Côte d’Ivoire le statut aux relents péjoratifs de pays doté d’une Armée Mexicaine (au sens second du terme), avec une cohorte de chefs et surtout une poignée d’exécutants.
«A la Police nationale, des Commissaires iront à la retraite sans avoir commandé. Bientôt, ce sont les officiers qui iront sur les routes pour le contrôle de routine», nous confiait un Contrôleur général maintenant loin du cercle de décision.
Le ministre Bertin Kadet, Conseiller spécial du chef de l’Etat en charge de la Défense et des équipements militaires a été tenté de se convaincre à travers une
déclaration remise à la presse sur les décrets pris le 03 août 2010 par Laurent Gbagbo. Ce qui se présentait comme une mise au point est apparue telle une colère mal dissimilée. Son texte transpire le manque de sérénité. N’a-t-on pas coutume de dire: qui s’excuse s’accuse? Alors que personne ne s’était encore prononcé sur la distribution des grades que «monsieur le ministre de la Défense de Gbagbo» rue dans les brancards. Il n’avait pas eu tort car le mal est profond.
Coulibaly Brahima