Le vent frais qui souffle sur Abidjan ce 18 juillet est un signe. Celui que nous allons rencontrer ce jour est d’un tempérament similaire. La fraîcheur ambiante n’enlève rien à l’ambiance de tous les jours. Au premier étage de l’immeuble qui abrite le commissariat de police du 4ème arrondissement à Treichville, se trouve au bout du couloir, le bureau du patron des lieux. Après quelques minutes d’attente au secrétariat, une dame, le sergent Foua Lou, nous ouvre une porte. A peine franchissons-nous le seuil qu’une voix rassurante et pleine d’énergie nous répond : «Aléekoum Salam». Autrement dit : «Que la paix de Dieu soit sur vous». L’homme, de teint clair et d’une taille d’environ 1,70m, invite l’équipe de reportage à prendre place juste en face de lui. Notre interlocuteur n’est autre que le commissaire Bamba Souhaliho. D’entrée de jeu, il tient à faire la précision sur son prénom. «Je porte le nom du prophète Souhaliho. Il a été envoyé par Dieu vers le peuple Samud. Mon père m’a donné ce nom en connaissance de cause», affirme-t-il, sourire aux lèvres. Vêtu d’un ample boubou de couleur blanche et coiffé d’un bonnet blanc, le chef de service du commissariat du 4ème arrondissement explique que sa carrière dans le métier des armes a débuté en 1987 quand il était dans l’armée avec le grade d’aspirant. Selon lui, le décès de son père-Mamadou Bamba, ex-directeur d’école puis conseiller pédagogique à Sinfra- marque un tournant décisif dans sa prise de conscience spirituelle. «J’ai été affecté par la mort de mon père. C’était un monsieur dynamique. On l’appelait par le sobriquet d’Henry Kissinger, le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères. Mais quand j’ai vu cet homme si vivace qui ne pouvait plus rien faire, inanimé ; alors cela m’a donné à réfléchir sur la vie. Surtout sur le sens que nous devons donner à la vie. Si nous devons tous mourir, alors il est temps que nous nous confions à Dieu», nous conseille le policier, père de quatre enfants dont trois filles. Deux ans avant la disparition de son père, commissaire Bamba Souhaliho alias Pédro passe haut la main le concours des officiers de police. «Dans l’armée, on était encasernés. J’ai aimé la police car je suis un homme de contact. Nous devons créer un climat de confiance avec la population. Les missions de la police sont si nobles qu’elles ne doivent pas être ternies par le fléau du racket. Je condamne cela et partout où je suis passé, j’ai toujours mis en garde mes éléments. Celui qui m’envoie un franc, je le mets au trou. Nous devons lutter contre ce phénomène qui gangrène la Police nationale», nous dit-il, convaincu que la pratique du racket par des agents est réelle et qu’à défaut de l’éradiquer, l’on peut la réduire au maximum. Mais comment ? Le commissaire Bamba pense que l’encadrement religieux est un moyen efficace. Sur son bureau, un objet d’art sculpté en ivoire porte des inscriptions tirées du coran, le livre saint des musulmans. En plus de sa qualité de commissaire de police, Pédro a été élu président, il y a deux ans, de la communauté musulmane de la Police nationale. A ce titre, il croit fermement en la formation et l’encadrement spirituels des policiers afin que ceux-ci tournent le dos au racket et autres pratiques peu honorables qui avilissent l’image des forces de défense et de sécurité et en particulier la Police nationale. «Il faut mettre Dieu au devant de toute chose. Bien faire son travail, sans rien attendre en retour. C’est un acte d’adoration de Dieu. Nous voulons donner le goût de l’islam aux policiers. Il s’agit d’inculquer les valeurs de vertu et de forger la conscience morale et spirituelle de nos agents. Nous sommes conscients des obstacles. Mais avec l’aide de Dieu, nous y parviendrons», se remotive El hadj Bamba Souhaliho. Il a fait deux fois le pèlerinage à La Mecque (2007 et 2008).
Dieu est ma passion
Lors de nos échanges, il n’hésite pas à montrer quelques photos prises lors de ces périples en terre sainte de l’Islam. Pour se rendre compte de la dévotion de cet homme à Dieu, il suffit de jeter un coup d’œil au salon de son bureau, où il reste de 6h30 à 20h. Le salon est divisé en deux. A gauche, se trouve une enseigne coranique rivée au mur et l’une de ses photos où il apparaît en boubou blanc. A droite, selon les propos du commissaire Bamba, l’on a tout ce qui concerne la vie mondaine. «Mon bureau est scindé en deux. Il y a le côté spirituel avec tout ce qui l’incarne et vous avez l’autre côté avec les artifices de ce bas monde», s’empresse de préciser celui qui a une aversion pour le racket. Il assure qu’il dirige une communauté de plus de deux cents adhérents qui se réunissent tous les mardis pour parler de la vie et de la pratique de la foi islamique. Le commissaire Bamba dit ne pas badiner avec la formation spirituelle de sa progéniture. Chaque année, affirme-t-il, toute sa famille suit des cours coraniques à Anyama.
Pas un franc du racket
C’est à juste titre que ce fils d’enseignant remercie «son Créateur » de lui avoir donné une épouse «musulmane» qui a «la crainte» de Dieu. «J’ai eu la chance d’avoir une femme musulmane. En tant que père de famille, je ne fais qu’achever l’éducation intellectuelle, morale et spirituelle de nos quatre enfants. Je signale que ma femme est baoulé. Cela n’a pas empêché qu’elle embrasse ma religion. C’est une grâce de Dieu», répète le pratiquant de tækwondo, ceinture rouge. Il a aussi tapé dans le ballon rond lorsqu’il était encore au lycée de Béoumi. Bamba Souhaliho était milieu offensif et admirait le talent de Jean Tigana. Son épouse qu’il a rencontrée dans le bus N°75 à Abobo(Samaké) en 1986, alors qu’il était élève à l’Efa, connaît les mets qui peuvent faire saliver le policier imam. «J’adore manger le foutou banane surtout accompagné de la sauce graine. J’aime aussi le placali sans oublier le tôho. Tout ceci est accompagné de la bouillie, soit de mil, soit de mais», nous confie-t-il. La fine pluie qui tombe, continue de faire baisser la température en cette journée du ramadan. «C’est une grâce de Dieu», lance notre interlocuteur qui nous raccompagne à la sortie de son secrétariat. Nous avons le temps de parlementer avec l’adjudant-chef Koné en l’absence des deux autres secrétaires du commissaire (le sergent chef Foua Lou et le sergent N’guessan Aya). De l’avis de l’adjudant-chef, son patron est irréprochable dans la mesure où malgré son statut d’autorité, il respecte tous ses collaborateurs. L’entretien prend fin comme il avait débuté. «Assalamou Allékoum».
Bahi K.
Dieu est ma passion
Lors de nos échanges, il n’hésite pas à montrer quelques photos prises lors de ces périples en terre sainte de l’Islam. Pour se rendre compte de la dévotion de cet homme à Dieu, il suffit de jeter un coup d’œil au salon de son bureau, où il reste de 6h30 à 20h. Le salon est divisé en deux. A gauche, se trouve une enseigne coranique rivée au mur et l’une de ses photos où il apparaît en boubou blanc. A droite, selon les propos du commissaire Bamba, l’on a tout ce qui concerne la vie mondaine. «Mon bureau est scindé en deux. Il y a le côté spirituel avec tout ce qui l’incarne et vous avez l’autre côté avec les artifices de ce bas monde», s’empresse de préciser celui qui a une aversion pour le racket. Il assure qu’il dirige une communauté de plus de deux cents adhérents qui se réunissent tous les mardis pour parler de la vie et de la pratique de la foi islamique. Le commissaire Bamba dit ne pas badiner avec la formation spirituelle de sa progéniture. Chaque année, affirme-t-il, toute sa famille suit des cours coraniques à Anyama.
Pas un franc du racket
C’est à juste titre que ce fils d’enseignant remercie «son Créateur » de lui avoir donné une épouse «musulmane» qui a «la crainte» de Dieu. «J’ai eu la chance d’avoir une femme musulmane. En tant que père de famille, je ne fais qu’achever l’éducation intellectuelle, morale et spirituelle de nos quatre enfants. Je signale que ma femme est baoulé. Cela n’a pas empêché qu’elle embrasse ma religion. C’est une grâce de Dieu», répète le pratiquant de tækwondo, ceinture rouge. Il a aussi tapé dans le ballon rond lorsqu’il était encore au lycée de Béoumi. Bamba Souhaliho était milieu offensif et admirait le talent de Jean Tigana. Son épouse qu’il a rencontrée dans le bus N°75 à Abobo(Samaké) en 1986, alors qu’il était élève à l’Efa, connaît les mets qui peuvent faire saliver le policier imam. «J’adore manger le foutou banane surtout accompagné de la sauce graine. J’aime aussi le placali sans oublier le tôho. Tout ceci est accompagné de la bouillie, soit de mil, soit de mais», nous confie-t-il. La fine pluie qui tombe, continue de faire baisser la température en cette journée du ramadan. «C’est une grâce de Dieu», lance notre interlocuteur qui nous raccompagne à la sortie de son secrétariat. Nous avons le temps de parlementer avec l’adjudant-chef Koné en l’absence des deux autres secrétaires du commissaire (le sergent chef Foua Lou et le sergent N’guessan Aya). De l’avis de l’adjudant-chef, son patron est irréprochable dans la mesure où malgré son statut d’autorité, il respecte tous ses collaborateurs. L’entretien prend fin comme il avait débuté. «Assalamou Allékoum».
Bahi K.