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Art et Culture Publié le jeudi 26 août 2010 | Le Mandat

Dossier/Le batik africain : Histoire d’un tissu de décoration

La réalisation d’un batik nécessite la maîtrise d’un savoir-faire enseigné par un maître batikié. Lorsque cette maîtrise est totale, et que cette technique est associée à une démarche de création artistique de la part de son auteur, le résultat final est souvent étonnant. Nous pouvons alors parler d’œuvre à part entière, au même titre que celles d’un artiste peintre utilisant des supports plus classiques. C’est cette adéquation entre technique artisanale et expression personnelle de son créateur qui nous a conduit à la qualification de batiks d’art.

L’origine du batik africain

Le terme de batik est d’origine indonésienne et signifie « ce qui se dessine, se peint, s’écrit ». Le batik n’est qu’une technique, parmi tant d’autres, d’utilisation des couleurs et de leur fixation sur un support. En fonction des périodes et des lieux, les techniques sont différentes. Le batik trouverait ses origines en Egypte, 2000 ans avant notre ère. Par la suite, le batik se serait propagé sur le continent africain, à partir de l’Afrique de l’Ouest, grâce aux soninkés du Sénégal, qui maîtrisaient déjà la technique dite de la réserve, fondement même du batik.

La technique de fabrication

La première étape consiste à choisir le tissu adéquat : un tissu 100% coton, de préférence blanc. L'artiste va tout d'abord dessiner sur le tissu, le motif choisi, au crayon à papier ou au stylo à bille. Une fois le dessin terminé, il va travailler les contours du dessin au "petit pinceau" : à l'aide d'un réchaud et de la cire, il récupère la cire chaude pour l'appliquer sur les contours du dessin. Cette opération permettra de les préserver lors de la première teinture de la toile. De la même façon, le travail de "la surface" consiste à doubler les contours du dessin en cire ainsi que certaines zones de la toile afin de donner des effets de surface à certains fonds : "les cracks". On obtiendra alors après teinture et lavage, des sortes de craquelures dans les zones ainsi travaillées. Ce travail s'effectue avec de la cire recyclée d'une ancienne toile, après lavage à l'eau chaude. Les parties que l'on désire conserver en blanc sont alors recouvertes de deux couches de cire sur les deux faces afin de ne pas être imprégnées par le bain de teinture. Avec un pinceau plus épais, l'artiste va ensuite brosser la toile sur certaines parties pour les protéger de la teinture. De cette façon, il va différencier les parties du corps d'un personnage, donner du relief à un animal, etc. Certaines teintes peuvent être appliquées directement au pinceau, sans passer par la phase de trempage. Il s'agit de colorier de petites parties du batik, les herbes, les feuillages. Cette coloration peut se faire pour les teintes verte et violette. Les parties teintées à la main sont recouvertes de cire deux fois, afin de les préserver lors de la phase de trempage dans les bains de couleurs. A l'issue de ces premières opérations, une première teinture est réalisée. Dans une bassine d'eau chaude, à l'aide de poudres chimiques (en provenance de Guinée pour la plupart) mélangées à de la soude caustique et de l'hydrosulfate de soude on réalise un bain de couleur concentré. Ce mélange empêchera la toile de déteindre et permettra de préserver les couleurs lors des différents lavages. La couleur ainsi obtenue est diluée dans de l'eau froide, ce qui permet de choisir le degré de coloration. Il ne reste plus qu'à y tremper le tissu. Après séchage, on obtient une toile avec une couleur uniforme qui s'est déposée aux endroits non protégés par la cire.

Mieux choisir les couleurs

Les premières couleurs choisies sont toujours les plus claires, pour permettre aux couleurs suivantes de "rentrer dans la toile". La technique du Batik impose de ne pas utiliser trop de couleurs radicalement différentes. Elle joue plutôt sur des différences d'intensité. Avant la seconde teinture, pour donner des effets au fond de la toile, on peut casser la cire à certains endroits. Suivant la complexité recherchée, on peut faire jusqu'à trois trempages dans des couleurs différentes. Chaque étape de trempage dans la couleur est précédée d'une étape durant laquelle ont recouvre de cire les parties nouvellement teintées afin de protéger la couleur obtenue du trempage suivant. Pour enlever la cire, la toile est plongée dans une grande barrique d'eau chaude.

Les toiles de Korhogo

Travail traditionnel de l'ethnie sénoufo de la ville de Korhogo et plus particulièrement du village de Fakaha, les toiles de Korhogo sont peintes avec des teintes naturelles sur des bandes de coton cousues. Comme nous le constatons, les Sénoufo ont épousé le batik venu d’Egypte et ont fait sien, cet art. Seulement qu’ils utilisent des teintures végétales comme l’indigo ou la kola. Ce genre d’artisanat introduit en Côte d’Ivoire grâce à ce peuple, est beaucoup prisé par les touristes venus de l’occident. On en trouve exposé à l’Hôtel président de Yamoussoukro, également sur la route de Bassam et dans bien d’autres régions.

Adèle Kouadio
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