x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 30 août 2010 | Le Patriote

Pourquoi il faut craindre le pire pour la Côte d’Ivoire

© Le Patriote Par DR
Politique nationale - Laurent Koudou Gbagbo, président de la République de Côte d`Ivoire
Le chef de l’Etat s’est une fois encore illustré de la plus mauvaise des manières. Vendredi, au cours de l’inauguration du siège de la troisième Compagnie républicaine de sécurité à Divo, Laurent Gbagbo a tenu des propos très graves dont les conséquences risquent encore d’endeuiller de nombreuses familles les jours à venir. Si les propos tenus par le candidat du FPI ne sont pas un appel ouvert au meurtre, ils ne ressemblent pas moins à un blanc seing pour tuer, délivré aux policiers ivoiriens qui, on le sait, ont déjà la gâchette facile. « Nous demandons à la CRS de mater tous ceux qui sont contre la République. Vous avez pour ennemis, je dis bien ennemis et non adversaires, tous ceux qui sont contre la République et la paix. Vous avez pour ennemis tous ceux qui veulent troubler les élections en Côte d’Ivoire », a recommandé Laurent Gbagbo. Les termes utilisés par le chef de l’Etat ne souffrent d’aucune ambiguïté. Il demande aux policiers de « mater ». Ce qui veut dire faire usage des armes payées par le contribuable ivoirien. Et de le faire contre « tous ceux qui sont contre la République et la paix ». Mais de quelle « République » parle Laurent Gbagbo ? De « sa République » où tous ceux qui ne pensent pas comme lui et le FPI sont à blâmer et à bannir ? De « sa République » où lui et ses camarades peuvent exclure qui ils veulent en toute impunité ? De « sa République » où lui et ses proches peuvent faire n’importe quoi aux Ivoiriens sans être inquiétés ? Mais une telle République sans liberté, les Ivoiriens dans leur majorité n’en veulent pas. Et puis, la « paix » dont parle Laurent Gbagbo, est-ce cette situation où il s’impose aux Ivoiriens sans élection par la violence depuis maintenant 5 ans ? Est-ce cette paix cosmétique où il n’y a aucune perspective pour la jeunesse ? Cette paix dans laquelle, seuls lui et ses proches ont droit au bonheur ? Question de bon sens : qui peut accepter une telle paix pendant longtemps ? Personne. Mais cette paix sans horizon, les populations de Côte d’Ivoire n’ont que faire d’elle. Gbagbo sait que le peuple souverain de Côte d’Ivoire à un moment réclamera son pouvoir à celui qui l’usurpe depuis cinq ans. Mais le candidat du FPI qui veut confisquer le pouvoir, est prêt à tout. Jusqu’à aller à un bain de sang. C’est pourquoi, il conditionne déjà l’esprit des forces de défense et de sécurité en assimilant à des « ennemis » tous les Ivoiriens épris de justice et de liberté qui ne maqueront pas de se dresser pacifiquement contre « l’Etat voyou » qu’il veut instaurer en Côte d’Ivoire. Comme Laurent Gbagbo sait que cet appel au meurtre serait difficile à exécuter sur le terrain, il décide d’enlever toute peur et cas de conscience aux policiers déployés à Divo. « Vous n’êtes pas des juges. Vous êtes des combattants de la République. Votre rôle c’est d’obéir et non de réfléchir. S’il y a des dégâts, les juges apprécieront. S’il y a des erreurs, on va régler ça. Mais sachez que je vous ai envoyés ici pour que tous ceux qui s’opposent à la paix soient matés », a encouragé Laurent Gbagbo. En clair, Laurent Gbagbo demande aux policiers de la CRS envoyés à Divo et aux autres que son régime déploiera certainement les prochains jours dans d’autres villes de tirer à vue sur tous ceux qui auront « l’outrecuidance » de s’élever contre ses tics autocratiques. Et il n’y aura rien. Les propos du chef de l’Etat trahissent son état d’esprit actuel. A deux mois des élections, Laurent Gbagbo n’est pas inscrit dans une logique démocratique et électorale. Il est dans la posture d’un chef de guerre prêt à en découdre. Et il l’a fait clairement savoir à Divo. A tous ceux qui veulent pacifiquement manifester pour la justice, la liberté et des élections qu’il appelle « ennemis de la République », il rappelle qu’il a aussi des bras dont il fera usage au moment venu. « Pour l’instant je préfère négocier », révèle-t-il. Mais, avec qui négocie-t-il et surtout, que négocie-t-il à deux mois de la présidentielle ? Une petite phrase qui en dit long sur ses intentions cachées. Comme on peut le lire entre les lignes, Laurent Gbagbo n’a pas encore fait le deuil de la guerre. La date du 31 octobre 2010, dans ces conditions, est compromise. La volonté affichée du candidat pour aller aux élections apparait comme un leurre pour mieux endormir ses adversaires. Il y a donc de quoi à craindre pour la Côte d’Ivoire les semaines à venir.

Jean-Claude Coulibaly
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ