« Il est beau, pour un soldat, de désobéir à des ordres criminels ». C’est Anatole France qui l’a écrit. Il a bien pensé. Car avant tout, un soldat est un homme doté de raison. Pas un barbare comme veut que l’intériorise le soldat ivoirien, le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Vendredi à Divo, à l’installation d’une caserne de policiers, il a refusé aux soldats tout bon sens. « Matez tous ceux qui sèment le désordre ; vous n’avez pas un rôle d’analyse et de réflexion. Votre rôle est de mater », a-t-il, entre autre, ordonné aux soldats. Bien sûr, à ces soldats issus pour la plupart du ‘‘quota Tagro’’, on ne le leur répétera pas deux fois. Ils le feront avec encore plus de zèle. Et en chantant. Gbagbo leur ayant promis protection pour tout. Seulement, ces policiers ne doivent pas ignorer qu’en cas d’excès, le Chef de l’Etat, fut-il le Chef suprême de l’armée, n’en portera pas seul la responsabilité. Il demande aux agents de la CRS3 de ne guère être exemplaires car ils ne risquent rien. Quand on voit ce qui se passe aujourd’hui, ailleurs, on ne peut être d’accord avec lui. Chaque bataillon, chaque unité, chaque soldat aura sa responsabilité. Le monde a changé. On ne viole plus impunément les droits de l’Homme. On le paie devant les juridictions nationale ou internationale. Des fois, les politiques s’en sortent (injustement) à bon compte au prix de quelques compromis et compromissions. Mais pas les soldats. Eux, paient toujours le prix fort de leur zèle. C’est pourquoi, l’appel de Divo du Chef de l’Etat-candidat est un vrai piège aux soldats ivoiriens. Il engage leur responsabilité dans un combat politique qui n’est pas le leur. Il leur demande de « mater » pour la République. Mais en réalité, il leur demande d’oser pour son régime. La différence est énorme. Un soldat n’est pas une bête sauvage. Il revient à chaque soldat ivoirien de prendre ses responsabilités, de faire usage de son bon sens. De savoir ce qui sert l’intérêt général ou non. Que chaque soldat se souvienne qu’à des occasions, l’insurrection devient un devoir. «Il faut beaucoup d’indisciplinés pour faire un peuple libre ». C’est ce qu’a dit Anatole France aux obsèques d’Emile Zola. Sans doute, a-t-il raison.
KIGBAFORY Inza
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