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Politique Publié le mardi 31 août 2010 | Le Mandat

Enquête / Dans l’univers du camp présidentiel (suite et fin) : Pourquoi la paix est impossible chez les refondateurs

Chaque clan de la galaxie patriotique a absolument un parrain dans la haute direction du Front Populaire Ivoirien (FPI). Ces clans se sont constitués autour du chef de l’Etat, selon les ambitions de chacun et par autres affinités. Les factions sont nées d’un fait. C’est que, les jeunes sont plus actifs sur le terrain avec cette capacité de mobilisation dont ils sont dotés. Ainsi, dans l’entourage du président Gbagbo, chacun des barons s’étant découvert une tête de chef de l’Etat, veut nécessairement maîtriser le terrain. Et pour y parvenir, chacun des héritiers du chef de l’Etat candidat, au trône veut avoir son ‘’bon petit’’ pour déblayer le terrain. Pour une meilleure compréhension des choses, il faut reptonger dix ans en arrière. Le Fpi s’est officiellement présenté dans la sphère politique nationale dans les années 90 avec un certain nombre de cadres et de militants totalement convaincus. C’était le début des années de braises de l’opposition, au cours desquelles il fallait accepter tous les sacrifices sur le chemin de la conquête du pouvoir. La traversée du désert pour accéder au pays où coulent toute l’année, le lait et le miel a duré dix bonnes années. Quand, en 2000, le FPI accédait à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire, les cadres et militants qui avaient consenti des sacrifices entendaient goûter goulûment aux délices du pays aux mille merveilles. Pendant que ces hommes et ces femmes attendaient leur part du gâteau, c’est là qu’ils vont découvrir la montée en force des personnes qui ignorent comment le parti est arrivé à ce niveau. La guerre ayant servi de prétexte, ces nouveaux venus ont réussi à se tailler la part du lion en troublant sérieusement le sommeil de ceux qui se prétendent les vrais propriétaires du parti. Avant le dépôt de la candidature du chef de file du FPI, la marmite frontiste émettait déjà ses premières bulles. Puisqu’à la faveur de la guerre, il y a eu la percée des personnes comme Fologo, Bro Grégbé, Gnamien Yao, et sutout le patron des rebelles devenu premier ministre, Soro Guillaume qui n’étaient pas attendus au partage du repas. A partir de cet instant, les caciques du parti se sont mis à dresser le premier rideau de défense pour protéger leurs places. Pascal Affi N’guessan, Lida Kouassi, Mamadou Koulibaly, Assoa Adou, Aboudramane Sangaré et tous les autres voulaient dresser une muraille infranchissable contre ceux qu’ils considèrent comme des intrus. « Nous avons tout perdu dans l’opposition quand ces personnes se la coulaient douce ailleurs. Certaines d’entre elles ont même été nos bourreaux, et aujourd’hui, c’est elles qui occupent les premières lignes. C’est injuste », s’est exclamé un dignitaire que nous avons rencontré à son domicile. Le président Gbagbo était montré du doigt comme celui qui veut frustrer ses compagnons de lutte. Et l’estocade leur a été portée à l’occasion du dépôt de sa candidature à l’élection présidentielle, par le chef de l’Etat. Il avait totalement ignoré le FPI pour présenter sa candidature sous la bannière de La Majorité Présidentielle qui n’est rien d’autre qu’un condensé d’individus sortis de nulle part pour venir encombrer la maison. Pendant ce temps, des cadres du parti et non des moindres lorgnaient lourdement la direction nationale de campagne de leur candidat, ce qui serait, selon eux, leur juste récompense. Au nombre de ces cadres figuraient Affi N’guessan, Mme Gbagbo, Désiré Tagro et bien d’autres. Contre toute attente, les compagnons de misère du chef de l’Etat se verront une fois de plus frustrés en se voyant ravir ce prestigieux poste au profit d’un autre intrus venu tout droit du PDCI-RDA, le Dr Issa Malick. Le président Gbagbo ne s’est pas arrêté là, il a confié la direction nationale de sa campagne chargée de la jeunesse à Blé Goudé, celle chargée des femmes à Bro Grégbé, à la grande déception de Konaté Navigué, président de la JFPI et Mme Marie Odette Lorougnon, présidente de l’OFFPI. Ce dernier acte a été considéré par le FPI comme une haute trahison de la part de leur leader. Surtout que Malick s’est automatiquement attaqué à tous les DDC nommés par son prédécesseur Affi N’guessan. Depuis lors, une guerre de tranchée est engagée entre les ‘’propriétaires’’ du FPI et les ‘’opportunistes. Ce sont justement ces frustrations accumulées qui ont poussé à bout, le président de l’Assemblée Nationale, le Pr Mamadou Koulibaly. Celui-ci n’entend pas pardonner à Laurent Gbagbo de l’avoir relégué au second rang au profit d’un ‘’néophyte’’ comme Tagro. En vérité, Koulibaly demeure le plus courageux des frustrés dont la majorité préfère murmurer, au lieu d’exprimer clairement leur mécontentement. C’est cette guerre de positionnement au sommet du parti qui s’est déportée au sein de la galaxie patriotique où des barons tirent constamment les ficelles. En d’autres termes, Blé Goudé est le leader de ceux que les autres appellent les « parvenus » et qui sont combattus durement dans le camp présidentiel. « Ceux qui pensent ainsi ne savent rien du FPI. La FESCI est une propriété exclusive du FPI. Tous ceux qui sont passés à la tête de la FESCI sont en mission pour le FPI. Donc, en sa qualité d’ex secrétaire général de la FESCI, Blé a énormément travaillé pour le parti et même hors de la FESCI, il continue de travailler pour le parti d’une manière ou d’une autre ». Cette révélation nous a été faite par un des membres influents de la galaxie patriotique. « Nous savons qu’en cas de victoire du FPI à la prochaine élection présidentielle, c’est Malick qui est pressenti au poste de premier ministre. Nous n’allons pas continuer de cautionner ces frustrations en aidant le DNC à réussir sa mission ». a poursuivi notre interlocuteur. Cet état de choses serait à la base des réelles difficultés que le DNC de Gbagbo rencontre sur le terrain. La démolition de sa maison à Korhogo serait commanditée depuis le camp présidentiel. « Il ne s’agit pas d’avoir été là, la lutte ne s’est pas arrêtée en 90 ni en 2000, encore moins en 2015. La lutte est permanente et chaque jour est un défi à relever. Ce que ne semble pas avoir compris, ceux qui se disent propriétaires du parti. » a répliqué un de ceux qui sont considérés comme des parvenus. « Rien ne sert de venir au pouvoir, tout est de pouvoir consolider son pouvoir. Et le clan des Affi devait nous le reconnaître humblement », a-t-il poursuivi. D’un côté comme de l’autre, la réconciliation et l’union ne sont pas pour l’instant à l’ordre du jour, et chacun se bat à compromettre l’autre. Dans cette histoire, nos investigations nous ont permis de savoir que le chef de l’Etat est complètement dépassé par les évènements. A telle enseigne qu’il est souvent obligé de prendre des mesures malgré lui, pour résoudre telle ou telle situation. Il sait que sa campagne est sérieusement menacée par ces multiples crises dans son camp. Ce qui amènerait le président Gbagbo à vouloir se jeter dans les bras de l’armée pour chercher le salut.

Une enquête réalisée par Rodolphe Flaha
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