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Politique Publié le mardi 31 août 2010 | Notre Voie

Nicolas Dioulo, candidat malheureux à la présidentielle d’octobre 2000 : “Si on cherche les Ivoiriens, on les trouvera”

Il fut l’un des cinq candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2000 qui a vu le plébiscite de Laurent Gbagbo par les Ivoiriens Nicolas Dioulo n’est plus en lice pour le 31 octobre 2010. Il en donne les raisons dans cet entretien. Président de la Nouvelle alliance de Côte d’Ivoire (NACI), parti politique membre du CNRD, M. Dioulo jette également un regard sur la présidentielle à venir. Il parle de son candidat, du PDCI et de l’enjeu du scrutin. Notre voie : Vous avez été candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2000. Pour l’échéance du 31 octobre 2010, vous ne figurez pas parmi les candidats. Pourquoi n’êtes-vous pas dans le starting-block ? Nicolas Dioulo : C’est à dessein que je ne suis pas candidat. Je ne suis pas seul dans ce cas d’ailleurs. J’ai remarqué que sur les cinq candidats de l’élection présidentielle d’octobre 2000, il n’y a que deux qui se sont porté candidats en 2010. Il y a le Président Laurent Gbagbo et M. Francis Wodié. Les trois autres, à savoir, M. Mel Théodore, feu le général Robert Guéi et moi, ne sommes pas en lice. Ma décision est purement politique. Je ne suis pas candidat parce que j’ai un candidat.


N.V : De qui s’agit-il ?
N.D : Mon candidat est M. Laurent Gbagbo, actuel Président de la République de Côte d’Ivoire.

N.V : Pourquoi Gbagbo et pas Bédié ou Ouattara ? On pourrait croire que c’est parce que Laurent Gbagbo est le chef de l’Etat que vous le soutenez ?

N.D : Même quand j’étais candidat comme lui à la présidentielle d’octobre 2000, j’avais toujours de l’admiration pour ses idées et sa vision de la Côte d’Ivoire. Comme l’a dit un jour un chef de guerre de la rébellion armée, “en octobre 2000, il y avait deux projets de société”. Le projet de Laurent Gbagbo et celui de Nicolas Dioulo. Certains Ivoiriens ont tourné, à tort, en dérision mon projet. Alors qu’il était révolutionnaire.


N.V : Notamment le point relatif au métro que vous promettiez de construire à Abidjan au cas où vous seriez élu…

N.D : C’est dommage, mais les Ivoiriens n’avaient pas lu mon projet de société. Et je constate que rien n’a malheureusement changé. Ils ne m’ont pas compris. Pourtant, il y aura le métro à Abidjan. Avec une population qui s’achemine vers 10 millions de personnes, je me demande comment nous allons faire pour aller assez rapidement d’un point à un autre. Le métro apparaît donc indispensable pour transporter le maximum de gens.


N.V : Entre temps, vous n’êtes plus candidat à l’élection présidentielle. Le projet du métro dont vous êtes le porteur convaincu s’évanouira comme une fumée. N’est-ce pas ?

N.D : Pas du tout. C’est vrai que je ne suis plus candidat à l’élection présidentielle, mais des personnes sensées, il y en a parmi les candidats. A commencer par mon candidat. Je suis sûr qu’il en fera une préoccupation.


N.V : Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que votre non-candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2010 est liée au fait que vous n’avez plus de moyens financiers pour débourser les 20 millions fcfa de la caution ?

N.D : Ces individus peuvent dire ce qu’ils veulent. Moi, Je ne suis pas un homme d’affaires ni un banquier. J’ai travaillé pendant de nombreuses années dans une institution internationale qui est l’Unicef. Je ne travaillais pas pour amasser de l’argent (silence). Aujourd’hui, j’ai un candidat à l’élection présidentielle que je soutiens depuis bien longtemps.


N.V : Quand avez-vous pris la décision de soutenir Laurent Gbagbo pour cette présidentielle-ci ? N.D : C’est depuis 2004, précisément en novembre au moment de l’attaque de la France contre notre pays. En tant qu’Ivoirien, j’ai été fier de la résistance dont le Président Gbagbo a fait preuve. Et la façon dont il a géré cette crise sans faire de vague. Je me suis dis que ce monsieur est l’homme de la situation pour notre pays.


N.V : Quand on sait l’histoire de votre famille et sa proximité avec le PDCI-RDA, on s’étonne que vous ne souteniez pas Henri Konan Bédié, le candidat du PDCI à l’élection présidentielle. Comment expliquez-vous cela ?

N.D : Je n’ai jamais été membre de ce parti. J’étais en de bons termes avec des responsables du PDCI mais ça s’arrêtait là. Aujourd’hui, mes rapports ne sont pas exécrables, non plus, avec des élus et cadres du PDCI.


N.V : On pourrait penser que c’est ce qui est arrivé à feu votre frère aîné, Emmanuel Dioulo, qui a motivé votre attitude à l’égard du PDCI-RDA ? N.D : Non pas du tout. C’est par conviction politique. C’est un peu long à raconter mais J’ai toujours été de gauche. A ses débuts, le PDCI était à l’extrême gauche, affilié au communisme avant de devenir ce parti de droite que l’on connaît. J’ai vécu la période de la communauté franco-africaine, nous avons vu comment les choses se sont passées en Côte d’Ivoire. Le PDCI a totalement renié son passé de gauche et nous, les jeunes, en étions déçus.

N.V : La date de l’élection présidentielle est fixée au 31 octobre par la commission électorale indépendante (CEI). Pensez-vous que cette fois-ci, c’est la bonne ?

N.D : Je souhaite comme tous les Ivoiriens que l’élection présidentielle ait lieu le 31 octobre. Maintenant, je veux voir la suite. Si l’élection se tiendra effectivement à la date indiquée. N .V : Vous êtes sceptique ?


N.D : Mais, il y a tellement de choses à faire qui ne sont pas encore dans leur phase d’achèvement que je me demande si on sera prêt avant le 31 octobre. Je prends, par exemple, le cas du désarmement des ex-combattants.

N.V : La polémique qui a cours actuellement relative à la fraude sur la nationalité ivoirienne et sur la liste électorale n’est visiblement pas faite pour juguler, non plus, ce scepticisme. Qu’en pensez-vous ?

N.D : C’est la faute aux gens qui passent leur temps à critiquer le gouvernement Gbagbo. Si ces personnes voulaient vraiment des élections transparentes, toutes ces choses-là ne se poseraient pas. Ce sont des querelles inutiles. Comment parlez-vous d’élections crédibles quand vous militez pour une liste électorale truffée de personnes qui n’ont pas le droit d’y figurer ? Il y a une voie légale pour acquérir la nationalité ivoirienne, il faut encourager les gens à l’utiliser. On ne peut pas accepter que la nationalité ivoirienne soit galvaudée. Vendue comme de petits pains. Ce n’est pas acceptable.

N.V : Vous êtes membre du congrès national pour la résistance et la démocratie (CNRD), quel est le climat au sein de cette mouvance politique de la majorité présidentielle ?

N.D : Il y a beaucoup à dire à ce niveau. Le CNRD est composé d’une telle diversité de partis et de mouvements politiques, qu’il faut que nous soyons solidaires. Que tout le monde soit traité de la même façon. Mais ce sera un débat que nous aurons après l’élection présidentielle. Pour le moment, le plus important, c’est que nous conjuguions nos efforts afin que notre candidat soit élu. Cette élection est prépondérante pour notre pays parce qu’il s’agit de démontrer à ceux qui n’aiment pas la Côte d’Ivoire au point de vouloir lui imposer un Président, qu’ils doivent comprendre que les Ivoiriens sont capables de réagir. On l’a vu lors des événements de novembre 2004. Les gens sont sortis de partout. Ils parlaient toutes les langues. Pour dire “non” à l’asservissement. Nous ne recherchons pas la confrontation mais si on cherche les Ivoiriens, on les trouvera.

Entretien réalisé par Didier Depry
ddepry@hotmail.com
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