Précurseur des innovations en matière de gestion de la chefferie Atchan, Atto Attebi Alexandre a été le chef de village d’Abobo-baoulé de 1995 à 2008. C’est par lui que tout le monde jure dans son village. Et avant l’intronisation officielle de le successeur, nous l’avons rencontré pour savoir quels ont été ses secrets pour donner une belle image à Abobo-Baoulé et les conseils qu’il a, à prodiguer, à la nouvelle chefferie.
Pourquoi le nom Abobo-Baoulé donné à votre village?
Le nom Abobo-baoulé est une déformation. Abobo-Baoulé, parce que nous qui faisons partie de la fratrie ‘’Bôbô’’ nous étions très nombreux. C'est-à-dire les villages Ebrié qui étaient dans la zone Abobo avaient des populations très nombreuses. Tellement cette population était nombreuse qu’on la comparait à des graines superposées. Donc, ils ont dit ‘’a bô bô’’ qui veut dire nombreux et ‘’ba ou lé’’, dont ‘’ aba’’ qui veut dire graine et ‘’ou lé’’ superposé. Abobo-Baoulé veut dire ‘’nombreux comme les graines superposées.’’ Et les Blancs ont dit et ecrit, par transformation, Abobo-Baoulé.
Quelle a été la date de votre arrivée à la tête de la chefferie du village d’Abobo-Baoulé ?
J’ai été nommé chef de village le 30 décembre 1994. J’ai pris fonction le 25 février 1995. La fête d’intronisation a eu lieu le 4 octobre 1997, mais j’ai commencé à travailler depuis février 1995. J’ai fait la passation de charges le 13 mars 2008 avec mon successeur. La fête qui va avoir lieu le samedi 4 septembre 2010 sera l’intronisation officielle. Sinon déjà, il a pris fonction depuis le 13 mars 2008.
Quel a été votre bilan ?
Mon bilan se voit sur le terrain. Je ne me jette pas de fleurs mais je pense que Dieu nous a inspirés et nous a soutenus puisque ce que nous avons réalisé est admiré par tous. Nous sommes félicités. C’est un réconfort moral pour nous. Ce n’est pas fini parce qu’on avait encore des projets en veilleuse lorsqu’on a terminé notre mandat. Donc, je suis satisfait de ce que nous avons pu faire au cours de notre passage à tête de la chefferie.
Pensez-vous qu’il y a eu des ratés?
Je ne peux pas dire que toutes nos actions ont été parfaites. Tout ne peut pas être correct mais l’essentiel de ce que nous avons prévu dans notre programme a été, en partie, entamé, pour ne pas dire presque réalisé. Il reste encore des projets en veilleuse que nous avons transmis humblement à notre successeur qui s’est déjà mis au travail. Il restait quelques bretelles à bitumer qu’il est en train d’achever. Tout cela était dans le projet. Il y a la construction du centre commercial (vers la pharmacie) et d’autres choses que nous avons laissées à la nouvelle chefferie. Nous croyons bien qu’elle va les réaliser parce que nous sommes en contact avec elle tous les deux ou trois mois pour une séance de travail. Pendant une à deux heures, nous échangeons et quand elle a des difficultés je lui apporte mon d’aide pour trouver les solutions idoines.
Quelles ont été vos satisfactions et déceptions lorsque vous étiez aux affaires?
Ma satisfaction, c’est que le peuple d’Abobo-Baoulé est content de moi parce qu’il a trouvé que j’ai réussi à le mettre dans de meilleures conditions de vie et un environnement sain. Ce que je déplore un peu c’est une partie de la jeunesse qui s’adonnait à des trafics de terrain où nous avons eu à régler beaucoup de conflits. Cependant, nous avons pu les circonscrire à notre niveau pour ne pas que les choses s’aggravent. C’est sur cela, il faut mettre l’accent parce que les jeunes de maintenant ont tendance à faire beaucoup de gaffes, beaucoup de malversations au niveau des lots (terrains). C’est sur ce point que je n’ai pas été satisfait. Mais, j’y ai mis l’accent et j’ai été très rigide et dur avec eux. Et je crois que cela a été corrigé en grande partie.
Aujourd’hui tout le monde et mêmes les autorités de ce pays prennent Abobo-Baoulé comme un modèle de développement pour les villages Atchan. Quel est donc votre secret ?
Il n’y a pas de secret parce qu’on dit : ‘’si l’Eternel (Dieu) ne bâtit, celui qui bâtit, bâtit en vain’’. Donc, à notre avènement à la tête de la chefferie du village nous avons pris Dieu comme notre boussole et toutes nos inspirations sont venues de Dieu. A chaque réunion, nous prions d’abord pour qu’il (Dieu) nous inspire et que les choses ne dégénèrent pas. C’est Dieu qui nous a donné toutes ces idées et il nous a soutenus dans toutes nos actions pour qu’on arrive là. Je crois qu’il n’y a pas de secret car vouloir, c’est pouvoir. Nous avons voulu le développement pour notre village et nous l’avons eu. J’ai été choisi comme chef pour que je donne de bonnes conditions de vie à la population. Donc, je me suis attelé à cela. C’est une œuvre exaltante mais très difficile. Je suis comblé parce que le président de République était allé inaugurer une de nos œuvres et il nous a publiquement félicités, ce qui n’est pas donné à tout le monde d’être félicité par le président qui, par deux fois, a été à Abobo-Baoulé en espace de deux ans. Cela veut dire que nous étions dans la bonne voie et nous louons le Seigneur qui nous a éclairés et guidés jusqu’à ce que nous arrivions à réaliser tout ce que les gens admirent aujourd’hui.
Le samedi 4 septembre 2010, votre successeur sera officiellement investi. Quels conseils d’illustre prédécesseur, pouvez-vous lui donner pour la réussite de sa mission?
Comme je le disais tantôt, c’est une mission difficile, noble et exaltante. Donc, à mon successeur, je lui demande d’être très patient, d’écouter beaucoup, d’être regardant vis-à-vis des villageois surtout les veuves, les orphelins, les vieux qui souffrent et qui sont malades, il faut avoir un œil sur eux pour les aider parce que nous sommes-là pour toute la population dans le bonheur comme dans le malheur. Il doit faire aussi attention à son entourage parce qu’il en a qui viennent vers lui pour leurs intérêts, même s’il y a des actes négatifs qu’il faut poser pour être bien, ils les posent parce que ce ne sont pas eux qui sont aux commandes. Donc, il faut que le nouveau chef fasse très attention dans ce sens et il ne faudrait pas qu’il s’adosse uniquement à ceux-là. Parce qu’un jour, ils vont fuir pendant que lui le chef est en train de rendre compte au village. Il faut qu’il écoute les gens et qu’il soit rigoureux dans la gestion tout en restant humain.
Les litiges fonciers sont légion dans les villages Atchan. Pourquoi, votre village n’est pas trop cité dans ce tableau sombre ?
Dans la succession, effectivement dans les villages, il y a eu beaucoup de litiges, de palabres. Pour parer à cela, nous-mêmes, avons mis une organisation en place qui est, aujourd’hui, copiée partout avec le préfet de région d’Abidjan, Sam Ettiassé. A notre temps, l’ancien préfet de région avait exigé qu’il ait un comité de gestion en dehors du chef. Mais le chef, c’est le chef. S’il est écarté de la gestion qui, donc devient responsable ? On avait placé un président de comité de gestion qui est devenu plus puissant et gérait tout. Ce qui a conduit à un conflit de compétence. Toute chose qui mettait les gens en palabre à tout moment. Il faillait changer de chef parce que le président du comité de gestion veut s’imposer et il ne veut pas sortir l’argent. Nous avons créé en notre temps des commissions (finances, développement des infrastructures, éducation, jeunesse). Chaque commission prend les compétences du village pour travailler et nous nous retrouvons chaque mois pour faire le point de leurs réflexions et propositions pour le bien-être du village. Au cours de ces rencontres, nous étudions et adoptions les idées qui peuvent faire avancer le développement du village. Nous avons même eu des journées de réflexions pour voir ce qu’on pouvait arrêter comme idées pour développer le village. A l’issue de ces journées de réflexion que le programme long de développement a été établi. Nous avons commencé le travail mais, nous n’avons pas fini et nous avons remis tous ces documents à la chefferie actuelle qui va continuer les choses.
Où avez-vous eu les moyens pour construire le palais de l’unité dont tout le monde parle ? Et combien a-t-il coûté ?
Le palais de l’unité ? A notre avènement à la tête village, comme toutes les chefferies, il y a des assemblées qui se tiennent à la place publique, en plein air et à notre 2ème réunion en 1995, une grande tornade est venue chasser tout le monde et nous nous sommes déportés dans la cour d’un villageois qui n’était pas loin de la place publique pour continuer la réunion. Après cette réunion quand je suis rentré chez moi, j’ai commencé à réfléchir et je me suis dis que cela ne pouvait pas continuer comme ça, il faut un endroit approprié pour tenir les réunions et pourquoi pas pour d’autres cérémonies. Mais, il faut trouver les moyens. C’est ainsi que nous avons institué la redevance, c’est à dire que tous les villageois qui vendent leurs terrains doivent verser, au village pour son développement, 200 francs par mètre carré. Ce qui fait deux millions par hectare. Et quand nous avons comptabilisé tout, nous avons eu 306 millions de francs. Les attestations et les papiers administratifs que nous signons, nous avons eu 326 millions de francs. Nous avons eu ceux qui font le lotissement qui donnent un lot par hectare au village. Tout cela, l’un dans l’autre, nous avons pu avoir des fonds pour construire le palais de l’unité, les annexes, les bureaux de la chefferie, la salle de réunion, le restaurant), l’espace manioc pour que les femmes soient à un lieu précis pour faire l’attieké. On aménage le village parce que le projet PACOM dont le village a été éligible ne prenait que la voie centrale et l’assainissement. Donc, il fallait continuer avec nos fonds propres pour bitumer les bretelles et nous avons aussi pris des jeunes pour aménager le terreau, les fleurs et le gazon pour embellir notre village. C’est par cette voie que nous avons eu les moyens. Nous avons aussi un domaine vers Djorokobité que nous avons cédé au gouvernement qui nous a versé un peu d’argent. C’est tout cela qui nous a permis de développer le village et de construire un immeuble de 23 appartements qui est déjà en location. Comme nous avons fait la passation de charges, la nouvelle chefferie gère tout ce patrimoine. Il n’y a pas de cotisation à faire.
Quel l’héritage avez-vous laissé à votre successeur ?
C’est ce que je viens de dire. Actuellement, l’administration nous doit de l’argent et l’AGEF en particulier.
Combien ?
La somme est importante. Je ne peux pas vous le dire. Sachez que la dette de l’AGEF est la dette de l’Etat. Nous avons tout le complexe c'est-à-dire le palais de l’unité, les bureaux du chef, les salles attenantes, le restaurant. Nous avons fait un jardin public. Nous avons embelli le village. Nous avons bitumé les voies annexes en dehors de la voie centrale qui était dans le projet Pacom. Nous avons aussi modifié le foyer qui était construit que nous avons transformé en centre d’action culturelle et qui porte le nom du président de la République parce qu’il nous a, aussi, soutenu en appuyant auprès du Pacom pour qu’il nous assiste. Nous avons participé à près de vingt millions pour le centre d’action culturelle. L’espace manioc nous a coûté plus de 60 millions et nous avons construit 50 magasins au nouveau marché avec toilettes et W.C payants. Ensuite, il y a un immeuble de 23 appartements avec locataires. C’est ce que nous avons laissé en héritage à la nouvelle chefferie.
Comment se fait la succession chez les Atchan d’Abobo-Baoulé pour ne pas dire chez les Atchan tout court?
Notre génération est passée et celle qui doit nous suivre, nous lui demandons de nous proposer deux personnes(le chef et son adjoint) de leur choix. C’est-à-dire toute la génération se réunit et trouve qui est apte à la guider. Quand la proposition est faite, nous analysons et voyons avec le doyen du village. Les doyens, aussi, regardent le choix et apprécient. Ils peuvent apprécier ou ne pas apprécier le choix fait. Au cas où les doyens sont d’accord avec le choix, le premier nom est le chef et le second nom est l’adjoint. Mais, il y a possibilité que le rang soit inversé si les doyens l’estiment ainsi pour des raisons d’éthique parce que le comportement dans le village jusqu’à ce qu’on soit majeur compte. Les doyens observent chacun de nous dans le village et ils connaissent chacun de nous. Quelques fois les doyens et les notables peuvent inverser l’ordre établi sur la liste des deux noms marqués sur la liste. Ce qui est décidé, on tient une assemblée pour présenter à tout le monde, voilà ceux qui ont été choisis
Réalisée par M. Ouattara
Pourquoi le nom Abobo-Baoulé donné à votre village?
Le nom Abobo-baoulé est une déformation. Abobo-Baoulé, parce que nous qui faisons partie de la fratrie ‘’Bôbô’’ nous étions très nombreux. C'est-à-dire les villages Ebrié qui étaient dans la zone Abobo avaient des populations très nombreuses. Tellement cette population était nombreuse qu’on la comparait à des graines superposées. Donc, ils ont dit ‘’a bô bô’’ qui veut dire nombreux et ‘’ba ou lé’’, dont ‘’ aba’’ qui veut dire graine et ‘’ou lé’’ superposé. Abobo-Baoulé veut dire ‘’nombreux comme les graines superposées.’’ Et les Blancs ont dit et ecrit, par transformation, Abobo-Baoulé.
Quelle a été la date de votre arrivée à la tête de la chefferie du village d’Abobo-Baoulé ?
J’ai été nommé chef de village le 30 décembre 1994. J’ai pris fonction le 25 février 1995. La fête d’intronisation a eu lieu le 4 octobre 1997, mais j’ai commencé à travailler depuis février 1995. J’ai fait la passation de charges le 13 mars 2008 avec mon successeur. La fête qui va avoir lieu le samedi 4 septembre 2010 sera l’intronisation officielle. Sinon déjà, il a pris fonction depuis le 13 mars 2008.
Quel a été votre bilan ?
Mon bilan se voit sur le terrain. Je ne me jette pas de fleurs mais je pense que Dieu nous a inspirés et nous a soutenus puisque ce que nous avons réalisé est admiré par tous. Nous sommes félicités. C’est un réconfort moral pour nous. Ce n’est pas fini parce qu’on avait encore des projets en veilleuse lorsqu’on a terminé notre mandat. Donc, je suis satisfait de ce que nous avons pu faire au cours de notre passage à tête de la chefferie.
Pensez-vous qu’il y a eu des ratés?
Je ne peux pas dire que toutes nos actions ont été parfaites. Tout ne peut pas être correct mais l’essentiel de ce que nous avons prévu dans notre programme a été, en partie, entamé, pour ne pas dire presque réalisé. Il reste encore des projets en veilleuse que nous avons transmis humblement à notre successeur qui s’est déjà mis au travail. Il restait quelques bretelles à bitumer qu’il est en train d’achever. Tout cela était dans le projet. Il y a la construction du centre commercial (vers la pharmacie) et d’autres choses que nous avons laissées à la nouvelle chefferie. Nous croyons bien qu’elle va les réaliser parce que nous sommes en contact avec elle tous les deux ou trois mois pour une séance de travail. Pendant une à deux heures, nous échangeons et quand elle a des difficultés je lui apporte mon d’aide pour trouver les solutions idoines.
Quelles ont été vos satisfactions et déceptions lorsque vous étiez aux affaires?
Ma satisfaction, c’est que le peuple d’Abobo-Baoulé est content de moi parce qu’il a trouvé que j’ai réussi à le mettre dans de meilleures conditions de vie et un environnement sain. Ce que je déplore un peu c’est une partie de la jeunesse qui s’adonnait à des trafics de terrain où nous avons eu à régler beaucoup de conflits. Cependant, nous avons pu les circonscrire à notre niveau pour ne pas que les choses s’aggravent. C’est sur cela, il faut mettre l’accent parce que les jeunes de maintenant ont tendance à faire beaucoup de gaffes, beaucoup de malversations au niveau des lots (terrains). C’est sur ce point que je n’ai pas été satisfait. Mais, j’y ai mis l’accent et j’ai été très rigide et dur avec eux. Et je crois que cela a été corrigé en grande partie.
Aujourd’hui tout le monde et mêmes les autorités de ce pays prennent Abobo-Baoulé comme un modèle de développement pour les villages Atchan. Quel est donc votre secret ?
Il n’y a pas de secret parce qu’on dit : ‘’si l’Eternel (Dieu) ne bâtit, celui qui bâtit, bâtit en vain’’. Donc, à notre avènement à la tête de la chefferie du village nous avons pris Dieu comme notre boussole et toutes nos inspirations sont venues de Dieu. A chaque réunion, nous prions d’abord pour qu’il (Dieu) nous inspire et que les choses ne dégénèrent pas. C’est Dieu qui nous a donné toutes ces idées et il nous a soutenus dans toutes nos actions pour qu’on arrive là. Je crois qu’il n’y a pas de secret car vouloir, c’est pouvoir. Nous avons voulu le développement pour notre village et nous l’avons eu. J’ai été choisi comme chef pour que je donne de bonnes conditions de vie à la population. Donc, je me suis attelé à cela. C’est une œuvre exaltante mais très difficile. Je suis comblé parce que le président de République était allé inaugurer une de nos œuvres et il nous a publiquement félicités, ce qui n’est pas donné à tout le monde d’être félicité par le président qui, par deux fois, a été à Abobo-Baoulé en espace de deux ans. Cela veut dire que nous étions dans la bonne voie et nous louons le Seigneur qui nous a éclairés et guidés jusqu’à ce que nous arrivions à réaliser tout ce que les gens admirent aujourd’hui.
Le samedi 4 septembre 2010, votre successeur sera officiellement investi. Quels conseils d’illustre prédécesseur, pouvez-vous lui donner pour la réussite de sa mission?
Comme je le disais tantôt, c’est une mission difficile, noble et exaltante. Donc, à mon successeur, je lui demande d’être très patient, d’écouter beaucoup, d’être regardant vis-à-vis des villageois surtout les veuves, les orphelins, les vieux qui souffrent et qui sont malades, il faut avoir un œil sur eux pour les aider parce que nous sommes-là pour toute la population dans le bonheur comme dans le malheur. Il doit faire aussi attention à son entourage parce qu’il en a qui viennent vers lui pour leurs intérêts, même s’il y a des actes négatifs qu’il faut poser pour être bien, ils les posent parce que ce ne sont pas eux qui sont aux commandes. Donc, il faut que le nouveau chef fasse très attention dans ce sens et il ne faudrait pas qu’il s’adosse uniquement à ceux-là. Parce qu’un jour, ils vont fuir pendant que lui le chef est en train de rendre compte au village. Il faut qu’il écoute les gens et qu’il soit rigoureux dans la gestion tout en restant humain.
Les litiges fonciers sont légion dans les villages Atchan. Pourquoi, votre village n’est pas trop cité dans ce tableau sombre ?
Dans la succession, effectivement dans les villages, il y a eu beaucoup de litiges, de palabres. Pour parer à cela, nous-mêmes, avons mis une organisation en place qui est, aujourd’hui, copiée partout avec le préfet de région d’Abidjan, Sam Ettiassé. A notre temps, l’ancien préfet de région avait exigé qu’il ait un comité de gestion en dehors du chef. Mais le chef, c’est le chef. S’il est écarté de la gestion qui, donc devient responsable ? On avait placé un président de comité de gestion qui est devenu plus puissant et gérait tout. Ce qui a conduit à un conflit de compétence. Toute chose qui mettait les gens en palabre à tout moment. Il faillait changer de chef parce que le président du comité de gestion veut s’imposer et il ne veut pas sortir l’argent. Nous avons créé en notre temps des commissions (finances, développement des infrastructures, éducation, jeunesse). Chaque commission prend les compétences du village pour travailler et nous nous retrouvons chaque mois pour faire le point de leurs réflexions et propositions pour le bien-être du village. Au cours de ces rencontres, nous étudions et adoptions les idées qui peuvent faire avancer le développement du village. Nous avons même eu des journées de réflexions pour voir ce qu’on pouvait arrêter comme idées pour développer le village. A l’issue de ces journées de réflexion que le programme long de développement a été établi. Nous avons commencé le travail mais, nous n’avons pas fini et nous avons remis tous ces documents à la chefferie actuelle qui va continuer les choses.
Où avez-vous eu les moyens pour construire le palais de l’unité dont tout le monde parle ? Et combien a-t-il coûté ?
Le palais de l’unité ? A notre avènement à la tête village, comme toutes les chefferies, il y a des assemblées qui se tiennent à la place publique, en plein air et à notre 2ème réunion en 1995, une grande tornade est venue chasser tout le monde et nous nous sommes déportés dans la cour d’un villageois qui n’était pas loin de la place publique pour continuer la réunion. Après cette réunion quand je suis rentré chez moi, j’ai commencé à réfléchir et je me suis dis que cela ne pouvait pas continuer comme ça, il faut un endroit approprié pour tenir les réunions et pourquoi pas pour d’autres cérémonies. Mais, il faut trouver les moyens. C’est ainsi que nous avons institué la redevance, c’est à dire que tous les villageois qui vendent leurs terrains doivent verser, au village pour son développement, 200 francs par mètre carré. Ce qui fait deux millions par hectare. Et quand nous avons comptabilisé tout, nous avons eu 306 millions de francs. Les attestations et les papiers administratifs que nous signons, nous avons eu 326 millions de francs. Nous avons eu ceux qui font le lotissement qui donnent un lot par hectare au village. Tout cela, l’un dans l’autre, nous avons pu avoir des fonds pour construire le palais de l’unité, les annexes, les bureaux de la chefferie, la salle de réunion, le restaurant), l’espace manioc pour que les femmes soient à un lieu précis pour faire l’attieké. On aménage le village parce que le projet PACOM dont le village a été éligible ne prenait que la voie centrale et l’assainissement. Donc, il fallait continuer avec nos fonds propres pour bitumer les bretelles et nous avons aussi pris des jeunes pour aménager le terreau, les fleurs et le gazon pour embellir notre village. C’est par cette voie que nous avons eu les moyens. Nous avons aussi un domaine vers Djorokobité que nous avons cédé au gouvernement qui nous a versé un peu d’argent. C’est tout cela qui nous a permis de développer le village et de construire un immeuble de 23 appartements qui est déjà en location. Comme nous avons fait la passation de charges, la nouvelle chefferie gère tout ce patrimoine. Il n’y a pas de cotisation à faire.
Quel l’héritage avez-vous laissé à votre successeur ?
C’est ce que je viens de dire. Actuellement, l’administration nous doit de l’argent et l’AGEF en particulier.
Combien ?
La somme est importante. Je ne peux pas vous le dire. Sachez que la dette de l’AGEF est la dette de l’Etat. Nous avons tout le complexe c'est-à-dire le palais de l’unité, les bureaux du chef, les salles attenantes, le restaurant. Nous avons fait un jardin public. Nous avons embelli le village. Nous avons bitumé les voies annexes en dehors de la voie centrale qui était dans le projet Pacom. Nous avons aussi modifié le foyer qui était construit que nous avons transformé en centre d’action culturelle et qui porte le nom du président de la République parce qu’il nous a, aussi, soutenu en appuyant auprès du Pacom pour qu’il nous assiste. Nous avons participé à près de vingt millions pour le centre d’action culturelle. L’espace manioc nous a coûté plus de 60 millions et nous avons construit 50 magasins au nouveau marché avec toilettes et W.C payants. Ensuite, il y a un immeuble de 23 appartements avec locataires. C’est ce que nous avons laissé en héritage à la nouvelle chefferie.
Comment se fait la succession chez les Atchan d’Abobo-Baoulé pour ne pas dire chez les Atchan tout court?
Notre génération est passée et celle qui doit nous suivre, nous lui demandons de nous proposer deux personnes(le chef et son adjoint) de leur choix. C’est-à-dire toute la génération se réunit et trouve qui est apte à la guider. Quand la proposition est faite, nous analysons et voyons avec le doyen du village. Les doyens, aussi, regardent le choix et apprécient. Ils peuvent apprécier ou ne pas apprécier le choix fait. Au cas où les doyens sont d’accord avec le choix, le premier nom est le chef et le second nom est l’adjoint. Mais, il y a possibilité que le rang soit inversé si les doyens l’estiment ainsi pour des raisons d’éthique parce que le comportement dans le village jusqu’à ce qu’on soit majeur compte. Les doyens observent chacun de nous dans le village et ils connaissent chacun de nous. Quelques fois les doyens et les notables peuvent inverser l’ordre établi sur la liste des deux noms marqués sur la liste. Ce qui est décidé, on tient une assemblée pour présenter à tout le monde, voilà ceux qui ont été choisis
Réalisée par M. Ouattara