Le mois de ramadan tire à sa fin. Pour se rapprocher d’Allah et obtenir sa grâce, les musulmans de la ville aux mille mosquées envahissent les lieux de prières, au moment de la rupture du jeûne, pour partager avec leurs coreligionnaires leurs repas.
C’est le début du crépuscule. A Bondoukou, le soleil a presque disparu derrière l’horizon à l’ouest de la ville. Les fidèles musulmans ont le pas léger et malgré une journée entière de pénitence, se dirigent sans perdre de temps vers la mosquée la plus proche. Chapelet en main, l’air repenti, certains marmonnent pieusement, en marchant, des versets coraniques. D’autres s’attellent à la petite ablution. A plusieurs reprises, ils lavent soigneusement les mains, la bouche, le visage, les bras et les pieds. Au centre-ville, quelques instants avant l’appel à la prière du muezzin de la mosquée du quartier Koko, des fidèles se hâtent vers des femmes recouvertes de voiles qui apportent gratuitement à boire et à manger à tout le monde sans exception.
Adzhan et délivrance
Les jeûneurs affamés se précipitent sur les nombreuses cuvettes remplies d’aliments délicieux. L’ordre d’arrivée n’est pas respecté. C’est le désordre, le vacarme… Très vite, les généreuses femmes qui leur servent de copieux repas, sont débordées. Dame Ouattara Fatou avec beaucoup de courtoisie décide alors d’aller vers les vieillards aux visages amaigris par 15 jours de jeûne. Ils sont déjà trop faibles pour lutter. Aussi, ces bonnes dames vont-elles vers eux pour leur remettre du jus de gingembre bien frais, de la bouillie de mil encore chaude et des beignets. «Femme, qu’Allah te bénisse. Qu’Allah nous accorde son pardon le jour de la résurrection. Qu’Allah exauce toutes tes prières», implore Dieu pour Ouattara Fatou, le muezzin, visiblement heureux de recevoir sa part. De la paume des mains, la musulmane recueille les bénédictions du sexagénaire et les applique à plusieurs reprises sur son front. «Amine, amine», se contente-t-elle de répondre. Puis, le muezzin avale avidement sa ration. Des forces semblent renaître en lui. Il pénètre aussitôt dans la mosquée pour appeler de toutes ses forces ses coreligionnaires à la prière de Maghreb.
Parmi les donateurs dans les mosquées, les personnes exemptées du jeûne pour cause de maladies sont les plus nombreuses. Comme l’islam le recommande, en guise de compensation, ces malades choisissent de faire à manger et à boire aux jeûneurs «J’ai subi une intervention chirurgicale, il y a trois mois. Je ne suis donc pas en mesure de jeûner comme me le recommande l’islam en cette période. Pour bénéficier autrement des faveurs de ce mois béni, j’ai donc décidé d’offrir à manger aux autres», explique Ouattara Fatou. Dans sa quête de la grâce de Dieu, elle tourne son regard vers les passants non-musulmans qui n’hésitent pas à prendre part au «cocktail». Mais ceux-ci disparaissent, aussitôt, après le repas, sans jamais prendre part à la prière. Cela n’ébranle point la détermination de ces braves femmes dont le seul but est vraisemblablement de se rapprocher de leur seigneur. Pour cela, dame Ouattara Fatou ajoute que « depuis le premier jour du ramadan, en plus des repas qu’elle apporte à la mosquée, elle n’oublie pas d’offrir à manger à ses voisins non-musulmans». A 500 mètres de là, d’autres fidèles musulmans ont choisi de se rendre à la mosquée du quartier Limamso pour rompre le jeûne. Là encore, des fillettes envoyées par des parents anonymes distribuent sans cesse des fruits et des boissons fraîches à tout le monde. «Ce sont mes parents qui m’envoient distribuer à manger et à boire à la mosquée. Ils m’ont demandé de ne pas dire leurs noms», affirme d’un air innocent Kamagaté Bintou, les mains chargées de jus de fruit.
Donner pour recevoir
Ici aussi, des non-musulmans prennent part au repas. Des invitations que le commerçant, Kouamé Stéphane accepte volontiers. «Depuis 2 semaines, c’est à un repas copieux et complet que j’ai droit tous les soirs chez mon ami Bamba. Lorsqu’il m’arrive d’être en retard à l’heure du repas, il n’hésite pas à m’appeler», témoigne-t-il.
La détermination de ces infatigables bienfaiteurs est chaque jour aiguisée par des appels au partage des chefs religieux. Dans son sermon du vendredi, l’imam central intérimaire, Timité Kolonga, a exhorté les fidèles musulmans à rechercher l’agrément de Dieu par le partage. «Pendant ce mois, chaque bienfait est multiplié plusieurs fois par Allah. Je vous demande d’intensifier les prières et l’aumône. Partager ce que vous consommer avec vos frères musulmans, vos proches, vos amis et vos voisins», a conseillé l’imam Kolonga.
Jean Michel Ouattara
C’est le début du crépuscule. A Bondoukou, le soleil a presque disparu derrière l’horizon à l’ouest de la ville. Les fidèles musulmans ont le pas léger et malgré une journée entière de pénitence, se dirigent sans perdre de temps vers la mosquée la plus proche. Chapelet en main, l’air repenti, certains marmonnent pieusement, en marchant, des versets coraniques. D’autres s’attellent à la petite ablution. A plusieurs reprises, ils lavent soigneusement les mains, la bouche, le visage, les bras et les pieds. Au centre-ville, quelques instants avant l’appel à la prière du muezzin de la mosquée du quartier Koko, des fidèles se hâtent vers des femmes recouvertes de voiles qui apportent gratuitement à boire et à manger à tout le monde sans exception.
Adzhan et délivrance
Les jeûneurs affamés se précipitent sur les nombreuses cuvettes remplies d’aliments délicieux. L’ordre d’arrivée n’est pas respecté. C’est le désordre, le vacarme… Très vite, les généreuses femmes qui leur servent de copieux repas, sont débordées. Dame Ouattara Fatou avec beaucoup de courtoisie décide alors d’aller vers les vieillards aux visages amaigris par 15 jours de jeûne. Ils sont déjà trop faibles pour lutter. Aussi, ces bonnes dames vont-elles vers eux pour leur remettre du jus de gingembre bien frais, de la bouillie de mil encore chaude et des beignets. «Femme, qu’Allah te bénisse. Qu’Allah nous accorde son pardon le jour de la résurrection. Qu’Allah exauce toutes tes prières», implore Dieu pour Ouattara Fatou, le muezzin, visiblement heureux de recevoir sa part. De la paume des mains, la musulmane recueille les bénédictions du sexagénaire et les applique à plusieurs reprises sur son front. «Amine, amine», se contente-t-elle de répondre. Puis, le muezzin avale avidement sa ration. Des forces semblent renaître en lui. Il pénètre aussitôt dans la mosquée pour appeler de toutes ses forces ses coreligionnaires à la prière de Maghreb.
Parmi les donateurs dans les mosquées, les personnes exemptées du jeûne pour cause de maladies sont les plus nombreuses. Comme l’islam le recommande, en guise de compensation, ces malades choisissent de faire à manger et à boire aux jeûneurs «J’ai subi une intervention chirurgicale, il y a trois mois. Je ne suis donc pas en mesure de jeûner comme me le recommande l’islam en cette période. Pour bénéficier autrement des faveurs de ce mois béni, j’ai donc décidé d’offrir à manger aux autres», explique Ouattara Fatou. Dans sa quête de la grâce de Dieu, elle tourne son regard vers les passants non-musulmans qui n’hésitent pas à prendre part au «cocktail». Mais ceux-ci disparaissent, aussitôt, après le repas, sans jamais prendre part à la prière. Cela n’ébranle point la détermination de ces braves femmes dont le seul but est vraisemblablement de se rapprocher de leur seigneur. Pour cela, dame Ouattara Fatou ajoute que « depuis le premier jour du ramadan, en plus des repas qu’elle apporte à la mosquée, elle n’oublie pas d’offrir à manger à ses voisins non-musulmans». A 500 mètres de là, d’autres fidèles musulmans ont choisi de se rendre à la mosquée du quartier Limamso pour rompre le jeûne. Là encore, des fillettes envoyées par des parents anonymes distribuent sans cesse des fruits et des boissons fraîches à tout le monde. «Ce sont mes parents qui m’envoient distribuer à manger et à boire à la mosquée. Ils m’ont demandé de ne pas dire leurs noms», affirme d’un air innocent Kamagaté Bintou, les mains chargées de jus de fruit.
Donner pour recevoir
Ici aussi, des non-musulmans prennent part au repas. Des invitations que le commerçant, Kouamé Stéphane accepte volontiers. «Depuis 2 semaines, c’est à un repas copieux et complet que j’ai droit tous les soirs chez mon ami Bamba. Lorsqu’il m’arrive d’être en retard à l’heure du repas, il n’hésite pas à m’appeler», témoigne-t-il.
La détermination de ces infatigables bienfaiteurs est chaque jour aiguisée par des appels au partage des chefs religieux. Dans son sermon du vendredi, l’imam central intérimaire, Timité Kolonga, a exhorté les fidèles musulmans à rechercher l’agrément de Dieu par le partage. «Pendant ce mois, chaque bienfait est multiplié plusieurs fois par Allah. Je vous demande d’intensifier les prières et l’aumône. Partager ce que vous consommer avec vos frères musulmans, vos proches, vos amis et vos voisins», a conseillé l’imam Kolonga.
Jean Michel Ouattara