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Art et Culture Publié le samedi 4 septembre 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Littérature Africaine / D’hier à aujourd’hui : Seydou Badian fait le diagnostic

Bernard Dadié a offert son hospitalité à ses illustres hôtes venus le soutenir lors la cérémonie de reconnaissance tenue sa personne. S’adressant à la presse, à son domicile sis à Cocody Cité des arts le jeudi 2 septembre 2010, en marge de cette visite, Seydou Kouyaté Badian a lancé un SOS pour la Maison d’éditions ‘’Présence Africaine’’, face aux difficultés de l’édition.

‘’Présence Africaine’’, pas assez de moyens

La directrice de ‘’Présence Africaine’’ ne s’est pas confinée dans les conjectures pour affirmer les difficultés qui minent les Editions. Pour Yandé Christiane Diop, la solution doit provenir de l’Afrique, mieux, de ses Chefs d’Etat. Les livres sont assez chers en général, déplore-t-elle avant de toiser les NTIC (Nouvelles technologies de l’Information et Communication) : « les jeunes Africains sont beaucoup plus attirés par l’Internet ». En ce moment, explique Yandé Diop, nous sommes en train de chercher les solutions avec les gouvernements africains qui nous font beaucoup de promesses – mais on ne voit pas de résultats. Afin de baisser le prix du livre pour permettre un lectorat plus diversifié. La maison d’Edition ‘’Présence Africaine’’, remarque-t-elle, n’est pas suffisamment aidée pour le faire. « Nous comptons sur certains de nos gouvernants pour continuer à être encore présents sur le marché du livre. ‘’Présence Africaine’’ a vraiment d’énormes difficultés. Mais, grâce à nos auteurs fidèles, tels que Bernard Dadié, Seydou Badian, nous arrisvons à maintenir le cap. De même on attend aussi beaucoup de la jeunesse plus que des gouvernants », a confié l’éditrice.

L’écrivain Seydou Badian, quant à lui, lance un véritable SOS à l’Afrique : « Il faut que les gouvernants africains soutiennent ‘’Présence Africaine’’. Parce que c’est nous tous – là-bas (Ndlr : France) aux yeux des Blancs qui formons une civilisation de l’oralité. De plus en plus, l’écrit prend le pas. L’écrit, c’est beaucoup parce qu’il reste avec sa vérité et ses dimensions ».

‘’Sous l’orage’’ apostrophe le mariage forcé

Publié à l’orée des indépendances Africaines, sous le joug colonial, le roman ‘’Sous l’orage’’ est un classique qui traverse le temps sans être suranné. Selon l’auteur, le malien Seydou Kouyaté Badian, plusieurs amalgames ont été faits sur le thème central que traite le livre. Le roman, écrit en 1957, fustige l’épineuse question du mariage forcé dans la société africaine. S’attaquant à ce sujet contemporain, Seydou Badian est sans équivoque. « J’ai écrit des scènes de quartier, des problèmes de familles. J’ai voulu apporter mon point de vue sur ces différents problèmes. On dit dans ‘’Sous l’orage’’ qu’il y a un conflit de générations. Mais, il y a des vieux (principalement le père Djigui) qui partagent l’opinion des jeunes. Et, il y a des jeunes qui sont d’accord avec des vieux tels que ‘’Kerfa’’. En fait, ‘’Sous l’orage’’ pose le problème du mariage forcé », a-t-il commenté.

Les dirigeants africains, un cas de conscience

En 1965, Seydou Badian est primé en même tant que Bernard Dadié pour le roman ‘’Les dirigeants africains face à leurs peuples’’. Le Grand Prix littéraire d’Afrique Noire a sanctionné cet ouvrage, véritable reflet des ‘’prouesses’’ des hommes d’Etat africains. Selon l’écrivain malien, l’oeuvre critique l’esprit des hommes politiques de cette époque. « Certains d’entre eux se prenaient pour des empereurs, et avaient des langages de démocrates, mais qui, dans leurs quotidiens se comportaient comme des êtres déstructurés. Déjà, d’aucuns se présentaient comme des Européens. Ils ont oubliés que nous sommes porteurs de ce que nos pères nous sont laissés. L’Occident a montré que nous devons rester Africains», a-t-il justifié.

La littérature Africaine, une évolution substantielle

Les écrivains Africains de la première génération ont constitué, pour leurs auteurs contemporains des éclaireurs, des ‘’montreurs de conduite’’. Pour Yandé Christiane Diop, directrice de la maison d’édition panafricaine ‘’Présence Africaine’’, le passé a si bien nourri le présent qu’il en est sorti des grands auteurs, qui se sont inspirés des grands écrivains africains de l’époque tels que Léopold Sédar Senghor, Birago Diop, Alioune Diop, Cheikh Anta Diop, Bernard Dadié. Car, dira Yandé Christiane, veuve d’Alioune Diop, fondateur des éditions ‘’Présence africaine’’: « Du point de vue littéraire, il y a eu une évolution. En fait, les jeunes écrivains Africains s’inspirent de leurs aînés. Il n’y a pas trop de nouveautés. Tout simplement, il y a un autre regard, évidemment, puisque c’est une nouvelle génération ». Seydou Badian, lui, certifie qu’en ce moment certains jeunes auteurs Africains prennent la relève. C’est-à-dire qu’ils s’attaquent aux tares sociales. « Il faut avoir le courage de nous regarder nous-mêmes et avoir le courage de dire la vérité sur nous-mêmes. C’est certainement ce qui va donner vie à la nouvelle vision que l’on peut avoir de la littérature. Nous avons écrit sur le système colonial. Il faut que l’écrivain contemporain ait l’habileté de dénoncer les travers et les manies voire les reniements de notre société », a conseillé l’auteur de ‘’Sang des masques’’.

Seydou Badian : le médecin, l’écrivain et le politicien

Seydou Badian est écrivain à trois (3) casquettes : médecin, écrivain et politicien. L’homme de culture malien dit arborer fièrement ces dits domaines de la connaissance. « De temps en temps, je change quand il le faut, si le contexte l’exige. Mais, sans jamais les renier. J’étais dans un avion et une femme a eu un malaise. Les gens criaient : un médecin ! Un médecin ! Je me suis levé avec mon âge (82 ans) et mon bâton… D’ailleurs, j’étais le seul médecin. Il a fallu que je me débrouille… J’écris et j’écris toujours. Je suis politicien. Je ne vais pas à une conférence ou à un colloque sans que je n’aborde de front ou de flanc le problème politique », a témoigné Seydou Badian.

La symbolique du masque Dogon, logo de ‘’Présence Africaine’’

Le masque Dogon – logo des Editions ‘’Présence africaine’’ représente le savoir, la connaissance. A en croire Seydou Badian, le peuple Dogon – vivant au Mali – soutient que tôt ou tard les hommes noirs formeront un seul peuple. « Au cours des rituels auxquels ils participent, en dansant, les masques Dogon frôlent la terre et ensuite se lèvent vers le ciel. Les masques ramassent la poussière qu’ils portent au ciel. Nous sommes aujourd’hui très bas mais, demain, nous les Africains, Nous nous élèverons vers le ciel », a expliqué le Malien

Krou Patrick
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