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Politique Publié le jeudi 9 septembre 2010 | Nord-Sud

François Kouablan, secrétaire général du Pit : “Nous ne pouvons pas être houphouétistes”

Pour faire pression sur les responsables du processus de sortie de crise, le Parti ivoirien des travailleurs a créé le Front pour des élections rapides en Côte d’Ivoire. Son secrétaire général, Kouablan François, parle de cette alliance et de la vie de son parti.


Le Pit a toujours décrié la politique des blocs. Qu’est-ce qui explique aujourd’hui la création du Fer-CI ?

Pour le commun des gens, la naissance du Fer-CI est synonyme de création d’un 3ème bloc. Ce n’est pas le cas. Il s’agit d’un mouvement de prise de conscience sur la question de l’élection. Cela fera la 6ème ou la 7ème fois que les élections ont été reportées. Aucun Ivoirien sérieux, comme l’a dit le président Wodié, ne peut accepter cela. On donne, aujourd’hui, au monde entier, le sentiment qu’en Côte d’Ivoire, il n’y a pas d’hommes sérieux, qu’il n’y a pas d’opposition politique. Le président Gbagbo décide et se dédit à son gré et les Ivoiriens subissent. On ne peut pas, en tant que responsable politique, subir tout le temps. Nous ne pouvons pas regarder notre pays aller à la destruction, sans réagir. C’est pour cela que, pour la création du Fer-CI qui est à l’initiative du Pit, nous avions voulu que ce soit le Feu qui veut dire Front pour des élections urgentes. Pour montrer l’urgence des élections aujourd’hui comme porte de sortie de la crise.


“On ne peut pas subir tout le temps”

Comment fonctionne-t-il ?
Il y a une direction composée des principaux leaders des partis qui composent le Fer-CI. La présidence est tournante (un mois par mandat) en commençant par le parti le plus ancien. Nous avons aussi un secrétariat qui regroupe les différents délégués de chaque organisation. Il coordonne les activités.


Quel avenir pour le Fer-CI ?

Le Fer-CI a pour premier objectif de faire en sorte que les élections aient lieu le 31 octobre 2010. Pour nous, il est hors de question d’acquiescer un autre report. Cela dit, lorsque vous marchez avec quelqu’un, c’est pour un objectif. Mais au-delà, il y a une affinité qui se crée. Nous verrons, avant, pendant et peut-être après les élections, comment nous pourrons marcher ensemble. Ce n’est pas une alliance qui doit entraîner la création d’un parti unique.


La création de cette alliance n’est-elle pas la manifestation d’une frustration ?

Qu’est-ce qui entraîne la guerre ? C’est la succession de frustrations. N’est-ce pas cela qui a amené certains à se sentir exclus de la Côte d’Ivoire et à prendre les armes ? Toutes ces crises à répétition que nous connaissons, sont dues au fait que les gens ont accumulé des frustrations et, n’en pouvant plus, ils réagissent parce qu’ils ont des droits. Nous disons que, dans un pays de droit, il faut faire en sorte que les Ivoiriens vivent selon le droit établi par eux-mêmes. Nous appelons au Fer-Ci tous les Ivoiriens qui veulent qu’on aille aux élections urgemment.


Comment devra se matérialiser cette urgence ?

Nous avions souhaité que la Cei (Commission électorale indépendante, Ndlr) fixe un chronogramme. C’est aujourd’hui chose faite. On aurait pu dire, comme c’est fait, on baisse les bras. On était en pourparlers avec des leaders politiques du Rhdp qui, une fois la date connue, se sont retirés. La fixation de la date ne suffit pas parce que la volonté de ne pas aller aux élections ne se manifeste pas en un jour. C’est un processus. Et, nous voyons des signes depuis que la date a été fixée. Il y a des signes qui nous disent que, si on ne fait rien, si on ne s’organise pas pour pousser ceux qui ont la décision entre les mains à aller de l’avant, on n’ira jamais aux élections.


Quels sont ces signes que vous percevez déjà ?

On a commencé à interpeller les leaders des partis politiques en tournant le dos à la procédure. Comment peut-on interpeller un ancien ministre, un député en fonction comme un vulgaire citoyen alors qu’il y a des règles ? En plus, à peine l’encasernement des ex-combattants dans les zones Cno (Centre, Nord et Ouest) a pris fin, qu’on observe des mouvements de milices qui revendiquent. Et, lorsque vous observez leurs revendications, il n’y a aucune cohérence. C’est à croire qu’on a de petits coups dans les tiroirs qu’on sort chaque fois que le processus évolue, pour le retarder. Autre élément, le discours du président de la République récemment à Divo. Je ne dirai pas que c’est indigne d’un président mais… ça fait peur. A qui veut-on faire peur ? Si on doit aller aux élections, le président de la République a-t-il besoin de chercher à faire peur aux Ivoiriens ?


Quelle alternative face à cette situation ?

Il appartient aux Ivoiriens de prendre leurs responsabilités. On ne peut pas continuer à accepter que des gens continuent de profiter de la situation au détriment de la majorité. Voyez le taux de pauvreté dans notre pays. Nous sommes à moins de deux semaines de la rentrée scolaire. Faites un tour dans les magasins. On a l’impression que les vacances viennent à peine de commencer. Il n’y a aucun engouement. Or, par le passé, chaque parent d’élève conscient serait en train de préparer la rentrée dès la fin de ce mois.


Le Rhdp dit poursuivre le même objectif. N’aurait-il pas été plus simple de faire alliance avec lui ?

Nous avons invité le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) à rejoindre le Fer-CI. Nous avions des contacts de sorte à avoir un point focal du Rhdp. Nous étions d’accord sur le principe. C’est dans la mise en œuvre que ç’a coincé. Peut-être parce que le Rhdp pensait qu’il s’agissait d’un autre bloc. Le Pit dit qu’en période de crise, les blocs bloquent.

“Il y a des problèmes de fonds qui demeurent”

Vous auriez pu les rejoindre.
Le Rhdp a un objectif. C’est le Rassemblement des houphouétistes. On ne peut pas avoir combattu Houphouet-Boigny pendant 40 ans de sa vie et dire qu’on est houphouétiste. Il faut être réaliste. Nous ne pouvons pas être des houphouétistes parce que nous ne sommes pas houphouétistes. Et nous ne pourrons jamais l’être. Cela ne veut pas dire que nous détestons Houphouet. Non ! Nous avons combattu sa politique. Ce serait illogique, aux yeux des Ivoiriens, que nous combattions la politique de quelqu’un et qu’à sa mort, on se reconnaisse en lui. Comment justifier cela ? Par contre, la situation nationale appelle les Ivoiriens à l’union.


Peut-on dire que vous êtes d’éternels incompris ?

Oui, parce que, malheureusement en Côte d’Ivoire, on n’écoute que ceux qui ont une capacité de nuisance. La concertation que nous avons proposée, par exemple, tout le monde sait que si elle avait eu lieu, on aurait fait l’économie de beaucoup de choses aussi bien en termes financiers qu’en termes de vie humaine. Nous sommes donc convaincus qu’elle aura lieu tôt ou tard mais pas sous la forme que nous avons connue en 2004. Elle devra être un vrai dialogue pour faire l’état des lieux des problèmes des Ivoiriens, trouver des solutions avec un engagement et un chronogramme pour leur application. On a fait la guerre à cause de la constitution de 2000. Dix ans après, qu’est-ce qui a été modifié de cette loi ? Rien du tout. Même pas une virgule. L’article 35 reste valable. Il y a des problèmes de fonds qui demeurent.

Interview réalisée par Bamba K. Inza
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