‘’L’Espace’’, dans cette édition, reçoit le ministre Sidiki Konaté, l’un des cadres influent des Forces nouvelles (Fn). Dans l’entretien qui suit, l’ex-porte-parole des Fn est optimiste quant à la tenue de la présidentielle le 31 octobre 2010. Dans faux fuyants, il répond entre autres, aux questions relatives à l’ex-rébellion, à son chef Guillaume Soro, à la liste électorale définitive…bref, à la préparation des élections.
La présidentielle, c’est dans quelques semaines. Avez-vous la conviction qu’elle aura lieu effectivement le 31 octobre ?
Konaté Sidiki : L’annonce de la date du 31octobre 2010 est le fruit d’un volume de travail réalisé par les signataires de l’accord de Ouagadougou et les structures en charge de la sortie de crise. En toute connaissance de cause et par une appréciation objective des tâches accomplies et des tâches à accomplir, cette date est réaliste et constitue un challenge pour chacun de nous.
A ce jour, toutes les décisions politiques à prendre ont été prises s’agissant de la liste électorale définitive, de la confection des bulletins et autres documents de vote. Le travail qui reste à faire, est donc d’ordre purement technique et ressort de la responsabilité de la Commission électorale indépendante (Cei) et des structures techniques. On constate aussi que ces structures sont activement au travail dans l’optique du 31 octobre.
Du côté militaire, l’encasernement des Forces nouvelles, est bouclé tandis que les chefs d’état-majors des Forces en présence (Fafn, Fds-Ci, Licorne, Onuci) travaillent activement à un schéma de sécurisation globale des élections.
Au niveau de la réunification du territoire, le dernier verrou qui était l’unicité des caisses est effectif par le déploiement progressif de la douane en zone Centre, nord, ouest (Cno).
Tous les signaux sont au vert pour le respect scrupuleux de la date butoir du 31 octobre 2010. Humainement, le 31 octobre est effectif ; prions Dieu pour que rien ne vienne compromettre cette date car ce sera une catastrophe et un grand espoir déçu!
prions Dieu pour que rien ne vienne compromettre cette date car ce sera une catastrophe et un grand espoir déçu!
La liste électorale définitive a été entérinée par un décret. Comment appréciez-vous cette liste qui comporte 5.725.720 inscrits ?
C’est encore la preuve que les politiques signataires de l’accord, jouent pleinement leur rôle pour ce qu’ils ont à faire. Ce sont les signes positifs et visibles de l’accord de Ouagadougou, qui commencent à pointer à l’horizon. Cette liste règle définitivement la question de la nationalité, de l’identité et de l’électorat de 5725720 personnes. C’est au moins, plus de quinze (15) millions de personnes (par ascendance ou descendance) qui voient régler définitivement en Côte d’Ivoire le problème de leur nationalité et de leur identité.
Nous attendons que les techniciens produisent et distribuent correctement les cartes d’électeur et d’identité pour marquer, voire célébrer solennellement et historiquement ce grand pas vers une paix profonde et durable en Côte d’Ivoire.
En même temps, nous restons conscients que c’est à l’issue du processus global de sortie de crise que nos compatriotes jugeront si nous avons bien accompli ou non, la mission de paix pour la Côte d’Ivoire, contenue dans l’accord politique de Ouagadougou (Apo).
Aujourd’hui, il reste encore des questions à régler avant le 31 octobre. On peut citer entre autres, le reliquat du budget de l’encasernement, la mise à disposition de la Cei, de moyens financiers pour le reste du processus électoral, le démantèlement des milices, l’opérationnalité du Cci qui n’a pas encore déployé sur le terrain, les 8.000 soldats prévus pour la sécurisation des élections. Ne craignez-vous pas que ces difficultés empêchent la tenue du scrutin ?
Il ne faut pas s’effrayer. Apprécions chaque avancée et n’ayons pas peur des défis qui vont jalonner cette sortie de crise. Il est clair que nous n’allons pas régler tous les problèmes avant le 31 octobre. Le président élu après les élections présidentielles, aura à gérer certains dossiers de la crise comme on le voit dans tous les pays qui ont connu la guerre. Le plus important, c’est de régler les grands problèmes qui nous amènent à une élection apaisée et sécurisée sur toute l’étendue du territoire. Le ministre des finances a déjà bouclé le financement des élections ; avec l’unicité des caisses en zone Cno, l’Etat monte en puissance par le décaissement progressif de la prise en charge financière de l’encasernement ; l’union européenne a aussi pris en charge le traitement financier des soldats des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn) dans le Centre de commandement intégré (Cci) ; un plan de réinsertion pour les démobilisés est à l’étude au niveau financier et va se matérialiser bientôt ; un plan de sécurisation est à l’ébauche, qui prendra en compte près de 20.000 (vingt mille) soldats mixtes (Fafn, Fds-Ci, Licorne, Forces impartiales) pour sécuriser les élections ; un plan précis existe pour empêcher toute force auxiliaire non prévue dans le schéma de sécurisation globale des élections, de troubler les élections ou la proclamation des résultats, sur toute l’étendue du territoire. Bref, il y a une volonté de ne laisser aucun compartiment empêcher la tenue des élections le 31 octobre ou de le perturber. Chaque Ivoirien doit être le gardien d’une élection juste et apaisée avant et après le 31 octobre.
Avec du recul, que pensez-vous de l’affaire Beugré Mambé qui a failli remettre en cause l’Apo ?
Ce dossier est clos. Regardons ce qui est en train de se faire pour avancer et sortir définitivement et profondément de cette crise. C’est ce que les Ivoiriens attendent de nous et dans l’urgence.
La nouvelle Cei vous donne-t-elle satisfaction ?
Elle fait son travail dans le respect de l’accord de Ouagadougou et en intelligence avec les autres acteurs politiques et techniques. Le résultat est là qui le démontre. Il faut aider la Cei à surmonter toute difficulté car c’est elle seule que nous avons choisie dans les accords pour organiser les élections. Sa composition par les partis politiques est à la fois le signe de sa force mais de sa faiblesse. Mais il faut l’aider par des propositions constructives à assumer sa mission délicate et historique d’organiser la première véritable élection démocratique en côte d’ivoire. C’est ce que les Forces nouvelles font à travers leurs représentants qui y siègent.
Vous n’êtes plus le porte-parole des Forces nouvelles, mais vous demeurez l’un des cadres influents de ce mouvement. Pensez-vous que les Fn ont atteint aujourd’hui leur but ?
Dans la recherche d’un nouveau souffle, le secrétaire général des Forces nouvelles a mis en place un porte-parolat composé de trois responsables, qui continuent le travail et que nous encadrons. Je suis membre du directoire politique des Forces nouvelles (Secrétaire national à l’organisation et à la mobilisation) et on travaille dur aux côtés du secrétaire général, le premier ministre Guillaume Soro, dans l’application des dispositions de l’accord de Ouagadougou. Il n’y a pas à nôtre niveau de répit dans le travail de construction de la paix pour tous les Ivoiriens. La méthode a changé mais l’objectif demeure de permettre l’émergence d’une nouvelle Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même et engagée dans la vraie démocratie. C’est ce qui est contenu dans l’accord politique de Ouagadougou et c’est ce qui est entrain de se construire sous vos yeux.
Le premier ministre Guillaume Soro s’est volontairement mis à l’écart de la gestion quotidienne des Forces nouvelles dont il est le secrétaire général. Qu’est-ce qui explique réellement cette décision, et pourquoi son choix a été porté sur le ministre Koné Mamadou pour assurer son intérim, alors que ce dernier n’est pas considéré comme un baron de l’ex-rébellion ?
Le premier ministre Guillaume Soro est le secrétaire général des Forces nouvelles et il gère les Forces nouvelles jusqu’à la fin du processus. Pour certaines tâches, il a nommé un intérimaire à qui, il a confié certaines missions.
Le ministre d’Etat Koné Mamadou est un très proche du secrétaire général depuis plusieurs années. Il a participé tout récemment aux négociations de l’accord de Ouagadougou (2007) et était un de nos chefs de délégation. Donc c’est un baron dans les barons si cela peut vous aider.
Qui gagnerait à faire un coup d’Etat et à replonger encore ce pays dans le chaos ?
Sidiki Konaté n’est plus le porte-parole des Fn, Guillaume Soro n’est plus secrétaire général en plein temps. N’avez-vous pas peur d’un éventuel ‘’coup d’Etat’’ au sein de votre organisation ?
Le premier ministre Guillaume Soro est bel et bien le chef des Forces nouvelles ; il est bien encré, grâce à dieu, dans son organisation et le demeurera jusqu’à la fin de ce processus si Dieu le veut. L’heure n’est plus aux coups d’Etat ; l’heure est à la délivrance des cartes d’identités et à des élections ouvertes entre tous les candidats. Qui gagnerait à faire un coup d’Etat et à replonger encore ce pays dans le chaos ? Il faut avoir pitié de ce pays et de ses habitants. Ne soyez pas un oiseau de mauvais augure. Pensez positif et ça rejaillira sur le pays
Loin de nous d’être un oiseau de mauvais augure. Mais le constat est qu’il y a souvent des secousses au sein des Fn ? Ne redoutez-vous pas ennemis internes et externes ?
Je vous dis que nul n’a intérêt à penser à un coup et à remettre les choses en cause. L’essentiel aujourd’hui, c’est la sortie de crise qui est irréversible.
N’avez-vous pas le sentiment d’avoir trahi quand on sait que certains ex-membres de l’ex-rébellion, vous accusent d’avoir vendu la lutte?
Qui sont ceux-là ? Laissez les gens dénigrer et intoxiquer ! Bientôt la réalité et les Ivoiriens nous donneront raison d’avoir opté pour l’accord de Ouagadougou. A l’heure du bilan, chacun jugera si nous avons vendu ou sauver la lutte commencée le 19 septembre 2002. Nous avons la conscience tranquille. Nous mettons au défi les bavards de donner des preuves et de proposer autre chose qui aurait donné ce que toute la Côte d’Ivoire est en train d’avoir dans l’accord de Ouagadougou, comme chance de construire ensemble la paix.
Pensez-vous avoir eu raison d’entrer au gouvernement et d’avoir signé avec le chef de l’Etat, l’Accord politique de Ouagadougou ?
Nous assumons cet accord et si c’était à refaire, on n’aurait pas le choix que de le refaire. Cet accord n’est pas une arnaque ou un partage de gâteaux ; cet accord vise concrètement à faire la paix en réglant les problèmes et en tirant leçon des échecs répétés des différents accords signés avant et qui n’ont rien réglé.
Ce qui fait la force de cet accord, c’est la volonté pour les deux ex-belligérants de construire la paix par eux-mêmes, en y associant les grandes formations politiques dans la cogestion de la sortie de crise. C’est la méthode consensuelle permanente de prendre en compte tous les avis des grands acteurs pour consolider les acquis de l’accord. C’est la construction de la paix pour tous et par tous. Si des gens estiment qu’il y a d’autres options plus sages et plus efficaces, qu’ils les proposent et les mettent en application. Sinon qu’ils se taisent…
La rumeur dit que Laurent Gbagbo vous estime et que vous êtes désormais proche de lui. Vrai ou faux ?
Vous me l’apprenez. En quoi est-ce que c’est mauvais ? C’est donc plutôt au chef de l’Etat qu’il faut demander s’il m’estime et pourquoi ? Pour ma part, à partir du moment où nous avons signé aux yeux du monde un accord pour construire la paix, il devient partenaire pour la construction de la paix. Lui, il est candidat et moi mon patron, le premier ministre Soro, est arbitre du processus. Voilà ce qui nous rapproche.
Quels sont vos rapports avec les présidents du Pdci et du Rdr, les deux leaders de l’opposition ?
Les présidents Bédié et Ouattara sont membres du Cpc (cadre permanent de concertation) qui est un organe de l’accord de Ouagadougou. Ils sont aussi nos partenaires dans la construction de la paix. Hier nous étions ensemble dans le G7, mais avec la nomination et la fonction d’arbitre du premier ministre, ils ont compris et accepté qu’on soit hors du G7. Ce qui est logique car comment serait- on crédible dans ce rôle d’arbitre ? Les Ivoiriens ont bien compris aujourd’hui pourquoi cette position d’arbitre des Forces nouvelles, a fait considérablement avancer le processus de sortie de crise.
Après les élections, que fera Sidiki Konaté ?
Il sera heureux comme les autres Ivoiriens de vivre dans une nouvelle ère en Côte d’Ivoire, qui offre plus de perspectives à chaque Ivoirien.
En temps opportun, vous le saurez. Pour l’heure, le seul mot d’ordre que le secrétaire général des Forces nouvelles, le Premier ministre Guillaume Soro nous a donné, est : « Au travail pour tenir la date du 31 octobre 2010 dans la sécurité, la paix et la démocratie ».
A quelques semaines du premier tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire, si vous devez vous adresser aux candidats en lice, que leur diriez-vous ?
Mon appel est : Soyons fairplay pour les futures échéances électorales en Côte d’Ivoire. Nous y gagnons tous et la Côte d’Ivoire nous survivra !
Interview réalisée par
BAMBA Idrissa
La présidentielle, c’est dans quelques semaines. Avez-vous la conviction qu’elle aura lieu effectivement le 31 octobre ?
Konaté Sidiki : L’annonce de la date du 31octobre 2010 est le fruit d’un volume de travail réalisé par les signataires de l’accord de Ouagadougou et les structures en charge de la sortie de crise. En toute connaissance de cause et par une appréciation objective des tâches accomplies et des tâches à accomplir, cette date est réaliste et constitue un challenge pour chacun de nous.
A ce jour, toutes les décisions politiques à prendre ont été prises s’agissant de la liste électorale définitive, de la confection des bulletins et autres documents de vote. Le travail qui reste à faire, est donc d’ordre purement technique et ressort de la responsabilité de la Commission électorale indépendante (Cei) et des structures techniques. On constate aussi que ces structures sont activement au travail dans l’optique du 31 octobre.
Du côté militaire, l’encasernement des Forces nouvelles, est bouclé tandis que les chefs d’état-majors des Forces en présence (Fafn, Fds-Ci, Licorne, Onuci) travaillent activement à un schéma de sécurisation globale des élections.
Au niveau de la réunification du territoire, le dernier verrou qui était l’unicité des caisses est effectif par le déploiement progressif de la douane en zone Centre, nord, ouest (Cno).
Tous les signaux sont au vert pour le respect scrupuleux de la date butoir du 31 octobre 2010. Humainement, le 31 octobre est effectif ; prions Dieu pour que rien ne vienne compromettre cette date car ce sera une catastrophe et un grand espoir déçu!
prions Dieu pour que rien ne vienne compromettre cette date car ce sera une catastrophe et un grand espoir déçu!
La liste électorale définitive a été entérinée par un décret. Comment appréciez-vous cette liste qui comporte 5.725.720 inscrits ?
C’est encore la preuve que les politiques signataires de l’accord, jouent pleinement leur rôle pour ce qu’ils ont à faire. Ce sont les signes positifs et visibles de l’accord de Ouagadougou, qui commencent à pointer à l’horizon. Cette liste règle définitivement la question de la nationalité, de l’identité et de l’électorat de 5725720 personnes. C’est au moins, plus de quinze (15) millions de personnes (par ascendance ou descendance) qui voient régler définitivement en Côte d’Ivoire le problème de leur nationalité et de leur identité.
Nous attendons que les techniciens produisent et distribuent correctement les cartes d’électeur et d’identité pour marquer, voire célébrer solennellement et historiquement ce grand pas vers une paix profonde et durable en Côte d’Ivoire.
En même temps, nous restons conscients que c’est à l’issue du processus global de sortie de crise que nos compatriotes jugeront si nous avons bien accompli ou non, la mission de paix pour la Côte d’Ivoire, contenue dans l’accord politique de Ouagadougou (Apo).
Aujourd’hui, il reste encore des questions à régler avant le 31 octobre. On peut citer entre autres, le reliquat du budget de l’encasernement, la mise à disposition de la Cei, de moyens financiers pour le reste du processus électoral, le démantèlement des milices, l’opérationnalité du Cci qui n’a pas encore déployé sur le terrain, les 8.000 soldats prévus pour la sécurisation des élections. Ne craignez-vous pas que ces difficultés empêchent la tenue du scrutin ?
Il ne faut pas s’effrayer. Apprécions chaque avancée et n’ayons pas peur des défis qui vont jalonner cette sortie de crise. Il est clair que nous n’allons pas régler tous les problèmes avant le 31 octobre. Le président élu après les élections présidentielles, aura à gérer certains dossiers de la crise comme on le voit dans tous les pays qui ont connu la guerre. Le plus important, c’est de régler les grands problèmes qui nous amènent à une élection apaisée et sécurisée sur toute l’étendue du territoire. Le ministre des finances a déjà bouclé le financement des élections ; avec l’unicité des caisses en zone Cno, l’Etat monte en puissance par le décaissement progressif de la prise en charge financière de l’encasernement ; l’union européenne a aussi pris en charge le traitement financier des soldats des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn) dans le Centre de commandement intégré (Cci) ; un plan de réinsertion pour les démobilisés est à l’étude au niveau financier et va se matérialiser bientôt ; un plan de sécurisation est à l’ébauche, qui prendra en compte près de 20.000 (vingt mille) soldats mixtes (Fafn, Fds-Ci, Licorne, Forces impartiales) pour sécuriser les élections ; un plan précis existe pour empêcher toute force auxiliaire non prévue dans le schéma de sécurisation globale des élections, de troubler les élections ou la proclamation des résultats, sur toute l’étendue du territoire. Bref, il y a une volonté de ne laisser aucun compartiment empêcher la tenue des élections le 31 octobre ou de le perturber. Chaque Ivoirien doit être le gardien d’une élection juste et apaisée avant et après le 31 octobre.
Avec du recul, que pensez-vous de l’affaire Beugré Mambé qui a failli remettre en cause l’Apo ?
Ce dossier est clos. Regardons ce qui est en train de se faire pour avancer et sortir définitivement et profondément de cette crise. C’est ce que les Ivoiriens attendent de nous et dans l’urgence.
La nouvelle Cei vous donne-t-elle satisfaction ?
Elle fait son travail dans le respect de l’accord de Ouagadougou et en intelligence avec les autres acteurs politiques et techniques. Le résultat est là qui le démontre. Il faut aider la Cei à surmonter toute difficulté car c’est elle seule que nous avons choisie dans les accords pour organiser les élections. Sa composition par les partis politiques est à la fois le signe de sa force mais de sa faiblesse. Mais il faut l’aider par des propositions constructives à assumer sa mission délicate et historique d’organiser la première véritable élection démocratique en côte d’ivoire. C’est ce que les Forces nouvelles font à travers leurs représentants qui y siègent.
Vous n’êtes plus le porte-parole des Forces nouvelles, mais vous demeurez l’un des cadres influents de ce mouvement. Pensez-vous que les Fn ont atteint aujourd’hui leur but ?
Dans la recherche d’un nouveau souffle, le secrétaire général des Forces nouvelles a mis en place un porte-parolat composé de trois responsables, qui continuent le travail et que nous encadrons. Je suis membre du directoire politique des Forces nouvelles (Secrétaire national à l’organisation et à la mobilisation) et on travaille dur aux côtés du secrétaire général, le premier ministre Guillaume Soro, dans l’application des dispositions de l’accord de Ouagadougou. Il n’y a pas à nôtre niveau de répit dans le travail de construction de la paix pour tous les Ivoiriens. La méthode a changé mais l’objectif demeure de permettre l’émergence d’une nouvelle Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même et engagée dans la vraie démocratie. C’est ce qui est contenu dans l’accord politique de Ouagadougou et c’est ce qui est entrain de se construire sous vos yeux.
Le premier ministre Guillaume Soro s’est volontairement mis à l’écart de la gestion quotidienne des Forces nouvelles dont il est le secrétaire général. Qu’est-ce qui explique réellement cette décision, et pourquoi son choix a été porté sur le ministre Koné Mamadou pour assurer son intérim, alors que ce dernier n’est pas considéré comme un baron de l’ex-rébellion ?
Le premier ministre Guillaume Soro est le secrétaire général des Forces nouvelles et il gère les Forces nouvelles jusqu’à la fin du processus. Pour certaines tâches, il a nommé un intérimaire à qui, il a confié certaines missions.
Le ministre d’Etat Koné Mamadou est un très proche du secrétaire général depuis plusieurs années. Il a participé tout récemment aux négociations de l’accord de Ouagadougou (2007) et était un de nos chefs de délégation. Donc c’est un baron dans les barons si cela peut vous aider.
Qui gagnerait à faire un coup d’Etat et à replonger encore ce pays dans le chaos ?
Sidiki Konaté n’est plus le porte-parole des Fn, Guillaume Soro n’est plus secrétaire général en plein temps. N’avez-vous pas peur d’un éventuel ‘’coup d’Etat’’ au sein de votre organisation ?
Le premier ministre Guillaume Soro est bel et bien le chef des Forces nouvelles ; il est bien encré, grâce à dieu, dans son organisation et le demeurera jusqu’à la fin de ce processus si Dieu le veut. L’heure n’est plus aux coups d’Etat ; l’heure est à la délivrance des cartes d’identités et à des élections ouvertes entre tous les candidats. Qui gagnerait à faire un coup d’Etat et à replonger encore ce pays dans le chaos ? Il faut avoir pitié de ce pays et de ses habitants. Ne soyez pas un oiseau de mauvais augure. Pensez positif et ça rejaillira sur le pays
Loin de nous d’être un oiseau de mauvais augure. Mais le constat est qu’il y a souvent des secousses au sein des Fn ? Ne redoutez-vous pas ennemis internes et externes ?
Je vous dis que nul n’a intérêt à penser à un coup et à remettre les choses en cause. L’essentiel aujourd’hui, c’est la sortie de crise qui est irréversible.
N’avez-vous pas le sentiment d’avoir trahi quand on sait que certains ex-membres de l’ex-rébellion, vous accusent d’avoir vendu la lutte?
Qui sont ceux-là ? Laissez les gens dénigrer et intoxiquer ! Bientôt la réalité et les Ivoiriens nous donneront raison d’avoir opté pour l’accord de Ouagadougou. A l’heure du bilan, chacun jugera si nous avons vendu ou sauver la lutte commencée le 19 septembre 2002. Nous avons la conscience tranquille. Nous mettons au défi les bavards de donner des preuves et de proposer autre chose qui aurait donné ce que toute la Côte d’Ivoire est en train d’avoir dans l’accord de Ouagadougou, comme chance de construire ensemble la paix.
Pensez-vous avoir eu raison d’entrer au gouvernement et d’avoir signé avec le chef de l’Etat, l’Accord politique de Ouagadougou ?
Nous assumons cet accord et si c’était à refaire, on n’aurait pas le choix que de le refaire. Cet accord n’est pas une arnaque ou un partage de gâteaux ; cet accord vise concrètement à faire la paix en réglant les problèmes et en tirant leçon des échecs répétés des différents accords signés avant et qui n’ont rien réglé.
Ce qui fait la force de cet accord, c’est la volonté pour les deux ex-belligérants de construire la paix par eux-mêmes, en y associant les grandes formations politiques dans la cogestion de la sortie de crise. C’est la méthode consensuelle permanente de prendre en compte tous les avis des grands acteurs pour consolider les acquis de l’accord. C’est la construction de la paix pour tous et par tous. Si des gens estiment qu’il y a d’autres options plus sages et plus efficaces, qu’ils les proposent et les mettent en application. Sinon qu’ils se taisent…
La rumeur dit que Laurent Gbagbo vous estime et que vous êtes désormais proche de lui. Vrai ou faux ?
Vous me l’apprenez. En quoi est-ce que c’est mauvais ? C’est donc plutôt au chef de l’Etat qu’il faut demander s’il m’estime et pourquoi ? Pour ma part, à partir du moment où nous avons signé aux yeux du monde un accord pour construire la paix, il devient partenaire pour la construction de la paix. Lui, il est candidat et moi mon patron, le premier ministre Soro, est arbitre du processus. Voilà ce qui nous rapproche.
Quels sont vos rapports avec les présidents du Pdci et du Rdr, les deux leaders de l’opposition ?
Les présidents Bédié et Ouattara sont membres du Cpc (cadre permanent de concertation) qui est un organe de l’accord de Ouagadougou. Ils sont aussi nos partenaires dans la construction de la paix. Hier nous étions ensemble dans le G7, mais avec la nomination et la fonction d’arbitre du premier ministre, ils ont compris et accepté qu’on soit hors du G7. Ce qui est logique car comment serait- on crédible dans ce rôle d’arbitre ? Les Ivoiriens ont bien compris aujourd’hui pourquoi cette position d’arbitre des Forces nouvelles, a fait considérablement avancer le processus de sortie de crise.
Après les élections, que fera Sidiki Konaté ?
Il sera heureux comme les autres Ivoiriens de vivre dans une nouvelle ère en Côte d’Ivoire, qui offre plus de perspectives à chaque Ivoirien.
En temps opportun, vous le saurez. Pour l’heure, le seul mot d’ordre que le secrétaire général des Forces nouvelles, le Premier ministre Guillaume Soro nous a donné, est : « Au travail pour tenir la date du 31 octobre 2010 dans la sécurité, la paix et la démocratie ».
A quelques semaines du premier tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire, si vous devez vous adresser aux candidats en lice, que leur diriez-vous ?
Mon appel est : Soyons fairplay pour les futures échéances électorales en Côte d’Ivoire. Nous y gagnons tous et la Côte d’Ivoire nous survivra !
Interview réalisée par
BAMBA Idrissa