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Politique Publié le mardi 28 septembre 2010 | Nord-Sud

Mouvement du corps préfectoral : Les pièges que l’opposition doit éviter

© Nord-Sud Par DR
Présidentielle du 31 octobre 2010: le président de la CEI, Youssouf Bakayoko rencontre les préfets
Vendredi 24 septembre 2010. Yamoussoukro, hôtel Président. La Commission électorale indépendante (Cei) rencontre le corps préfectoral pour s`accorder sur la conduite à tenir pendant les élections
Le président de la République, Laurent Gbagbo, a procédé à un vaste mouvement du corps préfectoral. A l’orée du scrutin présidentiel, l’opposition est inquiète. Calcul électoraliste ou simple acte administratif ?

Election et suspicion. Deux termes qui se côtoient étroitement en période de vote. L’absence de confiance en l’autre est de mise. Des intentions de fraude sont prêtées, à tort ou à raison, aux actes posés par l’adversaire. A l’orée du scrutin présidentiel du 31 octobre, un autre fait vient exacerber la méfiance au sein de la classe politique : le vaste mouvement du corps préfectoral opéré par le président de la République, Laurent Gbagbo, candidat à sa propre succession. En effet, pour pallier une «urgence», comme l’indiquent lesdites décisions, ce dernier a pris les décrets n° 2010-259 du 16 septembre 2010 et n° 2010-254 du 16 septembre 2010 portant respectivement nomination de préfets de région et de département et de sous-préfets (voir Fraternité Matin du lundi 20 septembre 2010).

Le président du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), Francis Wodié, ne voit pas cela d’un bon œil. Il a jeté le pavé dans la mare à l’occasion de la conférence de presse qu’il a animée le lundi 20 septembre dernier, au Qg de son parti sis à Adjamé. Pour le candidat du Pit qui la juge inopportune, cette action est «suspecte». Sa préoccupation est partagée par la porte-parole d’Alassane Ouattara, Anne Ouloto. « C’est un mouvement totalement inutile», estime-t-elle. Celui qui porte la parole d’Henri Konan Bédié n’est pas plus serein. Niamkey Koffi invite à la prudence : «Avec le pouvoir Fpi (Front populaire ivoirien, ndlr), il faut toujours être vigilant. Ça peut cacher une volonté de manipulation des élections». Et, sa vigilance se justifie. Dans l’histoire des élections en Côte d’Ivoire, aussi bien Houphouet-Boigny, Konan Bédié que Guéi Robert ont eu recours au corps préfectoral en vue d’influencer les résultats en leur faveur. Les préfets-amis étant affectés dans les régions peu favorables au dirigeant. Pour l’élection-ci, c’est, certes, la Commission électorale indépendante (Cei) qui a à charge l’organisation. Mais, il n’en demeure pas moins que les préfets et sous-préfets, en tant qu’administrateurs, ont un travail à faire. «Un rôle résiduel comparé à ce qu’ils faisaient avant», explique un commissaire de la Cei, sous couvert de l’anonymat. Qui reconnaît toutefois que cette fonction est «essentielle pour le succès du processus». C’est que, a poursuivi notre interlocuteur, en plus d’avoir la responsabilité d’assurer un climat favorable à une élection apaisée, les préfets interviennent dans le recrutement des agents électoraux. «La Cei a fait le choix de sélectionner les agents électoraux parmi les fonctionnaires. Ainsi, pourra-t-on retrouver, sans difficulté, les traces d’un individu qui se rendrait coupable d’irrégularité. Les préfets proposeront la liste des fonctionnaires en fonction dans leur localité et il reviendra à la Cei de faire son choix», a ajouté notre interlocuteur. Un préfet partisan ne serait-il pas tenté d’inscrire, en priorité, les travailleurs proches de son camp ? Si donc les mouvements qui ont cours, en ce moment, avaient une visée électoraliste, l’opposition se devrait d’ouvrir l’œil. Au cas où…
Maîtriser le rôle des représentants du chef de l’Etat dans le processus électoral ne sera pas chose inutile. Cela lui permettra de s’assurer que les patrons de l’administration jouent franc jeu dans la tenue du scrutin. En sus, l’analyse du climat social par un préfet en ‘’mission électoraliste’’ sera, on s’en doute, partisane. Les opposants de Laurent Gbagbo devront donc éviter de tomber dans la violence. On se souvient qu’en février dernier, des protestations liées au contentieux sur la liste électorale avaient entraîné l’incendie de la résidence d’Issa Malick Coulibaly, directeur national de campagne du candidat de la Majorité présidentielle. Si un tel excès se reproduisait à l’occasion de la présidentielle, il serait un motif suffisant pour l’annulation du vote dans une telle localité. Le préfet-ami ne se ferait pas prier.

Le vendredi 24 septembre dernier, le président de la Cei, Youssouf Bakayoko, a rencontré le corps préfectoral à Yamoussoukro. Son message à l’endroit des patrons de l’administration est éloquent : «vous devez observer la réserve que vous impose votre métier. Par votre comportement, vous devez participer à l’apaisement du climat politique en restant collés exclusivement à l’exercice de votre fonction de préfet, représentants de l’Etat dans vos diverses circonscriptions». Il a également signalé que si l’organisation qu’il dirige a été créée, c’est pour que les Ivoiriens aient confiance dans le système électoral. L’opposition n’est visiblement pas la seule à être inquiète ?

Bamba K. Inza
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