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Politique Publié le lundi 4 octobre 2010 | L’Inter

Visite du SG de l`Elysée en Côte d`Ivoire - Ce que Gbagbo et Guéant se sont dit à huis clos

© L’Inter Par Prisca
Pré campagne électorale du candidat du FPI : 10.000 femmes apportent leur soutien au président Laurent Gbagbo
Samedi 11 septembre 2010. Abidjan, Treichville. Palais de la culture Bernard B. Dadié. Photo: le président Laurent Gbagbo
Il est enfin arrivé comme annoncé, après deux reports. Le secrétaire général de l`Elysée, Claude Guéant, a en effet foulé le sol ivoirien le samedi 02 octobre dernier en début de soirée, précisément à 19h à l`aéroport international de Yamoussoukro. Après le cérémonial d`accueil, le bras droit du président français Nicolas Sarkozy et sa délégation se sont rendus au caveau de la famille Boigny, où il a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de feu Félix Houphouet- Boigny, premier président de la République de Côte d’Ivoire. Le SG de l`Elysée a par la suite été accueilli au palais présidentiel de la capitale politique ivoirienne, par le président Laurent Gbagbo qui l`y attendait pour un entretien à huis clos. A sa sortie de cette audience, qui a duré environ une heure, Claude Guéant n`a fait aucune déclaration, celle-ci étant réservée à la conférence de presse qu`il devait animer plus tard à Abidjan, avant de prendre son vol pour Paris. Outre les propos enrobés de diplomatie tenus face à la presse avant son départ de la Côte d`Ivoire, on en sait davantage sur le tête-à-tête que l`émissaire de Sarkozy a eu avec le président ivoirien. Selon une source diplomatique bien informée, deux principales questions ont meublé ce huis clos qui a eu lieu dans les bureaux de la résidence présidentielle. La première est liée aux évènements de novembre 2004, notamment le préjudice causé par la France à la Côte d’Ivoire pendant ces événements. On se souvient que la force française Licorne, alors commandée par le général Poncet, avait brutalement mis fin à l`opération dignité (nom de code des raids aériens lancés par les Fanci contre les positions rébelles ndlr) en détruisant les avions militaires ivoiriens, en représailles au bombardement du camp français de Bouaké. Il s`en est suivi des manifestations anti-françaises, qui se sont soldées, plus tard, par une tuerie massive de manifestants ivoiriens à l`hôtel ivoire. Ceux-ci protestaient également contre le positionnement de plusieurs dizaines de chars français dans le quartier de Cocody habité par le chef de l`Etat Laurent Gbagbo. Ces événements perçus par le parti au pouvoir comme une volonté des autorités françaises de lui arracher le pouvoir, constituent le lourd contentieux qui avait grippé les relations entre Paris et Abidjan. Vider ce contentieux était donc un point majeur des discussions du samedi dernier entre Gbagbo et Guéant. « Il faut éviter le recours à la justice », ont convenu les deux parties, qui privilégient ainsi un règlement amiable. « Les 17 milliards de Francs CFA engagés par l’Etat ivoirien pour la réhabilitation des écoles françaises en Côte d’Ivoire et les 6 autres milliards engagés pour le dédommagement des victimes françaises de ces évènements sont pour les autorités Ivoiriennes autant de signes que devront comprendre les autorités françaises pour le règlement de ce contentieux essentiellement politique », nous a révélé notre source. En clair, les autorités ivoiriennes attendent des signaux forts de Paris. Et le tête-à-tête avec Guéant est perçu comme le début véritable des discussions pour le retour à la normalité entre la France et la Côte d`Ivoire. En tout cas, selon notre informateur, la volonté des deux pays de régler la fâcheuse affaire s’est manifestée lors de leur rencontre, par la décision de mettre sur pied un comité qui va étudier le dédommagement des victimes de ces évènements de novembre 2004. Le deuxième point évoqué pendant le huis clos de Yamoussoukro, c`est la question d’achat d’armes par la Côte d’Ivoire en vue de la sécurisation des élections. Les autorités ivoiriennes ont en effet introduit depuis longtemps une requête auprès des Nations Unies, pour la levée de l`embargo sur les achats d`armes, afin d`équiper les agents chargés de sécuriser les élections. Paris a promis que son envoyé à Laurent Gbagbo, va soutenir la demande ivoirienne pour l’importation d’armes non létales pour cette opération de fin de crise. Seulement, a prévenu Guéant, les fournisseurs devront faire une demande auprès du Comité de sanction du Conseil de sécurité de l`Onu. Une démarche qui n’aurait pas été respectée dans la transaction qui vaut aujourd’hui l’emprisonnement d’un officier ivoirien aux États-Unis. On imagine que Gbagbo et son hôte n`auraient pas pu se quitter sans évoquer la question de la tenue de l`élection présidentielle prévue pour le 31 octobre 2010. Après Yamoussoukro, Claude Guéant s’est rendu à Abidjan. Hier dimanche 3 octobre, il a eu des échanges avec notamment le Premier ministre Guillaume Soro, le président du Pdci Henri Konan Bédié et celui du Rdr, Alassane Ouattara. Au cours de la conférence de presse qui a clôturé sa présence en terre ivoirienne, le secrétaire général de l`Elysée s`est voulu rassurant sur la tenue effective de la présidentielle le 31 octobre prochain. «Je suis confiant dans tous les propos que j`ai entendus. Tous m`ont présenté cette date du premier tour de l`élection présidentielle comme une certitude. J`ai compris que tout était mis en place pour que cette date soit tenue », a dit Claude Guéant devant la presse. « Une page de l`histoire de la Côte d`Ivoire est en train de se tourner, une ère nouvelle s`annonce », a-t-il ajouté, soulignant que pour les élections à venir, la France n`a aucun candidat, et qu`elle souhaite des élections dans « une totale transparence et le respect des résultats ».

Hamadou ZIAO

Photo : Gbagbo Guéant
Légende: Le chef de l`Etat ivoirien et l`émissaire de Sarkozy ont entamé les discussions pour le retour à la normalité entre Paris et Abidjan
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