« Démocratie… l’Afrique peut toujours attendre ». Cette phrase est du socialiste français Michel Rocard, il y a quelques jours, à Toulouse, en France. Ce n’est pas une surprise. L’égarement diplomatique de Michel Rocard, à l’égard de l’Afrique politique, reste le même boulevard de mépris emprunté par Jacques Chirac, qui a dit que la ‘’démocratie est un luxe’’ pour l’Afrique, ou Nicolas Sarkozy, de façon ivresse du pouvoir avait déclaré à Dakar, au Sénégal que ‘’l’Afrique n’est jamais entrée dans l’histoire’’. A l’analyse, la France ne changera jamais sa façon de s’asseoir en Afrique. Mais ce qui m’a surpris, c’est bien l’euphorie soudaine de Michel Rocard, un socialiste français correctement politique, que j’ai rencontré à l’époque, à la Commission Economique Européenne à Bruxelles. J’étais journaliste au quotidien Belge « Le soir », et j’ai toujours vu Michel Rocard, moins agressif et moins radical des luttes françaises, et d’obstruction vis-à-vis de l’Afrique. Aujourd’hui, je ne comprends pas, pourquoi Michel Rocard déploie-t-il une énergie négative pour ‘’décrasser’’ l’Afrique, déjà mal en point. « La démocratie… l’Afrique peut toujours attendre ». Michel Rocard a bien raison de le dire, lui, qui avait des amis africains, chef d’Etat, tels Mobutu Sesse Seko, Omar Bongo, Gnassingbé Eyadema, qui ont persisté et signé les conséquences de leurs incapacités de diriger correctement leurs pays. Mais à l’époque, Michel Rocard n’a pas hésité à donner de « bonnes notes » à la gouvernance de ses amis, et à d’autres pays africains qui ont subi des crises économiques, et qui n’ont jamais changé de structures et d’orientations économiques. Ce n’est pas tout. Michel Rocard retrouvait à chaque sommet économique, le visage familier de la plupart des chefs Etats africains infréquentables. Mais Michel Rocard aimait bien ces Etats Africains, dont la Lybie qui n’a jamais organisé, depuis 1969 une élection et pourtant, Muammard Kadhafi est un ami de Nicolas Sarkozy et la Lybie, un partenaire économique de la France. Pour moi, la critique aveugle de Michel Rocard à l’égard de l’Afrique n’est que le même boulevard emprunté par Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy vis-à-vis de l’Afrique. Cependant l’état d’âme de Michel Rocard pour les africains, se sera jamais un état de grâce, s’il veut monter dans les sondages au parti socialiste français pour contrarier Dominique Strauss Khann, Delanoé, Ségolène Royale, même pas Aubry pour les consultations primaires, pour les élections présidentielles de 2012. Michel Rocard aurait peut-être une popularité en hausse, si le socialiste français pleurait sur l’image actuelle de la France, évanouie dans des manifestations de mécontentement populaire. C’est vraiment inédit : Pourquoi Michel Rocard n’a-t-il pas le courage de reprocher à Sarkozy, de se comporter comme un ‘’chef africain’’ qui ne respecte rien ? Aujourd’hui, il n’y a plus de différences entre Nicolas Sarkozy et Robert Mugabé, Abdoulaye Wade ou encore Hosni Moubarak. En vérité, à trop se moquer de l’Afrique qui n’obéit pas aux règles de la démocratie moderne, les hommes politiques français n’osent point s’attaquer aux pays asiatiques : La Chine, la Thaïlande, et plus précisément la Corée du Nord, ou Kim Jong, 27 ans va succéder à son père à la tête de l’Etat Coréen. A trop donner la leçon aux Africains, je peux écrire que la France est la ‘’mère’’ de toutes les crises militaro-politiques dans ses anciennes colonies, parfois marginalisées, traînant le faible poids de 2% de son économie dans le marché mondial. Du coup, engageant l’Afrique à ronger ses freins dans les coups d’Etat, rébellions et violations constitutionnelles. Allez-voir à l’Elysée, au Quay d’Orsay. C’est pathétique et frappant… la main des services secrets français. J’ai véritablement envie de dire à Michel Rocard et à toutes les classes politiques françaises, toutes tendances confondues que la France ne s’est jamais opposée à l’obsession du pouvoir au Sénégal, Cameroun, Burkina, Alger où les chefs d’Etats font tordre le cou aux principes constitutionnels qu’ils s’étaient fixés. C’est pathétique à l’Elysée, qui continue de soutenir les dictateurs, surtout ceux qui portent bien le masque de la juste vision de Paris, pour la gestion des indépendances africaines. Et Michel Rocard sait que de Charles De Gaulle, Giscard d’Estaing, en passant par François Mitterrand et Jacques Chirac, chacun a décrit, avec talent toutes sortes de recettes pour apprivoiser en compagnie de Félix Houphouët-Boigny, Mobutu Sesse Seko, Léopold Sedar Senghor, Léon M’ba, Modibo Keïta, Hamani Diori, Habib Bourguiba. Je n’ai aucune hésitation à écrire que, Michel Rocard respecte les mêmes exigences de la science politique française en Afrique : de petites phases passionnelles d’alarme… Rien de moins qu’à influencer les Africains.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël