Afrik.com - Vingt trois (23) ans déjà ! La mémoire du Che Africain assassiné reste encore vivace dans le cœur et l’esprit de la Jeunesse africaine ! En ce samedi, 16 octobre, journée mondiale de lutte contre la faim qui affecte avec la malnutrition près d’1 milliard de personnes dans le monde, se souvenir de Sankara est plus que d’actualité. Hier, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Togo, en Espagne, en Italie, en France, en Allemagne, au Canada, en Suisse, au Sénégal etc, des jeunes, disciples inconditionnels du jeune Chef d’Etat africain, ont scandé "Justice pour Sankara justice pour l’Afrique" publiquement ou dans le silence. Des messages de souvenir et de prières sont envoyés sur les réseaux sociaux pour que la mémoire de Sankara reste éternelle et que justice lui soit rendue.
L’Homme des Combats justes
Dans une adresse à la jeunesse africaine, rendue publique hier, l’épouse de Sankara, Mariam souligne que « cette commémoration du 23eme Anniversaire de l’assassinat du Président Thomas SANKARA et de ses compagnons tombés avec lui le 15 octobre 1987 revêt un sens très particulier pour nous dans la mesure où le Président Thomas SANKARA dont l’action s’inspirait de celle de ses illustres aînés, avait fait de la lutte contre toutes les formes d’oppression et d’injustice le combat de sa vie tant en Afrique que dans le monde ».
Thomas Sankara croyait à la liberté de la presse : « Je crie, disait- il devant l’assemblée des Nations - Unies à New York, au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage. » Aujourd’hui, ce n’est donc pas un hasard si la presse burkinabé est l’une des plus libres d’Afrique noire francophone.
Contre les formes actuelles de l’esclavage, Sankara protestait « au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage moderne. ». Sankara avait une pensée pour « tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature ». Il n’a pas attendu Al Gore pour être conscient de cette menace qui pèse sur notre écosystème. Il ne croyait pas non plus que la faim était une fatalité. Il parlait et agissait au nom de ces millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, « abattus par la redoutable arme de la faim... ». Ces affamés qui meurent de faim sont assassinés, écrira Jean Ziegler, sociologue et rapporteur des Nations - Unies pour le Droit à l’alimentation.
Il y a quelque chose de troublant chez Sankara « Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. ». Ne présageait- il pas la nécessaire réforme du système des Nations - Unies devenu obsolète car créé d’abord pour régler les problèmes des occidentaux.
Sankara était sans nul doute un jeune visionnaire qui n’attendait pas la reconnaissance de l’homme Blanc. Il était un intellectuel qui avait un discours indigène qui s’adressait à ses sœurs et frères indigènes dans la perspective de trouver des solutions endogènes et libératrices pour les peuples noirs dominés depuis des siècles par l’impérialisme occidental. Oui, si les leaders Africains l’avaient écouté « Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir », on se serait, peut-être passé, d’un discours abaissant et inutilement humiliant comme celui a été prononcé par un certain Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet 2007.
Thomas Isidore Noel Sankara avait un discours destiné à son peuple qui était son miroir. Un discours qui se décline en actes et qui savait entrer dans le cœur des pauvres qui luttent pour un monde meilleur. Sankara n’a-t- il pas forgé une identité Burkinabé et résolument panafricaniste ? Il incarnait sans nul doute le visage positivement rayonnant de la Renaissance africaine et de la Dignité retrouvée des Nègres.
Paroles et actes
La preuve par la lutte pour l’autosuffisance alimentaire. Le pays des Hommes intègres accusait un déficit alimentaire de 200. 000 tonnes de céréales en 1983. En quatre (4) ans, la faim disparaît du Burkina. De même pour le déficit budgétaire. En 1986, Sankara réussit à équilibrer le budget du Faso. La première année du déficit a été supportée par la France et en 1984 c’est l’Algérie qui paye. On retiendra aussi de Thomas Sankara sa politique volontariste basée sur le développement et la promotion des produits locaux. Consommer local avec les habits et le coton du pays, était son credo. Mais il n’était pas bien compris par tous.
Contre l’excision : l’Homme qui voulait libérer les Femmes
Malgré de bons résultats, Sankara a eu un échec concernant la lutte contre l’excision qui est une mutilation inadmissible. Vingt huit pays africains sont « excisants » avec souvent des justificatifs sans fondement rationnel ni même respectueux de la dignité de nos femmes. Des fillettes meurent dans des conditions de manque d’hygiène déplorable. Ne l’oublions pas, avec l’excision, on pratique l’ablation partielle ou entière du clitoris de la femme ou lui enlève simplement ses lèvres ! Pour que l’homme puisse s’assurer de la virginité de la jeune fille qui ne peut être son égale. Ou pour respecter la tradition islamique, dit-on. Il n’y a aucun verset du Coran. Oui aucun verset qui parle de couper les organes génitaux des filles. Imaginez-vous un peu si l’on coupait le pénis de l’homme qui sera remis à sa place uniquement lors de son mariage afin qu’il reste vierge avant ce grand rendez-vous avec sa femme. Certes, il y aurait une révolution ! Et pour certains la grandeur de la femme c’est de rester silencieuse face à toute atrocité pour l’Honneur de sa famille ! En effet, « La tradition a mis en échec Thomas Sankara », « il n’a pas pu éliminer ce fléau », justifie son ami suisse le Pr Jean Ziegler. Ce dernier rapporte d’ailleurs que Sankara disait : « à défaut d’éradiquer l’excision, il faudra leur (les exciseuses) apprendre à stériliser les couteaux ». « Pour que plus personne ne meurt ! ».
N’oublions pas également que le Burkina Faso était le deuxième pays exportateur mondial de diamant. Pourtant il fait partie des pays les plus pauvres au monde. Et dans un autre registre, le Faso est soupçonné de soutenir et de vendre des armes à des rebellions dans la sous région. Le sociologue suisse d’analyser avec regret : « le héros crée l’histoire et transforme la société matériellement. Mais quand il disparaît, l’espoir disparaît avec lui ». Osons espérer que non car au-delà de la personne physique, ce sont son esprit et ses actions qui en font un immortel. Sankara aimait à dire « quand le peuple se lève, l’impérialisme tremble ». Ses amis disent eux aujourd’hui, que c’est vraisemblablement un complot international qui l’a assassiné. Ce qui est sûr c’est que le souvenir du Che Africain est plus que jamais vivace dans le cœur et l’esprit de la jeunesse mondiale consciente et éprise de volonté de paix et de justice. Car Sankara était une belle perle noire dans cette Afrique debout malgré tant de drames et de tragédies !
El Hadji Gorgui Wade NDOYE, directeur de publication du magazine panafricain en ligne ContinentPremier.Com
El Hadji Gorgui Wade Ndoye, pour l'autre afrik
L’Homme des Combats justes
Dans une adresse à la jeunesse africaine, rendue publique hier, l’épouse de Sankara, Mariam souligne que « cette commémoration du 23eme Anniversaire de l’assassinat du Président Thomas SANKARA et de ses compagnons tombés avec lui le 15 octobre 1987 revêt un sens très particulier pour nous dans la mesure où le Président Thomas SANKARA dont l’action s’inspirait de celle de ses illustres aînés, avait fait de la lutte contre toutes les formes d’oppression et d’injustice le combat de sa vie tant en Afrique que dans le monde ».
Thomas Sankara croyait à la liberté de la presse : « Je crie, disait- il devant l’assemblée des Nations - Unies à New York, au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage. » Aujourd’hui, ce n’est donc pas un hasard si la presse burkinabé est l’une des plus libres d’Afrique noire francophone.
Contre les formes actuelles de l’esclavage, Sankara protestait « au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage moderne. ». Sankara avait une pensée pour « tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature ». Il n’a pas attendu Al Gore pour être conscient de cette menace qui pèse sur notre écosystème. Il ne croyait pas non plus que la faim était une fatalité. Il parlait et agissait au nom de ces millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, « abattus par la redoutable arme de la faim... ». Ces affamés qui meurent de faim sont assassinés, écrira Jean Ziegler, sociologue et rapporteur des Nations - Unies pour le Droit à l’alimentation.
Il y a quelque chose de troublant chez Sankara « Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. ». Ne présageait- il pas la nécessaire réforme du système des Nations - Unies devenu obsolète car créé d’abord pour régler les problèmes des occidentaux.
Sankara était sans nul doute un jeune visionnaire qui n’attendait pas la reconnaissance de l’homme Blanc. Il était un intellectuel qui avait un discours indigène qui s’adressait à ses sœurs et frères indigènes dans la perspective de trouver des solutions endogènes et libératrices pour les peuples noirs dominés depuis des siècles par l’impérialisme occidental. Oui, si les leaders Africains l’avaient écouté « Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir », on se serait, peut-être passé, d’un discours abaissant et inutilement humiliant comme celui a été prononcé par un certain Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet 2007.
Thomas Isidore Noel Sankara avait un discours destiné à son peuple qui était son miroir. Un discours qui se décline en actes et qui savait entrer dans le cœur des pauvres qui luttent pour un monde meilleur. Sankara n’a-t- il pas forgé une identité Burkinabé et résolument panafricaniste ? Il incarnait sans nul doute le visage positivement rayonnant de la Renaissance africaine et de la Dignité retrouvée des Nègres.
Paroles et actes
La preuve par la lutte pour l’autosuffisance alimentaire. Le pays des Hommes intègres accusait un déficit alimentaire de 200. 000 tonnes de céréales en 1983. En quatre (4) ans, la faim disparaît du Burkina. De même pour le déficit budgétaire. En 1986, Sankara réussit à équilibrer le budget du Faso. La première année du déficit a été supportée par la France et en 1984 c’est l’Algérie qui paye. On retiendra aussi de Thomas Sankara sa politique volontariste basée sur le développement et la promotion des produits locaux. Consommer local avec les habits et le coton du pays, était son credo. Mais il n’était pas bien compris par tous.
Contre l’excision : l’Homme qui voulait libérer les Femmes
Malgré de bons résultats, Sankara a eu un échec concernant la lutte contre l’excision qui est une mutilation inadmissible. Vingt huit pays africains sont « excisants » avec souvent des justificatifs sans fondement rationnel ni même respectueux de la dignité de nos femmes. Des fillettes meurent dans des conditions de manque d’hygiène déplorable. Ne l’oublions pas, avec l’excision, on pratique l’ablation partielle ou entière du clitoris de la femme ou lui enlève simplement ses lèvres ! Pour que l’homme puisse s’assurer de la virginité de la jeune fille qui ne peut être son égale. Ou pour respecter la tradition islamique, dit-on. Il n’y a aucun verset du Coran. Oui aucun verset qui parle de couper les organes génitaux des filles. Imaginez-vous un peu si l’on coupait le pénis de l’homme qui sera remis à sa place uniquement lors de son mariage afin qu’il reste vierge avant ce grand rendez-vous avec sa femme. Certes, il y aurait une révolution ! Et pour certains la grandeur de la femme c’est de rester silencieuse face à toute atrocité pour l’Honneur de sa famille ! En effet, « La tradition a mis en échec Thomas Sankara », « il n’a pas pu éliminer ce fléau », justifie son ami suisse le Pr Jean Ziegler. Ce dernier rapporte d’ailleurs que Sankara disait : « à défaut d’éradiquer l’excision, il faudra leur (les exciseuses) apprendre à stériliser les couteaux ». « Pour que plus personne ne meurt ! ».
N’oublions pas également que le Burkina Faso était le deuxième pays exportateur mondial de diamant. Pourtant il fait partie des pays les plus pauvres au monde. Et dans un autre registre, le Faso est soupçonné de soutenir et de vendre des armes à des rebellions dans la sous région. Le sociologue suisse d’analyser avec regret : « le héros crée l’histoire et transforme la société matériellement. Mais quand il disparaît, l’espoir disparaît avec lui ». Osons espérer que non car au-delà de la personne physique, ce sont son esprit et ses actions qui en font un immortel. Sankara aimait à dire « quand le peuple se lève, l’impérialisme tremble ». Ses amis disent eux aujourd’hui, que c’est vraisemblablement un complot international qui l’a assassiné. Ce qui est sûr c’est que le souvenir du Che Africain est plus que jamais vivace dans le cœur et l’esprit de la jeunesse mondiale consciente et éprise de volonté de paix et de justice. Car Sankara était une belle perle noire dans cette Afrique debout malgré tant de drames et de tragédies !
El Hadji Gorgui Wade NDOYE, directeur de publication du magazine panafricain en ligne ContinentPremier.Com
El Hadji Gorgui Wade Ndoye, pour l'autre afrik