“L’armée ne doit pas être l’arbitre en Côte d’Ivoire”
Le Patriote ouvre une lucarne sur les propos d’antan du candidat du FPI, en totale rupture avec ce qu’il disait dans l’opposition. Radioscopie du discours d’un homme qui parle et déparle, qui dit une chose et fait son contraire.
Le candidat de la refondation est un homme vraiment déroutant. Dire une chose et faire exactement le contraire est un jeu d’enfant pour lui. Quand il dénonce un comportement, c’est justement pour l’inscrire dans sa philosophie politique. Hier, il avait une vision du rôle de l’armée dans la vie nationale. « Nos ambitions sont claires et nettes pour la Côte d’Ivoire. Si l’armée veut interférer dans le processus de démocratisation, libre à elle de le faire. Je pense qu’elle aurait tort de le faire », disait-il, en Août 93, dans le journal panafricain, « Construire l’Afrique ». Il ne disait pas autre chose, quelques années après, dans Jeune Afrique : « quand les dirigeants d’un pays utilisent les instruments de l’Etat pour frapper leurs adversaires, au lieu de s’en servir pour faire avancer l’ensemble de la société, on a le droit de se révolter. C’est un principe démocratique unanimement reconnu depuis les révolutions américaine et française».
Paradoxe pour paradoxe, depuis octobre 2000, c’est le dénonciateur Gbagbo qui s’appuie régulièrement sur l’Armée pour demeurer au pouvoir. En 2000, c’est une partie de la grande muette qui l’a installé au sommet de l’Etat. C’est derrière l’armée que cet homme qui se veut courageux, se cache pour aller au scrutin présidentiel. Pour se faire, il a octroyé des grades aux hiérarques de l’armée, avec un discours sans équivoque : « si je tombe, vous tombez aussi ». Le message a été tellement clair qu’il y a deux semaines, à l’occasion de la cérémonie d’hommage aux soldats tombés pendant la guerre, le chef de l’armée n’a pas hésité avant de tenir ces propos : « Nous sommes prêts pour n’importe quelle mission que vous voudrez bien nous confier ». Il y a quelques mois de cela, lors de l’installation de la CRS de Divo, Gbagbo a demandé sans détour aux forces de l’ordre de « mater sans réfléchir ». A la veille de la présidentielle, ces sorties ne sont pas faites pour rassurer. Espérons que l’armée ne descente pas carrément en politique, arborant la tunique de la refondation.
Depuis Gagnoa, Henri Konan Bédié “allume” Gbagbo
“Vous, un bâtisseur ? Une statue ne donne pas à manger”
Une pelouse bondée de monde à Daloa. Deux tribunes noires d’une foule d’admirateurs à Gagnoa. Tout un symbole, pour le candidat du PDCI-RDA à la présidentielle du 31 octobre prochain. Samedi et dimanche derniers, Henri Konan Bédié a relevé le défi de la mobilisation en pays bété. Précisément dans les deux principaux stades de foot des deux villes. Les militants du PDCI-RDA sont venus de tous les hameaux du Haut Sassandra pour écouter leur président. Et aussi l’acclamer et montrer à la face du Côte d’Ivoire, qu’ils restent, malgré toutes les péripéties, mobilisés à ses côtés. A Daloa, face donc à un public conquis et enthousiaste avec à sa tête le maire Séry Kossougro, l’ancien Chef d’Etat a d’entrée lancé des piques au régime frontiste. « Les dix années de la refondation ont été pour tous et pour chacun un vaste cimetière de nos ambitions, nos rêves et de nos attentes en matière de développement politique, économique, culturel et social », a-t-il fulminé. Pour lui, l’indifférence à l’égard de la souffrance des Ivoiriens, l’instrumentalisation de la jeunesse, la ruine de l’école et du système de santé, de la formation, l’oubli du développement ont provoqué la régression sociale de la Côte d’Ivoire. Pis, les valeurs communes de paix, de solidarité et de convivialité communautaire ont été, à ses yeux, brisées. Et Henri Konan Bédié d’asséner : «Ces jouisseurs ont choisi de vous ignorer et de ne pas voir les conditions de vie et de pauvreté dans lesquelles ils ont plongé les Ivoiriens. Et ils n’ont pas le courage de regarder en face le visage balafré de la Côte d’Ivoire refondée».
Toutefois, le président du PDCI-RDA reste convaincu, qu’en dépit, selon lui, « des difficultés et des obstacles dressés sur la voie de la démocratie et du développement du pays », les idéaux du PDCI-RDA triompheront. Car, dira t-il, « Nous sommes dans le vrai ».
C’est pourquoi, le président Bédié a exhorté les populations de la Cité des Antilopes à voter le candidat du PDCI-RDA, « pour que soit possible le rêve d’une Côte d’Ivoire qui ambitionne de devenir l’Eléphant d’Afrique ». Mieux, il a promis dès son retour au pouvoir de mettre en œuvre tous les chantiers de développement de Daloa, qu’il avait élaborés, il y a quelques années, pour un coût de 11,5 milliards de FCFA.
«L’heure est venue de choisir entre une société de développement, de liberté, de dialogue et une société liberticide obscurantiste qui vous propose le mensonge et le gaspillage », a insisté le patron du PDCI-RDA, tout en invitant les électeurs de Daloa à « saisir la chance de changer leur avenir et celui de la Côte d’Ivoire, en allant voter massivement Henri Konan Bédié, le candidat de la majorité nationale ». A Gagnoa où il a atterrit, dimanche matin, le président Bédié a rappelé que la Côte d’Ivoire est devenue méconnaissable. « Elle est déchirée par la guerre, son visage est balafré, les Ivoiriens ont le cœur meurtri et les plaies ouvertes par les refondateurs ne se cicatriseront pas de si tôt », a t-il ajouté. Avant d’enchaîner, avec un humour aigre-doux : « Je sais qu’ici même, le chef des refondateurs, dans une envolée lyrique, a estimé que je n’avais rien fait à la tête de l’Etat, que ma présence équivalait à mon absence, parce qu’il avait, lui, construit des monuments à Abidjan. Ce qui fait de lui un bâtisseur, à l’image de Félix Houphouët-Boigny ». Puis le président Bédié a interrogé la foule : « Est-ce que, je vous le demande, une statue donne à manger ? La statue est-elle une priorité quand les gens ont faim et soif ? Par ailleurs, avez-vous vu ces laideurs qui gênent la circulation à Abidjan ?». Et le candidat du PDCI-RDA de poursuivre : «On peut d’ailleurs se demander si ces laideurs ne sont pas destinées à envouter les Ivoiriens. Ah ! Si le ridicule pouvait tuer !» . «Le Chef des refondateurs a importé pour de l’argent des déchets toxiques qui tuent et créent des monstres » Aux populations de Gagnoa, le président Bédié a indiqué que ce qu’on attend d’un Chef d’Etat, c’est d’assurer la sécurité et la santé du citoyen, de faire en sorte qu’il ne meure pas de faim, de créer des conditions pour que les enfants aillent à l’école. «En lieu et place, non seulement les hôpitaux sont devenus des mouroirs, mais le chef des refondateurs a importé pour de l’argent, des tonnes de déchets toxiques qui tuent et créent des monstres comme au Japon, après Hiroshima et la bombe atomique !», a tonné Henri Konan Bédié, amer contre Gbagbo et sa propension à dénigrer ses adversaires politiques. C’est pourquoi, a-t-il insisté, « la campagne est certes l’occasion de parler, mais il faut bien parler et ne pas se laisser aller à l’irrespect et au mensonge éhonté. Cela n’est pas payant et n’honore pas celui qui profère ces insanités! » Pour lui, il ne fait aucun doute que Gbagbo exerce le pouvoir aujourd’hui dans l’illégalité. « Depuis cinq ans, nous sommes gouvernés par un Chef d’Etat, qui se prétend démocrate, et refuse d’organiser des élections. Il n’a été maintenu au pouvoir que par des arrangements politiques et par la communauté internationale », a-t-il martelé.
Enfin le président Bédié a demandé aux ressortissants de Gagnoa de voter pour lui parce qu’il incarne « l’expérience et la compétence ».
Y. Sangaré, envoyé spécial
Le Patriote ouvre une lucarne sur les propos d’antan du candidat du FPI, en totale rupture avec ce qu’il disait dans l’opposition. Radioscopie du discours d’un homme qui parle et déparle, qui dit une chose et fait son contraire.
Le candidat de la refondation est un homme vraiment déroutant. Dire une chose et faire exactement le contraire est un jeu d’enfant pour lui. Quand il dénonce un comportement, c’est justement pour l’inscrire dans sa philosophie politique. Hier, il avait une vision du rôle de l’armée dans la vie nationale. « Nos ambitions sont claires et nettes pour la Côte d’Ivoire. Si l’armée veut interférer dans le processus de démocratisation, libre à elle de le faire. Je pense qu’elle aurait tort de le faire », disait-il, en Août 93, dans le journal panafricain, « Construire l’Afrique ». Il ne disait pas autre chose, quelques années après, dans Jeune Afrique : « quand les dirigeants d’un pays utilisent les instruments de l’Etat pour frapper leurs adversaires, au lieu de s’en servir pour faire avancer l’ensemble de la société, on a le droit de se révolter. C’est un principe démocratique unanimement reconnu depuis les révolutions américaine et française».
Paradoxe pour paradoxe, depuis octobre 2000, c’est le dénonciateur Gbagbo qui s’appuie régulièrement sur l’Armée pour demeurer au pouvoir. En 2000, c’est une partie de la grande muette qui l’a installé au sommet de l’Etat. C’est derrière l’armée que cet homme qui se veut courageux, se cache pour aller au scrutin présidentiel. Pour se faire, il a octroyé des grades aux hiérarques de l’armée, avec un discours sans équivoque : « si je tombe, vous tombez aussi ». Le message a été tellement clair qu’il y a deux semaines, à l’occasion de la cérémonie d’hommage aux soldats tombés pendant la guerre, le chef de l’armée n’a pas hésité avant de tenir ces propos : « Nous sommes prêts pour n’importe quelle mission que vous voudrez bien nous confier ». Il y a quelques mois de cela, lors de l’installation de la CRS de Divo, Gbagbo a demandé sans détour aux forces de l’ordre de « mater sans réfléchir ». A la veille de la présidentielle, ces sorties ne sont pas faites pour rassurer. Espérons que l’armée ne descente pas carrément en politique, arborant la tunique de la refondation.
Depuis Gagnoa, Henri Konan Bédié “allume” Gbagbo
“Vous, un bâtisseur ? Une statue ne donne pas à manger”
Une pelouse bondée de monde à Daloa. Deux tribunes noires d’une foule d’admirateurs à Gagnoa. Tout un symbole, pour le candidat du PDCI-RDA à la présidentielle du 31 octobre prochain. Samedi et dimanche derniers, Henri Konan Bédié a relevé le défi de la mobilisation en pays bété. Précisément dans les deux principaux stades de foot des deux villes. Les militants du PDCI-RDA sont venus de tous les hameaux du Haut Sassandra pour écouter leur président. Et aussi l’acclamer et montrer à la face du Côte d’Ivoire, qu’ils restent, malgré toutes les péripéties, mobilisés à ses côtés. A Daloa, face donc à un public conquis et enthousiaste avec à sa tête le maire Séry Kossougro, l’ancien Chef d’Etat a d’entrée lancé des piques au régime frontiste. « Les dix années de la refondation ont été pour tous et pour chacun un vaste cimetière de nos ambitions, nos rêves et de nos attentes en matière de développement politique, économique, culturel et social », a-t-il fulminé. Pour lui, l’indifférence à l’égard de la souffrance des Ivoiriens, l’instrumentalisation de la jeunesse, la ruine de l’école et du système de santé, de la formation, l’oubli du développement ont provoqué la régression sociale de la Côte d’Ivoire. Pis, les valeurs communes de paix, de solidarité et de convivialité communautaire ont été, à ses yeux, brisées. Et Henri Konan Bédié d’asséner : «Ces jouisseurs ont choisi de vous ignorer et de ne pas voir les conditions de vie et de pauvreté dans lesquelles ils ont plongé les Ivoiriens. Et ils n’ont pas le courage de regarder en face le visage balafré de la Côte d’Ivoire refondée».
Toutefois, le président du PDCI-RDA reste convaincu, qu’en dépit, selon lui, « des difficultés et des obstacles dressés sur la voie de la démocratie et du développement du pays », les idéaux du PDCI-RDA triompheront. Car, dira t-il, « Nous sommes dans le vrai ».
C’est pourquoi, le président Bédié a exhorté les populations de la Cité des Antilopes à voter le candidat du PDCI-RDA, « pour que soit possible le rêve d’une Côte d’Ivoire qui ambitionne de devenir l’Eléphant d’Afrique ». Mieux, il a promis dès son retour au pouvoir de mettre en œuvre tous les chantiers de développement de Daloa, qu’il avait élaborés, il y a quelques années, pour un coût de 11,5 milliards de FCFA.
«L’heure est venue de choisir entre une société de développement, de liberté, de dialogue et une société liberticide obscurantiste qui vous propose le mensonge et le gaspillage », a insisté le patron du PDCI-RDA, tout en invitant les électeurs de Daloa à « saisir la chance de changer leur avenir et celui de la Côte d’Ivoire, en allant voter massivement Henri Konan Bédié, le candidat de la majorité nationale ». A Gagnoa où il a atterrit, dimanche matin, le président Bédié a rappelé que la Côte d’Ivoire est devenue méconnaissable. « Elle est déchirée par la guerre, son visage est balafré, les Ivoiriens ont le cœur meurtri et les plaies ouvertes par les refondateurs ne se cicatriseront pas de si tôt », a t-il ajouté. Avant d’enchaîner, avec un humour aigre-doux : « Je sais qu’ici même, le chef des refondateurs, dans une envolée lyrique, a estimé que je n’avais rien fait à la tête de l’Etat, que ma présence équivalait à mon absence, parce qu’il avait, lui, construit des monuments à Abidjan. Ce qui fait de lui un bâtisseur, à l’image de Félix Houphouët-Boigny ». Puis le président Bédié a interrogé la foule : « Est-ce que, je vous le demande, une statue donne à manger ? La statue est-elle une priorité quand les gens ont faim et soif ? Par ailleurs, avez-vous vu ces laideurs qui gênent la circulation à Abidjan ?». Et le candidat du PDCI-RDA de poursuivre : «On peut d’ailleurs se demander si ces laideurs ne sont pas destinées à envouter les Ivoiriens. Ah ! Si le ridicule pouvait tuer !» . «Le Chef des refondateurs a importé pour de l’argent des déchets toxiques qui tuent et créent des monstres » Aux populations de Gagnoa, le président Bédié a indiqué que ce qu’on attend d’un Chef d’Etat, c’est d’assurer la sécurité et la santé du citoyen, de faire en sorte qu’il ne meure pas de faim, de créer des conditions pour que les enfants aillent à l’école. «En lieu et place, non seulement les hôpitaux sont devenus des mouroirs, mais le chef des refondateurs a importé pour de l’argent, des tonnes de déchets toxiques qui tuent et créent des monstres comme au Japon, après Hiroshima et la bombe atomique !», a tonné Henri Konan Bédié, amer contre Gbagbo et sa propension à dénigrer ses adversaires politiques. C’est pourquoi, a-t-il insisté, « la campagne est certes l’occasion de parler, mais il faut bien parler et ne pas se laisser aller à l’irrespect et au mensonge éhonté. Cela n’est pas payant et n’honore pas celui qui profère ces insanités! » Pour lui, il ne fait aucun doute que Gbagbo exerce le pouvoir aujourd’hui dans l’illégalité. « Depuis cinq ans, nous sommes gouvernés par un Chef d’Etat, qui se prétend démocrate, et refuse d’organiser des élections. Il n’a été maintenu au pouvoir que par des arrangements politiques et par la communauté internationale », a-t-il martelé.
Enfin le président Bédié a demandé aux ressortissants de Gagnoa de voter pour lui parce qu’il incarne « l’expérience et la compétence ».
Y. Sangaré, envoyé spécial