Le Comité adhoc de Cœur-Bké appelle à une prise de conscience des cadres de Bouaké et de tous ceux qui y ont un intérêt pour un auto-développement de la région. Nous vous proposons la première partie de sa réflexion.
De l'indépendance jusqu'au coup d'Etat de 1999, le jeu politique consistait alors, à faire un dosage géopolitique, au niveau du gouvernement et des postes administratifs, pour un juste équilibre des régions. Sur ce plan, Bouaké et ses cadres ont été littéralement ignorés. Personne ne pouvait formuler une quelconque revendication, afin de ne pas gêner ou offenser le Président de la République, les leaders de la Région se contentant de se comporter en courtisans, attachés à leurs privilèges personnels et au mépris des intérêts de la Région. Pire, les cadres et les populations de Bouaké ne pouvaient pas s'organiser en association régionale, à l'instar de l'Uderbo mort né. Curieusement, il convient d'indiquer que le traitement particulier réservé à Bouaké n'a jamais été appliqué aux autres régions du Centre.
Dans cette Région, la politique monolithique pratiquée par la population en faveur du parti de leur choix, au lieu d'être un atout, s'est avérée plutôt néfaste à la promotion de ses cadres et au développement de la Région. Comme le bon pasteur, les partis politiques se préoccupent de rechercher les brebis égarées, en l'occurrence, les régions qui affichent leur hostilité ou leur duplicité. Car ce qui est déjà acquis ne mérite aucune attention particulière, ni effort. L'hégémonie sur Bouaké des partis dominants, n'incite guère certains groupements politiques à y entreprendre des positionnements géopolitiques. Ainsi, Bouaké se trouve pris en otage par des stratégies politiciennes nationales. Contrairement aux autres régions du Pays, la population et les cadres de Bouaké, en refusant de se livrer au jeu de la concurrence politique qui est le fondement même de la démocratie, ont desservi gravement leurs intérêts. Leurs
aînés, préoccupés par leur règne sans partage sur la Région, n'ont pas su tirer profit des enjeux de la géopolitique qui naguère a permis de faire la promotion des cadres des autres régions du pays.
Causes d'origine Socio-économique
Jadis sous la colonisation, Bouaké fut l'un des premiers pôles industriels du Pays. Dès 1921, les usines Gonfreville pour le textile, Cfdt pour le coton, Olympique pour le tabac et Lédant pour la production de fil et sac de jute etc. y étaient installées. Sa position géographique de grand carrefour en Afrique de l'Ouest, lui assurait un développement naturel de ville cosmopolite. Après les indépendances, le développement industriel s'est poursuivi, avec l'implantation de nouvelles unités industrielles et le développement des plus anciennes. Malgré les difficultés structurelles de Gonfreville, face à la concurrence internationale, les activités subsistaient tant bien que mal. Cependant, cette situation prometteuse pour une ville africaine dynamique de l'hinterland, aura peu d'incidence sur le développement local des populations du fait: de la volonté politique du repositionnement de Yamoussoukro comme nouveau carrefour et nouveau pôle
de développement; de l'exode rural des populations autochtones vers les zones forestières du Pays, faute de promotion de cultures de rente adaptées au terroir et faute de programme de développement spécifique à la Région, malgré un climat propice à l'agriculture et à l'élevage. Les programmes de recherche s'y réalisent, mais les résultats sont exploités ailleurs; du tarissement des cours d'eau consécutif aux nombreux barrages et retenus d'eau réalisés au Nord, en amont, réduisant les possibilités d'irrigation dans la Région; du dépeuplement de la Région de ses bras valides, résultant de l'exode rural, aggravant ainsi la pauvreté, voire la misère des populations; de la désaffection des populations vis-à-vis de certaines cultures telles que le coton dont elles gardent de douloureux souvenirs de l'époque coloniale ; de la crise internationale qui frappe particulièrement le secteur textile; de l'absence de leadership affirmé
pouvant susciter ou conduire le développement. La responsabilité de cette situation est assurément partagée entre l'Etat, les politiques et les populations elles mêmes. Cette situation socio-économique qui était déjà en déclin, sans aucune volonté politique de redressement, a malheureusement été entièrement détruite par la rébellion. Les usines, les biens privés et publics ont été vandalisés et réduits totalement en ruine, comme si l'objectif était de réaliser la politique de la terre brûlée en territoire étranger, perceptible notamment dans les quartiers Ouest, Sud, Centre et Est de la Ville. La situation socio-économique actuelle de Bouaké est bien le signe de la marginalisation de la Région. Malgré l'obligation évidente qu'ils se donnent de faire des promesses au cours de cette campagne pré-électorale, aucune annonce ni volonté politique de reconstruction totale de Bouaké, à l'instar d'un "Plan Marshall", ne semble
ressortir des programmes des candidats.
Les explications sociologiques
Hormis les causes exogènes exposées, une très grande responsabilité, dans cette situation qui prévaut à Bouaké, incombe aux cadres et à la population de la Région. La solidarité est très peu développée au sein de cette population. Chacun évolue à titre individuel, selon ses propres aspirations. Ce qui explique l'existence d'un important gisement de cadres qui malheureusement sont très peu promus au sommet des Institutions. Le succès est aussi considéré comme un mérite exclusivement personnel, donc peu partagé avec les autres. Cependant, paradoxalement les personnes promues ou élues considèrent que cela devrait suffire à faire le bonheur de ceux qui les ont soutenus. Contrairement aux autres régions, elles s'ouvrent très peu à leurs proches. Ainsi, pour refuser d'aider les siens, la rigueur et l'impartialité deviennent ici une mentalité presque obsessionnelle, si bien que la tendance générale est de privilégier ceux qui
sont identifiés comme les moins proches, afin d'éviter d'être traité de népotiste. En réalité, cette attitude est la manifestation d'une forme exacerbée de la culture de cette Région qui tend à privilégier les autres au détriment des siens. Malheureusement, les bénéficiaires de telles largesses ont tendance à mépriser les victimes d'une telle discrimination à rebours. Ainsi, cette pratique a gravement desservi les intérêts de la Région.
Narcissiques et moins enclin à l'interventionnisme, les cadres demeurent fermés aux sollicitations de leurs proches. La compétition est également rude et sans état d'âme entre eux, lorsqu'il s'agit d'occuper les rôles secondaires, au niveau des postes électifs, au risque pour tous de perdre les postes convoités. Parvenus à ces postes, certains apportent malheureusement peu à la collectivité, préoccupés à jouir plutôt en solitaire des avantages liés à leur position. Sans jeter l'anathème sur le personnel d'un parti politique en particulier, il convient de noter que les leaders, les élus et les cadres de Bouaké sont essentiellement les premiers responsables du sort réservé à Bouaké, du fait de l'égocentrisme de certains, de l'absence de vision en faveur de Bouaké pour d'autres et de manque de solidarité altruiste en général. Ce sont certainement les conséquences du manque de cohésion entre les cadres et des petites ambitions
pour certains sycophantes en quête de strapontins.
Les raisons attachées aux attitudes culturelles
Toute société, qui perd ses repères culturels, est semblable à un navire sans gouvernail. Elle vogue sur les eaux troubles de la démocratie, au gré des vents, sans pouvoir en tirer de profit réel. C'est une société en déperdition. C'est le cas de Bouaké, de sa population et de ses cadres. Ils suivent servilement et subissent les événements politiques sans pouvoir en être des acteurs, à la différence de ceux des autres régions du pays. Même, assiégés et occupés, ils attendent patiemment la bonne volonté des autres dans la recherche des solutions de paix à la situation particulièrement imméritée et imposée par ce conflit à leur terroir. Résignés, ils n'entreprennent aucune démarche significative susceptible de desserrer l'étau sur la population et sur la Région. Bouaké semble avoir perdu son âme par l'esprit d'individualisme exacerbé qui caractérise les leaders, les élus, les cadres et la population. Le système
d'organisation sociale, autrefois si précieux, est fourvoyé, manipulé et déstructuré par les politiciens et les cadres. Alors que celui-ci est bien conservé, respecté, entretenu et célébré dans les autres régions du pays, notamment à l'Est et au Sud de la Côte d'Ivoire, à travers la royauté, la chefferie et les classes de générations. Il convient alors, pour les cadres, de s'imprégner d'abord des réalités sociologiques et culturelles du terroir afin de mieux aider les populations. Jadis, dans cette Région la société était bien organisée, fondée sur la solidarité, la collectivité, la discipline et le respect de l'autorité de la Chefferie traditionnelle. La Royauté était également au centre de l'organisation sociale. Aujourd'hui tout cela semble bien lointain, à cause des pressions et des compétitions politiques dérisoires.
Seule subsiste la légende du puissant Royaume d'antan.
Fait à Bouaké, le 14 Octobre 2010 à 10h
Pour CŒUR-BKE / le Comité Ad' hoc
Email: cœur_bke@yahoo.fr
De l'indépendance jusqu'au coup d'Etat de 1999, le jeu politique consistait alors, à faire un dosage géopolitique, au niveau du gouvernement et des postes administratifs, pour un juste équilibre des régions. Sur ce plan, Bouaké et ses cadres ont été littéralement ignorés. Personne ne pouvait formuler une quelconque revendication, afin de ne pas gêner ou offenser le Président de la République, les leaders de la Région se contentant de se comporter en courtisans, attachés à leurs privilèges personnels et au mépris des intérêts de la Région. Pire, les cadres et les populations de Bouaké ne pouvaient pas s'organiser en association régionale, à l'instar de l'Uderbo mort né. Curieusement, il convient d'indiquer que le traitement particulier réservé à Bouaké n'a jamais été appliqué aux autres régions du Centre.
Dans cette Région, la politique monolithique pratiquée par la population en faveur du parti de leur choix, au lieu d'être un atout, s'est avérée plutôt néfaste à la promotion de ses cadres et au développement de la Région. Comme le bon pasteur, les partis politiques se préoccupent de rechercher les brebis égarées, en l'occurrence, les régions qui affichent leur hostilité ou leur duplicité. Car ce qui est déjà acquis ne mérite aucune attention particulière, ni effort. L'hégémonie sur Bouaké des partis dominants, n'incite guère certains groupements politiques à y entreprendre des positionnements géopolitiques. Ainsi, Bouaké se trouve pris en otage par des stratégies politiciennes nationales. Contrairement aux autres régions du Pays, la population et les cadres de Bouaké, en refusant de se livrer au jeu de la concurrence politique qui est le fondement même de la démocratie, ont desservi gravement leurs intérêts. Leurs
aînés, préoccupés par leur règne sans partage sur la Région, n'ont pas su tirer profit des enjeux de la géopolitique qui naguère a permis de faire la promotion des cadres des autres régions du pays.
Causes d'origine Socio-économique
Jadis sous la colonisation, Bouaké fut l'un des premiers pôles industriels du Pays. Dès 1921, les usines Gonfreville pour le textile, Cfdt pour le coton, Olympique pour le tabac et Lédant pour la production de fil et sac de jute etc. y étaient installées. Sa position géographique de grand carrefour en Afrique de l'Ouest, lui assurait un développement naturel de ville cosmopolite. Après les indépendances, le développement industriel s'est poursuivi, avec l'implantation de nouvelles unités industrielles et le développement des plus anciennes. Malgré les difficultés structurelles de Gonfreville, face à la concurrence internationale, les activités subsistaient tant bien que mal. Cependant, cette situation prometteuse pour une ville africaine dynamique de l'hinterland, aura peu d'incidence sur le développement local des populations du fait: de la volonté politique du repositionnement de Yamoussoukro comme nouveau carrefour et nouveau pôle
de développement; de l'exode rural des populations autochtones vers les zones forestières du Pays, faute de promotion de cultures de rente adaptées au terroir et faute de programme de développement spécifique à la Région, malgré un climat propice à l'agriculture et à l'élevage. Les programmes de recherche s'y réalisent, mais les résultats sont exploités ailleurs; du tarissement des cours d'eau consécutif aux nombreux barrages et retenus d'eau réalisés au Nord, en amont, réduisant les possibilités d'irrigation dans la Région; du dépeuplement de la Région de ses bras valides, résultant de l'exode rural, aggravant ainsi la pauvreté, voire la misère des populations; de la désaffection des populations vis-à-vis de certaines cultures telles que le coton dont elles gardent de douloureux souvenirs de l'époque coloniale ; de la crise internationale qui frappe particulièrement le secteur textile; de l'absence de leadership affirmé
pouvant susciter ou conduire le développement. La responsabilité de cette situation est assurément partagée entre l'Etat, les politiques et les populations elles mêmes. Cette situation socio-économique qui était déjà en déclin, sans aucune volonté politique de redressement, a malheureusement été entièrement détruite par la rébellion. Les usines, les biens privés et publics ont été vandalisés et réduits totalement en ruine, comme si l'objectif était de réaliser la politique de la terre brûlée en territoire étranger, perceptible notamment dans les quartiers Ouest, Sud, Centre et Est de la Ville. La situation socio-économique actuelle de Bouaké est bien le signe de la marginalisation de la Région. Malgré l'obligation évidente qu'ils se donnent de faire des promesses au cours de cette campagne pré-électorale, aucune annonce ni volonté politique de reconstruction totale de Bouaké, à l'instar d'un "Plan Marshall", ne semble
ressortir des programmes des candidats.
Les explications sociologiques
Hormis les causes exogènes exposées, une très grande responsabilité, dans cette situation qui prévaut à Bouaké, incombe aux cadres et à la population de la Région. La solidarité est très peu développée au sein de cette population. Chacun évolue à titre individuel, selon ses propres aspirations. Ce qui explique l'existence d'un important gisement de cadres qui malheureusement sont très peu promus au sommet des Institutions. Le succès est aussi considéré comme un mérite exclusivement personnel, donc peu partagé avec les autres. Cependant, paradoxalement les personnes promues ou élues considèrent que cela devrait suffire à faire le bonheur de ceux qui les ont soutenus. Contrairement aux autres régions, elles s'ouvrent très peu à leurs proches. Ainsi, pour refuser d'aider les siens, la rigueur et l'impartialité deviennent ici une mentalité presque obsessionnelle, si bien que la tendance générale est de privilégier ceux qui
sont identifiés comme les moins proches, afin d'éviter d'être traité de népotiste. En réalité, cette attitude est la manifestation d'une forme exacerbée de la culture de cette Région qui tend à privilégier les autres au détriment des siens. Malheureusement, les bénéficiaires de telles largesses ont tendance à mépriser les victimes d'une telle discrimination à rebours. Ainsi, cette pratique a gravement desservi les intérêts de la Région.
Narcissiques et moins enclin à l'interventionnisme, les cadres demeurent fermés aux sollicitations de leurs proches. La compétition est également rude et sans état d'âme entre eux, lorsqu'il s'agit d'occuper les rôles secondaires, au niveau des postes électifs, au risque pour tous de perdre les postes convoités. Parvenus à ces postes, certains apportent malheureusement peu à la collectivité, préoccupés à jouir plutôt en solitaire des avantages liés à leur position. Sans jeter l'anathème sur le personnel d'un parti politique en particulier, il convient de noter que les leaders, les élus et les cadres de Bouaké sont essentiellement les premiers responsables du sort réservé à Bouaké, du fait de l'égocentrisme de certains, de l'absence de vision en faveur de Bouaké pour d'autres et de manque de solidarité altruiste en général. Ce sont certainement les conséquences du manque de cohésion entre les cadres et des petites ambitions
pour certains sycophantes en quête de strapontins.
Les raisons attachées aux attitudes culturelles
Toute société, qui perd ses repères culturels, est semblable à un navire sans gouvernail. Elle vogue sur les eaux troubles de la démocratie, au gré des vents, sans pouvoir en tirer de profit réel. C'est une société en déperdition. C'est le cas de Bouaké, de sa population et de ses cadres. Ils suivent servilement et subissent les événements politiques sans pouvoir en être des acteurs, à la différence de ceux des autres régions du pays. Même, assiégés et occupés, ils attendent patiemment la bonne volonté des autres dans la recherche des solutions de paix à la situation particulièrement imméritée et imposée par ce conflit à leur terroir. Résignés, ils n'entreprennent aucune démarche significative susceptible de desserrer l'étau sur la population et sur la Région. Bouaké semble avoir perdu son âme par l'esprit d'individualisme exacerbé qui caractérise les leaders, les élus, les cadres et la population. Le système
d'organisation sociale, autrefois si précieux, est fourvoyé, manipulé et déstructuré par les politiciens et les cadres. Alors que celui-ci est bien conservé, respecté, entretenu et célébré dans les autres régions du pays, notamment à l'Est et au Sud de la Côte d'Ivoire, à travers la royauté, la chefferie et les classes de générations. Il convient alors, pour les cadres, de s'imprégner d'abord des réalités sociologiques et culturelles du terroir afin de mieux aider les populations. Jadis, dans cette Région la société était bien organisée, fondée sur la solidarité, la collectivité, la discipline et le respect de l'autorité de la Chefferie traditionnelle. La Royauté était également au centre de l'organisation sociale. Aujourd'hui tout cela semble bien lointain, à cause des pressions et des compétitions politiques dérisoires.
Seule subsiste la légende du puissant Royaume d'antan.
Fait à Bouaké, le 14 Octobre 2010 à 10h
Pour CŒUR-BKE / le Comité Ad' hoc
Email: cœur_bke@yahoo.fr