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Région Publié le jeudi 30 septembre 2010 | Nord-Sud

Scrutin présidentiel / les populations du Denguélé : “Il faut régler la situation des pèlerins”

Le 31 octobre, annoncé pour l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle, avance à grands pas. Cette échéance, son déroulement et ses enjeux suscitent beaucoup de commentaires dans les causeries de la cité du Kabadougou.

Nous sommes au cœur du quartier Sokourani, à environ 400 m du marché central d’Odienné. Précisément au célèbre espace «Sous manguier». Un grand hangar communément appelé apatam de près de 20 m2 est couvert de tôles. On peut y apercevoir un poste radiocassette posé sur une table de bois (C’est par cet appareil que les membres du «Sous manguier» reçoivent les derniers détails de l’actualité nationale et internationale). Ce soir du 25 septembre, les animateurs de ce lieu de retrouvailles, essentiellement des personnes du troisième âge, sont installés hors de l’apatam, mais à l’ombre de celui-ci. Les causeries commencent par des taquineries entre les membres sur fond d’alliances interethniques.


«Sous manguier», sans faux-fuyant

Dembélé Djakaridja, fonctionnaire à la retraite et vice-président du «Sous manguier», demande à son «esclave» Mani Cissé de lui servir de porte-voix. Le premier est Sénoufo alors que le second est Koyaka. Mani, lui aussi fonctionnaire du ministère de l’Education nationale à la retraite, dit
s’étonner de «l’arrogance» de cet autre «esclave» qui se rebelle contre l’histoire qui a fait du Sénoufo “un être inférieur” au Koyaka. En l’absence du président Sangaré Almami, le doyen Mani nous explique que le «Sous manguier» ne regroupe que les sympathisants du Rdr et de son président Alassane Dramane Ouattara. «Nous sommes tous acquis à la cause du Rdr. A Odienné, tout le monde le sait. Ceux qui ne partagent pas cette vision, s’abstiennent de venir ici», renchérit en malinké le doyen Bamba Lacina qui souligne que cet espace qui a vu le jour au début des années 90 aborde toutes les questions. Après cette brève présentation, Touré Sindou, un autre doyen des lieux, conseiller d’éducation à la retraite depuis 10 ans jette son dévolu sur l’actualité dominée par l’élection présidentielle. «Telles que les choses ses déroulent, nous pensons
que pour une fois, la Côte d’Ivoire organisera des élections transparentes», soutient-il en évoquant le contrôle du processus par la Commission électorale indépendante(Cei). «Nous espérons que la Cei ne concédera aucun de ses pouvoirs à aucune autre structure», poursuit-il. Pour l’ex-conseiller pédagogique, s’il y a des raisons de croire en la transparence du processus, il n’en demeure pas moins vrai que les Ivoiriens continuent de s’interroger sur la bonne foi de ceux
qui conduisent le processus.


Le cas des pèlerins

Aussi n’a-t-il pas manqué de relever quelques inquiétudes que l’assistance a partagées. Notamment la question des pèlerins dont le nombre tourne autour de 4.000, cette année. «Je propose qu’on leur envoie des urnes afin qu’on ne les prive pas de leurs droits civiques. Qu’on les fasse voter ici d’abord, avant qu’ils ne s’envolent pour l’Arabie saoudite», soutient Diakité Karamoko, un autre membre du «Sous manguier». Les participants au débat s’inquiètent du fait
que la majorité des militants de leur parti, le Rdr, ne sait pas voter.

«Nous ne devons pas négliger ce fait. Que chaque chef de famille s’érige en formateur. C’est à ce seul prix que nous pourrons réduire le nombre de bulletins nuls. Qu’on n’attende pas forcément que la direction du parti prenne l’initiative, le temps presse et nous devons corriger cette situation», explique le doyen d’un ton grave. Le “Sous manguier” d’Odienné qui revendique environ 107
membres dont Ado, son épouse et Henriette Diabaté, est optimiste quant à la transparence des élections. «Ceux qui veulent frauder subiront à leurs dépens le cours de l’Histoire de notre pays», soutient Touré Sindou. Les débats sont interrompus par le cri strident du muezzin appelant à observer la prière de 18 heures.

Les thé-clubs ne sont pas en reste des débats relatifs au scrutin qui s’annonce. Dans ces autres cadres d’échanges (il y en a deux, l’un au marché central et l’autre au quartier station Shell) où le verre de thé est servi à 50 Fcfa, les avis sont partagés entre optimisme et pessimisme quant à l’issue heureuse de ces élections. On a pu retenir après une visite dans ces endroits
quelques avis. «Nous avons confiance en le Premier ministre. Ne serait-ce qu’à le voir mettre le meilleur de lui-même pour ne pas perdre la confiance des candidats. On doit lui faire confiance», a soutenu D. B, membre du thé club N1.

Qui révèle que les débats de certains jours sur cette question des élections se terminent par des éclats de voix, tant les avis sont partagés.


Les thé-clubs et leurs candidats

«Aux thé-clubs, vous trouvez toutes les sensibilités politiques. Les débats menacent de tourner souvent en dispute. Mais fort heureusement, nous sommes tous matures», se félicite Bamba. Ailleurs, dans la rue, les pessimistes évoquent des fraudes que certains partis mijoteraient. «Gbagbo ne peut pas gagner les élections dans la transparence et il le sait. Il est en train de réfléchir avec ses hommes sur la manière de contrôler les élections», soutient T. M.

Se revendiquant du Rhdp. B. S, lui, se dit proche du Rdr. Pour cet homme rencontré dans un restaurant de la capitale du Denguélé, telles que les choses sont ficelées, tout est réuni pour qu’Ado soit élu. Parmi les optimistes sur l’issue du scrutin, figure Diabaté Moussa, membre de la fédération Fpi d’Odienné. Soutenu par un camarade militant, Diabaté pense que les gens seront
surpris de la victoire de son candidat.

«Le président est un grand stratège politique, il a finalement eu à l’usure ses adversaires. La victoire de Gbagbo va partir du Denguélé», soutient Diabaté qui pense que son candidat n’a plus besoin de frauder pour remporter ces élections. «Il a déjà conquis les cœurs des populations», a-t-il soutenu. «Qu’on affiche la liste définitive. Qu’on commence à nous distribuer les documents. Ce sont-là des actes concrets qui vont nous assurer que la date du 31 octobre se tiendra», lance M. S. Paul, jeune fonctionnaire face à un groupe d’amis dans un maquis du quartier Texas. Il propose des sanctions contre ceux qui seront responsables d’un éventuel report. «On nous a dit que les techniciens ont été consultés avant d’indiquer cette date. Eh bien, si cette date viendrait à
connaître un autre report, ces techniciens doivent être contraints à s’expliquer devant les tribunaux», soutient M. Ouattara, un autre fonctionnaire qui considère comme une violation des droits de l’Homme ces reports répétés de dates des élections depuis 2005.

Ténin Bè Ousmane à Odienné
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