S.E.M NOBAKHTI Seyed Reza, l’ambassadeur de la République islamique d’Iran en Côte d’Ivoire, revient dans cette interview sur la dernière visite du président iranien au Liban. Il se prononce notamment sur les enjeux de cette visite mais aussi sur les axes de coopération avec la Côte d’Ivoire.
Le président Mahmoud Ahmadinejad vient d’effectuer une visite qualifiée d’historique au Liban. Quel sens donnez-vous particulièrement à une telle visite ?
Cette visite est pour nous normale vu la tradition d’amitié entre les peuples libanais et iranien. Historique certainement car le président Ahmadinejad a rencontré outre les autorités politiques, les autorités religieuses et surtout les partis politiques avec à la clé une grande réception offerte à la délégation iranienne par les autorités libanaises. Cette visite pour autant, rentre dans le cadre de la recherche mutuelle de la paix dans la région du Moyen Orient où existent encore des crises sociopolitiques notamment en Irak, en Afghanistan. Et sachez que l’Iran joue un grand rôle dans cette recherche de la paix.
Que répondez- vous aux pays occidentaux qui affirment que cette visite était plutôt la confirmation du soutien militaire de l’Iran au Liban face au grand voisin menaçant qu’est Israël ?
Non, ce n’est pas vrai de le dire ni de voir les choses sous un tel angle. Le Liban a les moyens de sa défense pour sa souveraineté. Le président, à travers cette visite, est allé renforcer les liens économiques, politiques et sociaux avec un pays frère. Le rôle joué par le président Ahmadinejad qui a rencontré les chefs des partis politiques, a permis un tant soit peu de ressouder les liens entre les partis politiques au point de renforcer l’unité nationale. Il n'y a donc pas de soutien militaire de l’Iran au Liban. Toutefois, dans le cadre de notre coopération militaire, si l’Etat libanais sollicite l’Iran, nous ne verrons aucun inconvénient à lui apporter notre aide.
Justement, quel est l’état de vos relations avec le Liban surtout au plan économique ?
Nos relations sont excellentes. Au niveau économique, l’Iran est très actif au Liban avec plusieurs projets d’investissement dans la construction de routes, de bâtiments et d’infrastructures publiques. Au niveau commercial, le volume d’échange de nos produits d’importation et d’exportation, est en nette croissance. Les Libanais sont aussi de plus en plus présents dans l’économie de l’Iran. Nos relations sont donc à un bon niveau d’évolution.
Qu’en est-il cependant de vos relations avec l’Occident concernant le dossier libanais où votre soutien aux partis politiques particulièrement au Hezbollah est perçu comme une prime au terrorisme ?
Vous savez, en Occident quand un parti politique lutte pour la cause de la majorité de la population, il est qualifié de parti d’avant-garde, de parti libéral contribuant à l’avancée de la démocratie. Si le même cas se présente au Moyen-Orient, on vous traite de parti terroriste en vous faisant passer pour le bourreau. Alors que vous êtes la victime d’un système occidental qui se sert de la minorité pour chercher à vous exploiter idéologiquement, militairement et économiquement. C’est le cas du Hezbollah qui est un parti qui a une assise nationale voire internationale, qui œuvre pour un Liban libre face à la menace et à l’oppression d’Israël. N’oubliez pas par ailleurs que le Moyen-Orient a plus de la moitié de la réserve mondiale de pétrole, un produit qui contribue fortement à enrichir les pays occidentaux qui n’ont rien dans leur sous- sol, pendant que les populations du Moyen-Orient doivent faire face à des défis du développement. De toutes les façons, personne n’est dupe, l’Occident a une vision sélective des droits de l’homme, du terrorisme et de la souveraineté des Etats. En parlant de souveraineté, que dites-vous de l’intervention des Etats Unis en Irak ou en Afghanistan actuellement? Le même Irak n’a-t-il pas bénéficié du soutien des Etats-unis pour attaquer, il y a plus de 20 ans, l’Iran ? Comment appelez- vous les tueries massives des populations à la bombe par les pays occidentaux ? Où est passée l’Onu et que dit-on des droits de l’homme ?
Le dossier du nucléaire iranien préoccupe également l’Occident. Quelle est la vérité sur la question, surtout que l’Occident accuse l’Iran d’enrichir l’uranium utilisé dans ses centres de recherche, à des fins militaires ?
La vérité est que l’Occident fait de l’intoxication en se servant de ses médias pour empêcher l’Iran d’avoir cette autre source de développement qu’est le nucléaire. Nos centres de recherche, nous l’avons dit et répété, ne sont utilisés qu’à des fins civiles. Les différentes centrales nucléaires produisent de l’électricité nécessaire à l’alimentation de nos industries, nos ménages. Il y a aussi l'utilisation du nucléaire en matière médicale et généralement au niveau de la santé. Nous respectons les normes internationales en matière de production et d’enrichissement de l’uranium. Seulement, nous avons des réacteurs dont nous devons renouveler la source d’énergie tous les 10 ans, et cela nécessite beaucoup de moyens financiers. Voyez un peu, pour produire 1000 MgW d’électricité par an, il faut 7 millions de barils de pétrole soit 560 millions de Dollar US (280 milliards Fcfa). Or avec le nucléaire, pour 1000 MgW d’énergie par an, on ne dépense que 60 millions de Dollars US (30 milliards Fcfa). Comme pour vous dire que l’énergie nucléaire est moins chère que celle produite par les centrales électriques. Vous devez également savoir que 16 % de la production mondiale est produite par 433 réacteurs dans 31 pays, et 258 réacteurs de recherches qui fonctionnent à travers le monde. La France et la Belgique produisent chacune 90 % d’électricité grâce aux centrales nucléaires, l’Angleterre en produit 30 %. Les Etats-Unis possèdent eux seuls 104 réacteurs nucléaires. Nous nous conformons aux normes modernes de recherche comme cela se fait partout. Et même s’il arrivait que dans le souci du développement à des fins civiles, nous dépassions la norme internationale d’enrichissement qui est de 3,5% pour l’énergie et que nous allions jusqu’ 20% pour les centrales de recherches, nous restons toujours dans la norme internationale. L’arme nucléaire ne nous intéresse pas. Ce n'est pas pour autant que nous n’avons pas les moyens de notre défense.
Pour ce qui est de vos relations avec l’Afrique et particulièrement avec la Côte d’Ivoire, comment l’évaluez-vous ?
Nos relations sont aussi en nette croissance avec l’Afrique. C’est l’un des objectifs de la coopération avec les Etats du Sud, tel que l’envisage le président Ahmadinejad. L’Iran compte s’investir dans le domaine économique avec l’Afrique. En Côte d’Ivoire particulièrement, les hommes d’affaires des 2 pays sont en constante négociation pour trouver une plate-forme d’échange au bénéfice de nos Etats. Nos différentes ambassades à Téhéran et à Abidjan, se chargent de trouver les différents secteurs d’investissement pour rehausser le niveau de nos échanges commerciaux. Mais déjà, nous appuyons la Côte d’Ivoire avec près de 120 millions de dollars (60 milliards Fcfa) en ligne de crédits. Nous soutenons également les efforts de modernisation de la société de transport abidjanais (Sotra) à hauteur de 140 autobus iraniens et sommes en train d’envisager le montage de nos autobus par la Sotra ici même à Abidjan. Nous avons aussi contribué à l’usage du gaz pour faire circuler les autobus: Il y a aussi près de 1.5 million de dollars us (750 millions Fcfa) de dons à la Côte d’Ivoire. Au delà, nous intervenons dans le secteur du Cacao où nous entendons implanter à Abidjan une usine de transformation de ce produit. Nous comptons aussi importer l’hévéa, le cajou, le bois. Au niveau des services et de la formation, nous sommes en train de développer nos relations dans l’ingénierie et la technologie avec la formation de professionnels ivoiriens à Téhéran, dans nos industries en médecine et dans le BTP. Au gouvernement, nous avons offert du matériel de santé notamment des ambulances, des ordinateurs et matériels de bureau. Au plan social, nous construisons des centres sociaux avec des unités sanitaires pour soigner les populations comme c’est le cas à Port Bouet-Adjoufou. Une autre polyclinique est même prévue à Abobo. Au niveau de l’éducation, nous offrons des bourses aux étudiants ivoiriens mais bientôt nous allons bâtir 10 établissements (primaire, secondaire et universitaire) en Côte d’Ivoire à partir de 2011. En tout cas, nous avons de grands projets pour la Côte d’Ivoire.
Interview réalisée par Sébastien Kouassi
Photo : Seyed
légende : SEM NOBAKHTI Seyed Reza, l’ambassadeur d’Iran en Côte d’Ivoire, promet de grands projets d’intérêt public dans les mois à venir
Le président Mahmoud Ahmadinejad vient d’effectuer une visite qualifiée d’historique au Liban. Quel sens donnez-vous particulièrement à une telle visite ?
Cette visite est pour nous normale vu la tradition d’amitié entre les peuples libanais et iranien. Historique certainement car le président Ahmadinejad a rencontré outre les autorités politiques, les autorités religieuses et surtout les partis politiques avec à la clé une grande réception offerte à la délégation iranienne par les autorités libanaises. Cette visite pour autant, rentre dans le cadre de la recherche mutuelle de la paix dans la région du Moyen Orient où existent encore des crises sociopolitiques notamment en Irak, en Afghanistan. Et sachez que l’Iran joue un grand rôle dans cette recherche de la paix.
Que répondez- vous aux pays occidentaux qui affirment que cette visite était plutôt la confirmation du soutien militaire de l’Iran au Liban face au grand voisin menaçant qu’est Israël ?
Non, ce n’est pas vrai de le dire ni de voir les choses sous un tel angle. Le Liban a les moyens de sa défense pour sa souveraineté. Le président, à travers cette visite, est allé renforcer les liens économiques, politiques et sociaux avec un pays frère. Le rôle joué par le président Ahmadinejad qui a rencontré les chefs des partis politiques, a permis un tant soit peu de ressouder les liens entre les partis politiques au point de renforcer l’unité nationale. Il n'y a donc pas de soutien militaire de l’Iran au Liban. Toutefois, dans le cadre de notre coopération militaire, si l’Etat libanais sollicite l’Iran, nous ne verrons aucun inconvénient à lui apporter notre aide.
Justement, quel est l’état de vos relations avec le Liban surtout au plan économique ?
Nos relations sont excellentes. Au niveau économique, l’Iran est très actif au Liban avec plusieurs projets d’investissement dans la construction de routes, de bâtiments et d’infrastructures publiques. Au niveau commercial, le volume d’échange de nos produits d’importation et d’exportation, est en nette croissance. Les Libanais sont aussi de plus en plus présents dans l’économie de l’Iran. Nos relations sont donc à un bon niveau d’évolution.
Qu’en est-il cependant de vos relations avec l’Occident concernant le dossier libanais où votre soutien aux partis politiques particulièrement au Hezbollah est perçu comme une prime au terrorisme ?
Vous savez, en Occident quand un parti politique lutte pour la cause de la majorité de la population, il est qualifié de parti d’avant-garde, de parti libéral contribuant à l’avancée de la démocratie. Si le même cas se présente au Moyen-Orient, on vous traite de parti terroriste en vous faisant passer pour le bourreau. Alors que vous êtes la victime d’un système occidental qui se sert de la minorité pour chercher à vous exploiter idéologiquement, militairement et économiquement. C’est le cas du Hezbollah qui est un parti qui a une assise nationale voire internationale, qui œuvre pour un Liban libre face à la menace et à l’oppression d’Israël. N’oubliez pas par ailleurs que le Moyen-Orient a plus de la moitié de la réserve mondiale de pétrole, un produit qui contribue fortement à enrichir les pays occidentaux qui n’ont rien dans leur sous- sol, pendant que les populations du Moyen-Orient doivent faire face à des défis du développement. De toutes les façons, personne n’est dupe, l’Occident a une vision sélective des droits de l’homme, du terrorisme et de la souveraineté des Etats. En parlant de souveraineté, que dites-vous de l’intervention des Etats Unis en Irak ou en Afghanistan actuellement? Le même Irak n’a-t-il pas bénéficié du soutien des Etats-unis pour attaquer, il y a plus de 20 ans, l’Iran ? Comment appelez- vous les tueries massives des populations à la bombe par les pays occidentaux ? Où est passée l’Onu et que dit-on des droits de l’homme ?
Le dossier du nucléaire iranien préoccupe également l’Occident. Quelle est la vérité sur la question, surtout que l’Occident accuse l’Iran d’enrichir l’uranium utilisé dans ses centres de recherche, à des fins militaires ?
La vérité est que l’Occident fait de l’intoxication en se servant de ses médias pour empêcher l’Iran d’avoir cette autre source de développement qu’est le nucléaire. Nos centres de recherche, nous l’avons dit et répété, ne sont utilisés qu’à des fins civiles. Les différentes centrales nucléaires produisent de l’électricité nécessaire à l’alimentation de nos industries, nos ménages. Il y a aussi l'utilisation du nucléaire en matière médicale et généralement au niveau de la santé. Nous respectons les normes internationales en matière de production et d’enrichissement de l’uranium. Seulement, nous avons des réacteurs dont nous devons renouveler la source d’énergie tous les 10 ans, et cela nécessite beaucoup de moyens financiers. Voyez un peu, pour produire 1000 MgW d’électricité par an, il faut 7 millions de barils de pétrole soit 560 millions de Dollar US (280 milliards Fcfa). Or avec le nucléaire, pour 1000 MgW d’énergie par an, on ne dépense que 60 millions de Dollars US (30 milliards Fcfa). Comme pour vous dire que l’énergie nucléaire est moins chère que celle produite par les centrales électriques. Vous devez également savoir que 16 % de la production mondiale est produite par 433 réacteurs dans 31 pays, et 258 réacteurs de recherches qui fonctionnent à travers le monde. La France et la Belgique produisent chacune 90 % d’électricité grâce aux centrales nucléaires, l’Angleterre en produit 30 %. Les Etats-Unis possèdent eux seuls 104 réacteurs nucléaires. Nous nous conformons aux normes modernes de recherche comme cela se fait partout. Et même s’il arrivait que dans le souci du développement à des fins civiles, nous dépassions la norme internationale d’enrichissement qui est de 3,5% pour l’énergie et que nous allions jusqu’ 20% pour les centrales de recherches, nous restons toujours dans la norme internationale. L’arme nucléaire ne nous intéresse pas. Ce n'est pas pour autant que nous n’avons pas les moyens de notre défense.
Pour ce qui est de vos relations avec l’Afrique et particulièrement avec la Côte d’Ivoire, comment l’évaluez-vous ?
Nos relations sont aussi en nette croissance avec l’Afrique. C’est l’un des objectifs de la coopération avec les Etats du Sud, tel que l’envisage le président Ahmadinejad. L’Iran compte s’investir dans le domaine économique avec l’Afrique. En Côte d’Ivoire particulièrement, les hommes d’affaires des 2 pays sont en constante négociation pour trouver une plate-forme d’échange au bénéfice de nos Etats. Nos différentes ambassades à Téhéran et à Abidjan, se chargent de trouver les différents secteurs d’investissement pour rehausser le niveau de nos échanges commerciaux. Mais déjà, nous appuyons la Côte d’Ivoire avec près de 120 millions de dollars (60 milliards Fcfa) en ligne de crédits. Nous soutenons également les efforts de modernisation de la société de transport abidjanais (Sotra) à hauteur de 140 autobus iraniens et sommes en train d’envisager le montage de nos autobus par la Sotra ici même à Abidjan. Nous avons aussi contribué à l’usage du gaz pour faire circuler les autobus: Il y a aussi près de 1.5 million de dollars us (750 millions Fcfa) de dons à la Côte d’Ivoire. Au delà, nous intervenons dans le secteur du Cacao où nous entendons implanter à Abidjan une usine de transformation de ce produit. Nous comptons aussi importer l’hévéa, le cajou, le bois. Au niveau des services et de la formation, nous sommes en train de développer nos relations dans l’ingénierie et la technologie avec la formation de professionnels ivoiriens à Téhéran, dans nos industries en médecine et dans le BTP. Au gouvernement, nous avons offert du matériel de santé notamment des ambulances, des ordinateurs et matériels de bureau. Au plan social, nous construisons des centres sociaux avec des unités sanitaires pour soigner les populations comme c’est le cas à Port Bouet-Adjoufou. Une autre polyclinique est même prévue à Abobo. Au niveau de l’éducation, nous offrons des bourses aux étudiants ivoiriens mais bientôt nous allons bâtir 10 établissements (primaire, secondaire et universitaire) en Côte d’Ivoire à partir de 2011. En tout cas, nous avons de grands projets pour la Côte d’Ivoire.
Interview réalisée par Sébastien Kouassi
Photo : Seyed
légende : SEM NOBAKHTI Seyed Reza, l’ambassadeur d’Iran en Côte d’Ivoire, promet de grands projets d’intérêt public dans les mois à venir
