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Économie Publié le vendredi 5 novembre 2010 | Nord-Sud

Tabaski : approvisionnement en moutons/Des dizaines de camions massés à la frontière

La fête de la tabaski approche à grande vitesse. A cette occasion, le mouton, objet de toutes les attentions, devient un produit de luxe. Petit tour d’horizon dans la grande foire à ovins de Port-Bouët.

A une dizaine de jours de la fête de la tabaski, les parcs aménagés pour la vente des moutons connaissent une relative affluence. Beaucoup de clients redoutent les effets pervers de l’élection présidentielle sur le ravitaillement. Cependant, c’est surtout le prix du bélier qui se retrouve au centre des inquiétudes. Les salariés râlent d’autant que cette année, l’Aïd El Kébir tombe mal. Trop tôt pour obtenir une avance sur salaire mais aussi, trop tard pour avoir suffisamment de liquidités. Moctar Sambedou, venu s’enquérir du marché, se désole que les prix ont flambé. Mais pour le président du Conseil national des sages de la filière bétail viande, Charles Kossonou, la hausse est purement conjoncturelle.

Effets pervers

En effet, la décision prise par les forces armées de fermer les frontières, le temps du vote, a exacerbé les problèmes de fourniture du marché. Les importateurs qui avaient déjà considérablement réduit les approvisionnements en direction de la Côte d’Ivoire, ont dû carrément interrompre toutes les livraisons, amenuisant du coup l’offre. Mais pour le président de l’Union ouest-africaine des marchands et importateurs de bétail, Losséni Koné, les choses pourraient rentrer dans l’ordre sous peu. «Près de 75 camions attendent à la frontière», révèle-t-il, ajoutant que, pour la fête, les besoins se chiffrent à environ 700.000 têtes. Selon lui, le nombre de moutons attendus en provenance du Mali et ceux venant de l’intérieur du pays permettront à tous d’avoir un large choix. «Nous allons faire en sorte que les prix soient les plus abordables possibles. Il n’y aura aucun problème dans l’approvisionnement», assure-t-il. Autant dire que le marché sera suffisamment fourni et à temps. Mais pour l’heure, la situation reste volatile. Même si les acteurs refusent le mot pénurie, ils reconnaissent néanmoins une certaine pression sur le marché. Aujourd’hui, à l’abattoir de Port-Bouët, un mouton moyen de bonne qualité et de bonne race coûte entre 80.000 et 120.000 Fcfa. Les moutons hauts sur pattes, objet de toutes les convoitises, sont tenus en laisse, loin des mains indiscrètes, bien campés sur le plancher des écuries. Ils seront mis à marché à prix d’or. Mais ce sont surtout les intermédiaires, disposant de fonds financiers importants qui spéculent sur les prix. Ces spéculateurs et autres éleveurs occasionnels espèrent, au dernier moment, tirer les prix vers le haut. Dans ces conditions, entre clients réticents et vendeurs patients, les moutons arrivent difficilement à changer de propriétaire. Pour contourner la flambée de prix, certains acheteurs choisissent de s’adresser directement aux importateurs. Mais en attendant la grande ruée, les affaires sont presque au point mort. Regroupés dans des stands, les vendeurs se plaignent de l’indolence des populations quant à l’achat. Pourtant, estiment-ils, les prix sont accessibles. Devant le stand de Moumouni Korbéogo qui officie en tant qu’éleveur et vendeur depuis une vingtaine d’années, un client s’arrête, repère un petit mouton et l’examine. Celui-ci formule une offre. «Combien coûte ce mouton», demande-t-il. «55.000 Fcfa», répond le commerçant. «C’est trop cher !», rétorque le client qui finira par proposer 40.000 Fcfa.

Une mission d’urgence

«Ce prix est insuffisant», coupe le vendeur. Le client quitte le stand sous les yeux indifférents du vendeur. En effet, les opérateurs du secteur bétail sont confrontés à de nombreux problèmes ponctuels liés à la cherté du foin et surtout aux tracasseries routières. Des difficultés qui renchérissent les coûts au détriment des ménages. A la mi-octobre, à la tête d’une délégation d’opérateurs de la filière bétail-viande, le ministre du Commerce, Calice Yapo est allé échanger avec les professionnels maliens et burkinabè. Objectifs, atténuer ces tracasseries dont sont l’objet les exportateurs sur le corridor Bamako-Abidjan. Il a eu des assurances du ministre malien de l‘Industrie, du commerce et des investissements, Ahmadou Abdoulaye Diallo. «Le Mali, c’est le prolongement géographique de la Côte d’Ivoire et la Côte d’Ivoire est le prolongement économique du Mali », ajoutant que « nos deux pays partagent le même espace économique et douanier». En dépit des professions de foi, force est de constater que la réalité est tout autre. En effet, les exportateurs maliens d’animaux à destination de la Côte d’Ivoire vivent, avec leurs camions à bétail, un véritable calvaire sur la route, tant du côté malien qu’ivoirien. D’abord sur le territoire malien, de Ségou à Zégoua, note Moussa Diombélé, chauffeur, un convoyeur de bétail doit payer quelque 100.000 Fcfa de frais illégaux aux postes de contrôle. Pour le reste du tronçon, c’est-à-dire jusqu’à Abidjan, il sera obligé de débourser encore quelque 600. 000 à 800.000 Fcfa de frais indus. «Les propriétaires de gros camions ont de sérieux problèmes », reconnaît le président du Conseil des sages. Mais, les autorités ivoiriennes cherchent les voies et moyens pour assurer un ravitaillement efficient. Avec les tensions liées à la présidentielle, les officiels ivoiriens s’inquiètent que les marchés d’Abidjan ou d’ailleurs dans le pays ne soient pas approvisionnés en moutons pour cause d’insécurité sur l’axe Mali-Côte d’Ivoire. De nouvelles dispositions sécuritaires ont ainsi été prises qui visent à rendre les corridors beaucoup plus fluides. «La sécurité sur le corridor sera assurée par les éléments des forces de l’ordre», assure le ministre Yapo. Quant à Cheickna Hamalla Bathily, président du Syndicat national des producteurs de lait et viande du Mali, il plaide pour une baisse significative des coûts de passage. Toutefois, précise-t-il, cela ne devrait pas occulter les autres difficultés d’ordre organisationnel, politique et financier qu’il est aujourd’hui nécessaire de relever pour assurer un approvisionnement du marché en moutons de qualité et à des prix accessibles aux ménages.

Lanciné Bakayoko
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