Représailles contre des Baoulé : On court vers une grave crise interethnique

Voilà six jours que le scrutin du premier tour a pris fin. Pendant que l`heure est au bilan dans les états-majors, dans certaines parties de la Côte d`Ivoire, notamment dans la zone forestière du centre-ouest, l`heure est aux règlements de compte, à la chasse à l’homme.
Les populations allogènes, particulièrement les Baoulé, soupçonnées d`avoir voté pour Henri Konan Bédié, sont pourchassées, traquées et molestées. Au vu et au su de tout le monde. Cinq jours que cela dure. Des gens organisés s`en prennent aux populations baoulé, sans que cela n`émeuve personne. L`Etat de Côte d`Ivoire qui a le devoir de protéger les citoyens ne semble rien faire pour arrêter la barbarie. On dit pourtant que les Institutions existent. Que font-elles pour ramener le calme ? Apparemment, rien ! Pourtant, autant Lakota, Divo, Daloa… sont en Côte d`Ivoire, autant les allogènes baoulé qui y sont des Ivoiriens qui ont le droit de choisir qui ils veulent à des élections autant, ils ont droit à la protection de l`Etat, au même titre que toutes les autres populations. Certes, des préfets et sous-préfets font de leur mieux pour protéger ces populations victimes. Mais cela ne semble pas suffir. Alors, il faut que des mesures vigoureuses dans ce cas soient prises depuis le sommet de l`Etat. Des citoyens ivoiriens qui sont traqués et laminés pour avoir accompli leur devoir de citoyen, pour lequel l`Etat a fait une vaste campagne de sensibilisation, n`ont-ils pas droit à la protection du même Etat ? A-t-on idée de ce que pourrait donner la réaction des uns à l`action des autres ? Ou alors attendra-t-on qu`une véritable guerre ethnique éclate pour aller verser des larmes de crocodile et chercher à l`exploiter de façon politicienne ?
Dans la soirée d`hier, le ministère de l`Intérieur a fait un communiqué à la télévision nationale pour dire qu`il n`y a aucune traque, aucune chasse contre le Baoulé. On veut bien être rassuré, mais et si la situation était beaucoup plus grave que le Ministère ne le dit à la face du monde ?
Par ailleurs, tout indique qu`ils sont aussi abandonnés par les partis politiques. Après avoir voté, ils sont traqués et les partis pour lesquels ils ont voté ne disent mot. Comme si seules leurs voix intéressent les partis et leurs candidats. Dieu seul sait pour qui ces allogènes ont voté et pour qui ils voteront aux scrutins à venir. Chaque bord politique leur fera à nouveau les yeux doux à l`approche du scrutin du deuxième tour ou des scrutins législatif, municipal et départemental. En attendant, ils sont abandonnés, proies faciles à leurs bourreaux.

Eddy PEHE