Pr Bohoussou Marcellin (Gynécologue-obstétricien) : “La femme peut tomber enceinte tous les jours du cycle”

ne étude de scientifiques parue dans British Medical Journal, un magazine scientifique, montre que la femme peut tomber enceinte à tout moment du cycle menstruel. Pour plus de détails, nous avons interrogé le Pr Bohoussou Marcellin, gynécologue-obstétricien.

Comment expliquez-vous les grossesses qui interviennent à n’importe quelle période du menstruel ?
La femme peut tomber enceinte tous les jours du cycle, c’est un fait. J’ai vécu un cas de ce genre, où il m’a fallu beaucoup de perspicacité pour trouver une solution. L’homme est Ivoirien et la femme, Française. C’était une de mes patientes que je suivais parce qu’elle avait un problème d’infertilité. Son époux était en mission. Il est revenu le 25ème jour du cycle de son épouse où ils ont eu des rapports sexuels. A la fin de son cycle, la femme n’a pas eu ses menstrues. Et le test de grossesse a confirmé qu’elle était enceinte. L’époux m’a trouvé au cabinet pour que je lui donne des explications. Pour lui, on ne pouvait tomber enceinte qu’au milieu du cycle.

Quelle réponse lui avez-vous donnée ?
Je lui ai dit que tout était possible en médecine. Et que 1+1 n’est pas égal à 2. En physiologie animale, chez les espèces comme le chat, le lapin, le vison (petit mammifère carnivore) et le furet (forme domestique du vison), c’est l’accouplement qui provoque l’ovulation.

Existe-t-il des femmes dont l’ovulation est provoquée par les rapports sexuels ?
Il peut en exister. Ce sont des choses qu’on n’a pas encore découvertes. J’ai assisté à un séminaire où le formateur a annoncé qu’il y a des femmes qui peuvent tomber enceinte pendant la période des menstrues. Je n’y croyais pas. Jusqu’à ce que 15 ans après, je découvre un cas pareil dans un livre. Par exemple, ces derniers temps, les gens parlent de la fécondation in vitro. Mais, lorsque j’étais encore interne (étudiant), tous les scientifiques disaient que jamais la fécondation in vitro ne serait possible. Des chercheurs italiens avaient pu le faire avec les animaux. Aujourd’hui, on constate qu’il y a plus de 4 millions d’enfants dans le monde qui sont nés de ce procédé. On ne peut exclure le fait que cela arrive. En médecine, lorsqu’il se produit un fait nouveau, il faut qu’il soit répétitif pour qu’on le prenne pour vérité. Si ce n’est pas le cas, il devient le hasard. Peut-être que ce sont des femmes qui ont un profil particulier, semblable à celui des animaux cités plus haut. Elles doivent certainement ovuler en période d’accouplement ou de rapports sexuels. Ce fait est semblable à celui du cas Vih/Sida chez les Ougandaises et les Kenyanes. Ces femmes sont immunisées contre la maladie. Elles ne pourront jamais l’attraper, malgré le fait qu’elles aient des relations sexuelles avec des hommes infectés.

Que pensez-vous de cette recherche ?
Je pense qu’il faut l’étendre. 273 femmes, ce n’est pas assez pour affirmer une telle thèse. Cette recherche doit être faite sur des millions de femmes, de toutes races et de toutes catégories sociales pendant plusieurs années. C’est tout comme les menstrues. Quand nous lisons la littérature, nous constatons qu’au 19ème siècle, les femmes avaient les premières menstrues à 18 ans. Tout a changé aujourd’hui. Les jeunes filles ont leurs menstrues à 12 ans et demi. Et cela varie. J’ai fait une étude sur l’âge des premières règles dans certaines écoles primaires. A l’école primaire d’Anono, l’âge était à 12 ans et demi et à Blockhaus, à 13 ans.

Interview réalisée par Adélaïde Konin