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Politique Publié le lundi 8 novembre 2010 | Le Temps

2e tour de l’élection : La balle est au centre, mais…

© Le Temps
A polling agent starts counting ballots at a polling station in Lycee Sainte Marie in Abidjan October 31, 2010.
A polling agent starts counting ballots at a polling station in Lycee Sainte Marie in Abidjan October 31, 2010. The west African state of Ivory Coast voted peacefully on Sunday in long-delayed elections aimed at reuniting a nation split in two by a civil war that has also shaken a once-healthy economy.
Ça y est ! Le face-à-face entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, arrivés respectivement premier et deuxième à l’élection présidentielle du 31 octobre dernier aura lieu, de l’avis du Conseil constitutionnel, le 21 novembre prochain. L’énigme de ce duel, il faut l’avouer, se trouve au centre, en pays Baoulé. Mais…
La présidentielle du 31 octobre a livré son verdict dans la nuit du mercredi à jeudi dernier. Cinq jours se sont déjà écoulés. Les résultats continuent de provoquer des commentaires passionnés. Versés aux moulinettes, ces résultats appellent à des enseignements.
Les dessous d’une demi-victoire
Avec un peu plus de 38% des suffrages exprimés, le candidat de La majorité présidentielle est solide premier de cette joute électorale. Une victoire à l’arrière-goût amer puisque Laurent Gbagbo s’était retroussé les manches pour mener sa campagne. Même si aucun sondage ne le donnaît gagnant au premier tour, tous prédisaient une majorité relative confortable de l’ordre de 48%. Entre 48 et 38, il y a dix points, et c’est énorme. Ce recul n’est pas fortuit. A brûle-pourpoint, il tire sa raison dans le péché congénital à l’Afrique : le vote ethnique. Généreux dans l’effort, Laurent Gbagbo, durant huit (8) ans de crise s’est mis au-dessus de la mêlée partisane. Bitumant des voies par-ci, bâtissant un édifice par-là. Ce, sans considération ethnique et régionale. Bien évidemment, il est en droit d’attendre des Ivoiriens, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, en passant par le Centre, des dividendes politiques. Hélas ! Il se rend à l’évidence que son souci de bâtir une Nation en dehors des pesanteurs ethno-tribales a encore du chemin. Peu importe ce qu’a été le bilan de Bédié de 1993 à 1999. Le “V” Baoulé lui reste encore loyal. Peu importe si Alassane Ouattara a précarisé les secteurs d’activité au Nord par une absurde rébellion, il récolte dans la partie septentrionale des scores abyssaux. Comme pour dire, “le combat était noble”. Si, en sus, de Madinani à Napié, de Minignan à Sifié, les bureaux de vote sont monocolores en termes de présence de secrétaires, cela ouvre la voie à la fraude massive du Rdr. En interne, des grains de sable sont apparus dans la machine électorale de Lmp. Les ronronnements des militants étaient audibles sur la manière dont des Ddc ont conduit la campagne dans les départements. L’enjeu dont personne n’ignore l’importance ne les a pas dissuadés de faire de l’arithmétique avec les fonds mis à leur disposition. En guise de protestation, nous revient-on, certains militants ont refusé d’accomplir leur devoir citoyen. Combien sont-ils dans ce cas ? Nul ne le sait. “Pourquoi prendre des risques, par exemple, en zones anciennement (?) occupées pour une cause qui ne profite qu’à une poignée d’égoïstes”, râle-t-on à la base.
Ne pas désespérer du Nord
S’il y a une région où Laurent Gbagbo a fait un effort de nivellement de structures sanitaires, hydrauliques, éducatives, etc., c’est bien le Nord du pays. Qui, pour lui, ne saurait être laissé en rade, aux mains d’aventuriers. Même si ses actions s’inscrivent dans le cadre de ses fonctions de chef d’Etat, Il espérait tout de même, comme tout homme politique, que les populations de cette partie du pays lui témoignent leur solidarité. Au regard des résultats, elles (populations) ont plutôt plébiscité celui qui est à la base de leur malheur. C’est basique. C’est aussi ça le jeu démocratique. Le libre arbitre conduit parfois à des choix que la raison a du mal à expliquer. Faut-il brûler le Nord ? Non. Bien au contraire, il faut simplement remettre en cause la méthodologie de la campagne électorale. Afin de faire changer d’avis ceux qui sont encore hostiles aux idéaux de La majorité présidentielle. Cela aura pour mérite non pas de détrôner Ouattara au Nord, mais de limiter l’ampleur de ses suffrages comme cela a été le cas au premier tour.
Les Baoulé, faiseurs de roi
Au propre comme au figuré, on peut dire, la balle est au Centre. L’issue du 2e tour dépend en grande partie de l’élection laissée orpheline par le président Bédié. Ce dernier n’a certes pas encore donné de consignes de vote. Mais de toute vraisemblance, son alliance avec Ouattara, pour une question d’éthique politique peut le pousser à appeler ses militants à voter pour lui. Mais rien, absolument rien ne dit que Bédié qui a laissé dans les rayons des librairies un ouvrage pamphlétaire, Les chemins de ma vie, sur Ouattara, qui plus est, digère encore mal comment Alassane l’a contraint à l’exil, par un coup d’Etat, va se faire hara-kiri. Reste la base qui sera courtisée par les deux candidats. De quel côté va basculer l’électorat Baoulé ? Bien malin celui qui pourra répondre. Une chose est cependant sûre, c’est que Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara vont se partager les suffrages de Bédié.
Gbagbo a les cartes en mains
L’ambiance de “deuil” qui s’est emparée des militants et sympathisants de Lmp au lendemain de la proclamation des résultats du premier tour était symptomatique d’une onde de choc. Ils croyaient dur comme fer que leur candidat pouvait l’emporter au premier. Passée la douche froide, il faut mettre le pied à l’étrier. Laurent Gbagbo qui a six longueurs d’avance sur son rival ne peut pas être celui qui doit être frileux. Mais comme il le dit lui-même, aucune élection n’est gagnée d’avance. C’est pourquoi, là où il a eu la confiance des Ivoiriens, il se doit de ramener ses lieutenants sur le terrain pour consolider le travail abattu. Il faut procéder à un nivellement des budgets de campagne pour que, par exemple, Oumé ne reçoive plus un million comme budget de campagne, là où Dougbafla, seul, lui donne 703 voix sur 900. Il faut nettoyer de la patine du discours, la supposée origine burkinabè de Ouattara. Ce débat a vécu. Il est contre-productif. Dès l’instant où Laurent Gbagbo a autorisé Alassane Ouattara à compétir, il n’est pas bienséant de réveiller ce débat. Ça serait donner l’image d’un père qui jette un serpent dans la chambre de ses enfants, et qui fait croire que c’est une ceinture. Aussi faut-il donner une réponse musclée à l’antagonisme factice Bété-Baoulé que les brûlots de l’opposition amplifient dans l’unique but de dresser les Baoulé contre Laurent Gbagbo. Ouattara chez qui la fin justifie les moyens est capable de pousser ses nervis à commettre des crimes dans les campements Baoulé, et ensuite faire porter le chapeau aux partisans de Gbagbo. Par ailleurs, il faut tirer les oreilles aux Ddc qui ont fait enrôler des jeunes dans leurs circonscriptions électorales, loin des résidences de ces derniers, et qui, au cours de ce premier tour ont trainé les pas à faire transporter ces jeunes. Les législatives d’accord, mais la présidentielle d’abord, tel doit être le leitmotiv. Il faut abandonner certains slogans qui passent mal chez ceux qu’on courtise. Le Nord, on l’aura compris, est sous la domination des seigneurs de guerre fidèles à Ouattara. Il ne faut pas seulement protester contre les fraudes qui ont eu lieu là-bas, il faut rapidement réfléchir à des mécanismes pour empêcher Ouattara de récidiver. Ces quelques suggestions, si elles étaient effectives, pourraient assurer à Laurent Gbagbo, une victoire nette sur Alassane Ouattara.

Tché Bi Tché
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