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Politique Publié le lundi 8 novembre 2010 | L’expression

Sénégal/Rencontre Wade-ADO : La diplomatie sénégalaise réagit aux graves accusations de Gbagbo

© L’expression Par Montage RFI / Pierre Moussart
Le chef de l`Etat sénégalais Abdoulaye Wade (G) et le candidat du second tour de la présidentielle ivoirienne Alassane Ouattara (D).
Suite à l’incident diplomatique entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire résultant de la réception du Président Alassane Ouattara par le chef de l’Etat sénégalais, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Me Madické Niang, a animé, samedi, en fin de soirée, un point de presse à son cabinet sis l’avenue Hassan 2. Accompagné de son homologue de la Communication et porte-parole du gouvernement, Moustapha Guirassy, le chef de la diplomatie sénégalaise a livré à la presse nationale et internationale « sa version des faits». Nous vous livrons ici l’intégralité de ses propos préliminaires.

Je pense qu’il est utile après les déclarations d’hier venant de nos frères et amis ivoiriens que nous puissions nous retrouver et que le Sénégal puisse livrer sa version des faits. Je vais être transparent avec vous. Dans la note qui nous a été adressée, il est dit que le jeudi 4 novembre 2010, le président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, sans en avoir informé au préalable son homologue de Côte d’Ivoire, son excellence Laurent Gbagbo, a dépêché un avion Abidjan pour assurer le transport d’Abidjan à Dakar de monsieur Alassane Ouattara, candidat à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, accompagné d’une importante délégation de ses proches et ses partisans. Il est dit plus tard que le gouvernement ivoirien proteste de la manière la plus énergique contre cet acte inamical qu’il considère comme une ingérence intolérable du président du Sénégal dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, ingérence contraire aux principes de respect mutuel qui fonde les relations entre les nations. Voilà ce qui a motivé tout ce qui a été entretenu. D’abord la convocation de notre ambassadeur par les services du ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine mais aussi le rappel pour consultation, ce n’est pas un rappel, elle a été appelée en consultation et nous avons reçu la notification officielle aujourd’hui. En matière diplomatique, les deux mesures n’ont pas les mêmes effets. Je voudrais vous livrer notre version des faits. D’abord, il est important de dire que nous n’avons pas eu à affréter un avion. Le président n’a pas d’avion.

Ouattara a loué l’avion à ses propres frais

Il loue des avions pour se déplacer. Ce qui s’est passé, c’est que le président, au moment où il revenait à Dakar, était à bord d’un avion de la compagnie Darta. Quand cet avion l’a déposé à Dakar, il fallait respecter le repos des pilotes. C’est à ce moment là que monsieur Alassane Ouattara, qui voulait venir au Sénégal, s’est adressé à cette compagnie pour pouvoir affréter un avion. Quand vous voulez vous déplacer, vous appelez des compagnies qui sont à Dubaï, en France et ailleurs. Les compagnies vous demandent, vous êtes où? A partir du moment où la commande est lancée, il leur revient de pouvoir s’organiser pour pouvoir faire venir un avion au lieu où vous êtes. Cet avion qui était à Dakar était le lieu le plus proche pouvant permettre de relier vite Abidjan. L’avion qui était à Dakar a été dépêché sur Abidjan. C’est pourquoi l’avion est venu le chercher et c’est le même avion qui l’a ramené. Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, nous avons interrogé la compagnie Darta, monsieur Alassane Ouattara a dû présenter à la presse les factures qui lui ont permis d’affréter cet avion et qui lui ont permis de pouvoir se déplacer. La facture est bel et bien à son nom. Donc aucune forme de confusion possible. Ce n’est pas un avion de l’Etat du Sénégal, de l’armée sénégalaise ou d’une autre entité de l’Etat du Sénégal. C’est un avion de location qui est parti le chercher et qui la ramené à ses frais. C’est important. Deuxièmement, il a été soutenu toujours dans cette note que le Président Gbagbo n’a pas été informé au préalable. C’est pourquoi, il considère que c’était un acte inamical. D’abord, je voudrais partir de la déclaration du Président Wade. En 2000, il avait dit à tous ses collègues qu’il continuerait à recevoir des opposants au Sénégal mais à condition que ceux-là disposent de partis légalement reconnus dans leurs pays et qu’il n’était pas question pour lui de leur donner de l’argent pour qu’ils déstabilisent des régimes en place ou qu’il leur donne des armes. Il ne s’est jamais livré à de telles activités. Mais, il leur prodiguerait des conseils qui leur permettront d’arriver à réaliser chez eux une alternance ou tout simplement une situation politique apaisée.

Gbagbo n’a jamais averti Wade lorsqu’il reçoit les opposants sénégalais

Du temps du Président Bédié, de Robert Guéï comme du temps du Président Gbagbo, il a continué à les recevoir sans difficulté. Tous sont venus. Même du temps du Président Houphouët Boigny, quand le Président Wade était ministre d’Etat, tout le monde connaît la profondeur des relations qui le liaient au Président Houphouët Boigny, cela ne l’empêchait pas de recevoir le Président Gbagbo. Lors du diner gala qui a été servi à son honneur quand il a été à Abidjan, le Président Laurent Gbagbo lui a rappelé cela en disant vous avez été toujours proche de moi. Je sais que vous étiez un ami du Président Houphouët mais cela ne vous empêchait pas de me recevoir quand vous étiez de passage à Abidjan. Ça, c’est le premier niveau. Ici au Sénégal, nous avons reçu pour ce qui concerne les élections qui auront lieu en Guinée tous les deux candidats sans aucune difficulté. Il nous est arrivé de recevoir tous les acteurs politiques des pays voisins même éloignés. Vous vous rappelé que nous avons même reçu ici le Premier ministre, Morgan Tsangiray, alors que le président entretient d’excellentes relations avec le Président Robert Mugabe. C’était la période de l’affrontement le plus profond entre les deux. Le président lui a donné des conseils à ce que la paix revienne dans ce pays. Deuxièmement, est-ce qu’il est arrivé au Président Gbagbo une fois de prendre son téléphone au moment où il reçoit des opposants sénégalais de lui dire : «Monsieur le Président de la République du Sénégal, je veux recevoir tel ou tel. Jamais! Le Président Wade n’a jamais protesté. Il a considéré qu’ils pouvaient être unis par des liens de famille idéologique. La meilleure illustration, chez nous dans le cadre d’un local d’un parti sénégalais s’est tenue la campagne de Gbagbo au niveau de la permanence du parti socialiste avec des discours des membres du parti socialiste sénégalais et en même temps avec des discours des partisans du Président Laurent Gbagbo. Mais, cela ne nous a pas gênés parce que nous disons qu’ils peuvent être unis par des liens de famille idéologique. Il y a aussi des faits que tout le monde a dû peut-être avoir connaissance, par exemple le secrétaire général du parti socialiste Ousmane Tanor Dieng accompagné d’Albert Bourgi ont passé presque le moment du vote, au moment de la proclamation des résultats avec le Président Gbagbo. Il reçoit des opposants sénégalais sans que nous en soyons informés. Donc, il n’y a aucune forme de problème qu’on puisse soulever dans ces cas. Ça ne s’est pas arrêté là. Regardez comme la campagne s’est déroulée. Au niveau de l’internationale socialiste venue prêter main forte au Président Gbagbo. Des socialistes français qui se sont déplacés dans des conditions que nous savons. Nous laissons le soin aux Ivoiriens d’en parler. Mais, je dis une fois de plus que des responsables socialistes français étaient là-bas, emmenés à Abidjan et qui sont intervenus dans des meetings. Qu’on n’oublie pas une chose. Le Président Wade ne s’est pas placé à ce niveau mais qu’on n’oublie pas une chose, c’est que le Président appartient à la même famille que Ouattara. C’est la famille libérale. Dans la famille libérale, il y a des engagements au niveau de l’internationale libérale qui amènent tous les leaders à soutenir aussi bien avant, après, durant les élections les partis libéraux qui sont engagés dans des joutes électorales. Qu’on n’oublie pas non plus que le Président Gbagbo, certes sur mon implication et d’autres implications, a fait le déplacement à Dakar pour convier le résident Wade à venir à Abidjan et à parler à tous les acteurs politiques. Et le président s’en est acquitté avec beaucoup d’engagement et beaucoup d’ardeur. Moi, qui ai vécu ces moments de consultation, moi qui ai suivi les conseils qu’il a prodigués aux uns et aux autres, je peux dire aujourd’hui que beaucoup de choses qui sont intervenues pour amener la Côte d’Ivoire à ce déblocage, je dis beaucoup de choses reviennent au Président Wade. Il est intervenu sur le problème de la liste. Il a donné des conseils aux uns et aux autres pour que certains contentieux sur cette liste électorale puissent être dépassés, premièrement. Deuxièmement, rappelez-vous ce qu’il avait dit au président: « Gbagbo, si vous voulez aller plus loin, dialoguez directement avec votre opposition. Ne le faites pas par des intermédiaires !» Ce qui a permis plus tard à Monsieur de se lever et d’aller rendre visite au Président Bédié, à Alassane Ouattara et aux autres. Ce que tout le monde avait salué.

Wade ne cherche pas à déstabiliser la côte d’ivoire


Je crois que ce sont ces choses là qui ont pu permettre de créer un ensemble de conditions et ces conditions ont amené à ce que tout le monde aujourd’hui apprécie. Je voudrais une fois de plus, avec ce que je viens de dire, dédramatiser en vous disant qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Il n’y en point. Il n’y a pas une ingérence. Le Président Wade ne cherche pas à déstabiliser le Président Gbagbo. Il n’a aucune forme d’animosité à son endroit. Il est conscient des relations qui unissent la Côte d’Ivoire au Sénégal. Ces relations sont plus importantes que des élections parce que ces relations vont survivre à tous les hommes politiques. La Côte d’Ivoire et le Sénégal, c’est toute une histoire. Celui qui vous parle a fait une partie de ses études dans ce pays. Je connais la profondeur des relations qui unissent la Côte d’Ivoire et le Sénégal pour en avoir bénéficié, pour avoir été témoin de beaucoup de choses. Il n’y a pas de difficulté sur ce terrain. Il faudrait que la sérénité revienne. Le Président Wade n’a nullement l’intention de s’immiscer dans la vie publique ivoirienne. Quand il a eu à le faire, c’est à la demande du Président Gbagbo. Le Président Alassane Ouattara est venu de lui-même à Dakar. Vous me direz pourquoi. D’abord parler à un aîné avec qui il partage la même famille politique, la famille libérale. Mais, aussi recevoir les conseils du Président Wade. Le Président Wade a réussi, après 26 ans d’opposition, à pouvoir battre le Président qui était au pouvoir après un deuxième tour. Son expérience pouvait être utile au Président Ouattara. Je me rappelle bien. J’ai assisté à l’entretien. Tout tournait autour de cela. Il lui parlait d’abord de leur appartenance commune aux valeurs du monde libéral. Et ces valeurs ne peuvent pas aujourd’hui être utilisées pour déstabiliser un pays. Tout ce qu’on veut et tout ce qu’on souhaite de notre cœur et tout ce que recherche le Président Wade, c’est qu’on en arrive à une Côte d’Ivoire qui aura tourné le dos à ses vieux démons de division et d’instabilité politique. Une fois de plus, le Sénégal est plus engagé que jamais à s’investir dans la limite de ses moyens à ce que la Côte d’Ivoire réussisse ce que tout le monde est en train de saluer, c’est-à-dire que les élections puissent se poursuivre jusqu’à leur terme. Celui qui sera élu par le peuple, qui aura la faveur du peuple ivoirien, en ce moment-là, celui-là, nous allons collaborer avec lui. Une fois de plus, nous allons le faire avec beaucoup d’engagement. Nous n’avons aucune animosité vis-à-vis du Président Gbagbo. C’est pourquoi nous appelons les Ivoiriens à un élan de sérénité. Ce qui s’est fait n’a pas de fondement. Vous les journalistes qui étiez en Côte d’Ivoire, vous avez vu nos opposants y être sans que nous soyons informés. Nous n’avons rien dit. Ils vont tous repartir le soutenir, l’internationale socialiste sera à ses côtés. Nos opposants sénégalais, certains qui partagent avec lui la même famille idéologique, seront à ses côtés. Nous n’avons aucun intérêt à nous immiscer dans la vie intérieure de la Côte d’Ivoire. Ce que nous voulons, c’est ce que veulent tous les démocrates de ce monde. C’est ce que veulent tous les Ouest-Africains. C’est ce que veulent tous les Africains, c’est que la Côte d’Ivoire qui est un pays si important retrouve la paix et la stabilité. Et, nous allons inlassablement œuvrer à ce que nous puissions atteindre ce résultat.


Propos retranscrits par
Traoré Yacouba Diarra à Dakar
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