Toutoubré. Nous sommes à quelques kilomètres de la commune de Gagnoa. Le chaud soleil de ce dimanche 7 novembre contraint les villageois à se mettre sous des arbres, à la sortie du temple. Le village est connu pour être celui d'une haute responsable de la section féminine du Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel), député à l'Assemblée nationale. Un beau village, entouré de verdures, propre et où vivent deux communautés. L'entente parfaite qui existait entre elles a été troublée le jour de l'élection présidentielle. Depuis lors, les deux communautés protagonistes ne se regardent certes pas en chiens de faïence, cependant la corde de la bonne intelligence s'est cassée.
Ce dimanche après-midi, les hommes de la communauté baoulé sont réunis sous une paillote de fortune. La communauté est en deuil.
" Il faut bien savoir que ce n'est pas à cause de l'élection qu'il est mort. Le frère était souffrant depuis un moment ", précise le chef, nanan Salvador Kouassi.
" Ce jour-là, nous avons connu un autre deuil " raconte-t-il, en présence d'une vingtaine d'hommes aux traits marqués par l'indignation. En effet, quand notre frère a rendu l'âme, nous sommes allés trouver le chef bété afin qu'il nous permette de procéder à l'inhumation. Certains membres de la notabilité nous ont dit d'attendre d'abord le dépouillement dans le centre de vote du village ".
Le piège s'est dès lors vite refermé. Les résultats ont montré que le candidat Bédié que la plupart des membres de la communauté sont soupçonnés à raison (du reste) de supporter, a obtenu beaucoup de voix.
" Le lendemain, nous sommes allés redemander la permission pour l'inhumation et il nous a été rétorqué d'attendre la proclamation des résultats au plan national d'abord ", explique le chef.
Un autre piège que la communauté évite en transférant le corps à Gagnoa où l'inhumation a été finalement faite au cimetière municipal.
Respect
De son côté, la notabilité refuse de commenter cette affaire. Une source proche de celle-ci qui souhaite garder l'anonymat déclare que la décision ne visait pas seulement la communauté baoulé, mais aussi la communauté autochtone bété, " puisque nous avons mis plusieurs activités et cérémonies entre parenthèses ces jours-là ".
Cette affaire a laissé un goût d'amertume à la communauté baoulé. " Nous souhaitons que notre dignité d'homme soit respectée ", souligne nanan Salvador Kouassi.
Le respect de la dignité de la communauté baoulé, tel est le combat de Gildas Konan Kouassi, le coordonnateur de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d'Ivoire à Gagnoa. Ce dimanche, il rend visite à Mathieu Koffi N'Guessan, un jeune homme poignardé au tesson de bouteille, qui a failli avoir sa rate perforée, à la suite d'une bagarre liée aux résultats de l'élection, à Gnalégribouo (canton Pacolo). Il raconte l'histoire de Jacques Yao dit Abadi, un planteur de cacao de 62 ans, agressé le jour du scrutin à Ahizabré, un village de la sous-préfecture de Gagnoa qui abritait un bureau de vote. " Les Baoulé étaient soupçonnés de vouloir voter le candidat du PDCI et il y avait la tension. Le doyen Abadi a été pris à partie, alors qu'il était dans le rang, en attente de son tour d'aller accomplir son droit de vote. Il a été agressé, et a subi un traumatisme crânien qui a nécessité son transfert au CHR de Gagnoa, après avoir été admis au préalable au dispensaire d'Ahizabré ".
Après deux jours de soins, M. Yao est retourné sur son exploitation. Lui, comme la plupart des planteurs de café et de cacao, originaires des régions du centre du pays, ne souhaitent qu'une chose : la paix pour continuer de faire ce qu'ils savent faire le plus, à savoir le travail de la terre.
André Silver Konan
Envoyé spécial
Ce dimanche après-midi, les hommes de la communauté baoulé sont réunis sous une paillote de fortune. La communauté est en deuil.
" Il faut bien savoir que ce n'est pas à cause de l'élection qu'il est mort. Le frère était souffrant depuis un moment ", précise le chef, nanan Salvador Kouassi.
" Ce jour-là, nous avons connu un autre deuil " raconte-t-il, en présence d'une vingtaine d'hommes aux traits marqués par l'indignation. En effet, quand notre frère a rendu l'âme, nous sommes allés trouver le chef bété afin qu'il nous permette de procéder à l'inhumation. Certains membres de la notabilité nous ont dit d'attendre d'abord le dépouillement dans le centre de vote du village ".
Le piège s'est dès lors vite refermé. Les résultats ont montré que le candidat Bédié que la plupart des membres de la communauté sont soupçonnés à raison (du reste) de supporter, a obtenu beaucoup de voix.
" Le lendemain, nous sommes allés redemander la permission pour l'inhumation et il nous a été rétorqué d'attendre la proclamation des résultats au plan national d'abord ", explique le chef.
Un autre piège que la communauté évite en transférant le corps à Gagnoa où l'inhumation a été finalement faite au cimetière municipal.
Respect
De son côté, la notabilité refuse de commenter cette affaire. Une source proche de celle-ci qui souhaite garder l'anonymat déclare que la décision ne visait pas seulement la communauté baoulé, mais aussi la communauté autochtone bété, " puisque nous avons mis plusieurs activités et cérémonies entre parenthèses ces jours-là ".
Cette affaire a laissé un goût d'amertume à la communauté baoulé. " Nous souhaitons que notre dignité d'homme soit respectée ", souligne nanan Salvador Kouassi.
Le respect de la dignité de la communauté baoulé, tel est le combat de Gildas Konan Kouassi, le coordonnateur de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d'Ivoire à Gagnoa. Ce dimanche, il rend visite à Mathieu Koffi N'Guessan, un jeune homme poignardé au tesson de bouteille, qui a failli avoir sa rate perforée, à la suite d'une bagarre liée aux résultats de l'élection, à Gnalégribouo (canton Pacolo). Il raconte l'histoire de Jacques Yao dit Abadi, un planteur de cacao de 62 ans, agressé le jour du scrutin à Ahizabré, un village de la sous-préfecture de Gagnoa qui abritait un bureau de vote. " Les Baoulé étaient soupçonnés de vouloir voter le candidat du PDCI et il y avait la tension. Le doyen Abadi a été pris à partie, alors qu'il était dans le rang, en attente de son tour d'aller accomplir son droit de vote. Il a été agressé, et a subi un traumatisme crânien qui a nécessité son transfert au CHR de Gagnoa, après avoir été admis au préalable au dispensaire d'Ahizabré ".
Après deux jours de soins, M. Yao est retourné sur son exploitation. Lui, comme la plupart des planteurs de café et de cacao, originaires des régions du centre du pays, ne souhaitent qu'une chose : la paix pour continuer de faire ce qu'ils savent faire le plus, à savoir le travail de la terre.
André Silver Konan
Envoyé spécial
