Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) sera-t-il sacrifié au profit des intérêts du dauphin constitutionnel du père fondateur du parti, Félix Houphouët-Boigny ? En tout cas, c’est la grande problématique qui alimente les débats sur la survie du Pdci depuis que le Président Henri Konan Bédié a décidé de soutenir Alassane Ouattara, le candidat du Rdr au second tour de la présidentielle. Les militants vont-ils se faire complices de Bédié en bradant le seul héritage commun laissé par le Bélier de Yamoussoukro à quelqu’un qui n’y a pas droit ? Suivre le prince de Daoukro dans cette voie, c’est souiller la mémoire du vieux et commettre un crime de lèse majesté. Houphouët-Boigny a dû se retourner quatre fois dans sa tombe compte-tenu du comportement de son héritier Bédié. Le Pdci considéré par une frange importante de militants notamment les Baoulé comme un bien familial ne saurait être « vendu » à quelqu’un qui est hors du cercle familial fut-il Premier ministre du père. « Quel que soit le séjour d’un morceau de bois dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman ». Murmure-t-on au sein de la Région des Lacs. Et ça, N’Zuéba le sait très bien. Lui qui a été accusé de n’avoir pas bien gardé le canari familial en le brisant avec le coup d’Etat de 1999. « On ne confie pas la garde du canari familial à quelqu’un qui en a déjà cassé un». Rappelait Jean Konan Banny, neveu d’Houphouët, en 2001 à la suite du retour de Bédié de son exil hexagonal. Henri Konan Bédié fait fi du testament coutumier Akan en remettant ce précieux héritage à Alassane Ouattara. Celui-là même qui est l’instigateur de la chute du sphinx de Daoukro en décembre 1999. « Je frapperai ce pouvoir moribond et il tombera comme un fruit mûr ». Déclarait Alassane Ouattara, nouvel allié de Bédié. Si pour des raisons qui lui sont propres Bédié apporte son soutien à son bourreau d’hier, la majorité des militants du Pdci qui aiment encore ce parti doivent se souvenir. L’heure de la vengeance a sonné. Aujourd’hui, certains cadres Baoulé du Pdci se demandent si Bédié est effectivement un des leurs au regard de son mépris vis-à-vis de la tradition. En effet, en pays Baoulé tout comme chez les Akan en général, la succession se fait par le régime matriarcal. C'est-à-dire, ne peut être héritier en pays Baoulé que les progénitures d’une sœur. Ce sont donc les neveux qui ne sont pas les enfants du frère qui héritent de la succession. Si donc le Pdci est considéré comme étant le bien commun familial, il ne revient pas à quelqu’un qui n’est ni Baoulé, à un degré moindre, ni du Pdci, de s’approprier ce parti. Le soutien de Bédié à Ouattara peut être considéré aujourd’hui par la famille d’Houphouët-Boigny comme un parjure. Si par miracle ( ce qui ne pourra jamais se produire), Alassane Ouattara gagnait les élections, Bédié aura signé la mort du Pdci. Souvenons-nous qu’après la chute de N’Zuéba en 1999, Ouattara avait demandé la vente aux enchères de tout le patrimoine du Pdci. Souvenons-nous également qu’après le décès du Président Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara a déchiré sa carte de membre du Pdci pour créer son parti, le Rdr. Tout ceci dans la même logique de détruire le parti de son bienfaiteur. Quelle ingratitude ! C’est à cet homme que Bédié vend le Pdci au mépris de la mémoire de son père. Les militants vont-ils accepter que le Pdci soit phagocyté par son pipi ? Ce n’est pas sûr que Bédié ait raison. Est-ce la fin de l’épopée du prince de Daoukro ? Le verdict du second tour nous situera.
Zéré de Mahi
Zéré de Mahi