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Politique Publié le mercredi 10 novembre 2010 | Le Temps

Après son appel à voter Ouattara : Bédié a de gros soucis

© Le Temps Par Dr
Tournée du président du PDCI-RDA dans la région des Montagnes : Henri Konan Bédié à Man
Mardi 12 octobre 2010. Man
L’appel de Henri Konan Bédié à ses militants de voter Alassane Ouattara, son allié du Rhdp, continue de déchaîner les passions. La dernière en date, c’est celle des jeunes du Forum de Zié Coulibaly. En y ajoutant les pontes du parti qui rouspètent, on peut dire que Bédié a de gros soucis.

Ça sera le revers de la médaille, avait juré un ami mien, au lendemain de l’invitation de Bédié à ses militants d’accorder leurs suffrages à Ouattara, au 2e tour de l’élection présidentielle. Les faits lui donnent doucement mais sûrement raison. De nombreux militants du “vieux” parti dénoncent cette capitulation de leur candidat. De sources proches du Pdci-Rda, les pontes du parti ne seraient pas sur la même longueur d’onde que Bédié. Pour eux, s’il est vrai que le Pdci-Rda et le Rdr sont alliés au sein du Rhdp, il n’en demeure pas moins vrai que la décision de soutenir Ouattara est tellement capitale qu’il aurait fallu en discuter dans les instances du parti. En prenant de façon unilatérale cette décision qui porte atteinte à la survie du parti, ajoute notre source, le septuagénaire a méprisé ses collaborateurs. Ceux-ci s’apprêtent à le faire savoir à voix audible dans les jours à venir. Pour les tenants de cette thèse, le Pdci-Rda, fruit de la lutte épique de Félix Houphouët Boigny, ne saurait être phagocyté dans une union chimérique de fusion absorption par le Rdr. Ils fondent leur crainte sur l’appétit gargantuesque du pouvoir de Ouattara. Selon eux, une fois au pouvoir, ce dernier, pour pérenniser son règne, pourrait être tenté d’affaiblir le Pdci, voire le rayer de l’échiquier politique national.

La colère des jeunes
Ceux qui ont pris la rue pour réclamer le décomptage des voix savent peut-être que leur action va sonner comme un coup d’épée dans l’eau. Zié Coulibaly et ses camarades qui croient encore à un retournement de la situation en faveur de Bédié n’ignorent pas que Bédié, en les appelant à voter pour Ouattara, a déjà reconnu sa défaite. On ne peut pas faire le bonheur de quelqu’un à sa place, dit l’adage. C’est pourquoi, leur mécontentement s’explique plus par une opposition au mariage hybride avec le Rdr, l’Udpci et le Mfa que Bédié veut célébrer. D’aucuns diront que Zié et ses camarades ne sont pas représentatifs de la jeunesse du Pdci-Rda. Une chose est sûre, l’idée de voter Ouattara irrite la majorité. Qui pense que le président du Rdr est à la base de la perte du pouvoir par le Pdci-Rda en 1999. Donner le pouvoir à celui qui vous l’a arraché signifie pour eux une abdication humiliante pour le parti sexagénaire.

Le silence bavard de Banny
Même si un de ses proches a tenté de convaincre que Banny est d’accord, la réalité semble tout autre. Certes, le silence est une vertu sacrée. Mais lorsque l’avenir du Pdci-Rda que Banny veut contrôler se joue, il ne peut pas se murer dans un silence lourd. S’il le fait, c’est qu’il est dans un dilemme. Il est, dit-on, ami à Gbagbo et à Ouattara. Le contentieux de la Primature lui triture encore les méninges. Mais il sait que son avenir politique s’hypothèque avec l’arrivée de Ouattara au pouvoir. Comme nous l’avons indiqué plus haut, Ouattara détruit tous ceux qui se mettent au travers de son chemin politique. Si par extraordinaire, il venait à être élu, il croisera le fer avec Banny en 2015, puisqu’il sera candidat à sa propre succession. Le fameux Rhdp tiendrait d’un fil, et Banny sera vite dans le collimateur du “monstre froid”. Or, Laurent Gbagbo reélu, le jeu sera ouvert en 2015, où tous les candidats seront “neufs”.

Quand Bédié refuse d’entrer dans l’Histoire
Nous sommes de ceux qui pensent que Bédié n’a pas été un bon chef d’Etat. Simplement parce qu’il a bénéficié d’énormes potentialités pour faire avancer le pays, mais il a lâché la proie pour l’ombre. La dévaluation du Fcfa qui a apporté une plus-value à la Côte d’Ivoire aurait dû lui permettre, par exemple, de supprimer les salaires à double vitesse dans l’enseignement. Malheureusement, il était plus préoccupé par l’idée secrète de faire de Daoukro, la capitale de la Côte d’Ivoire. Et comme nous sommes au nombre des éveilleurs de conscience, nous avons régulièrement dénoncé la gestion approximative du pouvoir par N’Zuéba. Toutefois, même si ses sbires ont galvaudé l’Ivoirité à des fins politiques, Bédié a montré parfois des signes d’un amour pour sa patrie. Le dernier acte en date a été la décision ô combien difficile de faire reporter la marche des jeunes du Rhdp, à quelques jours des Assemblées annuelles de la Bad, fin mai, à Abidjan. Il n’est pas nécessaire de relever les circulaires sous son règne qui appelaient l’Administration publique à privilégier le recrutement des jeunes Ivoiriens, en compétition avec des ressortissants de la sous-région. Quand on a fait cela pour le pays, aucune haine ne saurait conduire à effacer ces actes en appelant à voter Ouattara. Celui-là même qui l’a contraint à l’exil. Vraiment dommage !

Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr
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