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Politique Publié le vendredi 12 novembre 2010 | L’Inter

Ambassadeur (inter 11-11-2010) - Interview exclusive: Avant le 2nd tour de la présidentielle

L'ex-directeur du Protocole de Gbagbo rompt le silence
SE Paul Ayoman : « En toute chose, il faut un perdant et un gagnant »

Aujourd'hui ambassadeur à l'étranger, SEM Paul Ayoman a été plus connu comme directeur du Protocole du Président Laurent Gbagbo. Cette position avait presque fait oublier qu'il est originaire du village de Toukouzou Hozalem, le village du défunt prophète Papa Nouveau. Homme discret et peu disert, dans cette interview presque exclusive, il se livre enfin. Héritage du prophète Papa Nouveau, 2nd tour de la Présidentielle 2010, tout y passe.

Excellence, on vous a plus connu comme directeur du Protocole de Laurent Gbagbo. On oublie que vous êtes aussi fils de Toukouzou Hozalem, le village du défunt prophète Papa Nouveau...

Papa Nouveau, qui est pour nous enfants de Toukouzou, un saint, a fait beaucoup de choses pour nous. Aujourd'hui, il n'est pas là mais je crois qu'il faut continuer de parler de lui parce que ses idées demeurent

En 2001, il a dit que lui vivant, il n'y aurait pas de guerre en Côte d'Ivoire. Le 20 septembre 2001, il décède, et le 19 septembre 2002, la Côte d'Ivoire est attaquée. Qu'est-ce que cela vous rappelle?

C'est triste que notre pays plonge dans une crise pareille, mais en même temps ça nous donne à réfléchir sur les hommes de Dieu qui nous parlent. Parce que nous qui sommes de cette région, nous avons été élevés dans la religion. C'est dommage de ne pas avoir accordé une importance à ce que Papa Nouveau disait. Ce qui est encore plus regrettable, c'est que des hommes politiques, qui sont nombreux d'ailleurs, sont passés par Toukouzou, et ils savent que Papa leur a parlé. Pourquoi ils se taisent? Parce qu'ils ne veulent pas tenir compte de ce que le vieux a dit et qui est en train de se réaliser? Que devons-nous faire maintenant qu'il n'est plus là ?

Que retenez-vous de ses dernières prévisions, vous qui l'avez fréquenté de près?

Papa a dit que de son vivant, il n'y aura pas la guerre en Côte d'Ivoire. Il a dit aussi concernant la crise ivoirienne, que ce sont les Ivoiriens eux-mêmes qui doivent prendre en main la destinée de leur pays. En d'autres termes, il était pour que la Côte d'Ivoire appartienne aux Ivoiriens. Que les Ivoiriens fassent de leur pays, un pays où il fait bon vivre, sans rejeter les autres. Bref, un pays souverain qui peut s'appuyer sur lui-même, et qui ouvre ses bras aux autres. Papa Nouveau, c'était un grand visionnaire qui a toujours prêché pour la paix. Papa a aussi et surtout dit que tant qu'il n'y aura pas les élections, la paix ne reviendra pas dans ce pays. Dieu merci, on a eu les élections. On a fait le 1er tour avec 14 candidats, il n'en reste que 2. Avec ces 2 candidats, le problème se pose qui est le suivant: «Où est la Côte d'Ivoire?». Personnellement, je pense que la Côte d'Ivoire se situe derrière celui-là qui a dit que «Pour la Côte d'Ivoire, votez-moi». C'est-à-dire le candidat Laurent Gbagbo qui est passé par Toukouzou, et qui a reçu une onction du prophète Papa Nouveau. Je suis venu dire aux Ivoiriens que le candidat qu'ils doivent voter, c'est Laurent Gbagbo.

Vous n'êtes pas en campagne là pour le candidat Gbagbo?

Ça ne me dérange pas du tout. Je suis du FPI moi-même, quand bien même que je suis ambassadeur. Mais, je ne suis pas ambassadeur dans mon propre pays, donc je peux faire la politique. Je signale que je suis venu me faire enrôler dans mon village à Toukouzou, j’ai eu à parler à mes parents, je continue de parler à des amis. Si vous trouvez que je suis en campagne, je suis très fier de faire cette campagne-là pour la Côte d’Ivoire.

Concernant la prédiction du prophète, la Côte d’Ivoire appartient aux Ivoiriens. En vérité, on a deux Ivoiriens face-à-face?

On a 2 Ivoiriens face-à-face, mais à travers le comportement et les actes que ces 2 Ivoiriens posent, on voit qui est véritablement l'Ivoirien. L'Ivoirien authentique, c’est celui qui se réfère à ses frères pour régler les problèmes qui concernent la Côte d’Ivoire. A partir de cette concertation entre Ivoiriens, comme celle qu'a eue le président Gbagbo avec le Premier ministre Soro, nous avons trouvé la solution à la guerre au niveau des Ivoiriens. Et il y a les autres qui croient qu’il faut toujours aller à l’extérieur pour qu'on nous donne des solutions à nos problèmes. Ce sont 2 types d’Ivoiriens différents. Gbagbo est celui-là qui se concerte avec ses frères ivoiriens pour trouver des solutions aux problèmes ivoiriens, plutôt que l'autre qui va à l’étranger pour avoir la force de revenir en Côte d’Ivoire, et mettre en œuvre ce qu’on lui a dit à l’extérieur. Entre ces 2 Ivoiriens, je pense qu’il faut choisir celui-là qui est avec les Ivoiriens, et qui les connaît mieux d’ailleurs.

Est-ce qu'avec le recul, vous confirmez les luttes pour le pouvoir que le prophète avait vues et dénoncées déjà à l’époque?

Ces luttes se dessinaient déjà. Seulement qu'on ne croyait pas que ce qui était arrivé aux autres pouvait nous arriver ici même. Les gens n'ont pas fait attention, c'est tout. Aujourd’hui plus que par le passé, nous nous devons de marcher chaque fois avec la spiritualité. Si on avait écouté le message de prophète Papa Nouveau, beaucoup de choses auraient été évitées. Aujourd’hui, il n’est plus là, et pour qu’on ait la paix, il faut qu’on ait de très bonnes élections. Cela passe par l'élection d’un Ivoirien. Il faut que les Ivoiriens comprennent cela.

LMP face au RHDP, vous ne pensez pas que c'est un peu disproportionné?

Moi, je me situe toujours sur ce que le prophète Papa Nouveau a prédit. Je suis là en tant que fils de Papa Nouveau, pour faire en sorte que son message ait un écho au-delà de la Côte d’Ivoire. Tant bien même le RHDP regorge d'Ivoiriens, celui qui est leur candidat (Alassane Ouattara, ndlr) est celui-là sur qui il y a eu énormément de concessions au niveau de la Constitution pour qu’il soit candidat. Mais, la Côte d’Ivoire a un autre candidat en face qui est celui-là qui a fait en sorte que l’ONU ne soit pas le tuteur de la Côte d’Ivoire, et que les Institutions de la République continuent d’exister. Bref, qui a fait en sorte que la Côte d’Ivoire reste debout. C’est celui-là l’Ivoirien. Il faut que le président Gbagbo soit élu pour que notre Côte d’Ivoire nous appartienne.

9 ans après la mort du prophète, qu’est-ce qu’on peut retenir de son œuvre?

D’abord le message de paix, de fraternité et de spiritualité. Il nous a laissé un très grand patrimoine. Les hommes de Dieu, dès qu’ils disparaissent, il y a toujours des conflits internes au niveau de leurs églises. Ce qui est important, c’est que l'Église Papa Nouveau demeure, et se fortifie. Tôt ou tard, malgré les petites difficultés, il y aura un homme qui fera en sorte que l’œuvre de Papa Nouveau demeure pour l’humanité tout entière.

Et comment se présente Toukouzou Hozalem aujourd’hui?

Toukouzou Hozalem se porte très bien. Les gens continuent de venir toujours prier ici. Il y a eu dernièrement des messes pour se souvenir du départ du prophète. Ce que je souhaite, c’est qu'il n'y ait pas trop de divergences au niveau de l'église. Papa Nouveau, c’est Papa Nouveau. Il n’est plus là, et personne ne peut le remplacer. On doit faire en sorte qu’il y ait l’union pour que l'œuvre Papa Nouveau demeure

Une question anecdotique: est-ce que Toukouzou Hozalem est la terre où on va chercher le pouvoir?

Papa Nouveau n’était pas le distributeur de pouvoir en tant que tel. Mais, étant celui-là même qui était entre Dieu et les hommes, il recevait des messages de Dieu et orientait les hommes. Donc, on ne vient pas chercher le pouvoir à Toukouzou Hozalem, mais si tu veux le pouvoir et que tu viens à Toukouzou Hozalem, Dieu exaucera tes vœux. Le président Gbagbo est parti à Toukouzou, il y a rencontré le prophète et lui a dit: «Je veux le pouvoir pour aider mon pays». Le prophète lui a dit: «Tu auras le pouvoir». Et, il a eu le pouvoir. Ce sont des choses qui n’ont jamais été dites, mais nous le disons aujourd'hui, nous qui avons été proche du prophète. C’est Dieu qui a établi l’autorité de Papa Nouveau. En tant que fils de Dieu, il a rétabli l’autorité sur Laurent Gbagbo qui a été oint. Que les Ivoiriens comprennent que c’est avec Gbagbo que la Côte d’Ivoire sera véritablement un pays où les Ivoiriens vivront heureux, avec un bonheur partagé avec les frères qui viendront d’autres pays.

Votre dernier mot aux Ivoiriens avant ce 2nd tour?

Sérénité. Nous sommes dans une phase très importante de la vie de notre pays. Il s’agit de faire en sorte que la paix soit véritablement rétablie. Elle passe par ces élections dont le 1er tour a été transparent. Les Ivoiriens sont sortis nombreux, 83% ce n’est pas rien, pour voter. Il faut qu’ils soient confiants et sachent que, en toute chose, il faut un perdant et un gagnant. Si demain, Gbagbo a le pouvoir, et c'est ce qui va se passer, il faudrait que les autres comprennent qu’on doit le laisser gouverner. Dans 5 ans, le perdant ira à une autre élection et peut-être gagnera pour gouverner à son tour. Pour l’heure, les Ivoiriens se rassemblent autour de Gbagbo.

Interview réalisée par JMK AHOUSSOU
(Coll: Ismaël)

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