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Économie Publié le vendredi 12 novembre 2010 | Nord-Sud

Tabaski 2010 : Les moutons arrivent…

Passées les difficultés aux frontières, les approvisionnements en bétail ont repris de plus belle. Malheureusement, l’impact reste difficile à voir sur les prix.

La fièvre monte à l’abattoir de Port-Bouët. Les arrivages de moutons se sont multipliés ces derniers jours à Abidjan. Certes, les écueils ne manquent pas sur les routes mais d’une manière générale, les problèmes sécuritaires ont été levés par les forces de défense et de sécurité. Les parcs à bétail comptent beaucoup de moutons. Les cargaisons débarquent les unes après les autres en provenance essentiellement du Mali et du Burkina. Ces approvisionnements massifs ne sont pas sans conséquence sur les prix qui commencent à prendre l’ascenseur. Des béliers qui étaient cédés entre 70.000 et 80.000 Fcfa sont actuellement marchandés à partir de 95.000 Fcfa. De quoi priver certains fidèles de moutons. En effet, les prix restent élevés. Ils grimpent à cause des nombreux intermédiaires qui interviennent dans le circuit. «Les petits démarcheurs qui nous amènent les clients, ont droit à des ristournes. Ces jeunes gens qui sont souvent des parents à nous connaissent très bien le prix réel de chaque mouton. Ce sont eux qui font le marchandage avec les clients comme si l’animal leur appartenait. Nous, on n’intervient qu’en cas de besoin. Ce que le démarcheur gagne sur le prix réel du mouton lui appartient», explique Moctar Baldé, un commerçant. Il faut dire que ces intermédiaires ont «miné» le terrain. Dès qu’un client potentiel débarque, il est assailli par une nuée de ceux-ci. Chacun d’eux tente de l’orienter vers «ses» animaux avec diverses propositions. « Venez par-ci, j’ai de très bons béliers et moins chers», «Avancez votre voiture par-là, mes béliers sont les meilleurs du marché», piaillent-ils. La complicité qui lie les commerçants et les intermédiaires complique la tâche aux acheteurs. En effet, les prix du marché ne respectent aucune logique. La corpulence physique de l’ovin et un bon talent de négociation sont les principales armes des commerçants. Le prix du mouton varie entre 60.000 et 150.000 Fcfa pour les moutons ordinaires. Mais pour avoir un bélier d’une certaine qualité, il faut débourser environ 160.000 Fcfa. Des béliers charnus pointent parfois à 200.000 et peuvent grimper jusqu’à 300.000 Fcfa. Certains viennent avec 40.000 Fcfa. Malheureusement, ils ne peuvent avoir que de petits moutons ou des béliers pas vraiment en forme ou blessés pendant le voyage. «A chacun ses moyens. L’essentiel c’est d’immoler un mouton le jour de la fête», confie Ousmane Tall, un client. Quant au ministère du commerce, il observe que du fait du libéralisme, il ne peut pas intervenir dans les prix. «Seule la loi de l’offre et de la demande commande », affirme un responsable de la direction de la consommation. Mais au regard de la grande effervescence, des gens s’accordent à dire qu’il y a de fortes chances que les prix du mouton baissent la veille de la fête. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ?

Lanciné Bakayoko
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