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Politique Publié le samedi 13 novembre 2010 | L’Inter

Scrutin du 28 novembre - Le député Mady Bouabré - « Ce qui va faire la différence entre Gbagbo et ADO le 28 novembre»

L`honorable Mady Bouabré est le député de la Commune du Plateau. Au lendemain du premier tour de l`élection présidentielle le parlementaire, membre de la majorité présidentielle analyse les scores réalisés et se prononce sur le challenge du 28 novembre à venir.

M. le député, quelle analyse avez-vous faite du 1er tour de l`élection présidentielle?

Mon observation, je suis content qu`on ait fait ce score de 38%. Nous sommes devant et je suis content qu`on en soit arrivé là. Cela confirme ce qui avait été dit auparavant.
Les sondages ont dit que le président de la République serait devant et qu`on irait à un 2e tour. Les sondages prédisaient ce 2ème tour contre Bédié. Finalement, on est à un 2e 1 tour contre Alassane Ouattara. Pour moi, le jeu est le même. On ira1l un 2e tour normalement. C`est bien pour la Côte d`Ivoire. C`est bien pour la démocratie.

Au 1er tour, les sondages créditaient le président de la République de plus de 44% de voix. Finalement, il n`a réalisé que 38%. Cela ne vous surprend-il pas?

Les sondages ne sont pas des sciences exactes. Il y a toujours des éléments qui peuvent échapper. Et ce n`est pas toujours la même façon de voir selon qu`on fait un sondage au village ou en ville. Donc, à mon avis, c`est ce qui peut expliquer la marge qu`il y a entre les sondages et la réalité. Mais l`essentiel est là. Toujours est-il que le président Gbagbo est devant les autres.

Est-ce que le déphasage des résultats ne donne pas raison à ceux qui n`ont jamais cru en ces sondages ?

Tant pis pour eux s`ils ne veulent pas y croire. Dans les pays modernes, on a toujours besoin des sondages pour diriger. A longueur de semaines et de mois, on essaie d`évaluer l`opinion de la population et en fonction de cela, prendre des décisions. S`ils ne veulent pas croire, mais la réalité est que la majorité des Ivoiriens voulaient que le
président soit devant et qu`il passe au 2ème tour.

A propos, vous avez renversé la tendance dans votre commune au Plateau face à un dinosaure du PDCI comme Akossy Benjo. Un exploit?

Je ne sais pas ce que vous voulez dire par renverser la tendance. Bendjo a été maire, à mon avis, par accident. Il est toujours le maire, mais ça ne veut pas dire que le PDCI est majoritaire au Plateau. En 2000, on a eu tout ce que vous savez et donc c`est comme ça qu`il est devenu maire. Ceci dit, le FPI a toujours été présent ici à toutes les batailles au Plateau. Donc parler de renversement, non. On n`a pas renversé de tendance, c`est ce qui devrait être qui est.

N`avez-vous pas eu d`appréhension quant à la possibilité pour vous de réaliser un score honorable dans votre commune face à M. Benjo ?

Pour être franc, je n`ai jamais eu d`appréhension depuis que j`ai lu la loi électorale. J`ai su comment ça allait se jouer. La loi électoral dit: " aller vous inscrire là où vous avez des intérêts". C`est là que les élections commencent. Dès le moment où vous avez lu ça et que vous avez pris toutes vos dispositions, vous savez pourquoi vous aller aux élections. Si j`ai des appréhensions, ce n`est pas la peine d`aller aux élections. Je n`avais pas peur parce que le président de la République était bien placé et je savais qu`on allait gagner.

Le Plateau est le centre des affaires de la Côte d`Ivoire. D`où viennent ces milieux d`électeurs qui constituent votre suffrage?

Le Plateau a ceci de particulier que ceux qui sont inscrit ici sont des travailleurs du Plateau, qui profitent entre 12h et 14h pour s`enrôler ici. Contrairement aux autres communes ou les autres font des giga-meeting, ici au Plateau, on va voir les habitants dans les autres communes. Les électeurs, c`est tout ce monde qui vient au Plateau pour affaire et qui trouve un bureau de vote vide et se dit pourquoi ne pas me faire enrôler ici.

Comment arrivez-vous à faire campagne auprès de personnes qui ne vivent pas au Plateau?

Souffrez que je ne vous en dise pas plus. Toujours est-il que j`arrive à les voir là ou
ils sont, pour leur dire que c`est le candidat Gbagbo qu`il faut.

Vous n`êtes pas le directeur de campagne (DDC) de Laurent Gbagbo du Plateau. Travaillez-vous en symbiose avec celui qui a été désigné à cet effet?

Mais tous les Ivoiriens devraient travailler comme je l`ai fait. Moi, j`ai quelque chose qui me tient à cœur, je ne veux pas que l`indépendance de la Côte d`Ivoire soit bradée Donc c`est comme à la guerre, c`est avec mes moyens que je me bats. Je n`ai pas attendu d`être nommé DDC avant de travailler. Je suis de la majorité présidentielle, nous avons deux équipes qui travaillent en symbiose sur le terrain. On a essayé de
" fusionner les deux groupes, ça n`a pas marché. On a essayé de se retrouver à 2 ou 3 fois chez la première Dame, le DDC n`avait été à ces rendez-vous. Donc c`est comme ça que nous travaillons. L`essentiel qu`il faut retenir, c`est que je n`ai pas eu vent sur le terrain d`une action quelconque tendant à empêcher mon élan ou à aller contre la réélection de Gbagbo. On dit "beaucoup de poissons ne gâtent pas la sauce".

Quels sont vos rapports avec le DDC

Nous n`avons pas de rapport, les rapports que nous avons sont que nous sommes sur le même terrain et nous travaillons en symbiose. Je me débrouille pour ne pas marcher sur ses plates-bandes, je ne fais que ce qu`il ne fait pas. Je vous ai dit, les électeurs du Plateau sont pour la plupart à l`extérieur du Plateau. Donc, on va les voir chez eux, on va à leur rencontre et on discute avec eux.

On attendait un 2e tour Gbagbo - Bédié, selon les sondages, et voilà finalement
le duel Gbagbo - Alassane. Quelle analyse faites-vous de ce duel?

Le président Bédié avait une opportunité d`être utile à la Côte d`Ivoire. Ça fait longtemps qu`on le connaît, il nous a habitué littéralement à des frasques. Il a décidé de soutenir Alassane Ouattara, i1 a dû oublier certaines choses. Mais, le peuple ivoirien n`est pas dupe, et il se rappellera. Vous verrez que l`association Ouattara et
Bédié n`ira pas loin. Pour moi, ils sont en train de se surveiller pour voir qui tombera premier. C`est à ce combat qu`on assiste. Donc, ce duel, je le trouve normal. Alassane a été accepté par la volonté de Laurent Gbagbo pour que lui-même voit ce que le
peuple ivoirien pense de lui. On attend le 28 novembre pour que le peuple ivoirien
décide. Sinon la Constitution, elle est claire et logiquement il ne devait pas être candidat. Tout le monde a vu les micmacs qu`il a faits pour être candidat.

Bédié ou Ouattara, qui auriez-vous souhaité croiser au 2e tour de ce scrutin?

N`importe qui ! L`essentiel est que Laurent Gbagbo passe. Il a une politique, à mon avis, qui est claire. Il a eu 17 mois de gouvernance qui, comparé à la gestion des autres, montre formellement que c`est lui qu`il faut suivre, quel que soit l`adversaire qui est en face.

Le bilan de la crise n`est-il pas un handicap contre votre candidat?

Bien sûr que si, ça a handicapé toute la Côte d`Ivoire. Il n`y a pas que Laurent Gbagbo qui a été handicapé. Ça m`étonne que le président Bédié ait l`attitude qu`il a actuellement. Voila des gens qui, dès le début de la crise, ont décidé que la Côte d`Ivoire soit mise sous tutelle. Ce qui veut dire qu`on renonce un tant soit peu à notre indépendance qui a été acquise par nos parents. Voilà des gens qui veulent
diriger un pays et qui reviennent 50 ans en arrière. On a entendu Alassane dire que
dès qu`il est élu, il va changer la Constitution sous prétexte que lui, ne rentre pas
dans le cadre de cette Constitution. On l`a vu juste après les élections. Il a fallu que
ces mentors viennent le chercher pour aller le féliciter au Sénégal. Voilà l`individu
auquel la Côte d`Ivoire sera opposée, qui n`est pas le candidat de la Côte d`Ivoire, mais celui des étrangers. Est-ce qu`il est ivoirien? Je n`en sais rien. Toujours est-il
qu`il est soutenu et financé par les étrangers et il l`a démontré la dernière fois. On le finance pour qu`il soit élu et soit une marionnette à la tête de cet Etat. Les Ivoiriens doivent savoir cela.

A propos de la visite au Sénégal, il y a aussi eu la visite en Côte d`Ivoire d`opposants sénégalais, mais aussi celle de la présidente libérienne à la veille des élections ...

On respecte Wade, mais je suis à deux doigts de dire qu`il ferait mieux de s`occuper de son Sénégal. Qu`il nous laisse comme ça, on a assez souffert. On l`accuse de tous les maux, c`est vrai, mais il ne fait rien pour ne pas qu`on l`accuse. Quand il y a eu le coup d`Etat qui a été mué en rébellion, il a eu des comportements inamicaux. Ça
aussi, il faut qu`il s`en prenne à lui-même. Pour le moment, on n`a pas affaire au
Sénégal. Nous sommes dans notre pays, nous sommes en campagne et je constate qu`il y a une ingérence de l`extérieur tout aussi visible que celle du Sénégal.

Vous êtes de l`Ouest, on parle de situations déplorables dans cette partie du
pays, notamment des agressions contre des populations du Centre. Cette
situation ne risque-t-elle pas de remettre de l`huile sur le feu?

J`aimerais que vous vérifiiez vos sources. J`aime chez les journalistes qu`ils vérifient les faits qu`ils rapportent. Est-ce que vous avez une preuve que des Ivoiriens
attaquent d`autres Ivoiriens? Sinon les SMS que les gens vous envoient, j`en reçois
aussi. J`étais au marché de Yopougon quand j`ai reçu un SMS disant que le marché de Yopougon était en ébullition et que les femmes Bété étaient en train de tuer les femmes Baoulé. J`aurais pu croire à ça. Rien qu`à partir de là, je dis qu`il faut vérifier ses sources. J`ai la chance d`avoir un ami ministre sur qui je me rabats pour me renseigner et à chaque fois, il me dit que tout est calme.

Nous sommes à quelques jours du 28 novembre. Pour vous, qu`est-ce qui va faire la différence au 2ème tour?

Ce qui va faire la différence, c`est la personnalité de Laurent Gbagbo même, sa mentalité, sa philosophie, sa politique. Il y a le candidat soutenu par l`extérieur, celui
qui, s`il est élu, bradera l`indépendance de notre pays et il y a celui qui dit que la Côte d`Ivoire doit être dirigée par les Ivoiriens. C`est à cette question nous
répondrons 1e jour des élections. Si nous voulons prendre notre destin en main, nous voterons Laurent Gbagbo, ou bien on choisit quelqu`un qui a des moyen, qui fomente
des coups d`Etat et qui a été candidat en passant par tous les moyens. Si nous sommes
pour la rébellion ou les coups d`Etat, on vote Alassane. Nous sommes contre les
coups d`Etat, on choisit Laurent Gbagbo. La Côte d`Ivoire est notre pays. Si nous voulons qu`elle soit dirigée par elle-même, les gens auront beau faire, ils n`y
arriveront pas et nous leur dirons d`une manière pacifique qu`ils ont tort. Et le jour des élection, les Ivoiriens vont se réveiller pour l`exprimer.

Les Ivoiriens ont peur face au ton des débats qui commencent à devenir de plus en plus acerbe. N`y a-t-il pas lieu de craindre pour les lendemains du 28 novembre?


Je ne crains pas, je ne sais à quoi vous faites allusion. J`entends les gens commenter ce qu`ils veulent commenter. C`est tout. Ceci dit, le ton sera apaisé. Si vous les journalistes, vous nous amenez vers la guerre, il va y avoir la guerre. Parce que je vois des journaux qui contestent les résultats des élections qui vont arriver, qui ne reconnaissent pas ceci ou cela. Savez-vous que dans la Commission électorale
indépendante (CEl), la majorité présidentielle (LMP) n`est pas beaucoup représentée? C`est littéralement le RDR qui dirige la CEI et je peux aussi vous dire que dans le Nord, les gens ont voté avec les armes. Je n`ai pas vérifié cela. C`est pourquoi je parle de rumeur. Il parait que là-bas, vous ne pouvez pas voter tant que vous n`êtes pas
rebelle ou que vous ne votez pas pour Alassane. Ça aussi, vous devez le vérifier. A mon avis, la Côte d`Ivoire sera ce que nous voulons qu`elle soit, elle sera ce que les dirigeants voudront qu`elle soit. S`agissant de la majorité présidentielle, vous pouvez
dormir tranquille bien que la CEI soit dirigée par l`opposition. Ce n`est pas un nom qui dirige la CEI. C`est des Ivoiriens et au moment donné, ils diront la vérité.

Entretien réalisé par F.D.BONY
Coll: Ismaël Diaby (Stg)

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