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Politique Publié le samedi 13 novembre 2010 | Notre Voie

Coalition des Houphouétistes : Le Rhdp, une idée de Jacques Chirac

© Notre Voie Par Prisca
2è tour de la présidentielle: Alassane Ouattara investi candidat du RHDP
Mercredi 10 novembre 2010. Abidjan.
L’histoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) se confond avec celle de la tentative de coup d’Etat du 19 septembre 2002 qui s’est muée en rébellion. Les deux ont un même auteur, Jacques Chirac. Ils ont un même objectif, mettre rapidement un terme au programme ambitieux de Laurent Gbagbo et aux velléités autonomistes du chef de file de la Réfondation. L’action armée ayant échoué, l’ancien président français, et son ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin tentent de faire partir le nouveau président ivoirien qui refuse de faire de la Côte d’Ivoire, une province française par d’autres moyens. C’est dans cette optique que fut organisée en 2003, la table ronde de Linas- Marcoussis pour tenter de dépouiller Laurent Gbagbo de tous ses pouvoirs constitutionnels. Résultats décevants. Mais Chirac ne s’avoue pas vaincu. Il opte pour l’organisation des partis politiques, acteurs affichés ou voilés des rebelles qui occupent une partie du territoire ivoirien. Il appelle Ouattara et Bédié et leur demande de créer une coalition structurée contre Laurent Gbagbo. Pour lui donner un vernis de mouvement rassemblant plusieurs partis, il leur est recommandé d’associer d’autres leaders de petits partis politiques. Ainsi naît le RHDP qui compte en son sein, le PDCI d’Henri Konan Bédié, le RDR d’Allassane Ouattara, l’UDPCI de feu Robert Guéi et le MFA d’Anaki Kobenan. La présence de ce dernier, ancien camarade de parti de Laurent Gbagbo, en rupture de ban avec ce dernier, et autrefois emprisonné par Houphouët-Boigny convainc du fait que le RHDP est loin d’être un mouvement reposant sur l’idéologie houphouétiste. L’essentiel est de rassembler tous ceux qui, comme Jacques Chirac détestent Gbagbo. Si l’idée est de faire partir Laurent Gbagbo, qui mettre à sa place ? Chirac choisit le retour de Bédié aux affaires. Il devra prendre Ouattara comme Premier ministre. Redoutant le très charismatique Laurent Gbagbo dans une compétition transparente à tous points de vue, la France manœuvre pour que jamais ne soit exécuté le volet désarmement de tous les accords de paix signés de Marcoussis aux accords politiques de Ouagadougou. Le premier tour de la présidentielle est donc organisé sans la présence des forces nationales ivoiriennes. Le centre de commandement intégré (CCI) cencé sécurisé le scrutin manque de moyens matériel et humain pour atteindre ses objectifs. Le cantonnement des ex-rebelles est plus théorique que concret. Conséquence : le 31 octobre, au premier tour de la présidentielle, c’est en toute liberté d’action frauduleuse que se livre le RDR, un parti qui ne recrute ses militants que dans la zone occupée par l’ex-rébellion. Ouattara rafle partout la mise avec des scores staliniens. La fraude a tellement été exagérée qu’on s’est retrouvé dans plusieurs localités où le nombre de votants était supérieur à celui des inscrits. Cela va fait sortir Bédié du circuit permettant à Ouattara d’occuper la deuxème place. Mais le RDR, on le sait, est un parti qui ne ratisse pas large. Il est cantonné au nord et son image passe mal dans l’opinion nationale. On remet donc au premier plan le RHDP, et Ouattra se présente désormais comme le candidat du RHDP. Pour espérer bénéficier des voix de Bédié. Ce dernier appelle à voter pour Ouattara. Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. Ce qui en revanche est certain, c’est que Paris dont les intérêts ne varient point quel que soit le locataire de l’Elysée, voit là l’occasion de réaliser le projet lancé par Jacques Chirac : faire partir l’autonomiste Gbagbo pour placer un valet de la France afin que la Côte d’Ivoire soit dirigé depuis Paris. Repositionner les défenseurs de la politique d’assujettissent de la France en Côte d’Ivoire, c’est retrouver un nouveau souffle en Afrique occidentale française. Très souvent au détriment des populations locales. Laurent Gbagbo le savait déjà qui s’est présenté comme le candidat de la Côte d’Ivoire face aux candidats de l’étranger. C’est là le grand jeu de ce scrutin. Et c’est pour cela que tous les médias publics français sont en campagne pour Ouattara. Quelle réponse donneront les Ivoiriens, le 28 novembre lors du second tour de la présidentielle? Pour quelle vision voteront-ils. La vision autonomiste de Laurent Gbagbo ou la vision sous contrôle de Paris ? Quand on remarque les résultats du premier tour, on constate que Gbagbo a une assise nationale tandis que Bédié et Ouattara ont chacun un électorat régional. La volonté de Gbagbo d’affranchir la Côte d’Ivoire, mais aussi son courage et son programme de gouvernement pourraient faire déchanter Ouattara et donc Parisn

Siméon Gnako
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