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Politique Publié le mercredi 17 novembre 2010 | Le Patriote

Contribution : Monsieur le Président, le Peuple Baoulé n’est pas un trophée de campagne électorale


J’ai honte d’être Ivoirien sous la refondation, surtout, à la veille du second tour de l’élection présidentielle. Notre pays ne mérite pas ça. La performance extraordinaire du Docteur Alassane Ouattara, a rendu fous les refondateurs et consorts. Après avoir éliminé, par fraude, Henri Konan Bédié, le candidat de la minorité présidentielle pensait trouver en face de lui un poids plume contre lequel il lui suffirait d’une simple calomnieuse campagne pour remporter la partie. En tout cas, il en a pour ses frais. Le candidat du RHDP, malgré toutes les diabolisations, tous les dénigrements insupportables, est devenu le seul et vrai candidat du peuple, si bien qu’il envisage l’issue du second tour avec sérénité et confiance. La campagne de haine entreprise contre lui, faute d’arguments, ne servira à rien. L’intoxication des esprits, en cours, par la projection de films sur les atrocités de la guerre, loin de terroriser les populations afin de la dissuader de voter le candidat du RHDP, produira l’effet contraire. Inutile d’attribueer à Alassane Ouattara des responsabilités qui ne sont pas les siennes. Car, le peuple sait discerner la vraie information de l’intoxication nuisible.
Quoiqu’il en soit, au soir du 28 novembre, la refondation se rendra compte que le glas a sonné pour elle. Car, le Docteur Alassane Ouattara, candidat de tout le RHDP, sera le président de la République élu, malgré les insultes, les cabales, les falsifications et la tyrannie fascisante du pouvoir.
Revenant à l’objet essentiel de cette réflexion, je prends à témoin les Ivoiriens et je dis « yako » au brave peuple Baoulé pour ce qu’il nous est donné de voir à la télévision nationale (RTI). J’ai honte d’être citoyen d’un pays où l’ethnie majoritaire qui a tant donné pour bâtir une Côte d’Ivoire moderne, tolérante et fraternelle, est humiliée et utilisée comme un trophée de campagne électorale. Je demande pardon aux Baoulés au nom de tous les Ivoiriens épris de justice, de paix et de respect de la dignité humaine.
Depuis quelques jours, les Baoulés sont exhibés dans des manifestations organisées par le FPI pour exprimer un soi-disant soutien à Gbagbo Laurent. Ils sont présentés comme des clowns dans un cirque, sous le regard hilare et moqueur des tenants du régime. De vieilles gloires de la chanson ivoirienne et des prétendus jeunes artistes sont appelés à jurer serment de fidélité au Roi Gbagbo à qui ils promettent de livrer, dans un paquet bien ficelé, toutes les voix du peuple Baoulé au second tour de l’élection présidentielle. C’est simplement pitoyable et grotesque à la fois. Car, le peuple Baoulé qui a offert Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié à la Côte d’Ivoire pour la guider dans la modernité, en se contentant de vivre humblement dans ses villages, ne mérite pas le sort que lui réserve la refondation. Qui peut oublier que ce sont les Baoulés qui ont été sacrifiés par le père de la nation qui leur a arraché leurs terres et les a déguerpis pour y construire les barrages grâce auxquels les refondateurs procèdent aujourd’hui à la distribution irresponsable de l’électricité dans nos villages ? Les paysans Baoulés, sans la moindre protestation, ont accepté d’aller s’installer dans la forêt de l’Ouest en y apportant richesse et bien-être, à force de travail. Qui peut nier que les Baoulés ont contribué, de façon incisive, à la richesse nationale en s’adonnant à la culture du café-cacao de laquelle notre pays tire sa fierté de premier producteur mondial ? Il est facilement démontrable, à partir des statistiques, qu’ils sont les premiers producteurs nationaux. En d’autres termes, la richesse nationale est due en partie à eux.
En fait, les Baoulés ont toujours souffert de la refondation. Nous savons tous ce qu’ils ont enduré lors du boycott actif, le prix en vies humaines qu’ils ont payé et, qu’au nom de la concorde nationale, le président Henri Konan Bédié a refermé cette page triste par la paix des braves. Ne serait-ce que pour cela, les refondateurs gagneraient à ne pas réveiller les vieux démons de la rancœur et de la haine. Toute cette agitation, prémices d’une défaite cuisante annoncée, démontre leur état d’esprit. Ils paniquent à l’idée d’abandonner l’encens du palais et le pillage des coffres du Trésor public. Pensent-ils que le peuple, comme eux, a la mémoire courte ? Après avoir insulté et vilipendé les Baoulés, Laurent Gbagbo et les siens viennent de s’apercevoir, aujourd’hui, combien ils sont importants. D’un côté le candidat les dorlote, leur promet le paradis sur terre, de l’autre, ses partisans perpètrent impunément des crimes contre eux. Quand on en parle, ils se précipitent sur les antennes des medias d’Etat pour démentir des faits avérés et sus de tous, avec l’assurance de ne pas être contredits parce que ces médias sont à leur service exclusif.
Toutefois, devant la scène insupportable de l’humiliation dont les Baoulés sont les victimes quotidiennes, le FPI doit savoir qu’il se trompe sur leur compte. Car, les Baoulés sont un peuple digne. On ne les achète pas. Du reste, le comportement de la refondation à leur égard, ressemble fors bien à la traite négrière de sombre mémoire. En effet, elle offre de l’argent à certains chefs afin de les convaincre de lui livrer les voix de leurs sujets au second tour de l’élection présidentielle, comme le firent les négriers dont l’historien Gbagbo doit connaître un mot. Rien que pour cela, la refondation qui agit, au vu et au su de la communauté nationale et internationale, doit être traduite devant les tribunaux, parce qu’elle pose les bases d’une future dislocation de l’Etat dans lequel les notions d’égalité et d’équité seront bannies au profit de la discrimination.
Il faut le dire tout net. Les Baoulés, peuple travailleur et pacifique, ne méritent vraiment pas le traitement avilissant qu’ils subissent en ce moment. Si Gbagbo Laurent est le démocrate qu’il prétend être, pourquoi ne laisse-t-il pas la liberté aux Bétés se reconnaissant du RHDP, venir déclarer à la Télévision publique, leur soutien à Alassane Ouattara comme il oblige les Baoulés à le faire ? Cela va sans dire, le faisant, il sait très bien que ces Bétés seraient bannis définitivement de leur ethnie et leurs demeures détruites. Qui ne se souvient de l’humiliation faite à la dépouille du Docteur Benoit Dacoury et le sort réservé, après sa mort, au maire de Daloa, le professeur Guédé Guina ?
Si Monsieur Gbagbo et ses partisans pensent que les Baoulés sont des sous-hommes, c’est tout simplement indigne d’un mouvement politique et d’un homme qui aspirent à diriger les ivoiriens.
Mais, rassurez-vous messieurs-dames de la refondation. Ce que vous faites aux Baoulés est comme un crachat en l’air. Il vous retombera sur la face le 28 novembre 2010, car le peuple Baoulé n’est pas à vendre. Ils n’abandonneront jamais l’héritage de Nanan Boigny en de mains impies. Ils savent, également, que l’échec du RHDP signifiera la mort définitive du PDCI-RDA.
Enfin, que dire du décret inattendu et injustifié pris par le candidat-président le 14 novembre dernier? Si l’on comprend bien, ce décret a été pris parce que les gens du nord ont voté massivement Alassane Ouattara. C’est à cause de cela qu’il réalise qu’il faut réquisitionner des militaires dans les zones CNO pour la sécurisation du vote. Et, que dit-il du vote massif des Attiés en sa faveur ? Qu’en dit-il du côté des Agnis d’Aboisso, d’Abengourou ? S’il est vraiment le chef de l’Etat, pour une question de justice, il doit aussi envoyer les forces impartiales pour sécuriser le vote dans les zones forestières. Autrement, personne dans les zones CNO n’acceptera cette façon unilatérale d’agir par intimidation préventive. En tout cas, les militaires réquisitionnés sont avertis. Accepteront-ils de se sacrifier pour faire plaisir à quelqu’un qui, fuyant ses responsabilités après l’échec de la mission, dira : « Chez nous au village, quand on vous envoie, il faut savoir s’envoyer » ? Or, dans ses guerres, il a toujours envoyé « les enfants des autres ».
Le ministre Kobenan Kouassi
Député à l’Assemblée nationale
Délégué du PDCI-RDA de Tanda 1
DRC d’Alassane Ouattara
dans le Zanzan
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